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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 17:20
Le destroyer américain USS Fitzgerald lance un missile à l’occasion de tests reliés au système de défense antimissile des États-Unis. (Archives/US Navy)

Le destroyer américain USS Fitzgerald lance un missile à l’occasion de tests reliés au système de défense antimissile des États-Unis. (Archives/US Navy)

 

04.11.2015 par Nicolas Laffont – 45eNord.ca

 

Le groupe de travail du Centre d’Études en Politiques internationales (CÉPI) sur la politique de sécurité internationale et de défense a rendu public mardi un rapport à l’intention du nouveau gouvernement.

 

Pour les experts du CÉPI, l’environnement international de sécurité et de défense est désormais entré dans une période de changement rapide et souvent imprévisible.

Malgré l’impossibilité de prédire avec exactitude les menaces auxquelles le Canada pourrait être confronté, le groupe de travail estime qu’il est possible de «prendre des mesures qui nous garantiront la capacité d’agir quand ces menaces se matérialiseront».

Le groupe d’experts fait ainsi 7 recommandations clés:

  1. Agir immédiatement pour rétablir le statut du Canada aux États-Unis et dans le système onusien.
  2. Mettre de l’avant une position crédible sur les changements climatiques au Sommet de Paris.
  3. Définir une stratégie de contre-terrorisme équilibrée et s’engager à l’appliquer, cette stratégie couvrant la fois la prévention du terrorisme et les menaces de terrorisme, depuis celles touchant le Moyen-Orient jusqu’à celles planant sur notre propre pays.
  4. Entamer avec la population canadienne un dialogue sur la politique étrangère et de défense, par l’entremise d’un « Livre blanc » à produire dans un délai de six mois. Il faudrait pour ce faire définir une politique et une stratégie exhaustives au sujet des relations Canada-États-Unis, notamment sur la défense continentale.
  5. Exposer une vision pour la dimension humanitaire de la politique étrangère canadienne et, à court terme, dresser un plan d’action pour les réfugiés syriens, contrer la menace posée par ISIS et renforcer les capacités régionales.
  6. S’engager à allouer des ressources suffisantes aux engagements de principe internationaux du Canada, et plus spécialement à revitaliser la présence et les capacités diplomatiques du Canada à l’appui des objectifs gouvernementaux de sécurité, de commerce et de développement, ainsi qu’à aligner les ressources de l’enveloppe de la défense avec les engagements du Canada en matière de sécurité.
  7. Organiser et équiper le centre du gouvernement de façon telle à soutenir adéquatement les responsabilités et les objectifs gouvernementaux de sécurité internationale et de défense.

Les auteurs du rapport estime aussi que «la décision prise par le gouvernement Martin de ne pas participer à la défense continentale antimissiles balistiques doit être revue».

Le gouvernement libéral de Paul Martin avait décidé en 2005 de ne pas participer au programme américain de défense antimissile balistique. Or, depuis 2014 le Canada étudiait la possibilité de finalement prendre part au programme américain, mais les Conservateurs de Stephen Harper ont été chassés du pouvoir, le 19 octobre dernier.

Lors d’une audition, lundi 2 juin, devant les sénateurs membres du comité permanent sur la sécurité nationale et la défense, le lieutenant-général Alain Parent (alors commandant-adjoint du NORAD) évoquait le fait que si une interception de missiles devait avoir lieu, il était obligé de «quitter la pièce», puisque le Canada n’est pas partenaire du programme de défense antimissiles.

Concrètement, le programme antimissile balistique américain n’implique pas la mise en place d’un «bouclier» contre lequel viendraient se heurter les missiles assaillants. Il s’agit du lancement d’un missile intercepteur qui, pour neutraliser le missile balistique ennemi, va déployer un «véhicule d’interception exoatmosphérique» qui entrera en collision avec le missile. La neutralisation résulte en réalité de la vitesse de la collision entre ces deux objets.

Le groupe d’experts du CÉPI souhaite donc que le Canada demande à se joindre officiellement au système de défense antimissiles balistiques des États-Unis. «Dans ses négociations avec Washington, le gouvernement canadien devrait demander de participer à l’établissement des protocoles opérationnels du système. Il devrait également devrait demander que le centre de commandement et de contrôle de la défense continentale antimissiles soit hébergé au sein de NORAD, de manière à consolider pour longtemps encore la place du commandement binational comme régime commun de défense aérospatiale de l’Amérique du Nord».

