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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 17:45
The African Peace and Security Architecture: Still under Construction - SEDE

 

March 26, 2014, SEDE 

 

The African Peace and Security Architecture (APSA) was established by the African Union in collaboration with Africa’s Regional Economic Communities with the goal of preventing, managing and resolving conflicts on the continent. The impetus for its creation in 2001, in parallel with the African Union, was the 1994 genocide in Rwanda. The African Union's Constitutive Act allows it to intervene in a member state in grave circumstances, such as genocide, war crimes, and crimes against humanity. Yet building the APSA has been slower than expected, and to some extent the process remains incomplete. The African Standby Force, the APSA’s military and police arm, has yet to become fully operational, and the African Union’s Peace Fund remains under-funded. As a result, the EU has become a major investor in the project. To date, EUR 740 million have been earmarked by the EU to establish the African Peace and Security Architecture and to conduct peace support operations, such as the African Union Mission to Somalia (AMISOM) and the Mission to the Central African Republic.

 

Study (Information note) - The African Peace and Security Architecture: Still under Construction

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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 13:45
L’Afrique de la défense en question

22.01.2013 affaires-strategiques.info

 

Alors qu’en Europe, la question d’une défense commune semble empêtrée dans des considérations purement politiques, le continent européen étant libre de tout conflit à l’heure actuelle, l’Union africaine (UA) fait face à des défis plus pratiques dus à la multiplication des crises dans la région.

 

Dans une note d’analyse, le chercheur du GRIP, Michel Luntumbue, met en lumière les difficultés rencontrées par l’Union africaine dans ce domaine depuis sa création en 2002. Ainsi, bien que cette organisation régionale ait affiché sa volonté d’assumer davantage de responsabilités en matière de prévention, de résolution des conflits et de maintien de la paix, les crises qui ont marqué la dernière décennie ont montré les limites de cet engagement et suscité des doutes quant à la capacité de l’UA à y répondre sans soutien extérieur. Aussi, M Luntumbue considère qu’il est nécessaire de remettre en perspective les défis liés à l’opérationnalisation de l’architecture africaine de paix et de sécurités (APSA selon l’acronyme anglais). Celle-ci est chapeautée par le Conseil de paix et de sécurité (CPS), un organisme calqué sur le Conseil de sécurité de l’ONU et qui jouit de larges pouvoirs en matière de prévention, de gestion et de règlement des conflits.
 

Pour répondre aux crises touchant la région, le CPS s’est doté en 2004 d’une Force africaine en attente (FAA) devant compter à l’échéance 2015 de 25.000 à 32.000 hommes et déployée selon un principe régional. Ainsi, la FAA est divisée en cinq brigades correspondant aux cinq régions économiques du continent à savoir l’Afrique australe, centrale, de l’Est, du Nord et de l’Ouest. Dans l’optique de l’opérationnalisation de la FAA, le CPS a établi une feuille de route définissant un plan de mise en place assorti d’exercices stratégiques, tactiques et opérationnels ainsi que des délais indicatifs. Or, comme le note M Luntumbue, fin 2013, seules deux des cinq brigades régionales étaient en passe de devenir opérationnelles, en raison de multiples écueils politiques et matériels, rendant hypothétique l’opérationnalisation de la FAA en 2015. Aussi, la crise malienne, qui a clairement montré l’incapacité de l’UA à gérer ce type de crises sans aide extérieure, a poussé l’organisation panafricaine à réfléchir à un moyen d’africaniser les réponses sécuritaires, d’où la création, annoncée en avril 2013, de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC).
 

