13/05 LesEchos.fr (AFP)
Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a mis en garde lundi contre de nouvelles coupes dans le budget de la Défense, une piste évoquée par la majorité, l'ancien Premier ministre estimant qu'en la matière, "nous sommes dans l'os".
"Il y a déjà eu beaucoup, beaucoup de réformes dans notre système de défense, depuis 1995 (ndlr: date de l'arrivée de M. Juppé à Matignon): on a professionnalisé les armées, on a revu notre système de dissuasion... On a supprimé 54.000 emplois à la suite du Livre blanc sur la Défense de 2008 et à nouveau 24.000 aujourd'hui", a-t-il déclaré à des journalistes à Bordeaux après une conférence de presse avec Jean-Claude Juncker, ex-président luxembourgeois de l'Eurogroupe et candidat conservateur à la présidence de la Commission européenne.
"Nous sommes dans l'os". "Je pense que tout tour de vis supplémentaire sur la défense nous priverait des moyens de nos ambitions, à la fois pour la sécurité de notre territoire et surtout sur notre capacité de déploiement extérieur", a poursuivi Alain Juppé. "J'espère que cette pression constante" de "Bercy pour couper dans les crédits de défense ne sera pas victorieuse", a-t-il ajouté. "C'est une question de réalisme", compte tenu de l'état actuel du monde, a-t-il analysé.
Il y a "beaucoup de choses à faire" dans "la mutualisation des moyens de l'Europe", a-t-il toutefois concédé, jugeant "absurde de ne pas progresser davantage dans la constitution d'une vraie défense européenne, notamment en matière industrielle".
"La France aura de toute manière un rôle éminent à jouer dans cette Europe de la Défense et elle doit conserver les moyens de ses ambitions", a conclu l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Depuis dimanche, à l'initiative de Xavier Bertrand, l'UMP dénonce de nouvelles coupes budgétaires qui seraient à venir dans le budget de la Défense.
Mardi, le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, n'a ainsi pas écarté la "piste" d'un "effort supplémentaire" dans la recherche d'économies, à condition que le "volume global" prévu par la loi de programmation militaire 2014-2019 soit préservé.
La loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, votée en décembre, alloue 190 milliards d'euros de crédits sur la période, avec un budget annuel maintenu à 31,4 milliards d'euros jusqu'en 2016, à hauteur de 1,5% du Produit intérieur brut (PIB), et en légère progression ensuite.