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 17:55
Conférence « Défense antimissile en Europe : sommes-nous encore indépendants ? »

by ANAJ-IHEDN

 

Le comité Aéronautique et Espace de l’ANAJ-IHEDN est heureux de vous inviter à sa prochaine conférence sur le thème:

Défense antimissile balistique en Europe : sommes-nous encore indépendants ?

 

Colonel Loïc RULLIERE
Chef du bureau Prospective technologique et industrielle
Délégation aux Affaires Stratégiques

Jeudi 6 mars
19h30 à 21h00

Ecole Militaire
Amphithéâtre Des Vallières
______

La défense anti-missile balistique vise à contrer l’emploi de missiles balistiques pouvant avoir plusieurs milliers de kilomètres de portée. Associée généralement à la Guerre Froide et à l’Initiative de Défense Stratégique de l’administration Reagan, elle est souvent décriée en France comme budgétairement inaccessible et militairement discutable. Pourtant, face à l’évolution de la menace balistique et à la prolifération des technologies associées, plusieurs pays, dont des puissances nucléaires, ont développé et déployé des systèmes anti-missiles pour protéger leurs populations comme leurs territoires. En Europe, l’OTAN s’appuie sur des moyens américains pour fournir une première capacité de défense anti-missile balistique aux européens, avant d’éventuellement intégrer des éléments que ces derniers souhaiteraient apporter. La défense anti-missile balistique est aujourd’hui une réalité et un sujet au cœur de la redéfinition des grands équilibres stratégiques mondiaux. La France, en dépit de la passivité de l’Europe sur ce sujet,  poursuit sa réflexion tout en apportant sa contribution aux développements de l’OTAN. Cette conférence se propose de faire un point sur la défense anti-missile balistique, une question complexe et aux enjeux importants.

Le Colonel Loïc RULLIERE est actuellement chef du bureau prospective technologique et industrielle à la Délégation aux Affaires Stratégiques, en charge des questions relatives à la défense anti-missile. Après avoir commencé sa carrière comme pilote sur Mirage 2000D, il a occupé différents postes au sein de l’Armée de l’Air avant de devenir Commandant de l’escadron de chasse 1/7 « Provence » puis Chef de la Division Retex Innovation Coordination du Bureau pilotage de l’Etat-major de l’Armée de l’Air.

Informations : aeronautique-et-espace@anaj-ihedn.org

- See more at: http://www.anaj-ihedn.org/conference-a-quoi-sert-encore-la-defense-anti-missile-balistique-en-europe/#sthash.X21c55zB.dpuf
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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 07:55
Défense aérienne de la Flotte : le porte-avions doit-il être le piquet radar aérospatiale ?

24.04.2012 Le Fauteuil de Colbert

 

La défense aérienne de la Flotte pose bien des questions. Un certain nombre d'entre elles nous conduit invariablement vers la question des senseurs. La FREDA (FREMM de Défense Aérienne) en est l'exemple le plus abouti : elle ne disposerait pas de radar de veille aérienne à longue portée, elle n'aurait pas la puissance électrique nécessaire pour servir de navire de défense antimissile balistique (de théâtre, comme de territoire).

 

Le radar de veille aérienne à longue portée à bord des frégates

 

Peut-être qu'une partie du "problème" vient du fait que l'on veuille absolument que ce soit une frégate de défense aérienne (FDA) qui mette en oeuvre de puissants moyens radars de veille aérienne. Quelques exemples :

  • Les frégates lance-engins de classe Duquesne étaient les premières frégates1 à mettre en oeuvre des radars de veille aérienne à longue portée : le DRBI-23B. Celui-ci aurait eu un rayon de détection de 400 km.
  • Les unités suivantes, les Cassard et Jean Bart (corvettes C70, puis frégates F70) reçurent le DRBJ-11 (bien que le Cassard reçu en premier lieu le DRBV-15). Ce radar avait une portée similaire à son prédécesseur.
    Les deux navires sont actuellement refondus afin de mettre en oeuvre le SMART-S (d'une portée réduite : de 150 à 250 km de rayon).
  • Enfin, les frégates issues du programme Horizon, les Forbin et Chevalier Paul, disposent du radar S-1850 (ou SMART-L) qui permet d'établir une bulle de détection de 500 km de rayon.