Composée de 1.500 hommes et déployable en dix jours, la CARIC est conçue comme un mécanisme transitoire en attendant l’opérationnalisation de la FAA et est, à la différence de cette dernière qui intègre des fonctions policières et civiles, un dispositif exclusivement militaire. Cependant, avant même sa mise en œuvre, ce dispositif a fait l’objet de critiques et de réserves, notamment quant à la capacité des pays de l’UA à se mettre d’accord sur son financement ou encore sur les déploiements futurs de la CARIC. Aussi, même si les exemples de la MONUSCO et l’AMISOM ont montré au contraire que l’UA pouvait s’entendre pour réagir, les difficultés liées à l’émergence d’un consensus et à la répartition des dépenses restent le principal frein au succès de l’APSA. Néanmoins, si les dernières avancées témoignent de la volonté de l’UA de créer de réels mécanismes visant à répondre aux conflits africains, M Luntumbue considère que l’organisation panafricaine devrait également s’atteler à trouver des moyens de prévenir ces crises en investissant en amont, via, par exemple, le développement économique ou encore la mise en place d’institutions politiques légitimes.
 

Source : GRIP

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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 11:45
La Politique africaine commune de défense et de sécurité : limites et enjeux

 

 

05.12.2013 Par Amandine Gnanguênon (Chargée d’études Afrique à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire IRSEM ) - Le Monde.fr

 

Alors que l’on célèbre en 2013 les cinquante ans de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), la mise en œuvre d’une politique africaine commune de défense et de sécurité est plus que jamais d’actualité. Malgré les efforts déployés depuis la période des indépendances, la gestion informelle des conflits par les chefs d’Etats a relégué l’OUA au second plan.

 

Au-delà des déclarations politiques, la construction d’une Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), proposée par l’Union africaine (UA), qui succède à l’OUA en 2002, reste elle aussi confrontée à des obstacles à la fois politiques et opérationnels récurrents.

 

LES ÉVOLUTIONS D’UN OUTIL DE DÉFENSE AFRICAIN 

 

La première proposition de créer un outil de défense africain remonte à 1958 lorsque le Ghanéen Kwane Nkrumah suggère la création d’un haut commandement africain et d’une légion africaine. Ce projet suscite de nombreuses réticences car, même s’ils sont favorables à l’unité africaine, certains dirigeants ne souhaitent pas renoncer à une souveraineté récemment acquise.

 

D’autres projets sont proposés dans les années 1960 et 1970 : une structure militaire unifiée par le Ghana en 1963 ; une Organisation africaine de défense par la Sierra Leone en 1965 ; un système africain de défense par le Nigeria en 1970. Un projet de force de défense est discuté à l’OUA entre 1978 et 1981. Leurs réalisations sont reportées en raison de contraintes politiques, institutionnelles, financières et opérationnelles.

 

L’intervention de l’OUA au Tchad (1981-1982) est une nouvelle tentative qui se solde par un échec dû au manque de préparation de l’Organisation, à des capacités logistiques et financières insuffisantes et à la partialité de ses Etats membres dans la gestion de la crise. Il faut attendre 1996 pour que les chefs d’Etat-major africains entérinent le principe d’un système de forces en attente. Le contexte est alors plus propice suite à la création d’un Mécanisme pour la prévention et la gestion des conflits par l’OUA en 1993.

 

Dans le même temps, les Communautés économiques régionales (CER) se dotent de leurs propres instruments de gestion des conflits, à l’image de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dont les Etats membres adoptent le Protocole relatif au mécanisme de prévention des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité en 1999.

 

Les CER, dont l’objectif initial est de promouvoir l’intégration économique régionale, sont contraintes, avec la multiplication des crises, d’élargir leurs compétences aux questions de sécurité. Citons par exemple l’intervention de la Cedeao au Liberia (1990-1999), en Sierra Leone (1998-2000) et en Guinée Bissau (1998-1999) ou de la Southern African Development Community (SADC) au Lesotho (1998-1999).

 

PRISE DE POSITION COMMUNE

 

Face à la multiplication des pactes de non-agression régionaux et afin de marquer une prise de position continentale commune, les Etats adoptent la Déclaration solennelle sur la politique africaine commune de défense et de sécurité (PACDS), en février 2004. L’Union africaine (UA) se dote ainsi progressivement des instruments nécessaires pour la concrétisation d’un système de sécurité collective à deux niveaux (continental et régional), à l’image de la force africaine en attente (FAA) qui se décline en cinq composantes régionales.

