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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 17:55
Note de veille no 1 de l’IRSEM - Armement & économie de défense

10 juin 2013de Aude-Emmanuelle Fleurant

L’actualité stratégique et politico-économique mondiale soulève aujourd’hui beaucoup d’intérêt pour les questions d’économie de défense, que ce soit sous ses aspects budgétaires, industriels et technologiques. C’est pourquoi dans le cadre des activités du domaine d’études Armement et économie de défense, l’idée de faire une note de veille Armement et économie de défense (AED) à l’image de celle portant sur l’actualité de la politique étrangère et de défense des États-Unis réalisée par Maya Kandel, chargée d’études au domaine d’études sécurité européenne et transatlantique, a fait son chemin et mène à cette première livraison.

L’objectif de la note est double : d’abord, elle se veut informative sur quelques dossiers qui ont mobilisé l’attention du monde de l’économie de défense au moment de sa réalisation. Dans cette optique, le choix des sujets et des articles ne prétend surtout pas être exhaustif ; il cherche plutôt à présenter des débats ou à mettre en évidence des articles au contenu plus originaux et/ou très riches en données et en informations sur un sujet intéressant ou d’actualité. Ensuite, la note AED souhaite donner de la visibilité aux problématiques propres au champ d’études en accordant une place à quelques articles publiés dans des revues à comité de lecture, lorsqu’ils se présentent, le rythme des parutions limitant toutefois la possibilité de les traiter à chaque livraison, qui est prévue aux deux mois. En espérant que ce « pilote » soulève votre intérêt pour les sujets qui y sont abordés, en vous souhaitant bonne lecture.

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 20:30
L’Europe accepte le pétrole des rebelles syriens, mais hésite toujours à les armer

22/04/2013 par Nicolas Laffont – 45enord.ca

 

Les ministres européens des Affaires étrangères devaient envoyer lundi un signe de soutien à l’opposition syrienne en assouplissant l’embargo européen contre le pétrole syrien en vigueur depuis septembre 2011, tandis que le débat sur l’opportunité de lui livrer des armes se poursuit.

 

L’objectif est, qu’en obtenant le feu vert de l’Union européenne, les rebelles pourraient relancer l’extraction et l’exploitation pétrolière dès cette semaine.

 

Depuis décembre 2012, l’Armée syrienne libre contrôle le champ pétrolifère d’Al-Tanak dans la province de Deir Ezzor où se trouve les plus grandes réserves du pays. Elle en contrôlait trois autres un peu plus tôt, mais ils ont été repris par l’armée du régime de Bachar al-Assad.

 

En soutenant l’opposition, les pays de l’Union européenne veulent soutenir les anti-Assad dans la mise en place de leurs propres institutions.

 

Avant la révolte de 2011, l’Europe était le principal client de Damas. Depuis l’embargo, les ventes sont passées de 7,2 milliards à 185 millions $, ce qui représente environ 130 000 barils/jour, selon les dernières estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

 

«Nous voulons aider à la reconstruction économique» des régions contrôlées par l’opposition «afin que la population se rende compte qu’il existe une véritable alternative au régime d’Assad», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.

 

Pour faire de l’importation du brut ou des investissements, les entreprises étrangères devront demander l’autorisation de leur gouvernement, qui tentera de son côté d’obtenir des garanties de la Coalition.

 

Ce qui inquiètent beaucoup les pays occidentaux c’est en effet de savoir quel mouvement rebelle contrôle tel ou tel champ pétrolier. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ceux de Deir Ezzor (est) et Hassaka (nord-est) seraient aux mains du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.

 

Autre dossier sensible: les armes

 

Les Européens suivent donc la même ligne que les États-Unis, qui ont annoncé samedi un doublement de leur assistance directe à l’opposition.

 

Union Européenne et États-Unis hésitent toujours à fournir des armes lourdes aux rebelles afin de lutter contre les attaques aériennes de Damas.

 

Londres et Paris restent isolés sur cette question, mais Berlin a indiqué être disposée à «ne pas s’opposer» si «un ou deux pays veulent livrer des armes», tout en soulignant de nouveau le risque qu’elles «tombent entre de mauvaises mains».

 

La question sera tranchée d’une manière ou d’une autre d’ici au 1er juin prochain, date à laquelle le régime de sanctions visant la Syrie doit être renouvelé, ou amendé.

