L’usage de la force militaire comme instrument politique est ancien. Durant la guerre froide, pour les seuls Etats-Unis ces démonstrations de force se sont montées à 215 sur la période 1945-1977 (1). Elles jouèrent un rôle essentiel pour enrayer la détérioration d’une situation de crise, répondre aux pressions de l’opinion publique sans basculer dans la guerre, donner à la diplomatie pure le temps d’opérer : bref, une fonction de prévention dans un contexte où la guerre était terriblement dangereuse du fait des risques d’escalade.
La diplomatie militaire recouvre bien d’autres modalités d’usage non belliqueux des forces armées à des fins politiques : assistance, formation, visites, prépositionnements, exercices, partenariats et alliances, etc. Le concept de diplomatie de défense a acquit en France une pleine visibilité avec le Livre Blanc de 2008. Elle y est définie comme “la participation des forces armées aux actions de la diplomatie française, [visant] à prévenir tout risque de crise et à contribuer à la réalisation des objectifs de la France à l’étranger en faisant appel à divers outils du domaine diplomatico-militaire” (veille et dialogue stratégique, soutien de l’activité diplomatique au sein des organisations internationales, maîtrise des armements et les mesures de confiance associée, coopération de défense (DCMD, CIMIC), actions civilo-militaires, contribution à l’éradication des groupes armés, la reconstruction des forces de sécurité et de défense.
Dans le contexte diplomatico-stratégique actuel, l’affirmation de la “diplomatie de défense” comme mission nouvelle et spécifique de la Défense soulève plusieurs types d’interrogation. Celle de ses objectifs spécifiques tout d’abord,: prévention, mais aussi influence. On constate également une évolution de la diplomatie militaire traditionnelle vers de nouveaux milieux propices à son exercice, comme le cyberespace, et, parallèlement, le dépassement de la logique des milieux vers une forme d’action plus globale. Les questions de doctrine et d’organisation méritent également un examen approfondi, spécialement en ce qui concerne les formes nouvelles de coopération entre la Défense et les Affaires Etrangères.
L’objectif de ce colloque, en croisant les approches par milieux et les types d’action transversaux, et en confrontant les expériences nationales et multilatérales, est donc de proposer à la fois un état des lieux international de la diplomatie de défense et des transformations de la diplomatie militaire classique, et des pistes de réflexion pour perfectionner encore la doctrine et l’organisation au plan national.
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