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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 07:55
Le démonstrateur Neuron développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dassault Aviation

Le démonstrateur Neuron développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dassault Aviation

31/05/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, veut sortir "d'une impasse opérationnelle et industrielle" dans le domaine des drones. C'est pour cela qu'il est près de commander des drones de surveillance américain Reaper aux Etats-Unis. A plus long terme, le ministre veut être "au rendez-vous" des drones de combat, qui complèteront ou remplaceront les avions de combat.

 

Les drones sont un dossier qui titille le ministre de la Défense. Au point que Jean-Yves Le Drian s'est senti obligé une nouvelle fois de s'expliquer sur ce dossier brûlant en publiant ce vendredi une tribune dans "Les Echos" titrée "Pourquoi l'armée française a un besoin urgent de drones". Un exercice dans lequel Jean-Yves Le Drian justifie l'achat de drones MALE (Moyenne altitude Longue endurance) vraisemblablement américain par "le temps" qui "presse". "Notre besoin en drones nous impose d'être pragmatiques, et c'est bien ma démarche. Ministre de la Défense, c'est ma responsabilité et j'entends l'assumer", écrit-il dans le quotidien économique. Car souligne-t-il, il faut "sortir d'une impasse opérationnelle et industrielle pour enfin doter la France de drones, pièces maîtresses du renseignement et de la guerre de demain".

 

Ainsi, Jean-Yves Le Drian affirme que "la situation immédiate au Sahel (conflit au Mali avec possible extension au Niger, ndlr) me conduit à lancer l'acquisition d'un équipement existant, parce que nous ne pouvons plus attendre. Devant nous, deux possibilités : le Héron-TP réalisé en Israël et le Reaper produit aux Etats-Unis. De nombreuses actions ont été initiées avec ces deux pays. A très court terme, la piste américaine est la plus prometteuse, avec la perspective d'une première livraison de deux drones d'ici à la fin de cette année. Quelle autre option nous donnerait davantage satisfaction ? Comment, après tant de tergiversations, ne pas saisir l'occasion qui se présente la première ?". Et de rappeler que "l'ensemble de la communauté de défense, le ministère autant que l'industrie, a manqué le virage de ce type d'équipement".

 

Un équipement indispensable pour les conflits d'aujourd'hui et de demain

 

Le ministre de la Défense rappelle à raison que les drones MALE (reconnaissance et surveillance) sont indispensables. "Depuis un an, sur tous les théâtres d'opération majeurs, les situations concrètes ont confirmé le sentiment que nous avions : la France doit disposer de drones de surveillance pour conduire ses opérations, protéger ses militaires, les aider à contrôler de vastes espaces et parer d'éventuelles attaques ennemies", explique-t-il. Et de préciser que "le désengagement d'Afghanistan a largement reposé sur des drones dits « tactiques » (à savoir des DRAC français, des drones appartenant d'autres nations ainsi que l'appui de Predator, ndlr). Ils nous avaient manqué à Uzbeen en 2008 (lors d'une embuscade menée par des combattants talibans qui avait coûté la vie à 10 "Marsouins" -  8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine - sur le col d'Uzbeen lors d'une patrouille menée par un centaine d'hommes - Français, Afghans et Américains - de la Force internationale d'assistance et de sécurité, ndlr). Mis en oeuvre par l'armée de terre l'an dernier, ils ont permis de sécuriser les convois tout au long de leur déplacement vers Kaboul. Mais ces équipements, provisoires et insuffisants, doivent être remplacés par des systèmes plus modernes". Notamment par des drones anglo-israéliens Watchkeeper, sous la maîtrise d'oeuvre de Thales UK et actuellement testés par l'armée de terre française.

 

C'est aujourd'hui le cas aussi au Mali. "Ce territoire, grand comme 2,5 fois la France, rend indispensable le déploiement de drones MALE qui, avec la discrétion qui s'impose, sont en mesure de parcourir de longues distances et d'observer de larges espaces pendant plus de vingt heures", explique Jean-Yves Le Drian. mais regrette-t-il, "aujourd'hui, la France continue à utiliser deux systèmes que l'on disait intérimaires au moment de leur lancement, en 2003 (SIDM Harfang - un drone MALE d'EADS - et SDTI - un drone tactique de Safran, ndlr). Le provisoire est devenu permanent. Dix ans ont passé; nous n'avons pas progressé. Nous en sommes à espérer que nos deux systèmes encore opérationnels ne subissent pas d'incident majeur, et à compter sur la solidarité de nos alliés dans un domaine majeur pour notre souveraineté, celui du renseignement, sans lequel il n'est pas d'action libre ni sûre".