 

Les dernières opérations de soutien à la paix de l’UA, à l’image de celle menées en Somalie, montrent que finalement les rapports de force entre les Etats continuent de constituer la toile de fond de l’outil de défense africain. Les Etats sont à la recherche de cadres d’action souple, pour ne pas dire ad hoc, pour intervenir (Somalie, Mali). La complexité des conflits africains conditionne donc de plus en plus la nature des réponses à apporter en termes de sécurité collective.

 

Le Mali est un exemple de « bricolage institutionnel » permettant non seulement de satisfaire les intérêts des acteurs (maliens, africains et étrangers) mais aussi de combler leurs carences opérationnelles sans trop entacher leur crédibilité.

 

Ainsi, l’observateur extérieur avait-il de bonnes raisons de se perdre entre la Force en attente de la Cedeao (FAC), la Mission de la Cedeao au Mali (Micema), puis la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) et enfin la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

 

Au-delà du cas malien, trois facteurs permettent notamment d’expliquer la difficulté à mettre en œuvre un outil de défense africain efficace.

 

Premièrement, au-delà des déclarations d’intention, il est encore possible de s’interroger sur la volonté politique des dirigeants africains pour mutualiser leurs moyens militaires. La protection de l’intérêt national a en effet conduit les Etats à s’impliquer prioritairement dans la gestion d’un conflit à l’intérieur de leur sphère d'influence (Ethiopie en Somalie, Afrique du Sud au Zimbabwe, Nigeria au Liberia).

 

DES GUERRES PAR PROCURATION

 

Deuxièmement, depuis les indépendances, les projets de forces africaines sont supposés permettre aux Etats de se doter de moyens militaires pour se défendre contre une agression extérieure. Or, mis à part quelques exceptions, la plupart des différends a surtout pris la forme de guerres par procuration où les Etats s’affrontent indirectement en soutenant des groupes rebelles (Tchad/Soudan, RDC/Rwanda, Ethiopie/Erythrée). Est-il pertinent pour un Etat d’invoquer la légitime défense face à une agression extérieure alors qu’il est impliqué dans sa propre instabilité ?

 

Troisièmement, la plupart des régimes n’ont pas réussi à adapter leur outil de défense au niveau national pour faire face à des facteurs d’insécurité complexes et interdépendants (criminalité transfrontalière, terrorisme, etc.) qui requièrent des moyens humains, matériels et financiers considérables. Face à des menaces transnationales, le champ d’action des CER est lui aussi limité par un déficit en termes de moyens logistiques, humains et financiers. En dépit de leurs expériences en dans la gestion des conflits, les CER souffrent d’un défaut de stratégie collective claire, sachant que leurs actions sont, de manière récurrente, dictées davantage par l’urgence que par l’anticipation.

 

Le rapport de la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, du 29-30 avril, part d’un constat à la fois juste et amer, en raison d’une forte dépendance notamment matérielle et financière. En approuvant, le 27 mai, la proposition la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric), les chefs d’Etats africains actent à leur manière le fait que l’opérationnalisation de la force africaine en attente (FAA) n’aura pas lieu en 2015.

 

La Caric, nouveau projet de sécurité collective supposé transitoire, souligne néanmoins qu’il reste à trouver par les chefs d’Etat africains une réponse politique claire à la question d’un outil de défense africain avec quels moyens et pour quelle finalité ? La définition des besoins en matière de sécurité africains reste une question éminemment politique dans la mesure où elle est davantage dictée par des positionnements stratégiques nationaux vis-à-vis de partenaires extérieurs.

