02/10/2012 par Hervé de Chalendar - lalsace.fr
En cette période de cinquantenaire du traité de l’Élysée, le dernier conseil franco-allemand de la défense s’est tenu hier à l’état-major de la brigade franco-allemande (BFA), à Müllheim. Mais on n’a pas seulement parlé de ces deux pays…
L’idée semble évidente : hier matin, c’était pourtant la première fois qu’un conseil franco-allemand de défense et de sécurité (CFADS) se tenait à l’état-major de la brigade franco-allemande (BFA), à Müllheim, à quelques kilomètres du Rhin. Le prétexte a été donné par le cinquantenaire du traité de l’Élysée, dont la BFA est l’un des plus beaux rejetons.
Pour ce 2 e CFADS de l’année, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, respectivement Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian côté français, et Guido Westerwelle et Thomas de Maizière côté allemand, se sont retrouvés avec leurs chefs d’état-major et ambassadeurs respectifs pour deux heures et demie de réunion.
« Nous avons fait un tour d’horizon d’un certain nombre de grands problèmes et on a constaté une convergence de vue, qui n’a rien de surprenant mais est très étroite, entre l’Allemagne et la France », a débuté Laurent Fabius, dans un style forcément diplomatique. Cette unité de vue concerne notamment « une relance de l’Europe de la Défense de manière concrète, pragmatique », a précisé Jean-Yves Le Drian, en annonçant une « initiative » à venir dans ce domaine.
Pas de « mission de combat » au Mali
Les ministres ont signé des protocoles techniques concernant la BFA (des questions très matérielles liées par exemple au partage des charges en matière d’infrastructure) et discuté du cinquantenaire. Mais, très vite, ils ont abordé des sujets plus graves. La fusion EADS-BAE d’abord, pour laquelle les discussions se poursuivent : « Ce rapprochement est séduisant, mais les conséquences sont très complexes », a lâché Le Drian. Les grandes affaires du monde ensuite. Concernant la Syrie, Laurent Fabius a expliqué que les deux pays souhaitent mener des actions en direction des zones libérées « qui profiteraient directement aux populations » et appellent à « l’unité de l’opposition syrienne, pour montrer l’alternative indispensable à Bachar El Assad. […] On assiste dans ce pays à une catastrophe effrayante due à la volonté d’un homme et d’un clan de se maintenir au pouvoir. » Guido Westerwelle a plaidé pour un renforcement de l’aide humanitaire.
Concernant le Mali, les deux pays ont exclu d’y déployer des troupes de combat. « Aucun d’entre nous ne pense à une mission de combat, purement militaire », a assuré Thomas de Maizière, pour qui « il faut que le commandement d’une telle opération soit assuré par les Africains et que l’ONU donne son accord ». « Nous allons expertiser la manière dont nous pourrions accompagner une initiative qui serait prise par les Africains », a ajouté Jean-Yves Le Drian, tandis que Guido Westerwelle insistait sur l’importance pour l’Europe de ce qui se passe là-bas : « Il ne faut pas que cette région devienne un havre de paix pour les terroristes. »
Avant la conférence de presse, l’adjoint au commandant de la BFA, le colonel de Madre, avait laissé entendre que sa brigade était « disponible pour une mission de projection commune » franco-allemande, par exemple au Kosovo. « On souhaite une mission commune, a confié de Maizière, mais ça soulève beaucoup de questions juridiques. » L’Europe progresse toujours au même rythme : à petits pas…
Les 50 ans du traité de l’Élysée, signé le 22 janvier 1963 entre le chancelier Adenauer et le président de Gaulle pour sceller la réconciliation franco-allemande par la coopération, donneront lieu à une série de manifestations organisées dans les deux pays jusqu’au mois de juillet 2013.
En Alsace, un événement d’envergure aura lieu le 4 mai : une cérémonie sera organisée sur les deux rives du Rhin, à Neuf-Brisach côté français et Breisach côté allemand ; le grand public sera invité à assister au déploiement d’un millier de militaires issus de toutes les unités de la BFA, avec du matériel, dont des engins blindés.
Créée en 1989, la BFA compte aujourd’hui environ 6 000 hommes et femmes, dont environ 60 % sont Allemands et 40 % Français.