 

Ne pas rater le rendez-vous des drones de combat

 

Pour l'avenir, le ministre a assuré que les mesures nécessaires seront prises. "L'urgence ne doit pas faire obstacle à l'avenir. C'est pourquoi j'ai proposé à nos partenaires européens, dans le domaine des drones MALE, de nous regrouper, pour partager nos expériences et nos capacités, et impliquer nos industries dans la mise au point de ces équipements pour nos propres besoins. Cette ambition est d'ores et déjà en chantier". Effectivement une coopération a été conclue dans le domaine des drones avec la Grande-Bretagne, qui utilise déjà des Reaper, dans le cadre des accords de Lancaster House. C'est notamment vrai sur les drones tactiques (Watchkeeper). Au-delà, la France et la Grande-Bretagne travaillent à définir à l'horizon 2020 un drone MALE européen pouvant équiper la France et la Grande-Bretagne mais aussi l'Allemagne et l'Italie.

 

Mais à plus long terme Jean-Yves Le Drian pense au drone de combat, "qui, à l'horizon 2030, viendront compléter voire remplacer nos flottes d'avions de chasse". "Ce rendez-vous, nous ne le manquerons pas, assuré le ministre. L'industrie française et européenne est à la pointe de cette technologie, comme l'a démontré le premier vol du drone NEURON (développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dasssault Aviation, ndlr) à la fin de l'année 2012. Elle doit le demeurer, et nous lui consacrerons à cette fin les moyens nécessaires". Dont acte.

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 12:55
MQ-9 Reaper taxis Afghanistan photo Staff Sgt. Brian Ferguson US Air Force

MQ-9 Reaper taxis Afghanistan photo Staff Sgt. Brian Ferguson US Air Force

31/05 Jean-Yves Le Drian est ministre de la Défense. - Les Echos

 

Les drones défraient la chronique depuis plusieurs années. Malgré des préconisations répétées depuis 1999, leur poids dans les investissements du ministère de la Défense est resté limité. Aujourd’hui, les décisions prises par le président Hollande à l’occasion de la publication du Livre blanc permettent de préciser notre stratégie : sortir d’une impasse opérationnelle et industrielle pour enfin doter la France de drones, pièces maîtresses du renseignement et de la guerre de demain.

 

Depuis un an, sur tous les théâtres d’opération majeurs, les situations ­concrètes ont confirmé le sentiment que nous avions : la France doit disposer de drones de surveillance pour conduire ses opérations, protéger ses militaires, les aider à contrôler de vastes espaces et parer d’éventuelles attaques ennemies.

 

Le désengagement d’Afghanistan, que j’ai conduit à la demande du président de la République, a largement reposé sur des drones dits « tactiques ». Mis en œuvre par l’armée de terre l’an dernier, ils ont permis de sécuriser les convois tout au long de leur déplacement vers Kaboul. Mais ces équipements, provi­soires et insuffisants, doivent être ­remplacés par des systèmes plus modernes.

 

Même constat au Mali. Ce territoire, grand comme 2,5 fois la France, rend indispensable le déploiement de drones de moyenne altitude longue endurance (Male) qui, avec la discrétion qui s’impose, sont en mesure de parcourir de longues distances et d’observer de larges espaces pendant plus de vingt heures.

 

Or, nous constatons que l’ensemble de la communauté de défense, le ministère autant que l’industrie, a manqué le virage de ce type d’équipement. Et ce qui est vrai en France l’est aussi en Europe. Aujourd’hui, la France continue à utiliser deux systèmes que l’on disait intérimaires au moment de leur lancement, en 2003. Le provisoire est devenu permanent. Dix ans ont passé ; nous n’avons pas progressé. Nous en sommes à espérer que nos deux systèmes encore opérationnels ne subissent pas d’incident majeur et à compter sur la solidarité de nos alliés dans un domaine majeur pour notre souveraineté, celui du renseignement, sans lequel il n’est pas d’action libre ni sûre.

 

Le temps presse. Notre besoin en drones nous impose d’être pragmatiques, et c’est bien ma démarche. Ministre de la Défense, c’est ma responsabilité et j’entends l’assumer.

 

Dès le mois de juillet 2012, j’ai signé avec mon homologue britannique, ­Philip Hammond, un partenariat autour du drone Watchkeeper de Thales.

 

Pour les mêmes raisons, la situation immédiate au Sahel me conduit à ­lancer l’acquisition d’un équipement existant, parce que nous ne pouvons plus attendre. Devant nous, deux possibilités : le Héron-TP réalisé en Israël et le Reaper produit aux Etats-Unis. A très court terme, la piste américaine est la plus prometteuse, avec la perspective d’une première livraison de deux ­drones d’ici à la fin de cette année. Comment, après tant de tergiversations, ne pas ­saisir l’occasion qui se présente la ­première ?

