14/04/2014 Asp. Camille Martin - DICOD
Description synthétique du combat cyber-électronique, mise en perspective historique et prospective concrète, Attention : Cyber ! n’est pas un ouvrage réservé aux seuls spécialistes du monde cyber. Avec ce livre généraliste, le colonel Bonnemaison et le lieutenant-colonel Dossé souhaitent démontrer l’importance du cyber et de la guerre électronique dans les conflits d’aujourd’hui et la nécessité d’une cyberdéfense performante.
Rencontre avec les deux auteurs.
Pourquoi ce livre ?
Col Bonnemaison : Nous avons pensé qu’il était temps pour nous de montrer l’expertise que pouvaient avoir les armées dans le cyber. Aujourd’hui, nous allons bien plus loin que la simple protection contre la cybercriminalité. La cyberdéfense est devenue un domaine de souveraineté pour les états. Dans ce cadre, nous avons souhaité conduire une réflexion partant d’une approche militaire fondée sur des cas concrets historiques, pour ébaucher ensuite une vision plus prospective.
L’idée d’écrire à deux est particulièrement intéressante. Certes, nous partons d’un tronc commun dans notre formation d’officier, mais nous l’avons tous deux enrichi d’un parcours opérationnel et académique varié. Cela nous a vraiment permis d’approfondir nos recherches et de couvrir la problématique sur un spectre très large.
Quels sont les points abordés ?
Lcl Dossé : Contrairement à l’impression que nous pouvons avoir, nous ne partons pas de rien dans le cyber. Dans nos travaux de recherche, nous sommes donc remontés au début des télécommunications et nous avons regardé en quoi celles-ci changeaient l’art de la guerre. Et en particulier comment les combats sur les réseaux s’intégraient aux autres opérations. Ainsi, nous partons de la guerre de Sécession et nous reprenons tous les conflits importants, en donnant des exemples pour illustrer chaque période et bien montrer la continuité dans ce champ d’action. Au final, les techniques changent mais les tactiques et les stratégies varient peu. Dans une deuxième partie, nous avons fait quelque chose de beaucoup plus classique : stratégie et acteurs, géopolitique du numérique. Il s’agit de savoir qui sont les acteurs, comment ils interagissent entre eux et quels est leur poids réel. Dans une troisième partie, nous sommes allés vers des cas plus concrets. Enfin, nous terminons sur une note de prospective.
A qui s’adresse ce livre ?
Col Bonnemaison : Le public est assez large. Au départ, c’était un public de spécialistes qui sont intéressés par la stratégie en général. Aujourd’hui, il y a aussi bien des étudiants et des chercheurs des domaines informatique (et télécommunications), sciences politiques, juridique et géopolitique que des particuliers qui s’interrogent sur les équilibres générés par cette notion de puissance du numérique. Il y a également des personnes qui entendent parler tout le temps de cyber mais qui ne voient pas à quoi cela correspond. Au final, c’est un bon livre généraliste qui balaie très large sur toutes les problématiques cyber. Ce n’est pas un ouvrage réservé aux spécialistes du monde cyber.
« Dès maintenant perdre dans le cyber, c’est perdre tout court », pouvez-vous nous expliquer cette phrase ?
Col Bonnemaison : Le cyber est une condition nécessaire mais non suffisante. C'est-à-dire que nous ne nous inscrivons pas comme des spécialistes qui vont vous dire : « Il n’y a plus que le cyber qui compte aujourd’hui dans un conflit. » En revanche, nous affirmons que nous ne pouvons pas nous permettre de faire l’impasse sur le cyber parce que, dans ce cas, nous sommes sûrs de perdre le combat de demain. Donc, condition nécessaire mais non suffisante.
Lcl Dossé : Quand nous regardons au niveau historique, à chaque fois qu’une unité a fait l’impasse dans le domaine des télécommunications, à chaque fois cette unité a perdu. Donc ce n’est pas un facteur de victoire en tant que tel mais, en tout cas, négliger le cyber est un facteur de défaite. C'est-à-dire que pour celui qui ne fait pas attention à la technologie de son temps, ce n’est pas cela qui va le faire gagner mais cela peut le faire perdre. Et, généralement, ça le fait perdre…
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