05/12/2013 Par Alain Barluet, Service infographie du Figaro
Née officiellement en 2010, la Force africaine (FA) doit encore devenir opérationnelle.
«Appropriation»: en matière de défense et de sécurité, ce terme résume les attentes françaises vis-à-vis de l'Afrique. François Hollande l'avait rappelé, à Dakar, en octobre 2012, avec des mots à peine différents de ceux de son prédécesseur: «Le futur de l'Afrique se bâtira par le renforcement de la capacité des Africains à gérer eux-mêmes les crises africaines.»
Le concept, au centre du sommet de Paris, vendredi et samedi, s'incarne dans un projet laborieux et relativement ancien: encourager les pays africains à se doter de forces armées communes, susceptibles, quand le besoin s'en fait sentir, d'assurer elles-mêmes la sécurité et d'éteindre les crises. La Centrafrique, après le Mali, deux théâtres où la France est en première ligne, montre qu'on en est encore loin. «Les Africains montrent pourtant une véritable volonté de se prendre en charge», corrige-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense. Pour les pays africains, «le Mali a été une occasion manquée, ils ont mis du temps à réagir», commente un diplomate en expliquant qu'avec «la multiplication des crises sur le continent, la France commence sérieusement à tirer la langue financièrement». Pour cette raison aussi, Paris va encourager la mise en place d'une Force africaine en attente (FAA), née officiellement en 2010, mais qui doit encore devenir opérationnelle.
La concrétisation d'une force d'action rapide africaine prendra du temps
Les conclusions du sommet de Paris mentionneront également une Capacité africaine de réaction immédiate aux crises (Caric), créée par l'Union africaine (UA) lors de son dernier sommet, à Addis-Abeba, en juin dernier, et toujours dans les limbes. Des bases sont donc posées. Mais la concrétisation d'une force d'action rapide africaine prendra du temps. Parmi les facteurs d'inertie, des rivalités existent entre l'UA et les organisations régionales et sous-régionales (Cedeao, Ceeac, Cemac…) pour le contrôle de la «Force en attente» et de la «Capacité africaine». «L'enjeu, résume un diplomate, c'est le pilotage de cette force.»
Dans l'immédiat, la France va réorienter sa coopération pour pallier les lacunes les plus patentes de ses partenaires africains en matière de planification et de conduite des opérations militaires. Les efforts engagés dans le cadre d'un mécanisme déjà ancien - il remonte à 1998 -, le Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (ReCamp), vont céder la place à des moyens axés sur les communications et la logistique. Des conseillers vont être affectés à cette coopération militaire «à haute valeur ajoutée» et, dans le même esprit, les exercices d'état-major, sur table ou in situ, vont être développés. Tout un pan de la coopération va aussi s'attacher à la problématique majeure de la sécurité des frontières et à la lutte contre les trafics. Dans ce domaine aussi, le chemin sera ardu, le renforcement des capacités nationales devant précéder la coordination entre voisins. Dans le même temps, une réflexion a été engagée sur les forces françaises en Afrique, indique-t-on au ministère de la Défense. Mais ce travail n'étant pas achevé, assure-t-on, l'heure n'est pas aux annonces et «le dispositif des forces françaises prépositionnées devrait être stable».
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