commenter cet article …
25 Mars 2015 par Sanaa ALAHYAN - Ileri
Les forces houthistes se sont emparées mercredi 25 mars de la base aérienne Al-Anad, la plus importante du sud du Yémen, se rapprochant davantage d'Aden, où est retranché le chef de l'Etat, selon une source militaire. Les militaires américains qui y étaient stationnés et menaient des frappes contre Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) en avaient été évacués la semaine dernière en raison de l'aggravation de la situation.
La chaîne satellitaire Al-Masirah (favorable aux houtistes) a indiqué que la base avait été pillée par les combattants d'Al-Qaida et par celle du président Abed Rabbo Mansour Hadi.
Après s'être assurées du contrôle d'Al-Anad, les forces houthistes ont ensuite avancé vers le sud et se trouvaient à environ trois kilomètres d'Al-Houta, chef-lieu de la province de Lahej, limitrophe de celle d'Aden, selon une source militaire.
Appel au Conseil de sécurité de l'ONU
Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, a exhorté une nouvelle fois mardi le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies à adopter une « résolution contraignante » afin de stopper l'avancée des miliciens houthistes vers Aden.
Dans sa lettre, le président Hadi confirme aussi avoir sollicité les Etats du Conseil de coopération du Golfe pour obtenir une « intervention militaire » contre les miliciens chiites.
L'Arabie saoudite masse des troupes
L'Arabie saoudite est en train de regrouper du matériel militaire lourd, notamment de l'artillerie, dans des zones situées près de sa frontière avec le Yémen, ont annoncé mardi des responsables américains.
L'Arabie saoudite accuse l'Iran de semer la discorde entre les communautés au Yémen en soutenant les rebelles houtistes. Le conflit risque de dégénérer en une guerre par procuration entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite et d'autres monarchies sunnites de la région, favorables au président Hadi.
source Le Monde.fr
28 février 2015 45eNord.ca (AFP)
Une attaque menée par un drone vraisemblablement américaine a tué samedi au Yémen trois combattants présumés d’Al-Qaïda, alors que des heurts ont opposé soldats et séparatistes sudistes dans le sud du pays plongé dans le chaos.
Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est en butte à de multiples conflits impliquant la puissante milice chiite des Houthis qui a pris le contrôle de la capitale Sanaa, le réseau Al-Qaïda implanté dans le Sud et le Sud-Est, et le mouvement séparatiste sudiste qui veut l’indépendance du Sud.
Le chef de l’Etat Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la communauté internationale et un temps assigné à résidence par les Houthis à Sanaa, a fui la capitale et s’est installé le 21 février à Aden, la grande ville du Sud et fief de ses partisans.
Samedi avant l’aube, un drone -type d’appareil que les Etats-Unis sont les seuls à utiliser dans la région- a pris pour cible un véhicule transportant trois membres d’Al-Qaïda dans le village de Bijane dans la province de Chabwa, tuant les passagers dont les corps ont été carbonisés, selon une source tribale.
Malgré la situation très instable au Yémen, les Etats-Unis ont affirmé leur détermination à continuer à combattre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) basée au Yémen et considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste.
Aqpa a admis début février la mort de l’un de ses chefs, Hareth al-Nadhari, dans un raid de drone américain le 31 janvier dans le sud du Yémen, pays allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda.
Toujours dans le sud du pays, neuf soldats yéménites ont été blessés dans des heurts avec des hommes armés de la branche radicale du Mouvement sudiste dans la région de Hbayline dans la province de Lahej, selon des sources locales.
Les éléments séparatistes ont tiré sur trois véhicules militaires regagnant leur base et des échanges de tirs s’en sont suivis, a-t-on ajouté.
La situation est tendue dans cette localité depuis l’enlèvement de 12 soldats la semaine dernière par des séparatistes sudistes qui ont menacé de tuer leurs otages si l’armée ne leur remettait pas une base de la région.
La branche radicale du Mouvement sudiste estime que la prise du pouvoir des Houthis à Sanaa est une occasion pour tenter de faire de nouveau du Sud un Etat indépendant, mais l’arrivée de M. Hadi dans le Sud a brouillé les cartes, Aden étant devenue de facto la capitale politique et diplomatique du pays.
