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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 13:45
source Challenges.fr

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18 mars 2015 par Laurent Marchand – Tout un monde

 

C’était hier, hier à peine. Le gouvernement tunisien annonçait avoir démantelé quatre cellules de recrutement de djihadistes pour la Libye. Une trentaine de personnes étaient également arrêtées mardi soir. L’attention montait depuis des  semaines. Les candidats tunisiens au Djihad sont le premier contingent de provenance en Irak et en Syrie. Et depuis quelques mois, ils s’arrêtaient désormais en Libye, profitant du chaos qui règne aux portes de la Tunisie, pour s’entraîner. Sous les ordres d'Abou Iyadh, chef d’Ansar al-charia, un Tunisien recherché par la justice de son pays et réfugié en Libye depuis 2012.

 

    Selon les déclarations récentes d’un ministre libyen du gouvernement de Tobrouk, plusieurs milliers de Tunisiens s'entraînaient en Libye, avec pour but de mener des actions dans leur pays natal. Précisément à Sabratha, Zaouia, Syrte, Zliten et Derna. Ils en ont reçu l'ordre de leur compatriote réfugié en Libye depuis 2012, le chef d'Ansar al-Charia, qui comptait en effet puiser dans ce vivier pour lancer des attaques en Tunisie. C’est chose faite, manifestement. Il aurait même demandé aux chefs de Fajr Libya, la coalition de milices qui contrôle Tripoli, de ne plus envoyer d'aspirants jihadistes tunisiens en Syrie. Selon des sources proches du ministère de la Défense, à Tunis, Fajr Libya disposerait de quelque deux cents chasseurs-bombardiers stationnés à 150 km de la frontière entre les deux pays.

 

    La Tunisie a renforcé sa présence militaire à la frontière libyenne pour faire cesser les infiltrations de djihadistes en Tunisie et en Libye, a déclaré lundi soir le Premier ministre  Habib Essid. Depuis sa prise de fonction début février, 400 djihadistes ont été arrêtés. Jeudi dernier, l'armée tunisienne a mis la main sur deux importantes caches d'armes près de la frontière avec la Libye. Mais les terroristes qui ont frappé au Bardo étaient déjà manifestement passé à travers les mailles du filet sécuritaire.

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 08:45
Qui sont les principales forces en présence en Libye?

 

02 février 2015 Antoine Malo - Le Journal du Dimanche

 

La guerre civile oppose quatre groupes armés.

 

L'armée nationale libyenne

Elle agrège à la fois les forces spéciales (Saïqa), les hommes fidèles au général Haftar, et des militaires de l'ancien régime Kadhafi. Certaines milices s'y sont ralliées, comme celle, pro-laïque, de Zintan.

 

L'Aube de la Libye ou Fajr Libya

Coalition de brigades islamistes née durant l'été 2014. Elle contrôle la capitale Tripoli, où elle dispose d'un gouvernement et d'un parlement dominés par les Frères musulmans, et la plupart des villes de l'Ouest libyen dont son fief, Misrata.

 

Ansar Al-Charia

Organisation salafiste djihadiste née en juin 2012 et liée à Al-Qaida. Elle est aujourd'hui présente à Benghazi, Syrte et Derna.

 

Organisation de L'État islamique en Libye

Elle a fait son apparition en Libye à Derna, dans l'est, en octobre 2014. Le groupe Majilis Choura Chabab Al-Islam (Conseil consultatif de la jeunesse islamique) lui a fait allégeance et a établi un émirat. D'autres cellules existent dans le pays, notamment à Tripoli, où l'organisation a revendiqué l'attaque contre l'hôtel Corinthia qui fait 9 morts mardi dernier.

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 08:45
Le Général Khalifa Haftar dans son bureau de la base militaire Al-Marj photo Alfred Hackensberger JDD

Le Général Khalifa Haftar dans son bureau de la base militaire Al-Marj photo Alfred Hackensberger JDD

 

2 février 2015 Antoine Malo, envoyé spécial à Al-Marj (Libye) - Le Journal du Dimanche

 

Le général Khalifa Haftar dirige l’opération Dignité, qui vise à éradiquer les djihadistes libyens et les milices islamistes. Rencontre avec un homme de fer qui appelle les Occidentaux à l’aide.

 

Pour les islamistes libyens, il est l'homme à abattre. Ansar Al-Charia, le groupe djihadiste, lui a promis le même sort que Mouammar Kadhafi. Alors pour rencontrer le général Khalifa Haftar, il faut accepter de suivre certaines règles. À l'entrée du camp où il a établi son QG, on laisse passeport et téléphone portable. Puis, après avoir passé un portique de sécurité, on se plie à une fouille corporelle. Avant de patienter dans une pièce fermée, surveillé par un garde. Il faut dire qu'en juin 2014, le général de 71 ans a échappé de justesse à un attentat à la voiture piégée. L'attaque a tué trois de ses hommes, blessé deux de ses fils. Ces derniers ont quitté la Libye. Lui est resté. De son ton égal, il explique : "Je n'ai pas peur de mourir. Si c'est le prix à payer pour protéger mon pays, alors je suis prêt à le payer."