 

Pour autant, l’urgence ne doit pas faire obstacle à l’avenir. C’est pourquoi j’ai proposé à nos partenaires européens, toujours dans le domaine des drones Male, de nous regrouper, pour partager nos expériences et nos capacités, et impliquer nos industries dans la mise au point de ces équipements pour nos propres besoins. Cette ambition est d’ores et déjà en chantier.

Le premier vol du demonstrateur neuron - Rafale photo Dassault Aviation 01.12.2012

Le premier vol du demonstrateur neuron - Rafale photo Dassault Aviation 01.12.2012

Enfin il y a le plus long terme, avec le champ des drones de combat qui, à l’horizon 2030, viendront compléter, voire remplacer nos flottes d’avions de chasse. Ce rendez-vous, nous ne le manquerons pas. L’industrie française et européenne est à la pointe de cette ­technologie, comme l’a démontré le premier vol du drone Neuron au début de cette année. Elle doit le demeurer et nous lui consacrerons à cette fin les moyens nécessaires.

 

Il y a un an, les drones étaient pour nos armées une question sans réponse. Aujourd’hui, nous avons une stratégie d’ensemble, une première réponse forte, et j’entends m’y tenir.

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 22:29
Patrouille mixte entre un Rafale Marine et un Rafale Air

Patrouille mixte entre un Rafale Marine et un Rafale Air

30/05/2013 Armée de l'air

 

Du 21 au 31 mai 2013, de nombreuses unités de l’armée de l’air sont engagées dans l’entraînement Air Defense Week mis en œuvre en 2013 par la marine nationale depuis la base de l’aéronautique navale de Landivisiau.

 

Un entraînement interarmées et interalliés

 

Aux côtés des nombreux moyens de la Marine nationale et de l’armée de terre, l'armée de l'air mobilise, depuis leurs bases aériennes de stationnement, une dizaine d’appareils: un Rafale bi-place de l'escadron de chasse 1/91 «Gascogne», un Rafale C de l'escadron de chasse 1/7 «Provence», un Rafale C de l'escadron de chasse 2/30 «Normandie-Niemen», un Mirage F1, un C160 Transall, un C130 Hercules et des ravitailleurs C135. Des éléments des forces suisses et britanniques sont également insérés au dispositif global.

 

Entraînement centré sur la défense aérienne, la maîtrise de l’espace, la détection et l’attaque de navires, Air Defense Week permet d’éprouver la coordination et l’interopérabilité des forces et des équipements, dans un environnement totalement interarmées et interalliés.

 

Témoignage d'un pilote de Rafale Air

 

«Durant Air Defense Week, j’ai pu participer à une patrouille mixte, également appelée MFFO (Mixed Fighter Forces Operation), explique le capitaine P., pilote au 1/91 «Gascogne». Aux côtés de Rafale Marine, notre rôle consistait à assurer la défense aérienne d’un élément précis, en l’occurrence d’un navire. Pour cet exercice mené par la marine nationale, nous avons coordonné notre action commune grâce aux moyens de communications que nous partageons. Nous sommes habitués à travailler ensemble. Nous évoluons selon les mêmes modes opératoires et partageons un socle commun de compétences. Cela s’est notamment illustré au cours de missions conjointes, menées lors de l’opération Harmattan au-dessus de la Libye. Par ailleurs, la transformation des pilotes de Rafale Air et Marine s’effectue depuis plusieurs années au sein de l’escadron de transformation Rafale 2/92 "Gascogne" à Saint-Dizier.» 

 

Plus d’informations sur Air Defense Week sur le site de la marine nationale

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 10:55
Drones : l'histoire d'un incroyable fiasco français

 

30/05/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Guerre entre industriels, indécision de la France et de l'Allemagne, multiplication d'accords non respectés... Trois raisons qui ont cloué au sol tous les projets de drones de reconnaissance et de surveillance (MALE) en France. Industriels et responsables politiques se partagent les responsabilités de cet incroyable fiasco. Au final, Paris va acheter des drones américains Predator Reaper. Récit.

 

Difficile de mieux résumer un fiasco politique, industriel et militaire d'une telle envergure : "La France a raté le rendez-vous des drones (...) ce qui est invraisemblable pour une nation qui a un savoir faire technologique, aéronautique, électronique considérable avec des entreprises majeures qui étaient en situation de pouvoir le faire", a ainsi reconnu il y a une dizaine de jours le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. On croirait presque à un coup monté, tant les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) ont savamment sabordé depuis le début des années 2000 tous les projets de programmes de développement d'une arme qui, au fil des conflits, est pourtant devenue indispensable aux armées modernes dans le ciel de tous les théâtres d'opérations.

