23/01/2013 Mer et Marine
Le bâtiment de projection et de commandement Dixmude a appareillé lundi de Toulon avec, à son bord, de quoi renforcer significativement les moyens de l’opération Serval, au Mali, pour laquelle plus de 2000 militaires français sont déjà engagés. Le BPC de la Marine nationale a embarqué les éléments d’un Groupe tactique interarmées (GTIA) doté de nombreux véhicules de l’armée de Terre, dont des chars AMX10 RC, mais aussi des VBCI (Véhicules Blindés de Combat d’Infanterie), des VAB (Véhicules de l’Avant Blindés), des VBL (Véhicules Blindés Légers) et autres camions. Ces moyens, venant de toute la France, proviennent de différents régiments.
Une première pour un BPC
L’ensemble du matériel a été chargé dans le hangar, les ponts à véhicules et sur le pont d’envol du Dixmude. Quant aux soldats de l’armée de Terre, ils ont pris leurs quartiers dans les nombreux logements prévus pour l’accueil des troupes. Dans quelques jours, ces unités seront débarquées dans un port d’Afrique de l’ouest, d’où ils gagneront le Mali. « Dès le déclenchement de l’alerte, l’expert amphibie du bord a défini un plan de chargement, afin d’embarquer et de répartir sur les différents ponts les véhicules et le matériel des unités composant le GTIA. Suivant ce plan, les équipiers manœuvriers se sont relayés dimanche, toute la journée et la nuit, afin de charger véhicules, matériels et conteneurs. L’équipage du BPC, renforcé pour l’occasion, conduit une opération jusqu’ici inédite pour ce type de bâtiment expéditionnaire. C’est la première fois qu’un BPC est déployé en mission de transport opérationnel, avec un tel chargement. Du radier au pont d’envol, dans les postes des ponts 1, 2 et 3, le camouflage des véhicules et des treillis est visible partout. La rapidité d’exécution et la souplesse d’emploi sont les atouts que le BPC et son équipage ont mis au service de l’Etat-major des Armées pour cette projection maritime », souligne la Marine nationale.
« Une projection hors normes, on n’avait jamais fait ça »
En employant l’un des trois BPC de la marine, l’Etat-major des armées diversifie donc ses moyens de projection dans la cadre de la montée en puissance de l’opération Serval. Alors que les premières forces ont été déployées soit par voie terrestre depuis la Côte d’Ivoire (Licorne) soit par voie aérienne depuis le Tchad (Epervier) et la France (alerte Guépard), les avions sont, aujourd’hui, notamment mobilisés pour l’acheminement des troupes africaines de la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA), que l’armée française accompagnera dans le cadre de la reconquête, sous mandat de l’ONU, du nord du Mali, contrôlé depuis près d’un an par des groupes terroristes. Cette reprise en main d’un pays dont la superficie est plus de deux fois supérieure à la France nécessite d’importants moyens, d’où les renforts en cours d’acheminement, dont le nombre et la puissance sont conformes avec une telle mission. Selon les militaires, l’envoi d’AMX10 RC et de VBCI, par exemple, ne résulte pas d’une résistance plus forte que prévu mais simplement d’une logique de moyens. Dans l’urgence de stopper la progression des groupes terroristes vers le sud du Mali, l’armée française a d’abord déployé ses moyens présents dans la région, hélicoptères des forces spéciales, avions de combat basés au Tchad puis les unités terrestres, chars légers Sagaie, VAB et VBL. Ensuite, dès lors qu’il est devenu évident qu’il faudrait accompagner la MISMA dans la reconquête du nord, des moyens complémentaires, dont l’engagement avait été envisagé dès le début, ont commencé à quitter l’Hexagone. On notera d’ailleurs que, depuis le 11 janvier, l’armée française a réalisé un véritable tour de force en déployant autant de moyens en si peu de temps. « C’est une projection hors normes. On n’avait jamais fait ça auparavant dans des délais aussi courts », affirme un officier.
Les capacités du bâtiment utilisées durant le transit
Dans le tempo actuel des opérations, l’armée française a choisi de recourir à un BPC, même si l’acheminement des moyens va nécessiter plusieurs jours. Toutefois, ce délai est à comparer avec celui que nécessiterait un pont aérien depuis l’Hexagone. Car, si le VBCI est par exemple aérotransportable, il faudrait de nombreuses rotations pour acheminer des dizaines de véhicules de ce type, alors que le Dixmude peut, d’un coup, transporter l’ensemble des unités concernées, ainsi que les engins qui ne peuvent pas prendre l’avion.
Longs de 199 mètres et affichant un déplacement de 21.500 tonnes en charge, les BPC ont été justement conçus pour la projection de forces, avec une capacité d’emport de 70 véhicules (dont des chars) et 450 soldats, que les bâtiments déchargent soit à quai, soit au moyen d’engins de débarquement (ils disposent d’un radier pour deux engins de type EDAR ou quatre chalands de type CTM). Le Mistral, le Tonnerre et le Dixmude peuvent, par ailleurs, embarquer 16 hélicoptères lourds (il n’y a actuellement pas d’hélicoptères à bord, le groupement aéromobile de Serval ayant rejoint la zone par avions). Ils disposent aussi d’importantes infrastructures hospitalières et d’un grand espace de commandement, capable d’accueillir jusqu’à 150 opérateurs. Ce PC est, d’ailleurs, utilisé durant le transit du Dixmude. « L’état-major du GTIA profite des structures de commandement qui sont mises à sa disposition, notamment la vaste zone état-major et les moyens de communication satellitaire, pour se mettre en condition pour ses opérations futures ». De même, alors que les véhicules pourront être préparés et entretenus à bord du BPC avant le transit sur les routes africaines, les hommes de l’armée de Terre bénéficient des installations du bateau pour travailler, se reposer et entretenir leur forme : « L’entraînement physique des combattants est maintenu grâce aux installations sportives comme la salle de sport. Enfin, instructions et briefings des éléments du GTIA se succèdent afin de parfaire la compréhension de la mission et le cadre d’emploi de leur unité ».
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