Les turbines Alstom, produites par la branche énergie du groupe, équipent les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE). - photo Marine Nationale
L'éventuel rachat de la branche énergie d'Alstom par l'américain General Electric pose le problème de la sécurité et de l'indépendance nationale, le groupe français fournissant notamment les turbines des sous-marins nucléaires de la dissuasion, estime un spécialiste du renseignement.
Dans une note publiée prochainement sur le site du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), son directeur Eric Denécé relève que les centrales nucléaires françaises, le porte-avions Charles-de-Gaulle et surtout les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE), "fondement de notre dissuasion nucléaire et donc de notre indépendance nationale", sont équipés de turbines Alstom, produites par la branche énergie du groupe.
Abandon d'une expertise capitale
Les turbines, ajoute-t-il, "sont un élément essentiel de ces systèmes, puisqu'elles fournissent l'alimentation électrique à la propulsion et aux systèmes auxiliaires". Sur les sous-marins, elles entraînent les hélices, leur puissance mécanique conférant ainsi la vitesse nécessaire au bâtiment.
Pour cet expert, le rachat de la branche énergie d'Alstom conduirait "à l'abandon total d'une expertise capitale dont la France a par ailleurs payé le développement depuis de longues années, jusqu'à devenir l'un des leaders mondiaux du domaine". Surtout, assure Eric Denécé, cela reviendrait "à laisser partir entre des mains étrangères la capacité à concevoir, développer et produire nous mêmes ces pièces mécaniques essentielles, et donc à devenir dépendants des Etats-Unis en la matière".
General Electric équipe déjà les sous-marins nucléaires d'attaque
Il rappelle que General Electric (GE), via sa filiale Thermodyn dont l'usine est implantée au Creusot, fournit déjà les turbines à vapeur des six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de type Rubis. GE/Thermodyn a également été sélectionné en 2007 par la direction des constructions navales (DCNS) pour fournir les turboalternateurs et les turbines de propulsion de la nouvelle série de six SNA du type Barracuda de la Marine nationale dont les livraisons sont prévues entre 2016 et 2027.