29/05 Par Alain Ruello – LesEchos.fr
Le nouveau calendrier du programme Scorpion prévoit la production de 2.000 blindés d’infanterie. Les livraisons vont s’étaler de 2018 à 2025.
Le très placide Philippe Burtin esquissait un léger sourire de contentement hier soir, à l’issue d’un dîner du cercle Prospective terre. Et pour cause : alors que le livre blanc laisse clairement entrevoir une nouvelle purge pour le budget de l’armée de terre , le PDG de Nexter a trouvé un peu de réconfort en écoutant Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement, esquisser les grandes lignes du grand programme Scorpion, vital pour le secteur.
Derrière cet acronyme qui vaut pour « synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation » (!) se dessine une opération majeure de modernisation des équipements de l’armée de terre utilisés par les groupements tactiques interarmes (les GTIA), du nom des unités du combat au sol de 500 à 1.500 hommes projetées en opération extérieure.
Co-entreprise associant Thales, Nexter et Sagem
Le lancement des premières réflexions pour affiner l’architecture du programme Scorpion, les grands choix techniques et industriels, a été décidé début 2010, dans le prolongement d’un contrat de recherche sur la numérisation du champ de bataille. Pour cela, la DGA et l’Etat major s’appuient sur une co-entreprise associant Thales, Nexter et Sagem (Safran).
Le périmètre visé est très large puisqu’il s’agit de remplacer les vénérables Véhicules de l’avant blindés entrés en service dans les années 70, les blindés légers AMX 10 RC et Sagaie, de rénover les chars lourds Leclerc, de remplacer le missile anti char Milan, ainsi que toute l’informatique de ces équipements pour faire en sorte qu’ils communiquent sans coutures entre eux.
Initialement, les premières livraisons des nouveaux blindés étaient prévues en 2015. La crise de 2008 et les problèmes de fins de mois de l’Etat ont tout chamboulé. Au point que lors des travaux de préparation du livre blanc, les scénarios budgétaires les plus noirs préconisaient un abandon pur et simple de Scorpion. Avec pour corollaire, la mort à petit feu de Nexter.
On en est plus là. Si l’on en croit Laurent Collet-Billon, les premières livraisons du VBMR - le blindé appelé à remplacer les VAB - sont prévues à partir de 2018. Même s’il le nombre de véhicules visés va être fortement réduit, les nouveaux calendriers prévoient que plus de 1.000 exemplaires devront être livrés en 2025. Les 250 EBRC, qui prendront la place des AMX 10 RC et des Sagaie, entreront en service à compter de 2020. Ils seront équipés d’un tout nouveau canon de 40 millimètres en cours de mise au point par Nexter et BAE Systems.
Facteur coût primordial
Pour les détails, il va falloir attendre la prochaine loi de programmation militaire, et rien ne garantit que le nouvel échéancier tienne dans le temps. D’autant que le facteur coût des futurs équipements sera primordial, autant au niveau de leur production que pour leur maintenance dans le temps..
Pour cela, les VBMR et les EBRC devront partager beaucoup d’équipements, a insisté Philipe Burtin. Cela vaudra par exemple pour les écrans de visualisation, les moyens de transmission ou encore l’électronique embarquée. Conscient depuis longtemps déjà que l’argent va manquer, les militaires imaginent de disposer de blindés modulables : une plate-forme commune auquelle on greffera des équipements en fonction de la mission. L’ère de l’hypertechnologie a vécu..
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