17/11/2015 Sources : État-major des armées
Depuis le début de l’année 2015 et dans le cadre de l’opération Chammal, les militaires français participent à la formation des forces irakiennes, en particulier celle de l’état-major de la 6e division d’infanterie (DAA6 de Bagdad) régulièrement engagées au combat contre les éléments de Daech à l’ouest de Bagdad.
Le détachement français a pour mission d’améliorer les capacités de commandement et la formation des militaires de cette unité expérimentée d’environ 10 000 hommes. Le Colonel Eric, chef du premier détachement de formation auprès de l’état-major de la 6° division d’infanterie, témoigne. Retour sur cette mission exigeante.
Mon colonel, quelle a été votre mission pendant les 4 mois de votre déploiement ?
Placée sous le commandement de la coalition, dans le cadre de l’opération Inherent Resolve, cette mission consiste à améliorer les capacités de commandement des forces irakiennes et de fournir un appui plus efficace dans les combats que la 6° division d’infanterie mène actuellement contre Daech. Il s’agissait bien d’améliorer les capacités existantes et non de bâtir une nouvelle armée ou même de la réformer. La mission première est d’apporter un appui en termes de formation. Il ne s’agit pas d’accompagner les troupes irakiennes au combat.
Comment était organisé votre détachement ?
D’un volume d’une soixantaine de militaires français, mon détachement comprenait une vingtaine de conseillers d’état-major (majoritairement des officiers supérieurs) dans les domaines des opérations, du renseignement et de la logistique. Je disposais également de différents spécialistes (transmissions, Santé et combat d’infanterie). Chacun exerçant à la fois son rôle de conseil ou de formation auprès des Irakiens et assurant la sûreté de notre détachement.
De quelle manière avez-vous pu prodiguer vos conseils auprès des Irakiens ?
Le détachement français a procédé pas à pas, en tenant compte des contraintes liées au rythme opérationnel soutenu de nos homologues irakiens. Des unités de la 6° division d’infanterie sont quotidiennement engagées sur la ligne de front. Il importait donc de faire preuve d’une grande adaptabilité afin de ne pas imposer des programmes rigides mais bien de faire évoluer les existants.
Quelles ont alors été vos actions ?
Le détachement français a conseillé le FSI sous la forme de « travaux aux techniques d'état-major » (suivi de situation tactique sur une carte, création d’une liste d’événements, amélioration des processus de planification dans l’urgence). Les militaires français ont également apporté une assistance dans le fonctionnement de la chaîne logistique depuis l’arrière jusqu’au front (suivi des commandes, gestion des stocks pour les munitions, pièces de rechange et piles). Ces rouages administratifs étaient soit manquants, soit simplement grippés. Enfin, nous avons réalisé des formations pratiques sur des terrains d’exercice.
Comment avez-vous pu programmer la formation de 10 000 soldats dont un bon nombre est engagé quotidiennement dans les combats contre Daech ?
L’effort a porté sur le sauvetage au combat et la lutte contre les engins explosifs (CIED). Ces domaines sont prioritaires pour les irakiens, compte-tenu des combats actuels et des modes d’action de Daech. La formation complémentaire de tous les soldats était irréaliste compte tenu de leur grand nombre et de leur fort engagement opérationnel. Nous avons donc choisi de privilégier ce qui présentait le plus de valeur ajoutée : la formation de formateur. L’objectif était de former plus de personnes tout en préservant ceux qui jusqu’alors dispensaient l’instruction alors que leur présence dans les opérations de combat est indispensable. Je veux parler des infirmiers, des spécialistes du déminage, etc... Toutes les spécialités rares et difficiles à former au sein d’une armée.
Quel bilan peut-on tirer de votre mandat ?
Notre premier mandat (de mars à juillet 2015) a permis de former 150 instructeurs au cours de 17 stages d’une durée de 15 jours. Chaque instructeur étant capable de former à son tour 10 combattants en deux semaines, la 6° division sera en mesure d’assurer par elle-même la formation de 1500 soldats par mois dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs improvisés et le secourisme de combat.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal mobilise 700 militaires. Elle vise à la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, à assurer un soutien aérien aux forces irakiennes dans la lutte contre le groupe terroriste Daesh. Le dispositif complet est actuellement structuré autour de douze avions de chasse de l’armée de l’Air (six Rafale, trois Mirage 2000D et trois Mirage 2000N) et d’un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Il comprend également des militaires projetés à Bagdad et Erbil pour la formation et le conseil des militaires irakiens. Depuis le 24 septembre 2015, la frégate anti-aérienne (FAA) Cassard a rejoint les forces françaises engagées au Levant.
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