Plusieurs pays arabes ont d’ailleurs déplacé leurs services diplomatiques de Sanaa à Aden, le dernier étant le Koweït.
Entretemps à Sanaa, des dizaines d’hommes et de femmes ont manifesté contre le coup d’Etat des Houthis et appelé à la libération de la Française Isabelle Prime, enlevée mardi dans la capitale avec son interprète yéménite Chérine Makkaoui par des hommes déguisés en policiers.
Isabelle Prime travaillait pour une société sous-traitante d’un programme en partie financé par la Banque mondiale.
Des chefs tribaux et des miliciens chiites houthis ont été sollicités pour obtenir la libération des deux femmes, mais l’absence d’autorités légitimes à Sanaa et le départ des diplomates occidentaux compliquent les recherches.
D’autres manifestations anti-houthis ont eu lieu à Taëz et Ibb, au sud de Sanaa.
Enfin, les forces politiques restent en désaccord sur le lieu de la reprise du dialogue national après que M. Hadi a demandé son transfert hors de Sanaa. L’ex-président Ali Abdallah Saleh insiste pour sa tenue dans la capitale yéménite et les Sudistes veulent le transférer à l’étranger.
Le chef idéologique d'Aqpa, Ibrahim al-Rubaish, croit que «la France a remplacé l'Amérique dans sa guerre contre l'islam (capture d'écran/Vidéo d'Al-Malahem)
31 janvier 2015 45eNord.ca (AFP)
Un chef d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a jugé que la France avait remplacé les États-Unis en tête de liste des pays ennemis de l’islam, dans un enregistrement audio diffusé vendredi.
Avec l’«affaiblissement» des États-Unis ces dernières années, «la France a remplacé l’Amérique dans sa guerre contre l’islam», a déclaré le chef idéologique d’AQPA, Ibrahim al-Rubaish, dans un enregistrement audio diffusé par la branche médiatique d’AQPA, Al-Malahem, sur YouTube.
Aqpa, considérée comme la branche la plus active et la plus dangereuse d’Al-Qaïda par Washington, avait revendiqué mi-janvier l’attaque à Paris contre le journal français Charlie Hebdo qui a fait 12 morts.
Dans la revendication, un responsable d’Aqpa, Nasser al-Ansi, avait affirmé que le groupe avait agi sur ordre du chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri pour «venger» le prophète Mahomet, caricaturé par le journal satirique français.
L’attaque avait été menée par deux jihadistes français qui ont été abattus le 9 janvier par les forces de l’ordre françaises près de Paris.
M. Rubaish a en outre appelé à mener des attaques contre les «infidèles» en Occident, en particulier en France, et à s’en prendre, «sans consulter personne» à ceux qui se moquent du prophète.
20 Janvier par Bruno Ripoche – Ouest France
Treize ans après les attentats du 11 septembre, Oussama Ben Laden est mort et al-Qaida affaibli. Mais personne ne peut crier victoire, car le groupe a fait des émules.
Al-Qaida (central)
Création : 1991. Chef : Ayman al-Zawahiri. Implantation : nord-ouest du Pakistan. Force : résiduelle.
Al-Qaida (la Base) est le réseau formé autour d'Oussama Ben Laden par les djihadistes internationaux que le Saoudien avait entraînés pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan (1979-1989). En 1991, après l'invasion du Koweït, Ben Laden offre de protéger les monarchies du Golfe contre Saddam Hussein. L'Arabie Saoudite l'éconduit, lui préférant des troupes américaines. Une présence « impie » pour Ben Laden, qui dès lors porte le combat contre l'Occident. Il culminera avec les attentats du 11 septembre 2001. Ben Laden mort, al-Qaida chassée de son sanctuaire afghan, la « base » est affaiblie, mais a essaimé.
Al-Qaida péninsule arabique
Création : 2009. Chef : Nasser al-Wuhaiyshi. Implantation : sud du Yémen. Force : un millier d'hommes.