 

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 21:45
En Libye, face aux djihadistes de Benghazi

 

01.02.2015

 

REPORTAGE - Quatre ans après le printemps libyen réprimé par Kadhafi et l'intervention occidentale, qui mit fin à sa dictature, le pays est plongé dans une guerre civile qui menace  la sécurité de ses voisins. Notre reporter a pu retourner dans le berceau de la révolution aux mains d'Ansar Al-Charia.

 

Au téléphone, Mohamed Salama avait prévenu. "La Benghazi que vous avez connue n'existe plus", avait lancé le reporter libyen, l'un des derniers à y travailler encore. La voiture filait alors vers l'ouest, sur la bande d'asphalte qui longe la mer et les marais salants pour rejoindre la capitale de l'Est libyen. Une route coupée tous les 20 km par des barrages de l'armée nationale libyenne. L'un de leurs officiers, basé à Al-Marj, à une centaine de kilomètres au nord-est, avait découragé toute visite au-delà du dernier barrage. "Il y a encore des combats et les djihadistes sont toujours là. Et, s'ils vous attrapent, vous savez ce qu'ils font : ils coupent les têtes…"

 

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 08:45
Map of Islamic terror groups in Africa, UN, BBC Aug 22 2013

Map of Islamic terror groups in Africa, UN, BBC Aug 22 2013

 

 

18 janvier 2014 Jacques Lebasnier, envoyé spécial, Benghazi (Libye) - Le Journal du Dimanche

 

EXCLUSIF - L'organisation Ansar al-Charia a réussi à créer dans la région de Derna, sur la côte libyenne, une zone de rassemblement pour tous les mouvements djihadistes d'Afrique du Nord

 

Il n'est pas si facile de se défaire du goût du sang. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la gourmandise sur le visage de Khalil Aboubakar quand il propose de regarder des photos sur son ordinateur. L'ancien rebelle libyen de 40 ans, qui tua beaucoup pendant la révolution, ouvre un fichier et en fait défiler le contenu : des clichés épouvantables de têtes coupées déposées dans des sacs plastique ou brandies par des bourreaux cagoulés. Les photos rappellent l'horreur du conflit en Syrie. Khalil Aboubakar le jure : c'est pourtant bien à Derna, sa ville natale de l'est libyen, qu'elles ont été prises. "Lui, c'est un flic", explique-t-il en montrant l'une d'elles. "Ce jour-là de 2012, cinq ont été décapités." Les coupables? "Ansar al-Charia", lâche Khalil Aboubakar. "Ils ne veulent pas voir des policiers ou des militaires sur leur territoire."

 

Pour en parler, l'homme a accepté de nous rencontrer hors de Libye, mais a exigé de changer son nom. "Sinon, je suis mort et ma famille avec", jure-t-il. Pour lui, Ansar al-Charia représente le visage du mal à Derna. "Tout le monde les déteste mais ce sont eux les maîtres." Cette organisation salafiste djihadiste a vu le jour en Libye pendant la révolution. Aujourd'hui composée d'anciens rebelles, elle prospère sur le chaos qui règne en Libye. Le pays, qui va bientôt fêter les trois ans du soulèvement contre Mouammar Kadhafi, part en effet chaque jour un peu plus en lambeaux : le gouvernement est totalement impuissant face aux centaines de milices qui existent encore.

 

Différentes branches du mouvement se sont ainsi implantées à Syrte, l'ancien bastion de Kadhafi, mais aussi à Benghazi, la capitale de l'Est. Mais c'est bien à Derna, traditionnel fief des islamistes libyens, qu'elle a établi sa base. À sa tête, Soufiane Ben Qoumou, que l'on présente aussi comme l'émir d'Al-Qaida dans l'est libyen. La nébuleuse terroriste dispose néanmoins d'un autre représentant à Derna : Abd al-Baset Azzouz, spécialement envoyé en Libye par le leader d'Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, pour y bâtir un réseau.

 

À "l'extrême de l'extrême"

 

Khalil Aboubakar connaît bien tous ces djihadistes. Pendant la révolution, il a fait partie de la brigade des Martyrs du 17-Février puis de celle d'Abou Salim, dont certains membres composent aujourd'hui Ansar al-Charia. L'ancien combattant a d'ailleurs conservé des liens avec les djihadistes et avoue avoir "du respect" pour leur drapeau noir frappé des paroles du prophète. "Mais Ben Qoumou et ses proches ont perverti le message", regrette-t-il. "S'ils n'éliminaient que des policiers, des juges, des politiques, ça irait. Mais ils tuent des innocents." Une violence confirmée par Noman Benotman, un repenti du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) aujourd'hui président du think tank Quilliam Foundation à Londres. Il qualifie la nouvelle génération de djihadistes libyens "d'extrême de l'extrême". "Ils ne sont pas vraiment éduqués" poursuit-il. "Leur modèle, c'est al-Zarkaoui (chef d'Al-Qaida en Irak jusqu'en 2006)."

