Le destroyer américain USS Fitzgerald lance un missile à l’occasion de tests reliés au système de défense antimissile des États-Unis. (Archives/US Navy)
04.11.2015 par Nicolas Laffont – 45eNord.ca
Le groupe de travail du Centre d’Études en Politiques internationales (CÉPI) sur la politique de sécurité internationale et de défense a rendu public mardi un rapport à l’intention du nouveau gouvernement.
Pour les experts du CÉPI, l’environnement international de sécurité et de défense est désormais entré dans une période de changement rapide et souvent imprévisible.
Malgré l’impossibilité de prédire avec exactitude les menaces auxquelles le Canada pourrait être confronté, le groupe de travail estime qu’il est possible de «prendre des mesures qui nous garantiront la capacité d’agir quand ces menaces se matérialiseront».
Le groupe d’experts fait ainsi 7 recommandations clés:
- Agir immédiatement pour rétablir le statut du Canada aux États-Unis et dans le système onusien.
- Mettre de l’avant une position crédible sur les changements climatiques au Sommet de Paris.
- Définir une stratégie de contre-terrorisme équilibrée et s’engager à l’appliquer, cette stratégie couvrant la fois la prévention du terrorisme et les menaces de terrorisme, depuis celles touchant le Moyen-Orient jusqu’à celles planant sur notre propre pays.
- Entamer avec la population canadienne un dialogue sur la politique étrangère et de défense, par l’entremise d’un « Livre blanc » à produire dans un délai de six mois. Il faudrait pour ce faire définir une politique et une stratégie exhaustives au sujet des relations Canada-États-Unis, notamment sur la défense continentale.
- Exposer une vision pour la dimension humanitaire de la politique étrangère canadienne et, à court terme, dresser un plan d’action pour les réfugiés syriens, contrer la menace posée par ISIS et renforcer les capacités régionales.
- S’engager à allouer des ressources suffisantes aux engagements de principe internationaux du Canada, et plus spécialement à revitaliser la présence et les capacités diplomatiques du Canada à l’appui des objectifs gouvernementaux de sécurité, de commerce et de développement, ainsi qu’à aligner les ressources de l’enveloppe de la défense avec les engagements du Canada en matière de sécurité.
- Organiser et équiper le centre du gouvernement de façon telle à soutenir adéquatement les responsabilités et les objectifs gouvernementaux de sécurité internationale et de défense.
Les auteurs du rapport estime aussi que «la décision prise par le gouvernement Martin de ne pas participer à la défense continentale antimissiles balistiques doit être revue».
Le gouvernement libéral de Paul Martin avait décidé en 2005 de ne pas participer au programme américain de défense antimissile balistique. Or, depuis 2014 le Canada étudiait la possibilité de finalement prendre part au programme américain, mais les Conservateurs de Stephen Harper ont été chassés du pouvoir, le 19 octobre dernier.
Lors d’une audition, lundi 2 juin, devant les sénateurs membres du comité permanent sur la sécurité nationale et la défense, le lieutenant-général Alain Parent (alors commandant-adjoint du NORAD) évoquait le fait que si une interception de missiles devait avoir lieu, il était obligé de «quitter la pièce», puisque le Canada n’est pas partenaire du programme de défense antimissiles.
Concrètement, le programme antimissile balistique américain n’implique pas la mise en place d’un «bouclier» contre lequel viendraient se heurter les missiles assaillants. Il s’agit du lancement d’un missile intercepteur qui, pour neutraliser le missile balistique ennemi, va déployer un «véhicule d’interception exoatmosphérique» qui entrera en collision avec le missile. La neutralisation résulte en réalité de la vitesse de la collision entre ces deux objets.
Le groupe d’experts du CÉPI souhaite donc que le Canada demande à se joindre officiellement au système de défense antimissiles balistiques des États-Unis. «Dans ses négociations avec Washington, le gouvernement canadien devrait demander de participer à l’établissement des protocoles opérationnels du système. Il devrait également devrait demander que le centre de commandement et de contrôle de la défense continentale antimissiles soit hébergé au sein de NORAD, de manière à consolider pour longtemps encore la place du commandement binational comme régime commun de défense aérospatiale de l’Amérique du Nord».
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