14 novembre 2014 T.M. avec Marie Bourguignon, Julien Jeffredo et Anne Lemaire RTBF.be
Les syndicats craignent que, d'ici dix ans, le nombre de militaires aujourd'hui en activité ne soit réduit d'un tiers. La Centrale Général du Personnel Militaire (CGPM) formule ainsi l'hypothèse que la Défense pourrait passé de 32 000 soldats à 20 000 d'ici 2023, suite aux mesures d'économies de 220 millions d'euros par an prévues par le gouvernement Michel pour ce secteur. Et cela pourrait également avoir des conséquences à l'international.
D'après les syndicats militaires, ces économies d'un milliard et demi d'euros en cinq ans ne pourront se faire que sur le dos du personnel, avec à la clé la fermeture de certaines casernes. Celles d'Arlon, Bastogne ou Ypres sont régulièrement citées. L'armée devra sans doute aussi faire un choix entre les bases aériennes de Beauvechain et de Florennes.
Deux cent vingt millions d'euros d'économies par an, c'est en effet l'équivalent du salaire moyen de plus de 4500 militaires sur une année.
"On doit tenir compte d'une diminution bien plus élevée que les 25 000 militaires qui était préconisée par les pistes d'études qui existaient à l'heure actuelle à la Défense", explique Yves Huwart, secrétaire général du syndicat militaire CGMP.
Plusieurs casernes en ligne de mire
"Sachant qu'aujourd'hui les investissements sont nuls, que les frais de fonctionnement sont incompressibles, les seules variables sur lesquelles on peut jouer, ce sont le personnel et la fermeture de certaines casernes, souligne Patrick Descy, secrétaire permanent CGSP-Défense. Nous craignons donc la perte d'au moins un tiers des effectifs et la fermeture de grands ensembles qui permettent de réduire dans l'immédiat des frais de fonctionnement, car c'est bien ce que recherche ce gouvernement : des économies immédiates."
Luc Devos, professeur en conflits contemporains à l'École royale militaire, considère le calcul des syndicats comme étant correct et ajoute à cela d'autres scénarios qui pourraient aussi permettre de faire des économies. "On peut encore aussi fermer quelques casernes, dit-il. Ce qui serait le plus logique, ce serait de carrément fermer la caserne de Bastogne, parce qu'elle n'a plus de fonction. On peut aussi s'imaginer supprimer une base aérienne et la seule qu'il me paraitrait logique [de fermer] serait la base de Beauvechain."
Pour Patrick Descy, le nombre de casernes qui pourraient potentiellement être victimes de ces économies est cependant plus large. "Arlon fait partie des casernes qui pourraient fermer, au même titre que la base de Coxyde, la caserne d’Ypres, voire la caserne de Spa ou d'Eupen. Ce sont toutes des casernes qui avaient déjà été citées sous la précédente législature, mais pour lesquelles il y avait eu une levée de boucliers de la part du politique, mais également de la part des syndicats et des militaires."
Actions à prévoir
Du côté du ministère de la Défense : aucun commentaire; pas de confirmation ou d'infirmation des chiffres calculés par les syndicats. Le nouveau ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), sera sans doute interpellé sur le sujet lundi lors de son audition devant la commission de la Chambre.
Avant cela, il devra cependant s'entretenir avec la CGSP qui prévient que des actions devraient suivre. "Nous rencontrons le ministre de la Défense lundi, confirme le secrétaire permanent CGSP-Défense. Après, il ira expliquer au Parlement sa vision pour cette Défense à l'horizon 2020 et comment il va faire pour économiser 1,5 milliard en cinq ans."
"Dès que nous l'aurons rencontré, nous prendrons contact avec nos collègues des trois autres syndicats pour savoir comment, en front commun, nous pourrions éventuellement manifester notre indignation vis-à-vis de ce qui nous est imposé, contrairement à ce qui nous avait été annoncé – la Défense n'allait plus faire d'économies, elle avait suffisamment donné. On voit que ce ne sera pas du tout le cas. Il y aura donc très certainement des manifestations pour montrer que nous ne sommes pas d'accord avec ces économies."