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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 07:55
Pourquoi Jean-Yves Le Drian a préféré la Défense à Matignon

Jean-Yves Le Drian a souhaité poursuivre le travail entamé depuis deux ans au ministère de la Défense

 

02/04/2014 Michel CabiroL – LaTribune.fr

 

L'ami de plus de trente ans de François Hollande a été reconduit à la Défense dans le gouvernement Valls. Comme il le souhaitait.
 

Courtisé par son ami de trente ans François Hollande pour Matignon et plus ou moins pressenti au ministère de l'Intérieur, Jean-Yves le Drian a résisté à toutes ces offres très alléchantes pour rester, comme il le souhaitait dès le départ, à l'Hôtel de Brienne, à la barre du ministère de la Défense. "Il a refusé Matignon", confirme-t-on à La Tribune. Car ce Breton très déterminé a dès 2007 - il avait alors soutenu la candidature de Ségolène Royal - voulu ce ministère pour lequel il s'est longuement préparé. Et pour une fois, celui qui voulait être ministre de la Défense, a été nommé contrairement à beaucoup d'autres cas de figure qui l'ont été par défaut...

"Il souhaite poursuivre le travail entamé depuis deux ans", explique un bon connaisseur du ministre. Jean-Yves Le Drian a lancé plusieurs grands chantiers (Loi de programmation militaire et contrats à l'exportation, notamment ) qu'il souhaite accompagner encore quelques mois. En tout cas au moins jusqu'aux élections régionales où il ne veut pas voir la région Bretagne lui échapper. S'il gagne - il a de bonnes chances d'y parvenir -, prendra-t-il le fauteuil de la région ou retournera-t-il à l'Hôtel de Brienne, ou plus exactement à Balard dans le futur Pentagone à la française ?

 

Plusieurs dossiers clés

Tout d'abord Jean-Yves Le Drian est le garant de la loi de programmation militaire (LPM), qui définit le budget du ministère sur six ans (2014-2019). Un budget de crise, certes, mais il a obtenu grâce aux arbitrages de François Hollande la moins mauvaise enveloppe budgétaire. Lors du 14 juillet 2013, François Hollande a annoncé avoir "sanctuarisé" le budget de la défense à 31,4 milliards d'euros par an sur toute la durée de la LPM. Bercy, bien appuyé par Matignon, voulait, lui, 28 milliards d'euros.

Pour autant, l'exécution de la LPM reste fragile avec des paris qui seront vraisemblablement tous difficiles à gagner. Notamment les fameuses REX (recettes exceptionnelles) promises en 2015 et sur les prochains gels de crédits qui pourraient être annoncés dans les semaines qui viennent. Il en a parfaitement conscience comme il l'avait expliqué fin 2013 à "La Tribune". "La LPM repose sur certains paris. Ce qui veut dire que nous allons être extrêmement vigilants. Cette LPM est exigeante mais équilibrée à condition que tous les crédits affectés à cette programmation soient exécutés. Si une brique est absente, à ce moment-là, c'est l'ensemble de l'édifice qui tombe". Pas question donc de quitter le ministère sans être assuré que ce qu'il a porté comme projets n'aille pas dans le mur.

 

Il s'est pris au jeu de l'exportation

Ce n'était pas gagné d'avance à l'exportation. D'autant que sa première visite aux Emirats Arabes Unis avait suscité des inquiétudes. De retour d'une visite à Abu Dhabi en octobre 2012, Jean-Yves Le Drian avait expliqué que de la vente du Rafale "empoisonnait nos rapports" avec les Emirats. "Les Rafale attendront. Cette discussion viendra ultérieurement", avait-il précisé. Depuis le ministre a creusé son sillon et réussi de jolis coups à l'exportation, dont un aux Émirats Arabes Unis. Ce travail de fond qu'il effectue est salué par l'ensemble des industriels de l'armement. "Il pèse dans les campagnes", assure l'un d'entre eux.

Le ministre a effectué de très nombreux voyages dans certains pays clés pour l'industrie de la défense française comme le Qatar, les Émirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, la Pologne, l'Inde... Jean-Yves Le Drian espère donc profiter de tout ce travail de fond pour engranger des succès à l'export, auxquels il aura pris sa part, parfois déterminante. Et le plus beau reste à venir avec probablement un contrat Rafale (Inde, Qatar...). Ce qui sauverait la LPM bâtie sur l'obtention d'un contrat export de l'avion de combat de Dassault Aviation. Tout comme d'ailleurs un contrat pour les FREMM, ces frégates multi-missions construites par DCNS dans sa ville de Lorient. Une telle opération permettrait de sauver la charge de travail sur ce site.