 

Aux yeux de plusieurs ministres européens, ces craintes sont renforcées par l’état de division de l’opposition. Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a jugé « très inquiétante » la démission annoncée dimanche de son chef, Ahmed Moaz al-Khatib. Il faut « continuer à demander à l’opposition d’être plus organisée, plus inclusive », a-t-il ajouté.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 13:45

Mali PT76 1 source Esoteric Armour Blogspot

 

02/04/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr (AFP)

 

Le Mali veut acheter à la Russie des hélicoptères, des avions de combat et des véhicules blindés pour combattre les rebelles islamistes dans le nord du pays.

 

Après l'acquisition de fusils d'assaut kalachnikov, le gouvernement du Mali veut acheter maintenant à la Russie des matériels beaucoup plus... consistants. Du lourd même. Bamako a demandé à Moscou de lui livrer des hélicoptères, des avions de combat et des véhicules blindés pour combattre les rebelles islamistes dans le nord du pays, affirme mardi le quotidien russe Vedomosti. Le Mali veut "des hélicoptères Mi-35 et Mi-17, des avions cargo et des avions de combat, des véhicules blindés BTR-80, des systèmes radar de défense antiaérienne, ainsi que des armes légères et des munitions", a indiqué une source au sein de l'agence publique russe d'exportation d'armements Rosoboronexport, citée par le journal.

 

En février, la Russie a déjà livré au Mali 3.000 fusils d'assaut kalachnikov, 300 mitrailleuses et des munitions pour un montant total de 12 millions de dollars, dans le cadre d'un contrat conclu en septembre 2012, a précisé cette source. Il n'est pas exclu que de nouveaux contrats sur la livraison d'armes russes, en premier lieu des hélicoptères et des véhicules blindés, au Mali puissent être signés "prochainement", a-t-elle souligné. Le directeur de Rosoboronexport, Anatoli Issaïkine, avait indiqué début mars que l'agence livrait au Mali des armes à feu "en toute légalité". Les autorités maliennes avaient alors fait part de leur intention d'acheter d'autres types de matériel militaire, selon la même source.

 

Et la France ?

 

Une opération militaire multinationale à laquelle participe la France est en cours depuis janvier au Mali, pays d'Afrique de l'Ouest en proie à une rébellion islamiste armée. Au début de cette opération, des avions cargo russes très gros porteurs Antonov-124 ont effectué au moins 20 vols pour acheminer des matériels militaires de l'armée française au Mali, a indiqué à Vedomosti une source au sein du ministère russe de la Défense. En mai, les Antonov-124 pourraient reprendre leurs vols au Mali pour aider la France - qui a déployé dans ce pays un contingent de 4.000 hommes - à effectuer le retrait d'une partie de ses troupes, selon la même source.

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 12:45

18.03.2013 BBC Africa

 

La Russie va vendre au Mali 3.000 fusils d'assaut kalachnikov, selon l’agence russe Interfax.

 

Cette vente d'une valeur estimée à plus d'un million de dollars s'inscrit dans le cadre d'un accord conclu en septembre 2012 entre l'agence publique russe d'exportation d'armements Rosoboronexport et le ministère malien de la Défense, a déclaré une source russe à Interfax, sans préciser si les livraisons avaient déjà été effectuées.

 

Le directeur de Rosoboronexport, Anatoli Issaïkine, avait indiqué la semaine dernière que l'agence livrait au Mali des armes à feu "en toute légalité", selon Interfax.

 

Les autorités maliennes ont fait part à Rosoboronexport de leur intention d'acheter également des hélicoptères et d'autres types de matériel militaire, a ajouté M. Issaïkine, cité par Interfax.

 

Les kalachnikovs, légendaires fusils d'assaut connus dans le monde entier, sont fabriqués à l'usine Ijmach à Ijevsk (1.300 km à l'est de Moscou).

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 15:55

http://www.defense.gouv.fr/var/dicod/storage/images/base-de-medias/images/dga/1-evenements/couverture-du-bilan-d-activites-2012-de-la-dga/2180756-2-fre-FR/couverture-du-bilan-d-activites-2012-de-la-dga.jpg

 

14/02/2013 Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord. - Défense globale

 

La Délégation générale pour l'armement (DGA), dirigé depuis 2008 par Laurent Collet-Billon a présenté le 13 février son bilan d'activités 2012. La DGA représente des enjeux considérables, spécialement en temps de crise, peut-on ajouter : " maintenir au meilleur standard mondial l'équipement des armées " (près de 11 milliards d'euros d'équipements en 2012), " préserver la compétitivité de l'industrie française et européenne " (signature du pacte-défense PME, 725 millions d'euros investis en recherche et développement, 750 M€ en 2013). Rappelons que le secteur de l'armement représente en France plus de 160 000 salariés...