 

De quoi faire régner la terreur. La peur est devenue une maladie contagieuse à Derna, où les noms d'Ansar al-Charia et d'Al-Qaida se prononcent à voix basse. Malgré tout, en novembre dernier, la population, excédée par les exactions, a osé se soulever contre Ansar al-Charia. Comme à Benghazi, les radicaux ont dû quitter la ville. Ils ne sont pas allés très loin. Dans la Montagne verte qui, sous Kadhafi, servait déjà de maquis aux islamistes. Mais aussi aux abords immédiats de la localité. "On ne sait jamais où ils sont et tout d'un coup, ils apparaissent. Ce sont des fantômes", résume Hamza, un local, aujourd'hui réfugié à Londres.

 

Le secret est l'une des forces de l'organisation. Le nombre de ses combattants reste un mystère. Son organigramme semble lui aussi mouvant. Au sommet, il y a bien Soufiane Ben Qoumou. Cet homme chétif de 54 ans n'est autre que l'ancien chauffeur de Ben Laden au Soudan. Il a combattu en Afghanistan où il fut arrêté par les Américains en 2001. Après six ans de détention à Guantánamo, il est transféré en Libye où il est jeté en prison. Il est libéré par le régime en 2010 et crée sa propre milice en 2011. Un membre de sa garde rapprochée affirme qu'il a reçu alors la visite de Qataris et des livraisons d'armes de Saoudiens.

 

"Main dans la main" avec Al-Qaida

 

Aujourd'hui, Ben Qoumou, époux de deux femmes, résiderait au nord de Derna dans une maison située sur le front de mer. Il ne se déplace jamais sans de très jeunes gardes du corps, "très bien payés et prêts à mourir pour lui", change souvent de véhicule, modifie tous les jours son planning. Autour de lui gravitent des chefs de katibas puissantes, quelques riches commerçants qui financent l'organisation. Officiellement, Ansar al-Charia n'a pas de lien avec Al-Qaida mais selon Khalil Aboubakar, "ils travaillent main dans la main". Outre l'imposition de la charia et le refus de la démocratie, le départ des Occidentaux de Libye semble être un préalable. Washington affirme qu'Ansar al-Charia est directement impliquée dans l'attaque du consulat américain de Benghazi, le 11 septembre 2012, où l'ambassadeur Christopher Stevens trouva la mort. Il y a huit jours, le Département d'État a placé l'organisation sur la liste des organisations terroristes.

 

"Mais ce qu'ils veulent vraiment va au-delà", assure Khalil Aboubakar. "C'est l'établissement d'un califat sur toute l'Afrique du Nord et jusqu'en Andalousie". "Ils ont un agenda caché déconnecté de la vie politique libyenne", abonde un ministre influent d'un pays frontalier, inquiet de la montée en puissance du mouvement.

 

L'organisation s'inscrit donc dans une stratégie régionale, voire internationale. Elle accueille sur son sol les Tunisiens du mouvement, bien sûr. Mais aussi, des djihadistes algériens ou somaliens. Chaque mois, elle envoie aussi des dizaines de militants combattre en Syrie aux côtés du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaida. Les combattants d'Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) se sont aussi repliés en Libye et notamment à Derna après l'intervention française au Mali. "Avant cela, Ben Qoumou avait livré des armes au Mali", assure Khalil Aboubakar. "À ma connaissance, sept convois sont partis de Derna juste après l'arrivée des Français."

 

"Des roquettes de 8 mètres de long"

 

Établir une zone refuge pour les groupes radicaux régionaux. Tel serait, à court terme, le but d'Ansar al-Charia et d'Al-Qaida en Libye. "Les assassinats systématiques des représentants de l'État participent à cet objectif", estime le ministre. "Ils veulent conserver une zone où ils peuvent agir à leur guise." Ce dernier estime d'ailleurs que les deux organisations ne sont pas encore passées à une phase opérationnelle. "Ils sont encore dans une période de recrutement et d'entraînement." Malgré le survol de Derna par des drones américains, plusieurs sources locales confirment l'existence d'au moins quatre camps de formation aux abords de la ville.

 

"Dans l'un, j'y ai vu au moins 300 hommes qui s'entraînaient à tirer, se battre, courir", raconte un témoin. Les deux groupes disposent aussi d'entrepôts d'armes, issues de l'arsenal kadhafiste. Un bâtiment proche du centre, près de l'hôtel Pearl, appartiendrait à Ansar al-Charia. "J'y ai vu des roquettes énormes, de près de 8 mètres de long", explique un habitant encore éberlué. Un membre du premier cercle de Ben Qoumou, affirme que depuis quelques semaines, cela s'agite à Derna. "Une action pourrait avoir lieu prochainement. Peut-être pour février et l'anniversaire de la révolution."

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