A contrario, le croiseurs Colbert (mais pas le De Grasse) reçu d'importants équipements de veille aérienne lors de sa refonte (1970-1972) : les DRB-20, 23C et 50. A noter que le navire ne reçu pas d'intercepteurs à la hauteur de ses capacités : le MASALCA n'entra jamais en service, contrairement au Talos américian.

Du côté des porte-avions, les Clemenceau et Foch portaient les DRB-20, 23C et 50 de veille aérienne. Ces senseurs seront modernisés, et complétés par la suite par un radar de veille air tridimensionnel : le DRBI-10. Ces deux navires ne mettaient pas en oeuvre d'aéronefs de guet aérien. Il a été nécessaire d'attendre la refonte d'une partie des Alizée pour assurer cette mission qui donne un très grand avantage à celui qui en dispose.
Ainsi, la défense aérienne dans la "génération Clemenceau" usa du même radar de veille aérienne à longue portée : le DRB/DRBI-23. Celle du Charles de Gaulle eu recours au DBRJ-11.


Quand au Charles de Gaulle, ces moyens de veille air consistent en le DRBJ-11 (aussi utilisé sur les F70) et le DBRV-26D. Il n'y a pas eu de construction de la défense aérienne autour d'un même radar de veille aérienne à longue portée : les Horizon portent le S-1850/SMART-L et les FREMM emporteront l'Heraklès.

 

Ces radars de veille aérienne à longue portée donnent l'avantage à son porteur de pouvoir disposer d'une large bulle de veille air (de 2 à 500 km de rayon). En contre-partie, le flotteur doit avoir deux qualités :

  • disposer de la puissance électrique nécessaire pour alimenter ces senseurs (sachant que le radar de veille air à longue portée n'est qu'un élément du système d'armes) ;
  • porter le radar suffisamment haut sur l'eau afin qu'il puisse offrir sa pleine portée, sans trop charger le navire dans les hauts.

Ces deux conditions déterminent un navire suffisamment volumineux pour avoir la puissance idoine et le tonnage nécessaire pour que le radar ne soit pas au ras de l'eau.

 

L'évolution Horizon

 

En outre, ce n'est que depuis les frégates Horizon qu'il est question qu'un navire pilote la défense aérienne de la Flotte dans le cadre d'un réseau de senseurs et d'effecteurs. En ce qui concernait les générations précédentes, la FDA devait combiner senseurs et effecteurs. Elle devait intégrer les informations qu'elle obtenait elle-même pour engager, éventuellement, une cible. Il était donc nécessaire que l'unité de défense aérienne dispose d'un radar de veille air à longue portée. Le partage des données était assez rudimentaire.

 

Mais, donc, depuis, les frégates Horizon, et surtout, depuis le PAAMS (Principal Anti-Air Missile System), il est possible de fusionner et partager les données reçues, et même, de commander à un navire d'user de ses munitions pour contrer une menace. Les deux frégates Horizon en ont fait une éclatante démonstration récemment où le Chevalier Paul a mené tout l'engagement grâce aux munitions et informations du Forbin afin d'intercepteur un missile supersonique rase-mer.

 

Le porte-avions : piquet radar de la Flotte ?

 

Dès lors, pourquoi ne pas imaginer de transformer la réussite de cet exercice en évolution matérielle de la Flotte ?

Disposer d'un radar de veille aérienne à bord d'une frégate, c'est coûteux : les navires de défense aérienne ont toujours été très onéreux car, notamment, il faut leur adjoindre ces radars (ainsi que le système d'armes, l'architecture et la puissance nécessaire). Aussi, il convient de noter que la plus grande partie du temps, ces navires assurent la protection du porte-avions qui lui-même dispose d'une belle suite de radars de veille air.

 

Aujourd'hui, la fusion des données et le pilotage de la défense aérienne d'une escadre est possible depuis un centre opérations. Pourquoi ne pas installer les plus grands senseurs de veille air à bord des porte-avions ? Ils présentent l'avantage de porter haut au-dessus de la mer ces radars, et d'offrir une très grande puissance électrique (deux K-15 développant 300 MW sur le Charles de Gaulle2...).