Aqpa est née du regroupement, dans les montagnes du Yémen, de vétérans locaux du djihad en Afghanistan, rejoints par les rescapés de la répression qui suivit la campagne d'attentats de 2004 en Arabie Saoudite. En 2011, ils profitent de la révolte contre le président Saleh, et se taillent un fief dans le sud. Sous l'impulsion de l'Américano-yéménite Anwar al-Awlaki, tué en 2011 par un drone, Aqpa redonne priorité à la guerre contre l'Occident : elle recrute et forme des radicaux aux États-Unis et en Europe, comme les tueurs de Charlie Hebdo.
Al-Qaida au Maghreb islamique
Création : 2007. Chef : Abdelmalek Droukdel. Implantation : Algérie, nord du Mali et du Niger, sud de la Libye. Force : 1 500 hommes.
Aqmi est la réincarnation du GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, qui a prêté allégeance à al-Qaida, fin 2006, alors qu'il végétait, vivant du trafic de drogue sur la frontière malienne et d'enlèvements au Sahel. En 2012, une alliance des islamistes et des Touaregs s'empare de la moitié nord du Mali, avant d'être refoulée par l'armée française. Affaiblie, mais bénéficiant d'une base arrière en Libye, livrée au chaos depuis la chute de Kadhafi, Aqmi reste une menace, y compris pour la France.
Daesh
Création : 2013. Chef : Abu Bakr al-Baghdadi. Implantation : ouest de l'Irak, nord-est de la Syrie. Force : plus de 10 000 hommes.
L'État islamique (EI ou Daesh en arabe) émane de la « filiale » irakienne d'al-Qaida, rébellion sunnite contre l'occupation américaine en Irak, dirigée par l'islamiste jordanien Abou Moussab al Zarkaoui, tué en 2007. Son actuel chef, Abou Bakr al-Baghdadi, a tiré profit du chaos en Syrie pour y prendre pied. En avril 2013, ses partisans évinçaient les modérés de Raqqa, première ville syrienne conquise par l'opposition à Bachar al-Assad. Un an plus tard, renforcés par un afflux de djihadistes internationaux, ils reviennent en force en Irak, s'emparent de Mossoul et Bagdadhi se proclame caliphe d'un État islamique à cheval sur les deux pays, et prétend diriger le monde musulman.
Talibans
Création : 1994. Chef : mollah Omar. Implantation : sud de l'Afghanistan, est du Pakistan. Force : plusieurs milliers d'hommes.
Chassés de Kaboul par l'intervention occidentale qui suivit les attentats du 11 septembre, les talibans n'ont jamais disparu. Repliés dans le sud et l'est pachtoune du pays, ils ont attendu leur heure - le retrait de l'Otan en décembre 2014 - et l'on verra, à la fonte des neiges, s'ils repartent à l'assaut de Kaboul. Rien n'indique qu'ils prendraient le risque d'héberger, de nouveau, des djihadistes internationaux. De l'autre côté de la frontière, le Mouvement des talibans pakistanais, né en 2007 dans les zones tribales, protège ce qu'il reste d'al-Qaida, et mène une sanglante campagne contre le pouvoir d'Islamabad.
Boko Haram
Création : 2002. Chef : Abubakar Shekau. Implantation : nord du Nigeria. Force : plusieurs milliers de combattants.
Après la fin du régime militaire, en 1999, le prédicateur Mohamed Yusuf, un émule nigérian des talibans afghans, part en croisade contre l'influence occidentale - Boko Haram signifie, littéralement, « l'éducation occidentale est un péché ». Il est capturé en 2009 et sommairement exécuté. Ses successeurs déclarent une guerre totale à l'État, en vue d'instaurer l'ordre islamique dans le nord musulman. Les attentats sanglants se multiplient, contre les églises, les écoles, l'armée. Cette violence a fait plus de 5 000 victimes en 2014.
19 janvier 2015 par Laurent Marchand – Tout un monde
La technique est vieille comme le monde. Pour peser politiquement tout en étant moins puissants militairement, les terroristes usent de la peur. Sans limite aucune. On l’a vu dans le conflit syrien où les moudjahidines se filmaient en train d’exécuter leurs horreurs. On l’a vu depuis un an avec la montée en puissance de Daech, qui filme les décapitations d’otages. Boko Haram est même allé plus loin en bardant une fillette de dix ans d’explosif pour un attentat téléguidé, ou en enlevant des dizaines de jeune femmes comme esclaves pour leurs mercenaires.