 

Il reste encore aux Etats africains à doter la politique africaine commune de défense et de sécurité des moyens nécessaires conformément à leurs ambitions politiques. Cette prise de position, claire et nécessaire, ne pourra qu’accroître l’efficacité sur le long terme des programmes de renforcement des capacités africaines proposés par les pays étrangers.

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 07:30

African Region maps source ISS

 

11/09/2012 Par Amandine Gnanguênon, chargée d’études Afrique à l’IRSEM

 

Joseph Ki-Zerbo dans A quand l’Afrique? Entretien avec René Holenstein (Editions de l'Aube, 2003) rappelle que parmi les grandes questions posées au continent africain figurent celles de l’Etat, ainsi que celles de l’unité et de l’émiettement de l’Afrique. Dans le cadre de ce dossier stratégique, nous avons souhaité revenir sur ces deux questions remises à l’ordre du jour par la mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, plus connue sous l’acronyme anglais APSA.

 

Construire une Architecture solide sur un socle instable

 

Si les Etats africains sont au centre de la construction d’une Architecture de paix et de sécurité, ont-ils les moyens de gérer les conflits ? Il peut paraître simpliste d’ouvrir notre propos sur une telle question alors même que la raison d’être de l’édifice panafricain repose sur le pré-requis du monopole de la violence légitime reconnu aux Etats et partant, de son exercice souverain. L’engouement dont l’APSA fait l’objet n’en cache pas moins une ambiguïté : en matière de sécurité, certains Etats sont à la fois constitutifs du problème et de sa solution. En effet, nombreux sont les appareils d’Etat africains qui, confrontés à un ordre interne instable  toujours susceptible de basculer dans un désordre généralisé, agissent dans le but de conserver leur intérêts.

 

Dans certains cas, les proximités géographiques, culturelles et linguistiques des populations font peser le risque de propagation d’un conflit localisé et obligent les Etats à agir, y compris en utilisant la violence, au-delà du cadre national. Comme le démontre l’article de Mehdi Belaid, les positions de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda dans la région des Kivu témoignent du recours aux « guerres par procuration », par lesquelles des gouvernants s’affrontent par mouvements rebelles interposés. Le recours à la violence et le refus d’accepter la norme de l’alternance politique pacifique soulève finalement la question de la légitimité des acteurs politiques.

 

L’élection permet de confiner l’alternance politique à une sorte de jeu à somme nulle en désignant un gagnant et un perdant. L’usage de la force, aussi rudimentaire soit-il, ne devient-il pas un moyen de contourner cette règle simple du changement, trop souvent perçue comme inique par le perdant ? Au-delà du rite électoral, la légitimité étatique se construit aussi autour d’un ordre juste et non partisan, de la redistribution des ressources nationales et de la protection des populations contre les menaces potentielles à leur intégrité physique. Un Etat qui ne serait pas en mesure d’assurer ces prérogatives prend le risque de voir émerger des mouvements de révoltes en son sein ou en marge. En cette occurrence, la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) libyen par la Communauté internationale a finalement relancé le débat sur l’opposition entre la légitimité électorale et la légitimité de la révolte contre un pouvoir dictatorial.

 

Si un acteur est légitime dans sa contestation de ceux qui représentent l’Etat (Libye, Niger, Mauritanie), l’est-il suffisamment pour remplacer ceux qui gouvernent ? Soulever cette question, souvent écartée par les organisations internationales, revient à s’interroger sur l’écart entre l’application de principes préétablis et la réalité du terrain. Dit autrement, il apparaît que le surinvestissement formel dont l’APSA fait actuellement l’objet est une manière de compenser le manque de légitimité des Etats au plan national. Si la raison d’être du système de sécurité collective africain repose sur la défense ardente de principes et de normes, notamment celui de souveraineté, sur lesquels s’appuie le système inter-étatique, ce système ne devrait-il pas également rechercher à produire des effets concrets sur la sécurisation des espaces nationaux en conflits ?