Si l'escorteur de défense aérienne offre une bulle supplémentaire, il convient de noter que ce n'est plus, depuis 2001 et l'entrée en service du PAN, qu'un des éléments du système :

  • les radars du porte-avions, dont le DRBJ-11 (dont la portée atteint 400 km),
  • il y a l'avion de guet aérien (l'E-2 Hawkeye) qui offre une bulle de 250 km de rayon,
  • et les radars des frégates ASM (150 km). 

Ainsi, l'état-major de la Marine ambitionnerait une FREDA avec un radar Heraklès dont la portée serait augmentée de 150 à 250 km. Cela revient à dire que les FREMM ASM offrent un écran de veille air qui s'ajoute aux autres moyens, et qui est non-négligeable dans un groupe aéronaval où il y a toujours une frégate anti-sousmarine -et parfois deux- qui s'ajoute à l'unité de défense aérienne.

 

Une nécessité imposé par la DAMB ?

 

En outre, si la France devait s'engager plus en avant dans la défense antimissile balistique de théâtre ou investir celle de territoire, alors il serait question d'une contribution navale :

  • pour la première, ce serait un "refonte DAMB" des frégates Horizon pour 300 millions d'euros. C'est-à-dire qu'il s'agirait de confier aux deux navires les mêmes capacités anti-balistiques que le SAMP/T, ou Mamba, de l'Armée de l'Air. Il faudrait surtout moderniser la suite radar, et les logiciels du PAAMS ;
  • pour la seconde, il faudrait deux navires capables d'embarquer les nouveaux intercepteurs -sur les frégates DAMB-, et qui disposeraient de la suite radar nécessaire à leur mise en oeuvre. Il y en aurait pour 1500 millions, et ce n'est que le premier devis... pour des navires sans armes (celles-ci sont encore à développer : les Aster 2 et Exoguard). 

A priori, et en considérant tout les croiseurs de défense aérienne de l'US Navy, des années 60 à nos jours, soit du Long Beach jusqu'au Zumwalt, les radars nécessaires à une DAMB de théâtre élargie nécessiteraient de grandes quantités d'énergie. A tel point qu'il a été souvent proposé que leur propulsion soit assurée sur des réacteurs nucléaires3. Le porte-avions nucléaire dispose d'ores et déjà de la propulsion nucléaire, et de sa formidable puissance.

 

Combien de CO ?


Mais il demeure deux questions :

  • le central opérations de défense aérienne de la Flotte par intercepteurs non-pilotés doit-il se situer à bord du porte-avions, dans une sorte de grand CO unifié ? Ou bien, doit-il être à bord d'un escorteur AA, devenu coordinateur d'un réseau, avant toute chose ?
  • N'est-ce pas prendre un risque que de faire reposer les senseurs à longue portée sur un seul navire ?

La première question est assez complexe car il s'agirait d'unifier la lutte aérienne à bord d'un seul CO : est-ce faisable et souhaitable ? Il est très difficile de répondre à la question quand on n'a strictement aucune expérience en la matière. Mais, il serait assez difficile d'assurer une défense aérienne de zone là où le porte-avions ne serait pas présent avec une telle organisation : dans une France avec un seul porte-avions, ce n'est pas un cas improbable. Aussi, ce serait se priver de moyens de peser sur une coalition car le navire de défense aérienne a du poids car tout le monde ne peut pas diriger un réseau. Enfin, embarquer le PAAMS à bord du porte-avions, ce serait complexifier un navire qui est déjà bien coûteux.

 

La seconde question est toute aussi épineuse. En réalité, elle repose sur l'hypothèse que le porte-avions peut être coulé. Pendant la seconde guerre mondiale, la majeure partie des porte-avions de la Royal Navy furent coulés dans les premiers engagements. C'était souvent en raison de déficiences dans la protection de ceux-ci, que ce soit à quai ou en opérations. Aujourd'hui, si le porte-avions est atteint, c'est que l'escorte a échoué, et qu'elle pourrait donc suivre son funeste sort.
Autre chose : si les senseurs de la défense antimissile balistique sont installés à bord du porte-avions, et que celui-ci disparaît ou est mis hors de combat, alors l'interception de missiles balistiques ne sera plus assurée. Cela est un problème quand la contribution navale à la DAMB aurait pour rôle de défendre un territoire. Sinon, à l'heure actuelle, il n'est toujours pas démontré qu'un missile balistique (non-nucléarisé) puisse détruire un navire en mouvement.