 

Des opérations extérieures en cours

Jean-Yves Le Drian a commencé sa mission en tenant la promesse de François Hollande de désengager l'armée française en Afghanistan, où ne sont désormais déployés que quelques centaines de soldats français. Mais il a lancé en janvier 2013 l'opération Serval visant à chasser du nord du Mali les islamistes qui menaçaient de fondre sur la capitale, Bamako. Plus de 4.000 Français ont été engagés dans cette mission à haut risque qui a permis l'élection d'un président puis d'une assemblée nationale à même de rétablir l'Etat de droit dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, où des troubles persistent toutefois.

Jean-Yves le Drian a aussi été à la manœuvre dans la préparation de l'opération Sangaris, lancée en décembre en République centrafricaine, en proie au chaos inter-religieux. Il était aux côtés de François Hollande le 28 février à Bangui pour saluer les quelque 2.000 militaires français engagés sur ce terrain difficile. Des succès acquis grâce à la crédibilité des troupes engagées et à la fiabilité des équipements en service dans des conditions climatiques très difficiles. Ce niveau opérationnel - même si la France a encore de grosses lacunes capacitaires - doit être maintenu pour permettre à la France de jouer encore un rôle diplomatique sur la scène internationale.

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 12:55
photo MinDefFR

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02/04/2014 Jean Guisnel Défense ouverte - Le Point.fr

 

Il ne fait pas de bruit, mais a laissé son empreinte partout où il est passé. Le ministre de la Défense est un oiseau rare, à la fois résolu et consensuel.

 

Jean-Yves Le Drian demeure pour beaucoup un mystère : sa cote de popularité est excellente, qui le place juste derrière Manuel Valls, mais il demeure mal connu. L'ancien président du conseil régional de Bretagne est différent : il prétend depuis des mois n'avoir d'autre ambition que de garantir à la France le meilleur outil de défense possible, malgré les contingences budgétaires. Son combat, jusqu'à présent, consistait à sauver les trois milliards que l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault voulait arracher à la Défense dans le cadre du futur plan d'économies de 50 milliards. Le Drian coupait court quand on évoquait avec lui un autre ministère, y compris Matignon, que lui aurait proposé François Hollande avant de choisir finalement Manuel Valls. Il prenait à coeur de vendre des armes, partageait tous les secrets avec François Hollande, qu'il voit chaque semaine avant le conseil des ministres.

Les deux hommes se connaissent depuis le début des années 1980. Pour tenter d'apaiser le PS, ils avaient mis ensemble en route en août 1985, à Lorient, la démarche des "transcourants". Lorsque la perspective d'une victoire socialiste se fait sentir, en 2006, Jean-Yves Le Drian est président du conseil régional de Bretagne. Il constitue alors un club d'une quinzaine de membres, le Sémaphore. Il va travailler pour Ségolène Royal et sera réactivé pour la campagne suivante en se mettant au service du candidat Hollande. On connaît la suite...

 

Rude prise de contact

Quand ils arrivent à l'hôtel de Brienne, Le Drian et sa bande du Sémaphore, dont faisaient aussi partie l'actuel chef de cabinet Jean-Michel Palagos et le conseiller spécial Jean-Claude Mallet entre autres, n'ont pas vraiment l'intention de couper des têtes. Mais quels coups de sang, les premiers jours ! Par exemple, lorsqu'un soir de crise sérieuse en Afghanistan, tout l'îlot Saint-Germain, qui abrite le ministère, s'est trouvé privé d'électricité, l'état-major agissant dans son coin, sans référer. Un proche de Le Drian s'indigne : "Mis à part le ministre qui avait un contact, tout le reste du cabinet s'est retrouvé totalement isolé. Ce fut un révélateur. Dans la crise, nous n'étions plus là !"

La prise de contact est rude. L'idéologie n'est pas absente, par exemple quand le cabinet prétend "réaffirmer la primauté du politique", dans un ministère où les militaires savent s'insérer dans les espaces vides, mais où la discipline républicaine n'est pas un sujet de discussion. Spontanément ou de manière plus calculée, Le Drian et Lewandowski se partagent les tâches : patelin, le ministre écoute et panse les plaies. À tout le moins, il essaie, comme dans l'insupportable cas du logiciel de paye Louvois. Soit ce dernier ne paye pas les soldats, soit il leur verse double solde. Un désastre, qui n'est toujours pas réglé après deux ans de cafouillage.

Les chefs militaires apprécient autant Le Drian qu'ils craignent son directeur de cabinet, lequel avoue être "la part d'ombre" du ministre. Comme dans les bons films, l'un rassure, l'autre castagne. Mais l'autorité est unique...Lewandowski confirme : "Notre confiance est totale et réciproque. On ne réinvente pas le pouvoir !"

 

Un discret réformateur

Sous ses dehors bonhommes, Le Drian ne craint nullement les affrontements. Les militants d'Europe-Écologie qui avaient prétendu lui imposer de force un accord pour les dernières régionales en Bretagne n'en sont toujours pas revenus : évincés sans état d'âme, ils regardent depuis les ténèbres extérieures la majorité régionale agir à sa guise. Et son bref passage au secrétariat d'État à la Mer avait été marqué par une historique réforme du statut des dockers, à laquelle personne n'avait voulu s'attaquer !

