« Notre mission est de démanteler les réseaux criminels fondés sur le désespoir des migrants et d’enrayer ainsi les pertes de vies humaines en mer. »
02/12/2015 Sources : Etat-major des armées
Le contre-amiral Bléjean est l’adjoint du commandant de l’opération EUNAVFOR MED Sophia. Inséré depuis le mois de juin 2015 au sein de l’état-major européen de niveau opératif à Rome, il a répondu à nos questions après cinq mois d’opérations.
Amiral, en quoi consiste l’opération EUNAVFOR MED Sophia ?
EUNAVFOR MED est une opération européenne qui a été lancée le 22 juin 2015 suite à la noyade en Méditerranée de 700 migrants le 18 avril 2015 au large de l’île de Lampedusa. Cette année encore, près de 150 000 migrants, en majorité Africains, ont rejoint l’Italie par la Méditerranée centrale dans des conditions périlleuses. 2 800 hommes, femmes et enfants y ont perdu la vie depuis le mois de janvier 2015. Cette vague migratoire, principalement au départ de Libye, est organisée par des réseaux criminels. Notre mission est de démanteler ces réseaux fondés sur le désespoir des migrants et d’enrayer ainsi les pertes de vies humaines en mer. Elle participe aussi indirectement à l’effort global de lutte contre le terrorisme en le privant d’un apport financier illégal dont il profite.
Pouvez-vous nous parler des différentes phases de cette opération ?
L’entrée sur le théâtre en phase 1 s’est faite par le recueil de renseignements, notamment auprès des migrants recueillis en haute mer. Depuis le 9 octobre 2015, la phase 2 permet en haute mer, la visite et la fouille des moyens utilisés par les réseaux criminels ainsi que l’appréhension des présumés passeurs. Une résolution du conseil de sécurité des Nations Unies a été votée en appui de cette phase active. Les phases suivantes, lorsque les conditions juridiques seront réunies, nous permettront d’agir au plus près des réseaux criminels, dans les eaux territoriales puis sur la bande côtière. Elles nécessiteront un accord et une coopération étroite avec les autorités libyennes et régionales ainsi qu’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Quels sont les moyens français impliqués dans cette opération et quel est son bilan à ce jour ?
La France participe à tous les niveaux et de façon importante à cette opération interarmées en déployant des militaires dans les états-majors opératifs et de force, ainsi qu’en mettant à disposition aéronefs et navires. Elle se situe également au deuxième rang pour la fourniture de renseignements opérationnels. Un Falcon 50 réalise des vols réguliers de surveillance et de recueil de renseignement en mer et le long des zones habituelles de départ des migrants. La frégate légère furtive Courbe ta été intégrée pendant sept semaines, en octobre et novembre 2015, dans la force Sophia. Elle y a démontré brillamment les capacités et les savoir-faire français. Depuis son lancement, l’opération a permis de sauver directement près de 6 000 migrants et de transmettre aux autorités italiennes une quarantaine de présumés passeurs ; le Courbet a pris part à ces actions.
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