 

En revanche (c'est quand même la crise), le secteur de l'exportation, soutenu par la DGA au nom de l'Etat, est en recul à environ 5 milliards d'euros en 2012 (6,5 milliards en 2011, 8,5 milliards en 2008 par exemple). Sur la période 2006-2011, les Etats-Unis représentent le premier exportateur mondial d'armements (40 %) devant la Russie (14 %), le Royaume-Uni (11 %), la France (8,5 %) et Israël (5 %).

 

Le ratio achats d'équipements du ministère de la Défense (10,984 milliards d'euros) et exportations (environ 5 milliards) montre tout de même que le secteur reste trop dépendant de l'Etat.

 

logo-du-dispositif-rapid

 

D'une manière générale, la DGA compte environ 10 500 équivalent temps plein employé fin 2012 et s'oriente vers un renforcement de sa capacité d'ingénierie. Il a également réduit ses implantations géographiques (cinq centres du service qualité au lieu de neuf). Mais son efficacité, autant dans la recherche que dans le soutien à l'industrie française, semble déterminante pour le secteur. Une preuve avec le pacte Défense-PME, l'augmentation des 25 % sur trois ans des crédits RAPID (appui pour l'innovation, 62 projets sélectionnés en 2012).

 

Il faudra ensuite que tous ces programmes et ces innovations rentrent dans le cadre du futur Livre blanc et de la prochaine loi de programmation militaire. Rien n'est moins sûrs. La classe politique rappelle depuis quelques mois que certains domaines pourraient être mis en sommeil (pas abandonnés, nuance). Une meilleure coopération européenne est souvent vue comme une solution face aux budgets de Défense en recul...

 

En attendant, voici les principaux constats du bilan d'activité de la DGA en 2012...

 

Principales livraisons en 2012 : premier Rafale à radar à antenne active ; première FREMM Aquitaine (frégate multimissions) ; 196 AASM (missiles air-sol) ; 40e et dernier hélicoptère Tigre ; transfert du SNLE Le Vigilant à L'ïle longue pour son adaptation au missile nucléaire M51 (première sortie à la mer ce printemps) ; hélicoptère NH90-NFH (lutte anti-surface et anti sous-marine pour la Marine nationale) expérimenté à Hyères ; qualification du système PAAMS pour les frégates (Principal anti air missile systems) ; plus de 10 000 systèmes FELIN livrés (dix régiments d'infanterie équipés) ; 30 000 masques individuels de protection ; surprotection des AMX10RC ; robots terrestres contre les IED...

 

survol-du-caiman-marine-de-la-fremm-aquitaine

 

Principales commandes 2012 : adaptation au M51 des SNLE Le Triomphant et Le Téméraire ; capacité de soutien SIAé (service industriel de l'aéronautique) pour le programme A400M ; travaux d'évaluation du drone tactique Watchkeeper ; lancement de l'étape 1 des travaux de CONTACT (communications taciques et de théâtres) ; phase d'orientaton de la rénovation à mi-vie de l'ASMPA (missile nucléaire de la composante aérienne) ; notification du marché de brouilleurs BARAGE ; travaux de levée de risques du standard Rafale F3R (livrable en 2018) ; arrêt technique majeur du porte-avions Charles-de-Gaulle.

 

First production Airbus Military A400M in French Air Force

 

Recherche et développement : premier vol du démonstrateur de drone de combat furtif NEURON (essais jusqu'en 2014) ; tirs de qualification du missile AASM en version " guidage terminal laser ".

 

Dassault neuron uav source lefigaro.fr

 

Parmi les programmes futurs : CERES (composante spatiale interarmées de collecte de données de renseignement d'origine électromagnétique) ; SLAMF (renouvellement de la capacité de lutte contre les mines navales) ; HIL (hélicoptère interarmées léger)...

 

Coopération européenne.

 

UK MOD

Avec le Royaume-Uni, signature de deux contrats pour préparer le programme conjoint de drone de combat FCAS DP (Dassault et BAE pour le démonstrateur, Rolls-Royce et SNECMA pour la motorisation) ; expérimentation du drone Watchkeeper par l'armée de terre française (Thales UK) ; interopérabilité de la Combat Joint Expeditionary Force.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/5b/Flag_of_the_Italian_Defence_minister.svg/800px-Flag_of_the_Italian_Defence_minister.svg.png

Avec l'Italie : missile Aster, radio logicielle et domaine spatial. Avec l'Allemagne : déclaration d'intention dans huit domaines, observation spatiale, drones MALE, défense antimissile, hélicoptères (lettre d'intention pour le Tigre), systèmes terestres, soutien et autoprotection de l'A400M, torpilles, certification des aéronefs militaires.