L’horreur sert doublement ces seigneurs de la guerre. Sur le territoire qu’ils entendent contrôler, elle pétrifie toute opposition. Sur la scène médiatique mondialisée, elle effraye les opinions publiques, conditionne les classes politiques. L’horreur suscite en soi une hypertrophie de la menace réelle. Et il suffit d’un attentat pour l’alimenter.
Cette pratique, toutes les branches du terrorisme islamiste en usent. Aqmi, Aqpa, Daech, Boko Haram. Outre le vernis délirant d’idéologie islamiste qui leur sert d’étendard, la violence est leur principal point commun. Pour le reste, le terrorisme islamiste est avant tout une nébuleuse. Sans structures pérennes.
Tenues par des chefs de guerre souvent auto-proclamés, les organisations qui, du Maghreb au Proche Orient en passant par le Sahel, terrorisent l’Occident usent, en les renversant, de tous les instruments de la modernité.
La société ouverte qui est la nôtre est vulnérable en certains points ? C’est là qu’ils portent le glaive. Internet ? Ils l’utilisent à plein. Pour endoctriner à distance les cibles mentalement fragiles qu’ils ont identifiées. Pour communiquer clandestinement. Pour communiquer à grande échelle leurs faits d’arme. Les armées conventionnelles avaient leur service cinématographique, les jihadistes trucident un smartphone à la main.
La liberté de parole est notre sanctuaire ? C’est là qu’ils pointent les kalachnikovs. Le multiculturalisme notre défi sociétal ? Ils en attisent les contradictions. Le monde globalisé permet d’aller partout très vite ? Leur haine fait le même chemin en retour. Et comme toute guerre s’accompagne d’une guerre culturelle, le grand vecteur du soft power qu’est devenu internet est un espace décisif du nouveau front.
90% des embrigadés basculent sur internet, affirmait récemment le ministre de l’intérieur à l’Assemblée. Les cyberattaques ne disent rien d’autres. Le monde, pour nous, s’est rapproché. Pour le meilleur et pour le pire.
Une base physique, pourtant, est toujours nécessaire. Ben Laden privilégiait le réseau, tout en s’appuyant sur les terres afghanes. Daech, Aqmi, Aqpa et Boko Haram oeuvrent à conquérir des terres, tout en utilisant le réseau. En Irak, au Sahel, au Yémen, au Nord du Nigéria. Il sera difficile de faire cesser « ici » la menace sans éradiquer « là » ce qui constitue leur « base », qui se dit « Al-Qaïda » en arabe.
18/01/2015 Le Point
Après un attentat contre un poste-frontière, le royaume a accéléré la construction d'une clôture de haute technologie, selon "The Daily Telegraph".
La Grande Muraille de Chine n'avait pas arrêté les Mongols. La Grande Muraille d'Arabie saoudite arrêtera-t-elle les djihadistes de l'organisation État islamique ? Selon le quotidien britannique The Daily Telegraph et son correspondant au Moyen-Orient, le royaume wahhabite a commencé la construction d'un mur de 900 kilomètres, le long de sa frontière avec l'Irak.
Le projet n'est pas récent puisqu'il est envisagé depuis 2006, en pleine guerre civile irakienne. Mais son lancement a été accéléré en septembre 2014 par la montée en puissance rapide du groupe État islamique, qui contrôle désormais une large partie du territoire irakien, et dont "l'objectif essentiel" est "la conquête ultime de l'Arabie saoudite, qui renferme les deux mosquées saintes de La Mecque et Médine".
Attentat-suicide au poste-frontière
La semaine dernière, l'organisation État islamique a tué, lors d'un attentat-suicide, deux gardes saoudiens et le général Oudah al-Belawi, commandant des opérations frontalières de la zone nord-est de l'Arabie saoudite. L'attentat a eu lieu au poste-frontière de Suweif, près de la ville saoudienne d'Arar. L'événement a incité les autorités saoudiennes à intensifier encore les travaux d'érection du mur.
La clôture sera équipée de tours de surveillance, de fossés, de caméras infrarouges et d'une cinquantaine de radars, comme le montre le Telegraph. Ceux-ci seront capables de déceler des mouvements de piétons à 18 kilomètres de distance, et des mouvements d'hélicoptères à 36 kilomètres de distance.