 

Comment la France a-t-elle pu manquer à ce point le virage des drones alors que bien rares sont les pays qui disposent d'autant de compétences grâce aux Dassault Aviation, EADS, Safran et autres Thales pour créer une filière industrielle solide? Au final,  la France, pourtant si fière de son autonomie stratégique en matière militaire, est contrainte aujourd'hui de quémander aux Etats-Unis des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), les fameux Reaper (faucheuse en français).

 

Un programme mal né dès 2004

 

Tout commence véritablement en 2004. Par un exploit. Mais un exploit qui fragilisera dès le départ le projet de drone EuroMale (ancêtre du Talarion) mal né, qui ira de déboires en déboires. Lors du salon de l'armement terrrestre Eurosatory en juin 2004, la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, force Dassault Aviation, qui s'était pourtant allié avec Sagem (depuis Safran), et EADS à former un partenariat contre-nature dans les drones. Le groupe européen monte à bord du démonstrateur de drone de combat Ucav (avion sans pilote), le Neuron lancé un an avant et piloté par Dassault Aviation. En contrepartie, EADS doit accepter l'arrivée de Dassault Aviation, qui traîne des pieds, dans le programme EuroMale.

 

Les deux électroniciens, Thales et Sagem sont également conviés pour se partager un budget de 300 millions d'euros. Un drone MALE qui doit voler en 2008. C'est un peu le "Yalta" des drones, qui se fait aux dépens de Thales, qui avait pourtant un accord de co-maîtrise d'oeuvre avec EADS. En outre, l'électronicien devra repousser à l'automne une opération de rachat inamicale par le groupe franco-allemand... allié à Dassault Aviation. Bref, le programme EuroMale regroupe des entreprises, qui ne s'aiment pas et ne s'accordent aucune confiance. Mais pour Michèle Alliot-Marie, alors très optimiste, EADS et Dassault ont "signé un accord fondateur sur les drones, Male et Ucav, qui préfigure l'avenir de l'industrie européenne des avions militaires, de combat et de reconnaissance". A voir...

 

Après l'enthousiasme des signatures, EADS rencontre très vite des difficultés à fédérer autour de lui un projet européen de drone d'observation. Les pays européens, notamment l'Allemagne, sont déjà en panne de budget et rechignent à passer à la caisse. Pourtant, le ticket de lancement est estimé à 340 millions d'euros, une goutte d'eau pour un projet en partenariat.

 

Problème financier, mais pas seulement. Berlin renacle car le projet, tel qu'il est configuré par les Français, ne correspond pas à ses besoins opérationnels identifiés. La Bundeswehr, son armée, veut un drone de reconnaissance quand la France n'en a pas besoin grâce son système RECO-NG, qui équipe ses avions. Fin 2005, le constat est clair : premier échec pour EADS. Seule l'Espagne souhaite monter à bord de l'EuroMale en y apportant 40 millions d'euros. La France est quant à elle prête à financer à hauteur de 75 millions d'euros, EADS apportant enfin 100 millions en autofinancement. Pas assez pour lancer le programme.

 

La guerre des drones aura bien lieu

 

Si le programme EuroMale a du plomb dans l'aile, EADS ne joue pas non plus réellement franc-jeu avec Dassault Aviation sur le Neuron. A la grande surprise de l'avionneur tricolore à l'été 2005, le groupe européen travaille sur un projet de démonstrateur d'Ucav concurrent du Neuron, le Barracuda. Un peu plus d'un an après la signature, le "Yalta" des drones vole en éclat. D'autant que la guerre va s'intensifier début 2006, en coulisse entre les trois grands du secteur de la défense en France, EADS, Thales et Dassault Aviation.

 

Après avoir été sélectionné par le MoD (ministère de la Défense) britannique pour fournir un drone tactique Watchkeeper, Thales se sent pousser des ailes en France et veut sa revanche sur EADS. Sentant son rival dans une impasse, l'électronicien n'hésite pas à chasser sur le pré carré du groupe européen en faisant une offre non sollicitée à la DGA. Il propose une version francisée du programme britannique Watchkeeper. Ce programme présente "une alternative fonctionnelle beaucoup plus intéressante aux projets de drones de reconnaissance à l'étude en France", estime alors le PDG de Thales, Denis Ranque. Sans succès en dépit du prix attractif du programme.

 

EADS est dans l'impasse et l'avoue même publiquement en juin 2006 lors du salon d'Eurosatory. "Nous sommes dans une impasse alors que nous avons un projet et déjà réalisé des investissements", regrette alors le patron de la division défense d'EADS, Stefan Zoller. Ce constat pousse le groupe européen à changer son projet EuroMale en proposant une plate-forme européenne (via son projet développé sur fonds propres Barracuda) pour satisfaire les exigences de la DGA, qui souhaite avoir une maîtrise européenne totale sur cette technologie.

