20/07/2015 Sources : Etat-major des armées
Trois commandos parachutistes de l’Air (CPA) déployés en Jordanie dans le cadre de l’opération Chammal nous expliquent leur parcours et nous livrent leurs impressions sur leur métier respectif.
Le caporal Vincent est commando parachutiste de l’Air depuis l’âge de 19 ans. C’est son frère, militaire du rang dans l’armée de l’Air, qui l’a encouragé à pousser la porte d’un Centre de Recrutement et d’Information des Forces Armées (CIRFA) où il a d’emblée fait le choix de devenir CPA. Il a validé une première batterie de tests destinés à évaluer son potentiel pour devenir militaire: tests médicaux et psychotechniques, anglais, sport (course à pied, tractions, parcours d’aisance). Il s’en est suivi une deuxième série de tests à Dijon durant lesquels il s’est soumis à de nouveaux tests physiques (piscine et abdos), puis s’est présenté à un entretien devant une commission militaire chargée d’évaluer sa motivation à devenir commando. Retenu par le jury, le caporal Vincent a intégré l’escadron de formation des commandos de l’air (EFCA) à Dijon.
Son parcours de formation a duré 8 mois, au cours desquels il a enchaîné les stages : d’abord, une formation de 6 semaines à l’École d’enseignement technique de l’armée de l’air (EETAA) à Saintes, pour devenir aviateur, puis les stages de qualification Maquis (premier niveau de formation professionnelle, durant 3 semaines) et MATOU (Module d’acquisition des techniques opérationnelles en unité, pendant 12 semaines) à Dijon et, enfin, un stage de parachutisme de 15 jours à Pau (une semaine de préparation au sol et une semaine de sauts). A l’issue de ces stages, il a effectué sa demande pour intégrer le CPA 20 et a vu son choix satisfait.
Selon le caporal Vincent, celui qui souhaite intégrer les CPA doit impérativement « avoir un bon niveau sportif, être motivé et faire preuve d’une grande stabilité émotionnelle pour endurer la formation et les OPEX en milieu hostile ». Il doit également « avoir à l’esprit qu’il sera souvent en déplacement et, par conséquent, loin de sa famille ». A titre d’exemple, il effectue actuellement sa deuxième OPEX à seulement 22 ans. « Les opérations extérieures (OPEX) et intérieures (OPINT), les entraînements au tir et les opportunités de carrière constituent, pour moi, une source de motivation quotidienne ». « Je me plais au CPA 20 et souhaite passer l’examen dit de « passerelle jeune » afin de devenir sous-officier ».
En 2007, le caporal Laurent, baccalauréat d’électrotechnicien en poche, s’est renseigné sur les carrières militaires auprès du CIRFA de Toulouse. Attiré par « l’aventure » il a alors décidé d’intégrer la filière fusilier commando dans l’armée de l’Air. Après sa formation à l’EETAA, il a choisi de servir au sein de l’escadron de protection de Cazaux et, deux mois plus tard, a passé les tests de sélection pour devenir commando de l’Air. Retenu pour la spécialité, il a effectué le stage Matou et fait sa demande d’intégration au CPA 30 de Bordeaux en 2008. Par la suite, il a entamé un nouveau processus de sélection pour, cette fois, intégrer le groupe spécialisé Recherche et Sauvetage au Combat (RESCO/CSAR) du CPA 30, auquel il appartient désormais avec la spécialité tireur d’élite longue distance. « Pour appartenir à un groupe spécialisé, il faut réaliser des stages qualifiants permettant d’acquérir des compétences spécifiques (transmetteur, auxiliaire sanitaire, tireur d’élite, etc.). »
Ce qui lui plaît le plus dans son métier de commando ? « Travailler en groupe réduit avec des personnels hautement qualifiés en qui j’ai une totale confiance, avoir des responsabilités et vivre l’aventure ». Et des aventures il en a vécu… puisqu’il est parti 2 fois en Afghanistan (en 2010 et 2012) mais aussi en Lybie (en 2011), au Mali (en 2013) et au Tchad (en 2014) avec des mandats d’environ 4 mois par OPEX. Le caporal Laurent réalise actuellement sa sixième OPEX et « reconnait que pour faire ce métier il faut être discipliné et avoir l’esprit de sacrifice, puisqu’on exerce un métier à risques où l’éloignement familial est fréquent ».
La caporal-chef Olympe s’est engagée dans l’armée de l’Air en 1999, à l’âge de 17 ans. Comme elle était très sportive, le CIRFA (à l’époque le Bureau Air Information) lui a proposé d’emblée de devenir fusilier commando. Elle a d’ailleurs fait partie des premières femmes incorporées dans cette spécialité qui leur est ouverte depuis 1998.
Après 7 ans au sein de l’escadron de protection de Dijon, elle s’est vue proposer un poste d’instructeur au sein de l’EFCA où, durant 8 ans, elle s’est occupée essentiellement de la formation des MTA (Militaire Technicien de l'Air) effectuant le stage Maquis. En mars 2014 elle a réussi les sélections pour intégrer les CPA et s’occupe désormais de la gestion des départs OPEX/OPINT et des déclenchements inopinés de missions au CPA 20. Sa carrière à Dijon a été ponctuée par les OPEX : Sarajevo (en 2000), Dakar (en 2001) et Djibouti (en 20002, 2004 et 2008) et actuellement la Jordanie.
Parallèlement, son talent pour la course à pieds lui a permis de remporter à plusieurs reprises la première place au championnat militaire national Air de cross. Sélectionnée à deux reprises par le Centre National des Sports de la Défense (CNSD) pour faire partie de l’équipe de France bis de cross, son équipe a terminé première sur le podium, en Belgique et en Suisse, lors des championnats interarmées.
La caporal-chef Olympe apprécie « La fraternité d’armes, la cohésion, l’esprit d’équipe, l’endurance physique et servir mon pays à l’étranger pour participer à la protection de nos ressortissants ».
Au 1er semestre 2015, elle est retenue pour intégrer le corps des sous-officiers au sein du CPA 20 et passera bientôt sergent. A 34 ans, cette maman de deux enfants a déjà une carrière bien remplie à son actif et un avenir prometteur.