Une autre muraille est en cours de construction à l'autre bout du pays, le long de la frontière saoudienne avec le Yémen, foyer d'al-Qaida dans la péninsule arabique.
Capture d'écran de l'un des dirigeants d'AQPA, Nasser Ben Ali-al-Anassi, qui revendique les attaques terroristes de Paris. (YouTube)
15 janvier 2015 45eNord.ca (AFP)
En revendiquant l’attaque contre Charlie Hebdo, Al-Qaïda a voulu montrer qu’il pouvait frapper un grand coup en Occident et s’en prévaloir pour regagner le terrain perdu dans la mouvance djihadiste face à son rival, le groupe État islamique (EI), selon des experts.
« L’attaque contre Charlie Hebdo remet indéniablement en selle Al-Qaïda dans sa rivalité avec l’EI », affirme Laurent Bonnefoy, spécialiste du Yémen, d’où a été annoncée mercredi la revendication, jugée « authentique » par les renseignements américains.
2014 a été l’année de la remise en cause totale du leadership d’Al-Qaïda sur la mouvance jihadiste au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et en Irak.
L’EI a pris l’ascendant idéologique et militaire après des combats fratricides en Syrie ayant fait des milliers de morts et s’étant soldés par une perte d’influence du Front Al-Nosra, branche officielle du réseau de feu Ossama Ben Laden au pays de Bachar al-Assad.
Al-Qaïda, dont le chef suprême est Ayman al-Zawahiri depuis l’élimination de Ben Laden en 2011, est en revanche resté puissant et dangereux au Yémen, menant depuis plus d’une décennie des actions spectaculaires et meurtrières contre les forces de sécurité et des cibles étrangères.
En dépit d’attaques de drones américains, les chefs d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), né de la fusion des branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaïda, ont tenu tête à Washington. Ce fut le cas en décembre lorsque leurs combattants ont mis en échec une opération des forces spéciales américaines pour libérer deux otages américain et sud-africain qui ont été tués.
La revendication par Al-Qaïda de l’attaque qui a décimé le 7 janvier la rédaction du journal satirique français Charlie Hebdo vise, par son retentissement international, à remobiliser les combattants, à séduire des aspirants jihadistes et à reprendre l’initiative sur tous les terrains, y compris celui de la propagande, affirment des experts.
‘propagande par l’acte’
Après la montée en puissance de l’EI, « Al-Qaïda essaie de réagir en menant des actions comme celles de la décennie 2001-2011″, explique Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse (France).
Charlie Hebdo, « c’est une opération de propagande par l’acte » qui peut faire revenir certains jihadistes ayant abandonné le réseau, estime M. Guidère, ajoutant qu’Al-Qaïda peut se renforcer, l’EI étant « affaibli par les frappes » internationales en Irak et en Syrie. « C’est le principe des vases communicants », selon lui.
M. Bonnefoy note que « les moyens d’Aqpa sont plus faibles que ceux de l’EI », mais « Al-Qaïda continue à représenter une menace, d’autant plus que la rivalité entre les deux organisations peut produire une forme d’émulation ».
Selon une autre spécialiste du Yémen, April Longley, de l’International Crisis Group, « la faiblesse aiguë de l’Etat » yéménite depuis la prise de la capitale Sanaa en septembre par des miliciens chiites « offre de nouvelles opportunités à Aqpa ».
Elle explique que la volonté d’Al-Qaïda d’apparaître en première ligne dans le combat contre ces miliciens chiites permet au réseau sunnite de promouvoir un discours « confessionnel » et de « gagner de nouveaux alliés » parmi les tribus sunnites, « non pas en raison de son idéologie, mais plutôt de l’ennemi commun ».
Les événements à Paris se sont déroulés « sur fond de grandes manœuvres dans la mouvance jihadiste », confirme Jean-Pierre Filiu, professeur à l’université Sciences Po à Paris.
Selon lui, « l’homme-clef dans cette vaste conspiration » est Boubaker al-Hakim, jihadiste franco-tunisien qui était depuis 2004, quand il combattait aux côtés d’Al-Qaïda en Irak, « la personnalité de référence » des frères Kouachi qui « n’avaient pu alors le rejoindre ».