Une solution contre la montée aux extrêmes des tonnages et des coûts ?

 

Confier les senseurs de veille aérienne, voir aérospatiale dans le cadre de la DAMB, au porte-avions, c'est peut être, aussi, tenter d'endiguer la montée aux extrêmes des coûts pour les navires de défense aérienne. Les frégates Horizon ont coûté 800 millions d'euros à l'unité à leur construction4. Ce coût pourraît être majoré avec d'éventuelles capacités DAMB.

Aux Etats-Unis, la recherche de la défense aérienne à très longue portée (via les sytèmes RIM-8 Talos et RIM-50 Typhon) s'est presque toujours raduite par des navires de fort tonnage (du niveau du croiseur léger, au moins), ou nucléraires. Le porte-avions dispose d'ores et déjà de cette puissance, et ce, sans surcoût pour la construction de la Flotte. L'installation de nouveaux radars se ferait à la marge, et ne nécessiterait pas la construction de nouveaux navires.

 

Ainsi, ce basculement des coûts de la frégate de défense aérienne au porte-avions permettrait même de financer le second porte-avions. En prenant l'hypothèse d'un escorteur de défense aérienne avec un simple radar multifonctions, et dont la mission est de coordonner l'interceptions de missiles et aéronefs par des missiles, alors il ne s'agirait que de frégates ASM sur lesquels on aurait installé le PAAMS. Aussi, il ne serait pas nécessaire de construire deux "frégates DAMB" car les radars seraient installés sur le Charles de Gaulle, et le PAAMS mis à jour.

Il y aurait donc 1500 millions d'euros d'économiser, moins l'installation des radars sur le PAN, et la mise à niveau du PAAMS. Le raisonnement est le même pour la mise à niveau des Horizon.

 

La situation permettrait aussi de se concentrer sur l'emport de missiles à bord des frégates.
 

In fine, s'il s'agissait de préparer la construction de quatre navires de défense aérienne, alors leur coût serait moindre que les Horizon, et il serait, peut-être, possible de financer le PA2 via ce basculement de senseurs d'un navire à l'autre.

Situation paradoxale car l'Exécutif et le Législatif affirment que le second porte-avions ne sera mis sur cale que si les conditions économiques et financières le permettent (livres blancs de 1994 et 2008 -et tout les rapports et autres bonnes déclarations). Finalement, il est possible de trouver une somme de 1800 millions d'euros à répartir autrement, et d'avoir une réserve de bonnes intentions pour lancer la construction d'un navire qui, rappelons-le, coûterait 2 ou 3 Rafale par année budgétaire sur dix ans.

Trois ou quatre porte-avions ?

 

Ce qui gêne dans l'argumentaire, c'est de ne pas y avoir trouvé le moyen de construire trois ou quatre porte-avions.

Trop ? Il y a peu de lignes, ce n'était pas possible de construire le second, qui est pourtant indispensable, alors que les financements existent, manifestement. Si jamais tout le raisonnement précédent, qui consiste à placer les senseurs de veille aérienne à longue et très longue portée à bord du porte-avions, est défendable, alors, pourquoi ne pas imaginer une Flotte où il n'y aurait plus que quatre frégates de coordination de la défense aérienne, en sus de frégates ASM "croiseurisées" ? Il n'y aurait vraiment plus qu'une seule classe de frégates, avec une sous-classe pour s'adapter à quelques particularités. Il ne serait plus question des coûts d'adaptation de la FREMM à la défense aérienne, mais des coûts d'installation du PAAMS à bord de quatre FREMM. Ce n'est pas du tout la même chose. L'effet de série reviendrait.

 

Peut-être que le porte-avions doit devenir le pion central de la défense aérienne de la Flotte à longue et très longue portée.