 

Un catho de gauche convaincu

Le Drian, catho de gauche, petit-fils d'un quartier-maître vétéran des Dardanelles, est aussi le fils de Jean et de Louisette. Lui, magasinier automobile à Lorient, passé par la jeunesse ouvrière chrétienne, n'était pas très loin des communistes. Couturière en usine, sa mère militait si activement à l'Action catholique ouvrière qu'elle avait été invitée au Concile Vatican II ! "À la maison, on ne parlait à table que d'action syndicale, de solidarité, d'Église et de lutte des classes. Je crois bien que la première fois que mon père a voté socialiste, c'est pour moi, quand j'ai été élu député en 1978 !" se souvient le ministre. Quant à sa mère, elle avait pour son fils de bien plus hautes ambitions que la politique: "Elle m'aurait bien vu curé ! Un jour, j'ai dû lui dire que ce ne serait pas mon itinéraire..."

Le jeune Le Drian, presque 21 ans en mai 1968, est l'un des responsables de l'Unef à Rennes, où il a entamé des études d'histoire. L'extrême gauche ne le tente pas. La FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste) de François Mitterrand et Guy Mollet, non plus. Le militantisme breton n'est pas sa tasse de thé. Reste la voie... naturelle : succédant à Henri Nallet, il devient pour deux ans secrétaire général de la JECU (Jeunesse étudiante chrétienne universitaire), avant de réussir l'agrégation d'histoire, puis d'effectuer son service militaire au 512e régiment de train de Saint-Lô (Manche). À défaut de souvenirs impérissables, il en conserve une liste impressionnante de permis de conduire, y compris ceux pour autobus et citernes d'essence.

En 1974, Le Drian adhère au PS après la victoire de Valéry Giscard d'Estaing. Il s'installe à Lorient, plaît au cacique local Louis Alaimat, ancien maire de la ville et député PS, qui lui annonce à la fois qu'il ne se représentera pas aux législatives de 1978 et qu'il entend le voir lui succéder. Élu, Le Drian sera député jusqu'en 2002, après deux interruptions dues à une brève expérience ministérielle de secrétaire d'État à la Mer (de mai 1991 à avril 1992) puis à une défaite aux législatives de 1993. Parallèlement, il est devenu maire de Lorient en 1981, poste qu'il quittera en 1998 pour se consacrer à la conquête de la région Bretagne, ratée cette année-là. Mais en 2004, c'est la victoire, reconduite en 2010. Il avait vu juste : "Je suis formaté. C'est normal que j'arrive où je suis, car j'ai anticipé très tôt la synthèse des deux cultures : la gauche et le catholicisme. La Bretagne, ce n'est que ça !"

 

Sa méthode : créer des liens personnels forts

À Lorient, où les chantiers navals DNCS produisent les navires de surface de la marine française, d'où les commandos de marine partent pour guerroyer sur la planète, Le Drian avait acquis ses premières compétences en matière de défense, mises en oeuvre à l'Assemblée nationale, où il fut notamment rapporteur du budget de la défense à la commission des Finances. Mais à la région Bretagne, il va acquérir une nouvelle expérience : celle des relations internationales. Un conseiller régional qui le connaît bien note que tous les ans depuis son élection, il s'est rendu au Japon pour rencontrer un par un tous les industriels possédant des usines en Bretagne (Canon, Fuji, Toshiba, etc.) : "C'est sa méthode. Il crée des liens personnels forts. Quand il m'a parlé l'autre semaine de la vente de deux satellites français aux Émirats arabes unis, il m'a dit n'avoir pas procédé autrement. Il s'est accroché, après avoir "créé du lien" avec le cheikh Mohamed Bin Zayed al-Nahyan." Là, tout le monde est d'accord : ce contrat doit une fière chandelle au ministre !

Les militaires n'aiment rien tant qu'un ministre politiquement "lourd", capable d'influer sur le chef de l'État. Ce fut le cas, en mars 2013, pour convaincre François Hollande d'accorder 190 milliards d'euros aux armées sur les années 2014 à 2020. Bercy et Matignon défendaient une ligne beaucoup plus dure, qui aurait contraint à renoncer à des capacités jusqu'alors essentielles, comme le porte-avions. Le Drian a gagné et, si le budget des armées prend un coup, en perdant chaque année le montant de l'inflation, c'est moins pire que ce qui était attendu. C'est le troisième succès que Jean-Yves Le Drian aime à appeler des "victoires", après le retrait sans anicroche des soldats français d'Afghanistan et l'opération Serval, risquée et réussie à ce stade, au Mali. Des "victoires" largement dues à la qualité et au professionnalisme de l'armée française qui n'auraient sans doute pas été moins réussies avec un autre, quoi qu'on en dise dans l'entourage du ministre.

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