 

LogoEDA COLOR

Avec l'Agence européenne de Défense : drones, partage des capacités de ravitaillement en vol...

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 18:22

asia-pacific source harvard.edu

 

15/05/2012 Par Juliette Morillot - Jeuneafrique.com

 

De l'Inde à la péninsule coréenne, tous les pays, ou presque, redoutent la montée en puissance militaire de la Chine. Du coup, ils accroissent fébrilement leurs arsenaux. Et comptent sur le soutien des États-Unis.

 

« Asia is getting hot », a estimé Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine, le 13 avril en marge du G8 des ministres des Affaires étrangères, à Washington. Une semaine plus tard, le 19 avril, comme pour illustrer la réalité de la course effrénée aux armements à laquelle se livrent les principaux pays de cette région du monde, l'Inde a annoncé le lancement de son premier missile à longue portée, l'Agni-V, capable d'atteindre des cibles distantes de 5 500 km - ce qui met l'ensemble du territoire chinois à portée de frappe nucléaire. Une avancée majeure pour la troisième puissance économique asiatique, qui fait ainsi son entrée dans le club très fermé des pays détenteurs de missiles balistiques à longue portée aux côtés de la Chine, de la Russie, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Israël.

 

Le 25 avril, le Pakistan a procédé à son tour au lancement d'un missile balistique de moyenne portée, le Shaheen-1A, capable de frapper, comme d'ailleurs le reste de l'arsenal pakistanais, les grandes villes indiennes. Ce test réussi a été pris comme un avertissement par New Delhi, qui, en dépit des récentes tentatives de rapprochement économique, entretient des rapports tendus avec Islamabad (trois guerres ont opposé les deux pays depuis 1947). Côté indien, si les premiers missiles Agni visaient le Pakistan, le surnom des dernières séries IV et V, China Killers, ne laisse aucun doute sur leur objectif. L'Inde en effet n'a pas l'intention de se laisser dépasser par la Chine, dont la puissance militaire et économique inquiète plus que jamais toute la zone Asie-Pacifique.

 

La République populaire affirme régulièrement la nature strictement « pacifique » de sa montée en puissance militaire et soutient que la modernisation de son armée n'est destinée qu'à « défendre » le pays. Il n'empêche : l'augmentation de ses capacités de frappe et la modernisation de son appareil militaire (missiles DF-21D terre-mer anti-porte-avions guidés par satellite, porte-avions, avions furtifs J-20) font trembler les états-majors asiatiques. Tandis que les États-Unis et les puissances européennes désarment depuis des années, le budget chinois de la défense augmente depuis deux décennies au rythme de plus de 10 % par an. Il devrait même doubler d'ici à trois ans. En 2011, la Chine a dépensé 143 milliards de dollars* (108 milliards d'euros) pour sa défense, soit 100 milliards de plus que son rival indien.

 

Bras de fer militaire

 

Parallèlement, un bras de fer militaire plus conventionnel se joue en mer de Chine, où Pékin revendique un grand nombre d'archipels et d'îlots que convoitent également huit pays riverains : Taiwan, les Philippines, la Malaisie, Brunei, l'Indonésie, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Cette zone située entre l'extrémité de la péninsule malaise et le détroit de Taiwan constitue une artère vitale pour le commerce international et l'approvisionnement en pétrole entre l'Asie orientale, le Moyen-Orient et l'Europe. Traversée annuellement par plus de 50 000 navires, soit le triple du trafic du canal de Panamá et le double de celui du canal de Suez, elle recèle en outre d'abondantes richesses offshore - halieutiques, métallurgiques, mais surtout gazières et pétrolières - que la Chine considère comme sa chasse gardée.

 

En 2009, cette dernière avait déjà réussi à dissuader la filiale anglaise de BP de s'installer au Vietnam. Aujourd'hui, elle juge « illégale » la signature, le 5 mars, d'un contrat entre le géant russe Gazprom et la compagnie d'État PetroVietnam en vue de l'exploitation des réserves d'hydrocarbures offshore du bassin de Nam Con Son.