Ces deux frères, auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo, ont été formés en 2011 au Yémen par Aqpa, sous la direction « spirituelle » de l’imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, tué la même année par un drone américain, ajoute cet expert.
« Il est donc logique » qu’Aqpa « tente de s’arroger le prestige de leur action », explique M. Filiu. Mais Boubaker al-Hakim, alias Mouqatel, « est devenu dans l’intervalle un cadre-clef de l’Etat islamique », qui a revendiqué l’assassinat en 2013 des opposants laïques tunisiens Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
« Nous assistons donc à une surenchère entre Aqpa ‘historique’ et l’Etat islamique », auquel Amédy Coulibaly, le troisième assaillant de Paris qui a tué quatre juifs dans une épicerie casher, « avait prêté une allégeance explicite et inconditionnelle, confirmée dans sa vidéo posthume », note encore M. Filiu.
L’EI n’a cependant pas revendiqué cette attaque.
Selon Rita Katz, co-fondatrice de Site, spécialisé dans la surveillance en ligne de la mouvance jihadiste, « la revendication marque la première attaque officielle occidentale d’Aqpa menée avec succès, après des tentatives ratées » comme celle d’un jeune Nigerian ayant essayé de faire exploser en vol un avion américain en 2009 et celle de l’envoi de colis piégés à bord d’un avion cargo vers les Etats-Unis l’année suivante.
16 septembre 2014 Romandie.com (AFP)
Dubai (Emirats arabes unis) - Les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'Al-Qaïda ont appelé les jihadistes en Irak et en Syrie à s'unir contre la coalition hostile au groupe de l'Etat islamique (EI), dans un communiqué commun mis en ligne mardi.
Dans ce communiqué sans précédent, les deux groupes exhortent leurs frères moujahidines en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique qui nous guette tous.
Faites de votre rejet de la mécréance un facteur d'unité, ajoutent les deux organisations à l'adresse des groupes jihadistes traversés par des divergences entre le groupe de l'EI et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaida.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa - fusion des branches saoudienne et yéménite de l'organisation) sont restés fidèles au chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, qui est très critique du groupe de l'EI.
Cet appel s'adresse aussi à l'opposition syrienne modérée qui cherche à renverser le président Bachar al-Assad et est soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés arabes.
Aqmi et Aqpa invitent ainsi, dans leur communiqué, tous ceux qui ont pris les armes contre le tyran Bachar et ses milices à ne pas se laisser berner par l'Amérique, et à ne pas devenir leurs pions.
Les deux branches sollicitent également le tribus sunnites d'Irak et de Syrie pour qu'ils n'oublient les crimes des Etats-Unis (...) et qu'ils ne fassent pas partie de la coalition.
Les Etats-Unis, qui ont déjà mené plusieurs raids aériens contre les jihadistes du groupe EI en Irak, tentent de bâtir une large coalition impliquant des pays arabes pour anéantir ces jihadistes qui occupent de larges pans des territoires irakien et syrien.
01 octobre 2013 Par Romain Mielcarek - RFI
Courant septembre 2013, les drones américains ont dû mettre fin à leurs vols depuis Camp Lemonnier, à Djibouti. Après une série de crash, le Pentagone a dû se résigner à déménager ces engins un peu plus au sud, pour pouvoir continuer de mener des raids depuis cette position où Washington prévoit encore d'investir un milliard de dollars.
À l'aéroport international d'Ambouli, à Djibouti, les passagers des vols civils ont toujours la surprise de voir, par les hublots, les avions militaires stationnés à proximité de la piste. Locataires de structures sur place, les Français, les Japonais, mais surtout les Américains déploient depuis ce micro-Etat au cœur de la Corne de l'Afrique des moyens stratégiques. Ces derniers opèrent depuis Camp Lemonnier, un important détachement de transport aérien, d'avions de combat et de drones armés.
Les célèbres Predator de l'aviation américaine mènent depuis 2011 jusqu'à 16 vols de drones par jour. La demi-douzaine d'engins sans pilote effectue des missions de renseignement ou de bombardement vers l'ensemble de la Corne de l'Afrique, ainsi que vers le golfe Arabo-Persique. Leurs cibles : les combattants d'al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) au nord, et les shebabs somaliens à l'est.
Suite de l’article