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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 18:55
Bernard Squarcini : “Nous sommes entrés dans la terreur et le terrorisme de masse”

Pour l'ancien patron de la DCRI, devenue DGSI, "rien n'a été fait" pour coordonner les services de renseignements.

 

 

Bernard Squarcini. Directeur central du renseignement intérieur de 2008 à 2012, l’ancien préfet se livre sur l’état actuel de la menace terroriste. Pour lui, des décisions immédiates doivent être prises après les attentats.

 

Les services de renseignements français étaient-ils prêts ?

Clairement, oui. Il était prévu depuis les attentats de Bombay, en 2008, que de telles actions coordonnées et déterminées se produisent sur le territoire français et que la menace s’installe dans la durée. Nous savions que nous allions devoir monter en puissance pour faire face à ce type d’attentat. Il n’y a eu aucune surprise. En revanche, les services français paient les conséquences de certaines décisions politiques. Comme M. Hollande traite Bachar al-Assad de tous les adjectifs, les services syriens ne veulent plus coopérer avec les services français.

 

Comment travaillent nos services, alors ?

Nous sommes contraints de faire appel à des partenaires étrangers qui nous donnent les informations qu’ils souhaitent. Sans ces errements idéologiques, peut-être pourrions-nous éviter que des drames se produisent.

 

Vous avez proposé à votre ancien service il y a deux ans de lui transmettre une liste des Français qui combattent en Syrie. Pourquoi a-t-il refusé ?

Il y a déjà deux ans, les services syriens m’avaient effectivement proposé une liste des Français combattant en Syrie. J’en avais parlé à mon ancien service qui en a rendu compte à Manuel Valls. La condition des Syriens était que la France accepte de coopérer à nouveau avec leurs services de renseignements. On m’a opposé un refus pour des raisons idéologiques. C’est dommage car la proposition était une bonne amorce pour renouer nos relations et surtout, pour connaître, identifier et surveiller tous ces Français qui transitent entre notre pays et la Syrie. Résultat : on ne sait rien d’eux et on perd beaucoup de temps en demandant des informations aux agences allemandes, qui sont toujours restées sur place, mais aussi jordaniennes, russes, américaines et turques. On n’est absolument plus dans le concret.

 

Vous considérez que nous venons d’en payer les conséquences ?

Conscients de ces erreurs politiques et diplomatiques, les islamistes de Dae’ch ont commis un attentat remarquable. Parce qu’il se passe à Paris dans une région ultraprotégée, juste avant la Cop21, avec des cibles travaillées et à l’occasion du concert d’un groupe américain qui revient tout juste d’Israël. Les djihadistes ont frappé monsieur Tout-le-monde. Face à de telles attaques et compte tenu des prises de position du gouvernement, il est difficile pour les services de renseignements d’anticiper de manière précise le passage à l’acte. Des attentats sont déjoués. Mais qui sait si les commanditaires souhaitaient véritablement passer à l’acte ?

 

Lors des attentats de Paris, n’y a-t-il pas eu des dysfonctionnements entre la DGSI et la DGSE ?

L’enquête révèle qu’on est bien sur la piste d’une filière francobelge, connectée à la Syrie, qui a frappé méthodiquement la France. Pour la DGSI, que je connais bien pour en avoir été le directeur central, je sais qu’entre les renseignements intérieurs français et belge, les relations sont étroites. Mais je m’interroge : quel a été le travail de la DGSE sur les filières syriennes composées de Français en Europe ? Certains acteurs français du renseignement ne l’ont pas encore compris : il n’y a plus de différence aujourd’hui entre la menace intérieure et celle qui vient de l’extérieur. Il faut impérativement renforcer la coopération entre ces deux services. Il y a plusieurs mois, nous avions identifié le formateur de Mohamed Merah qui avait séjourné en Belgique. Nous savions qu’il formait tous les commandos européens et avions demandé à la DGSE de le “neutraliser” mais rien n’a été fait… Heureusement, il a finalement été “droné” par les Américains, mais bien après.

 

Suite de l'entretien

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 13:55
Squarcini : «Légaliser les opérations spéciales» pour surveiller les djihadistes

 

12/01/2015 à 20:03 Par - LeFigaro.fr

 

INTERVIEW - L'ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) au temps de Sarkozy préconise d'autoriser la pose de micros et de caméras directement dans les lieux de vie ou de réunions conspiratives et plaide pour une loi-cadre sur le contre-terrorisme.

 

Ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) au temps de Sarkozy, le préfet Bernard Squarcini expose les attentes du contre-terrorisme après les drames.

 

LE FIGARO - Que manque-t-il au Renseignement pour être encore plus efficace?

 

Bernard SQUARCINI - En termes pratiques, il faut renouer en urgence la coopération avec la Tunisie, l'Égypte, la Turquie, qui fluctuent, et, plus encore, la Syrie et le Maroc, pays avec lesquels les liens sont totalement rompus. Derrière le Maroc, par exemple, il y a la Mauritanie, à l'instabilité extrême. Comment frapper des cibles sans renseignement opérationnel en Syrie, par exemple? Comment tenir à jour la liste des djihadistes sans l'appui des Syriens? Même si la diplomatie a sa logique, il faut au moins permettre à la communauté du renseignement de fonctionner, avec le maintien d'un canal de secours constitué de nos correspondants des services sur place.

 

Que manque-t-il encore pour détenir un arsenal idéal?

Il faut absolument un projet d'ensemble, une loi-cadre pour harmoniser au mieux les dispositifs et en exposer les fondements. Jusqu'à présent, il n'y a eu que du rapiéçage. Avec des oublis énormes.

 

Un exemple?

Il faut légaliser les opérations spéciales. En amont du travail judiciaire, il faut autoriser administrativement les balises et les sonorisations, c'est-à-dire la pose de micros et de caméras directement dans les lieux de vie ou de réunions conspiratives, pour savoir ce qu'ils se disent. Car, on l'a bien vu avec les frères Kouachi, les écoutes téléphoniques en phase administrative ne donnent pas toujours.

 

Pourquoi?

Parce que ces gens ont appris à se méfier des cellulaires. Et pour cause: leurs conversations au téléphone leur ont valu d'être repérés au temps des filières irakiennes en 2005, puis de la tentative d'évasion de Belkacem en 2010. Ils ont appris de leurs erreurs. Il faut donc s'approcher de plus près pour entendre les terroristes murmurer… D'autant qu'ils apprennent en prison toutes les techniques pour échapper à la police.

 

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans Le Figaro de mardi ou dès à présent dans l'Espace abonnés du Figaro.fr.

 

Note RP Defense : lire Le renseignement intérieur français réorganisé : Priorité à la lutte antiterroriste

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