 

De l’antagonisme incomplet et du partenariat imparfait

 

L’actualité africaine de ces derniers mois nous confirme qu’au-delà des discours politiques, la nature des conflits influe sur les formes de coopération entre les Etats, comme le démontrent les cas du Mali et de la Somalie. Malgré l’investissement dont le Mali a fait l’objet de la part de la Communauté internationale, la situation n’a cessé de se détériorer. L’article de Jérôme Pigné revient sur les réactions en chaînes au Mali, et plus largement au Sahel, engendrées par de multiples facteurs d’instabilité, souvent anciens, sur lesquels la chute du régime de Kadhafi a agit comme un catalyseur. Face à une situation complexe, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), reconnue comme un modèle en matière de gestion des conflits, est dans l’impasse. Le fait qu’aucun acteur politique légitime au pouvoir au Mali ne puisse saisir la CEDEAO pour intervenir sur le territoire révèle comment le respect des normes internationales peut avoir un effet contreproductif en favorisant localement des zones de non droit.

 

Inversement, dans une région en proie à une crise somalienne qui dure depuis près de 20 ans, la mission de l’UA en Somalie (AMISOM) a réussi à dépasser les échecs du processus d’intégration régionale. La gestion des conflits par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) était au point mort du fait de la méfiance développée entre les acteurs politiques, peu enclins à accepter une intervention des pays frontaliers. La contribution de Romain Esmenjaud revient sur la manière dont, malgré certaines limites capacitaires qui ne sont  pas propres à l’opération, l’AMISOM a fait ses preuves, riches d’enseignement pour les futures opérations de maintien de la paix (OMP).

 

Le développement des Communautés économiques régionales (CER) comme de l’Union africaine (UA) durant la dernière décennie est, dès lors, l’illustration « de l’antagonisme incomplet et du partenariat imparfait » dont parlait Pierre Hassner (« Le siècle de la puissance relative », Le Monde, octobre 2007). Dans un contexte international où la paix, notion floue vue du terrain, reste un modèle de conduite collective, les Etats rentabilisent en termes d’image leur investissement dans la gestion des conflits. Nombreux sont ainsi les pays médiateurs pour qui la recherche de pacification permet de cacher les menaces qu’ils font peser sur leur population, comme ce fut le cas avec l’implication de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) sous l’impulsion de Kadhafi pour régler le conflit au Darfour.

 

L’intervention des Etats frontaliers, également dictée par la volonté d’instrumentaliser le désordre des pays voisins à des fins politiques, aboutit à un partenariat imparfait. Il signifie, que malgré les déclarations communes faites dans les enceintes politiques, le fait qu’un Etat puisse soutenir la rébellion du gouvernement voisin pour défendre ses intérêts, au détriment de la stabilité régionale, favorise un climat de suspicion permanent. Partant de ce constat, quelles conclusions tirées sur la mise en place de l’Architecture africaine et sur l’avenir d’une Force africaine à l’échelle du continent ?

 

Renforcer les capacités nationales par le soutien des initiatives régionales

 

En tant que projet politique, la création de l’Union africaine repose sur la volonté de l’Afrique de faire oublier les échecs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dont le 50èmeanniversaire de la création sera célébré en 2013. Dans la continuité du discours panafricaniste prôné par l’OUA, la mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité incarne la mise en application du principe d’appropriation africaine selon lequel les instances africaines sont prioritairement en charge des questions relatives à la stabilité du continent. Bien que l’UA se soit dotée d’organes, en particulier le Conseil de paix et de sécurité (CPS), qui l’autorisent à se prévaloir de jure du poids rassemblé des Etats africains dans le processus de prise de décision, l’ambition de son projet d’Architecture est de facto limité par l’ampleur des moyens de toute nature qu’il requière.