 

Du coup, EADS est contraint de mettre sur la touche son partenaire israélien IAI, qui devait lui fournir la plate-forme Eagle 2 pour EuroMale. La DGA, qui a toujours soutenu un programme en coopération, maintient la confiance à EADS en dépit des proposition de Thales. En juin, un accord semble se dessiner "à condition d'un coût acceptable". EADS, qui a déjà perdu plus de 120 millions d'euros sur ce projet, persévère. Un drone MALE est désormais attendu en 2013-2014.

 

Dassault Aviation quitte le projet

 

Il faudra attendre un an de plus pour que le projet aboutisse dans la douleur. A l'automne 2006, EADS remet tant bien que mal un projet de drone européen de surveillance, et non plus d'observation. Un compromis entre les besoins opérationnels français (observation) et allemand (reconnaissance) pour faire monter Berlin dans le programme. Soutenu par Michèle Alliot-Marie, EADS négocie alors avec trois pays européens - Allemagne, France et Espagne - le lancement d'un programme nouvellement baptisé Advanced UAV. Exit EuroMale.

 

Ce nouveau projet réduit à la portion congrue la charge de Dassault Aviation. Furieux, le patron de l'avionneur, Charles Edelstenne, refuse de poursuivre avec EADS. L'alliance, qui préfigurait "l'avenir de l'industrie européenne des avions militaires, de combat et de reconnaissance" est bel et bien cassée.

 

Au début de l'année 2007, la guerre des drones s'intensifie. Thales et Dassault Aviation, qui a dû mal à digérer ses démêlés avec EADS, proposent à la DGA au printemps deux projets de drone, l'un à court terme pour satisfaire les besoins opérationnels de l'armée française, et l'autre à long terme, qui serait le concurrent de l'Advanced UAV. En vain. La DGA maintient sa confiance à EADS. Et tord le bras à Thales pour qu'il reste dans l'Advanced UAV et surtout qu'il ne fasse pas capoter le programme. La ministre de la défense aurait eu recours à la pression sur d'autres programmes en cours de discussions entre la DGA et Thales, explique-t-on alors dans les milieux de la défense. Ce qui ravit EADS, où on explique que Thales a été "remis à son rang d'équipementier, son rôle normal dans les systèmes".

 

Dassault Aviation lance un projet de drone MALE concurrent

 

A la veille du salon aéronautique du Bourget, en juin 2007, Charles Edelstenne ne décolère pas sur le dossier drone Male. "Le budget français, déjà contraint, va servir à dupliquer hors de France des compétences qui existent déjà en France, explique-t-il alors lors d'une conférence de presse. Je le déplore et les leçons des programmes en coopération ne sont pas apprises". Et le PDG de Dassault Aviation annonce avoir conclu une coopération sur un drone MALE avec Thales qui, lui, reste plutôt discret sur ce projet.

 

Et pour cause... On apprendra plus tard que Dassault Aviation et Thales ont remis en novembre une proposition non sollicitée engageante pour fournir à la France un système de drones de surveillance, élaboré à partir d'une plate-forme israélienne (Heron TP fabriqué par IAI), qui pourrait être livré dès 2012, voire 2013. L'espagnol Indra rejoindra le programme, qui sera dévoilé avec beaucoup de jubilation à la presse par Charles Edelstenne en juin 2008.

 

EADS, qui a le soutien de la DGA depuis quatre ans, a quant à lui enfin son projet et ses contributeurs, Allemagne, Espagne et France. Le groupe européen propose de reprendre dans son projet de drone MALE les technologies développées par le biais du démonstrateur allemand Barracuda. Le projet d'EADS prévoit de lancer dans un premier temps un drone de surveillance, puis de reconnaissance pour le besoin de l'armée allemande. La signature était attendue au début du salon du Bourget. Mais c'était sans compter sur les lenteurs administratives du ministère de la Défense allemand.

 

Le 22 juin 2007, la DGA publie un communiqué sur une coopération entre la France, l'Allemagne et l'Espagne. Les trois pays "s'accordent sur un arrangement technique pour une phase de réduction de risques d'un Advanced-UAV". Ce qui sera confirmé quelques mois plus trad en décembre avec la notification à EADS par la France, l'Allemagne et l'Espagne d'un contrat d'études de réduction de risques pour l'Advanced UAV, un programme qui pèse 2,8 milliards d'euros, dont environ 1,3 milliard pour le développement partagé à parts égales. Les trois pays ont exprimé un besoin de quinze systèmes (six respectivement pour la France et l'Allemagne, trois pour l'Espagne). Ce drone est désormais attendu à l'horizon 2015 pour équiper les trois armées.