 

 


 

1 A noter que les cuirassés Richelieu et Jean Bart ne reçurent pas de tels senseurs, et ils restèrent pourtant en service. Ils ne servirent pas non-plus dans des missions antinavire ou d'action vers la terre. 
2 Les Horizon développent une puissance de 64 MW, quand ce sont 32 MW développés par les FREMM.

3 Il avait été proposé que les Tinconderoga, les Arleigh Burke et les Zumwalt soient à propulsion nucléaires.

4 Le programme FREMM, et ses 17 frégates, était évalué à 6,5 milliards d'euros en 2005 : 382 millions d'euros le navire (hors-taxes ? Avec ou sans études ? Armés ?). Le programme a bondu à 710 millions d'euros l'unité pour 11 navires (rapport de la Cour des comptes de 2010), avec l'inclusion de l'armement et du MCO.

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 11:37
DAMB de territoire : les coûts des intercepteurs de la bulle de défense aérospatiale

photo Armée de l'Air

 

20.04.2012 par Le Fauteuil de Colbert

 

Ce billet se propose de présenter les intercepteurs d'une défense anti-missile balistique de territoire. Il ne s'agit donc que des missiles, rien ne sera dit sur les radars ou sur l'alerte avancée.
 

La défense antimissile balistique de théâtre existe donc en France : ce sont les systèmes SAMP/T (Mamba) de l'Armée de l'Air. Ceux-ci permettent d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1000 km. Ou plutôt, il faudrait dire qu'ils peuvent intercepter des missiles balistiques dont vitesse en phase terminale (après la rentrée dans l'atmosphère) ne dépasse pas la vitesse de l'intercepteur : l'Aster 30, soit Mach 4.5 après trois secondes de vol.

Il est possible de se donner une idée des vitesses de ces missiles à travers ce tableau qui présente les vitesses des missiles à la fin de leur phase propulsée (avant l'entrée dans l'espace), en fonciton de leur portée, et de la trajectoire empruntée (à énergie minimale dans celui-ci).

 

Tout est affaire de vitesse. La portée du missile balistique détermine sa vitesse, et il y a deux grands cas de figure à prendre en compte :

  • plus la portée est grande, plus la vitesse terminale de la charge de l'engin porteur le sera ;
  • l'utilisateur du missile peut sacrifier une partie de la portée pratique. C'est-à-dire que, au lieu d'utiliser une trajectoire à énergie minimale pour obtenir la plus grande portée, l'utilisateur pourrait choisir une trajectoire en cloche qui permettra d'augmenter significativement la vitesse de la charge du missile. C'est le principe des Iskander Russes, notamment.

Ainsi, un système anti-missile peut être magnifiquement manoeuvré par son assaillant en choisissant un autre programme de vol. La trajectoire en cloche présente l'inconvénient d'exposer plus longuement le missile aux moyens de détection de l'alerte avancée. Mais, après la détection, il faut bien tenter d'intercepter.

 

Si la DAMB de théâtre vise à contrer une attaque de certaines roquettes de gros calibre, ou de missiles balistiques tactiques comme les Scud (souvenir de la Guerre du Golf), la DAMB de territoire ambitionne d'intercepter des missiles balistiques à longue portée, donc plus rapide.

La défense antimissile balistique de territoire, ou ABM en américain, est un changement de monde dans le même théâtre. Il s'agit d'intercepter d'autres missiles balistiques (MRBM, IRBM, ICBM) depuis un réseau de radars et d'intercepteurs sur un théâtre. Ainsi, la portée des Aster 30 est de 100 km, et celle des intercepteurs du THAAD de 200km. S'il est possible d'intercepter plus de types de missiles balistiques, la bulle de défense aérienne évolue verticalement, mais pas horizontalement. C'est-à-dire que la DAMB de territoire nécessite un réseau dirigé contre les sources de menaces, ou tout azimut, pour vraiment défendre un territoire... sauf si la taille de ce territoire correspond à la bulle de défense aérienne mise en oeuvre : certains Etats du Golf rentrent très bien dans une telle bulle.

 

Pour en revenir aux problèmes liés à l'interception de missiles balistiques, il faut soulever le problème de la vitesse de l'engin, et aussi de son altitude d'interception. Raison pour laquelle il faut parler de défense multicouche dans le cadre d'une DAMB élargie à des menaces "stratégiques".