 

Le manque de capacités financières, militaires, ainsi que les besoins en formation, des Etats africains les contraint à être dans une position de négociation constante avec leurs partenaires étrangers notamment sur les exigences opérationnelles, tactiques et stratégiques. L’UA, mais aussi les CER, ne sont pas toujours en mesure de décider où, quand et comment les solutions africaines peuvent être préconisées. Au-delà des programmes de renforcement des capacités dont bénéficient la plupart des armés africaines, l’intégration de l’UA dans le dispositif des opérations de maintien de la paix, en vertu du chapitre 8 de la Charte de l’Organisation des Nations unies (ONU), signifie que tout engagement africain doit, au risque d’être illégal, se faire avec l’aval de l’ONU. L’UA devra sans doute transiger entre un projet politique fort avec des moyens africains limités et une marge de manoeuvre politique limitée par une forte dépendance à l’égard de la Communauté internationale. De ce choix dépendra l’avenir de la Force africaine en attente.

 

Les conclusions émises dans le cadre du colloque sur cette Force africaine en attente organisé les 26 et 27 avril 2012 par l’IRSEM, où la question de la pertinence de cet outil pour faire face aux enjeux sécuritaires africains a été posée, résumeront finalement assez bien nos propos. Tout d’abord, dans la mise en place de la FAA, les Etats africains ont tout intérêt à s’inspirer d’interventions en cours (AMISOM en Somalie, MICOPAX en Centrafrique). Il serait en outre illusoire de penser que la Force africaine en attente, censée être opérationnelle en 2015, sera le seul remède applicable à tous les maux sécuritaires africains. La complexité des situations de conflits où s’enchevêtrent différents facteurs, acteurs, intérêts et enjeux, à l’image de l’actuelle situation malienne, peut encourager les acteurs concernés à favoriser des cadres d’action plus souples afin d’agir vite et efficacement. La coopération entre la CEDEAO et la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) pour lutter contre la piraterie dans le Golfe de Guinée est déjà un exemple des solutions possibles au-delà du cadre de référence de la FAA.

 

Enfin, l’un des principaux enseignements à retenir, laissant présager des effets d’entrainement que pourraient avoir les CER et l’UA, est qu’au-delà de leurs limites, la confrontation aux crises a un effet structurant pour les Etats.

 

L’engagement de la CEDEAO dans les conflits de la région du fleuve Mano dans les années 1990, la MICOPAX, l’AMISOM ont déjà démontré que la mise en place de forces régionales a exigé d’un certain nombre d’Etats de faire un bilan permanent de leurs capacités militaires. L’engagement à l’avenir des CER et de l’UA ne fait pas non plus de doute étant donné que les risques de déstabilisation des régimes, du fait de la régionalisation des conflits,

contraignent les autres Etats à s’impliquer. Il ne reste plus qu’à espérer que la crise malienne, qui a d’ores et déjà permis de tirer la sonnette d’alarme, contribuera à une plus grande responsabilisation de ceux qui investissent leurs moyens et de ceux qui les utilisent. Dans un monde idéal, les coûts engendrés par la gestion des conflits seraient annulés par la mise en place de mécanismes de prévention, la plupart des facteurs de conflits ayant des racines à la fois anciennes et identifiables.

 

Rappel sur l’Architecture africaine de paix et de sécurité

 

L’APSA est une structure mise en place avec la création de l’UA en 2002 et qui repose sur trois logiques :

- L’intégration de l’UA dans le dispositif des opérations de maintien de la paix, en vertu du chapitre 8 de la Charte de l’Organisation des Nations unies, qui prévoit de déléguer la charge du maintien de la paix et de la sécurité internationale à des organismes régionaux.

 

- La mise en place d’un cadre de coopération entre l’UA et les Communautés économiques régionales. L’objectif est dès lors de créer un système centralisé autour de l’UA où les CER deviennent des piliers dans la mise en œuvre de l’Architecture.

 

- La création au sein de l’UA de composantes lui permettant de mener à bien sa mission à savoir le Président de la Commission, le Comité des chefs d’état-major (CEM), le Conseil des sages, la Force africaine en attente, le système continental et d’alerte rapide et le fonds pour la paix.

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