12/09/2013 Ministère de la Défense
Discours de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense lors de sa visite au CENZUB à Sissonne (Aisne), jeudi 12 septembre 2013
– Seul le prononcé fait foi –
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, chasseurs, cavaliers et soldats,
Mesdames et Messieurs,
Même si l’armée de Terre fut à l’honneur aux Universités d’été de la Défense de Pau, où je me trouvais avant-hier, c’est aujourd’hui ma première visite dans les forces terrestres depuis la rentrée de septembre, et je suis très heureux d’être avec vous à cette occasion. Cette première visite, j’ai tenu à la faire ici, au centre d’entraînement aux actions en zone urbaine de Sissonne.
Vous savez que nous sommes dans une année de préparation de l’avenir, avec un nouveau Livre blanc et un projet de loi de programmation militaire qui sera débattu cet automne au Parlement. Dans ce contexte, je suis venu voir au CENZUB comment l’armée de Terre se prépare à l’avenir, mais je suis venu dire, aussi, comment nous préparons son avenir.
La préparation opérationnelle, qui est la raison d’être du CENZUB, est au cœur de la future programmation. Il ne faut pas cacher que c’est un sujet sensible. Sensible, tout simplement parce que l’excellence de nos armées est très directement liée aux heures d’entraînement, comme celles qui sont dispensées ici. Sans préparation opérationnelle efficace, il n’est pas d’armée professionnelle ni de capacité militaire crédible. C’est un sujet sensible, aussi parce que nous avons constaté ces dernières années un fléchissement des activités opérationnelles – c’est un constat que j’ai fait dès mon arrivée. Ce fléchissement a plusieurs raisons : l’épuisement des stocks, que nos armées ont utilisés sans que le financement de leur complètement ne soit prévu ; le vieillissement des parcs ; mais également l’arrivée de matériels de nouvelle génération, dont le coût moyen d’utilisation et d’entretien est considérablement plus élevé. L’ensemble des facteurs se cumule. D’une façon générale, c’est le contexte financier qui a pesé sur l’activité et l’entraînement. Au regard du caractère prioritaire qu’ils revêtent, j’ai estimé que ce n’était pas acceptable.
C’est pour cette raison que nous avons fait de la préparation opérationnelle, malgré un contexte financier difficile, l’une des grandes priorités de la future programmation. Sur la période 2014-2015, nous allons donc stabiliser l’activité globale pour travailler ensuite à relever, peu à peu, les taux d’activité opérationnelle. Ce ne sera pas facile, mais c’est notre priorité, et je suis déterminé à la faire respecter.
Effort sur la préparation opérationnelle, effort aussi sur les équipements. Le programme SCORPION a été au cœur de la présentation qui nous a été faite, et je suis heureux que nous ayons su marquer, là encore, une priorité forte, malgré un contexte de crise. Mais c’est loin d’être le seul exemple. Je pense ainsi à la livraison des livraisons des derniers VBCI dès cette année. Je pense à la rénovation programmée des chars Leclerc. Je pense au lancement cette année du programme du missile MMP. Je pense à l’acquisition de drones tactiques, à l’arrivée des hélicoptères Tigre et NH90. Je pense aussi au programme de radio tactique Contact, à l’achat d’une nouvelle série de véhicules logistique de type PPT. Et je pense encore au programme emblématique de renouvellement des FAMAS. Ces quelques exemples suffisent à le montrer : l’armée de Terre va directement bénéficier de la hausse des crédits d’équipement à laquelle nous sommes parvenus sur la durée de la programmation.
On le comprend, le CENZUB est au cœur de ces enjeux de préparation de l’avenir. Il l’est sur le volet de la préparation opérationnelle, sur le volet capacitaire, mais il l’est aussi sur le plan de la stratégie. Le CENZUB, c’est en effet un lieu dédié à l’entraînement des forces terrestres dans l’un des milieux les plus probables d’engagement, l’un des plus difficiles aussi.
C’est un pôle d’excellence européenne. Si sa création en 2004 a bénéficié d’une étude approfondie des lieux équivalents en Europe, et s’est donc inspirée de ce qui se faisait de mieux, c’est aujourd’hui un centre d’entraînement que toute l’Europe nous envie, puisque nous avons le plaisir d’accueillir nos partenaires britanniques qui viennent s’entraîner ici.
Vous me permettrez donc d’adresser mes chaleureuses félicitations à l’encadrement du CENZUB, à tous ceux qui conçoivent et conduisent ces exercices dont nous venons d’avoir un très bel aperçu. Ils n’ont pas seulement l’art de conduire des opérations dans ce milieu si difficile. Ils ont aussi la manière, c’est-à-dire la pédagogie, d’en transmettre les subtilités aux unités qui passent par Sissonne.
Aujourd’hui, sans oublier les chars Leclerc du 12e régiment de Cuirassiers d’Olivet et du 501e régiment de Chars de combat de Mourmelon, c’est le 16e bataillon de chasseurs de Bitche que nous avons pu admirer. Je voudrais leur adresser un salut particulier, parce que c’est une unité que j’ai croisée dans un autre contexte, à des milliers de kilomètres d’ici. « Bataillon d’acier », j’ai pris la mesure d’une réputation qui n’est pas usurpée. Dans la province de Kapisa, vous avez pris part à une manœuvre de retrait particulièrement sensible. Cette manœuvre, vous l’avez réussie. Que ce soit sur le théâtre afghan, ici, en situation d’entraînement au combat en zone urbaine, ailleurs encore – je pense en particulier à la République centrafricaine où une compagnie du 16e BC se trouve actuellement –, à chaque fois, votre excellence vous distingue. Elle est, pour moi qui vous retrouve aujourd’hui, un motif de légitime fierté.
Je sais que le CENZUB a une autre compétence, autour de l’entraînement au contact des populations. Il couvre ainsi toute la palette des interventions auxquelles nous pouvons être conduits à faire face, depuis la gestion de crise jusqu’à des conflits de haute intensité. De la sorte, c’est, avec les autres centres spécialisés – je pense notamment au CENTAC , au CEPC , au CEITO , au CEB –, un élément-clé de la préparation opérationnelle et de la préparation de l’avenir.
Cette vocation est d’ailleurs plus ancienne qu’on ne l’imagine. Créé en 2004, le CENZUB est depuis cet été le gardien des traditions et du drapeau du 94e régiment d’infanterie, c’est-à-dire du « 94e de ligne », qui était à la fin du XIXe siècle spécialiste de la défense des villages ! Le CENZUB s’inscrit ainsi dans la longue durée d’un défi particulièrement complexe, celui du combat en zone urbaine, qui a de l’avenir.
Voilà le message que je voulais vous porter aujourd’hui. Ministre de la défense, je suis heureux et fier de ce que j’ai vu aujourd’hui. Vous avez toute ma confiance.