 

Ainsi, à partir des MRBM (voir tableau de l'article), il faudrait plutôt rechercher une interception du missile assaillant dans l'espace exo-atmosphérique (à partir de 120 km d'altitude). C'est en raison du fait que la phase balistique est potentiellement la plus longue du vol (10 à 20 minutes selon la portée), compartivement aux phases propulsée et de rentrée atmosphérique. Ces dernières se comptent en secondes. L'avantage de l'interception dans l'espace est que la trajectoire est képlérienne, et donc prédictible. En outre, la signature infrarouge de l'assaillant est bien plus aisée à repérer dans l'espace, plutôt que dans les couches de l'atmosphère. Ceci est la plus haute couche du système.

 

Les systèmes d'interception de missiles balistiques -que l'on pourrait qualifier de tactiques- comme le SAMP/T ou le Patriot PAC-3, permettent de couvrir la menace de missiles balistiques ayant une portée (et donc la vitesse associée) de 1000 km (cas français). Néanmoins, il convient de bien garder à l'esprit que le plafond pratique de ces systèmes (même pour l'américain) est de 20 à 24 km d'altitude.

 

Entre les deux couches, il y a un monde car l'Aster 30 ne va pas au-delà de son plafond pratique, et l'intercepteur exo-atmosphérique SM-3 ne commence sa mission qu'à partir de 120 km d'altitutde.

 

Les Etats-Unis ont conçu le THAAD pour investir cette couche. Le système tire une première munition qui tente d'intercepter le missile à partir de 150km d'altitude. Si la première rate, une seconde peut être tirée pour intercepter l'assaillant entre 20 et 90km. Ce système terrestre couple un intercepteur exo-atmosphérique (de "faible" altitude comparativement au SM-3 qui grimpe jusque 250 km) avec un intercepteur haut endo-atmoshérique (qui intercepte entre 20 et 90 km d'altitude).


L'interception en haut endo-atmosphérique est réputée comme étant très difficile car ces couches de l'atmosphère ne sont pas des milieux propices à un auto-directeur à infrarouge, et la durée de la phase de rentrée atmosphérique est très courte (une vingtaine de secondes).

Quoi qu'il en soit, pour se donner le maximum de chances d'intercepter l'assaillant, et couvrir toutes les menaces, il faut pouvoir disposer d'une gamme complète d'intercepteurs. Il en découle, forcément, que ces intercepteurs doivent cohabiter dans la même bulle pour répondre à ces menaces.

 

La configuration américaine est intéressante car elle couvre :

  • le bas endo-atmosphérique : de 0 à 24km d'altitude (PAC-3),
  • le haut endo-atmosphérique : de 20 à 90 km d'altitude (THAAD),
  • l'exo-atmosphérique : de 120 à 250km d'altitude (SM-3, et le GBI dans une configuration différente).

A noter que cette bulle a un rayon horizontale de 200 km (THAAD et PAC-3) à 500 km (SM-3).

Dès lors, quid du cas français ? Nous ne disposons que de l'interception en bas endo-atmosphérique. Si nous voulions couvrir "toutes" les menaces, alors il faudrait développer de nouveaux intercepteurs, et améliorer les existants :

  • Aster Block 1 NT : le changement d'auto-directeur permettrait aux systèmes existants d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1500 km (et la vitesse associée). Le coût de cette amélioration serait de 30 millions d'euros (R&D incluse) ;
  • Aster Block 2 : il s'agirait de couvrir le haut endo-atmosphérique, à l'instar du THAAD américain. Dans le colloque sur la contribution navale à la DAMB, les industriels imaginaient couvrir de 30 à 60km d'altitude. Les coûts du développement et de l'achat des missiles serait de 1700 millions d'euros.
  • Exoguard : la France se doterait d'un engin similaire au SM-3 américain. Le programme d'études amont est estimé à 225 millions d'euros hors-taxes. Le coût total pour 32 engins serait de 1770 millions d'euros.

Au final, la facture pour le développement, l'amélioration et le déploiment des nouveaux intercepteurs se monte à 3500 millions d'euros, soit le coût d'un très beau porte-avions (de 50 000 tonnes avec trois réacteurs nucléaires ?). Et encore une fois, il ne s'agit "que" des intercepteurs. 

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