 

 

La mer de Chine devient donc une véritable poudrière que certains spécialistes n'hésitent pas à comparer aux Balkans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le Pentagone lui-même, qui a dévoilé au mois de janvier sa nouvelle stratégie, semble avoir pris conscience, après dix années d'errements en Irak et en Afghanistan, de l'importance cruciale de la région Asie-Pacifique pour la paix et la sécurité. D'où l'urgence d'y accroître la présence militaire américaine afin de lutter contre la prolifération nucléaire (notamment en Corée du Nord) et de garantir la « libre circulation sur les voies de navigation et de commerce ». Et ce par trois moyens principaux : le renforcement de l'armement, le redéploiement des troupes et la multiplication des exercices militaires conjoints avec des pays comme les Philippines, la Corée du Sud ou l'Australie.

 

Les manoeuvres américano-philippines du mois dernier en mer de Chine témoignent de cette nouvelle stratégie. Elles ont eu lieu au lendemain d'un incident naval entre navires philippins et chinois au large du banc de Scarborough, zone maritime que se disputent les deux pays. Ce n'est certes pas le premier incident de ce type - beaucoup d'autres ont eu lieu au large des Philippines, mais aussi du Vietnam et de Taiwan -, mais, en raison de sa durée (plus de trois semaines au moment où ces lignes sont écrites), il prend valeur de test. Les autres nations d'Asie du Sud-Est observent avec attention la capacité des Philippines, seules ou avec l'aide des États-Unis, à tenir tête à Pékin.

 

Si une guerre venait à éclater, les Philippines ne pourraient en effet opposer aux forces navales chinoises qu'une bien maigre flotte : un ancien vaisseau de guerre américain datant de la guerre du Vietnam, quelques patrouilleurs achetés au Royaume-Uni et à la Corée du Sud, une dizaine de navires rescapés de la Seconde Guerre mondiale... C'est bien peu.

 

Même chose dans les airs. Dépourvue d'avions modernes capables de rivaliser avec les appareils chinois basés sur l'île de Hainan, la Navy Air Force philippine cherche à se doter de nouveaux trainer jets sud-coréens. Mais ce qui fait le plus cruellement défaut aux Philippins, ce sont des sous-marins. Car depuis 2005 la Chine s'est dotée de submersibles diesels électriques ultraperfectionnés. Et particulièrement silencieux.

 

"L'enjeu majeur des soixante prochaines années"

 

Même basiques, les sous-marins demeurent en effet difficiles à détecter et à détruire. En 2010, les submersibles nord-coréens avaient démontré leur capacité de nuisance en coulant la corvette sud-coréenne Cheonan (46 victimes). Tous les pays asiatiques ont compris la nécessité d'en acquérir. D'ici à 2015, le Vietnam va acheter quatre submersibles russes ; la Malaisie, deux Scorpène français ; et Singapour, deux Archer et quatre Challenger de la marine suédoise. La Thaïlande négocierait pour sa part avec l'Allemagne l'acquisition d'au moins deux sous-marins. Et l'Indonésie vient de recevoir le premier des quatre qu'elle a commandés à la Corée du Sud.

 

Enfin, devenue le pivot du redéploiement stratégique américain, notamment parce que son éloignement géographique constitue un avantage face aux missiles chinois, l'Australie a resserré ses liens avec les États-Unis. Elle a notamment accepté l'installation sur son territoire de 2 500 marines qui prendront prochainement leurs quartiers à Darwin, dans le nord du pays. À Brisbane, plus au sud, une nouvelle base accueillera navires de guerre et sous-marins de l'US Navy. Quant à la base navale HMAS Stirling, à Perth, dans l'Ouest, qui accueille déjà les six sous-marins Collins australiens, elle sera mise à disposition de la marine et de l'aviation américaines. Enfin, l'archipel des Cocos (ex-îles Keeling), à près de 3 000 km de Perth et 800 km de l'île indonésienne de Java, devrait accueillir prochainement une base aérienne pour les avions de surveillance américains P-8 et les drones Global Hawk.

 

Face à ce réarmement général, les avertissements de Hillary Clinton apparaissent donc plus que fondés. Oui, la zone Asie-Pacifique sera « l'enjeu majeur des soixante prochaines années ». Mais pour les États-Unis, le défi est double. Il leur faut faire preuve de fermeté sur le plan militaire, tout en veillant à ménager les sensibilités. Car la présence de leurs troupes n'est en effet pas toujours vue d'un très bon oeil par les Asiatiques... 

* Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).

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