Une demande vient d’arriver : elle est à destination d’un théâtre d’opérations extérieures. C’est une demande urgente de transport ! Un avion de chasse Rafale est immobilisé au sol, dans l’attente d’une pièce de rechange.
Sur le camp de Linas-Montlhéry (91), lieu d’implantation du centre des transports et transits de surface (CTTS), la nuit est installée depuis longtemps. Pourtant, des spécialistes de ce centre interarmées réceptionnent immédiatement la demande. En permanence, le personnel du CTTS est capable de répondre aux besoins urgents des armées.
La pièce de rechange est identifiée. Elle se trouve dans un entrepôt du détachement « air » 273 de Romorantin (41). Aussitôt, un conducteur d’astreinte est mobilisé. Sa mission : acheminer la pièce vers la base aérienne 123 d’Orléans (45) d’où un avion de transport A400M Atlas doit décoller le lendemain pour le théâtre d’opérations. Malgré les délais contraints, la mission est remplie dans les délais impartis. Quelques heures de vol plus tard, la pièce est réceptionnée à des milliers de kilomètres de la métropole. La réparation du Rafale peut commencer !
Créé en 2008, aux ordres du centre de soutien des opérations et des acheminements (CSOA), le CTTS est un organisme interarmées chargé de l'organisation et de la conduite des transports de fret au profit de l'ensemble des organismes du ministère de la Défense, principalement en métropole. Il s'agit d'un «guichet unique» vers lequel convergent les demandes de transport des bénéficiaires. « Le CTTS est en quelque sorte un « couteau suisse » à la disposition du ministère de la Défense, explique le colonel Jean-Jacques Chevalier, commandant le CTTS. Selon les besoins exprimés, nous pouvons réaliser tout type de transport de surface : par voie routière, ferroviaire ou navigable en métropole et parfois en Europe. »
En 2013, le CTTS a transporté environ 200 000 tonnes de fret, parmi lesquelles figuraient près de 9 000 matériels roulants, ainsi que 500 groupes turboréacteurs. « Nos spécialistes savent déterminer quel type de transport est le plus efficient, détaille le colonel. L’objectif permanent est de satisfaire les besoins des armées, tout en respectant l’enveloppe budgétaire allouée. »
Si la voie fluviale est peu utilisée, le chemin de fer est privilégié pour ses capacités de transport importantes sur de longues distances, ainsi que sa fiabilité et son respect de l’environnement. « Chaque année, la SNCF met à notre disposition environ 200 trains pour le transport de matériels lourds comme les chars, explique le colonel Chevalier. Lors du déclenchement de l’opération Serval en janvier 2013, nous avons beaucoup utilisé la voie ferrée, d’autant que les conditions climatiques rendaient les routes difficiles et dangereuses. »
Si le rail représente environ 30% du tonnage total transporté, la majorité du transport est assurée par voie routière. Chaque jour, près de 200 camions sillonnent les routes de France et d’Europe. « Nous disposons d’une gamme de véhicules très complète : super poids lourds, porte-chars, porte-réacteurs, véhicules de transport de munitions et de matières dangereuses, etc., précise le chef du CTTS. Ces moyens sont concentrés sur sept plateformes interarmées (PFIA) et dans les régiments de transport de l’armée de terre. Quatre PFIA dépendent de l’armée de terre ; trois autres sont du ressort de l’armée de l’air, à Romorantin, Istres et Mérignac. »
Au quotidien, le CTTS assure des transports de soutien « courant » par des liaisons régulières. Il s’agit d’un ravitaillement « routinier » composé d’effets divers (habillement, pièces de rechange automobiles, matériel aéronautique…). Le centre réalise aussi des transports à la demande, directement de l’expéditeur au destinataire. Enfin, le CTTS peut aussi, dans certains cas, faire appel à des prestataires de service privés (dans le cas des petits volumes notamment).
Tourné vers l’avenir, le CTTS s’adapte à l’évolution des besoins de la Défense. « Rien n’est figé, affirme le colonel Chevalier. Nous allons ainsi bientôt bénéficier d’un nouveau système d’information logistique appelé SILRIA en remplacement de SILCENT, le système actuel. Nous travaillons aussi à une meilleure gestion des containers de transport et nous sommes intégrés aux réflexions sur la logistique liée au maintien en condition opérationnelle (supply chain MCO). Nous cherchons à améliorer encore les délais de livraison des pièces de rechange, en repensant la gestion de nos plateformes et de nos lignes régulières. » L’armée de l’air occupe une place centrale dans ces projets. À terme, la base de Romorantin doit ainsi s’affirmer comme la plateforme centrale du transport et du transit national.