 

Nouveau président de la République, nouvelle donne

 

Avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2007, le projet drone MALE va entrer dans une période de calme plat... qui annoncera de nouvelles de turbulences. Le lancement d'un grand programme de drone européen est désormais suspendu en France aux conclusions du Livre blanc sur la défense, qui ne sera finalement dévoilé qu'en juin 2008. En clair, le besoin opérationnel de ce système devra être démontré par le Livre blanc, puis entériné par le ministère de la Défense. Et ce même si les trois pays partenaires du programme Advanced UAV (Allemagne, Espagne et France) viennent de notifier fin 2007 à EADS en tant que maître d'oeuvre un contrat de réduction de risques d'une durée de quinze mois d'un montant de 60 millions d'euros (20 millions par pays). Pour autant, le programme drone tombe un peu dans l'oubli des décideurs politiques. Plus personne ne semble pressé.

 

EADS se rappelle toutefois au bon souvenir du ministère de la Défense lors du salon du Bourget 2009. Le président exécutif du groupe européen, Louis Gallois, un rien requinqué après avoir enfin livré en juin 2008 le drone Male SIDM (intérimaire), rappelle à la France qu'elle "a besoin d'un drone". "Même s'il y a le SIDM (Harfang) qui fonctionne déjà en Afghanistan, il faut d'ores et déjà préparer la génération suivante. Le programme Advanced UAV répond aux besoins européens. Nous souhaitons une décision aussi vite que possible. C'est une coopération européenne qui peut, au-delà de l'Espagne, la France et l'Allemagne, inclure la Turquie". Et d'estimer que l'Advanced UAV devrait être disponible en 2015-2016.

 

Drone de malheur pour EADS

 

Fin 2009, les premières rumeurs sur un lâchage d'EADS commencent à circuler. Le groupe européen est au bord de perdre un contrat estimé à 2,9 milliards d'euros portant sur le développement d'un programme de drone de théâtre Male, rebaptisé Talarion (ex-Advanced UAV) et l'achat des systèmes. « Plus personne n'a envie de le faire », affirme-t-on alors à La Tribune. Pourquoi ? Hors de prix, trop risqué, assurent des sources concordantes. D'autant que la loi de programmation militaire (LPM) n'a prévu sur 2009-2014 que 139 millions d'euros pour le segment Male. Peu, trop peu pour lancer ce programme.

 

Plus tard, le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon, expliquera que "l'opération a été arrêtée parce qu'elle conduisait à un objet trop volumineux qui ne correspondait pas aux besoins de l'armée française. La première partie du travail sur Talarion portait sur la création d'un porteur. Or cette opération, qui aurait été intégralement réalisée en Allemagne, nous aurait conduits jusqu'en 2017. Se posait aussi la question de la participation de notre industrie à la réalisation des capteurs. Nous n'avons donc pas poursuivi cette opération. Cela n'a d'ailleurs laissé aucune séquelle dans les relations entre l'Allemagne et la France".

 

EADS est encore dans le flou début 2010 même si le groupe pressent certaines menaces. Si l'Allemagne, la France et l'Espagne ne passent pas de commandes fermes pour cet avion sans pilote d'ici à l'été, "nous devrons geler ce programme", déclare en janvier 2010 au Financial Times Deutschland, le responsable de la branche défense d'EADS, Stefan Zoller, qui entretient de très mauvais rapport avec la France, notamment la DGA, ainsi qu'avec Dassault Aviation.

 

Le patron d'EADS Défense a sa part de responsabilité dans le fiasco du Talarion. "Il n'a jamais voulu écouter le client français", explique-t-on à "La Tribune". C'est d'ailleurs, à cette époque qu'une option américaine (Predator Reaper) est pour la première fois envisagée par Paris. En juin 2010, le ministre de la Défense, Hervé Morin, confirme à "La Tribune" que la France regarde bien le programme Predator.  "J'ai appelé Robert Gates pour lui demander d'accueillir Laurent Collet-Billon chez General Atomics afin que ce groupe puisse répondre aux questions que nous nous posons. Nous avons déjà acheté aux Américains des matériels stratégiques comme les avions Awacs ou les Hawkeye. Il faut arriver à concilier les besoins opérationnels, les moyens budgétaires fixés par la LPM et la volonté de soutenir l'industrie française. Encore une fois, il s'agit d'explorer toutes les options possibles et d'en écarter aucune".

 

Nicolas Sarkozy siffle la fin de la partie

 

Le changement de cap de Paris est dicté par la crise financière qui fait des ravages et  impacte  les budgets, dont celui de la défense. Surtout, cette décision brise les derniers espoirs d'EADS de lancer le Talarion. La DGA, furieuse de sa coopération avec EADS, en rajoute au coeur de l'été une louche sur les déboires du programme Talarion : "la problématique du drone MALE est simple, la première proposition française est à 1,5 milliard d'euros alors que le drone Predator américain coûterait autour de 700 millions d'euros. Il me semble qu'il y a une contradiction pour un industriel (EADS, Ndlr) à demander à l'État de l'aider à exporter ses matériels et, dans le même temps, de lui proposer d'acheter un produit qui coûte 800 millions d'euros de plus qu'un produit étranger concurrent".

 

Quatre solutions alternatives sont alors envisagées : l'achat de drones américains Predator, une offre commune de Dassault Aviation et Thales, ou de Dassault avec IAI sur la base des Harfang, ainsi qu'une éventuelle coopération entre Dassault Aviation et les Britanniques avec le Telemos. En novembre 2010, la France et le Royaume-Uni annoncent un appel d'offre de drones en 2011 pour une livraison entre 2015 et 2020, suivi d'un projet de recherche commun à partir de 2012 pour créer un drone nouvelle génération après 2030.

 

Au début de l'année 2011, la messe est dite pour EADS, qui continuera pourtant à se battre pour imposer sa solution. A raison car entre Londres et Paris, les relations sont tout aussi compliqués qu'entre Berlin et Paris sur les drones. Au Bourget 2011, les Britanniques ont d'ailleurs salement cassé l'ambiance en demandant pratiquement la veille de l'inauguration du salon à Nicolas Sarkozy de ne pas mentionner la concrétisation de leur alliance. Ce qui a enlevé à ce dernier le plaisir d'annoncer une avancée notoire de l'axe franco-britannique dans un domaine de la défense, le point fort de son discours. Pourtant, une dizaine de jours avant le Bourget, le ministre de la Défense britannique, Liam Fox, avait donné son accord à son homologue français Gérard Longuet. Mais Liam Fox n'avait pas le feu vert du Chancelier de l'Échiquier, qui ne dispose pas des budgets pour lancer le programme de drone Telemos (surveillance et reconnaissance) . Londres ne voulait pas d'une crise ministérielle ouverte.

 

Ce n'est en juillet 2011 que la France choisit officiellement l'industriel qui fabriquera le drone MALE intérimaire. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, décide lors du Comité ministériel d'investissement (CMI) l'entrée en négociations avec Dassault Aviation. L'avionneur devra fournir aux armées françaises en 2014 un système de drones, baptisé Voltigeur, selon le communiqué du ministère de la Défense. Un choix qui devrait permettre à l'avionneur "de commencer à structurer une filière industrielle en préparation du futur système de drone Male franco-britannique". Dans la foulée, Israël Aerospace Industries (IAI) vend à la France la plate-forme Héron TP, qui sera francisée par Dassault Aviation, pour environ 500 millions de dollars, selon des responsables d'IAI. Une décision beaucoup trop tardive : le programme ne sera pas sécurisé au moment de la prochaine élection présidentielle.

 

Le nouveau ministre Jean-Yves Le Drian rebat à nouveau les cartes

 

En février 2012, Cassidian est tout prêt de jeter l'éponge et annonce son intention de mettre fin au programme Talarion, après avoir échoué dans l'obtention d'un soutien financier des acheteurs potentiels. Mais nouveau coup de théâtre. Le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, décide lors de sa première conférence de presse une "remise à plat" du dossier sur les drones. Il doit "avant le 14 juillet" confirmer ou changer d'orientation la politique en la matière. Un énième stop and go.

 

Mais en juillet, point de décision. De nouvelles rumeurs remettent en piste l'idée de l'achat du drone américain Predator Reaper. Jean-Yves Le Drian, semble effectivement s'acheminer vers un achat américain, ce qui serait dans son esprit une solution intérimaire. "Il n'y a pas actuellement d'offre nationale ou européenne disponible sur le marché en matière de drones. Il faut faire des choix et préparer des alternatives, avec des perspectives européennes", a-t-il expliqué lors de l'été 2012 aux députés de la commission de la défense. Jean-Yves Le Drian prépare déjà les esprits à un achat sur étagère de drones américains.

 

Paris et Berlin se rapprochent

 

Pour EADS, cela marque la fin de l'histoire du Talarion. Fin juillet, le groupe européen annonce que le programme, n'ayant trouvé aucun acheteur ferme, est abandonné. Il est même présenté comme European UAS sur le site de la société et lors de salons. EADS, qui a perdu beaucoup d'argent sur ce projet, peut encore espérer faire fructifier les compétences acquises lors du développement du Talarion. Notamment dans le cadre de la coopération franco-allemande initiée en septembre 2012 par Paris et Berlin.

 

Les deux capitales se sont mises d'accord sur un "ensemble commun de besoins opérationnels clés" dans le domaine du drone Male. Les deux nations évalueront la possibilité d'une coopération opérationnelle comme étape intermédiaire. La France et l'Allemagne s'efforceront d'harmoniser les structures et les processus nécessaires afin de permettre aux deux pays de lancer la réalisation de ce projet. De son côté, Paris veillera à ce que ce travail soit pleinement cohérent avec les engagements pris entre la France et le Royaume-Uni sur ce sujet dans le cadre du traité de Lancaster House. Ils ont également pour objectif "d'approfondir les possibilités d'une coopération européenne", selon le communiqué du ministère de la Défense.

 

Dans une interview accordée en septembre à La Tribune, le secrétaire d'Etat à la Défense allemand, Stéphane Beemelmans, explique la portée de cet accord : "nous allons étudier les possibilités de réalisation d'un drone commun sur la base de spécifications militaires communes. L'idée est d'avoir un drone disponible à l'horizon 2020-2023. Deuxième nouveau volet, nous voulons étudier la création d'une unité franco-allemande de drones qui couvrirait la période intermédiaire jusqu'en 2022/2023, et qui mettrait en commun les travaux effectués sur les drones jusqu'ici, et se poursuivrait probablement après l'entrée en service d'un nouveau drone commun".

 

Discussions entre les Etats-Unis et la France

 

Dans le même temps, la France se rapproche des Etats-Unis pour une éventuelle acquisition de Reaper. "Le ministère de la Défense a entamé à cette fin des discussions informelles avec l'industriel américain General Atomics, fabricant du fameux drone, a expliqué en octobre Laurent Collet-Billon aux députés de la commission de la défense de l'Assemblée nationale. Si nous voulons doter nos forces très rapidement de moyens opérationnels, la seule source, ce sont les Etats-Unis, avec tous les inconvénients connus, notamment en matière de maîtrise des logiciels et de certains capteurs".

 

Le Royaume-Uni et l'Italie possèdent déjà des drones de General Atomics. L'Allemagne a déposé en janvier 2012 une demande de FMS - Foreign Military Sale - pour l'acquisition de Reaper. "L'Allemagne et la France ont du reste engagé une réflexion, en cohérence avec nos travaux avec le Royaume-Uni, sur la possibilité d'entreprendre en commun une démarche d'européanisation des équipements et, progressivement, du drone", rappelle à l'automne 2012 Laurent Collet-Billon.

 

Des Reaper dans l'armée de l'air française

 

Quel drone MALE équipera l'armée de l'air française et surtout quand pourra-t-elle les avoir ? Car le temps presse. Un contrat semble proche. L'armée de l'air en a besoin très rapidement pour le Mali en complément des deux vieux-jeunes drones Harfang d'EADS (drones francisés à partir d'une plate-forme israélienne Heron développée par IAI au début des années 90) mise en service seulement en juin 2008. Une plate-forme déjà dépassée en raison des atermoiements du ministère de la Défense, puis du retard du programme qui devait être livré initialement en 2003. "Les drones de surveillance, Harfang et SDTI, sont aujourd'hui frappés d'obsolescence", a reconnu publiquement la semaine dernière le ministère de la Défense.

 

La France est donc aujourd'hui pris au piège de son indécision. Car l'armée de l'air veut disposer avant la fin de l'année de ce type de matériels que les industriels français n'ont évidemment pas aujourd'hui en catalogue. Et pour avoir des Reaper opérationnels avant la fin de l'année, Paris ne pourra compter que sur des matériels... non francisés. Donc sous le contrôle de Washington, qui autorisera ou non certaines missions. "La nécessité d'une acquisition à brève échéance et d'une utilisation opérationnelle immédiates sont confirmées pour la surveillance et l'observation de la bande sahélienne et ne permettent pas le développement d'un nouveau programme", a expliqué le ministère de la Défense. Selon nos informations, la France devrait recevoir avant la fin de l'année deux drones Reaper et une station de contrôle au sol pour les employer au Mali. Le contrat pourrait être signé de façon imminente. Pour le ministère de la défense, cela ne fait aucun doute. Et peu importe si les Etats-Unis auront un oeil sur ce que font les Français. "C'est déjà le cas avec les Awacs (les avions radars français, ndlr), non ?", rappelle une source proche du dossier.

 

En outre, "dans les réflexions, il est apparu nécessaire de franciser la charge utile (les liaisons de données et les capteurs spécifiques)", a précisé l'hôtel de Brienne. Mais ce ne sera que dans un deuxième temps avec l'achat d'un second lot : au total, la France pourrait acheter quatre Predator Reaper. Car il faut en moyenne entre deux et quatre ans pour franciser les Reaper (capteurs, et liaisons satellitaires notamment), selon le degré de francisation. Soit au mieux en 2015 si Paris obtient le feu vert du Congrès américain cette année, voire début 2014.

 

Dassault et EADS prêts à coopérer

 

Aujourd'hui, Dassault Aviation et EADS sont prêts à coopérer, explique-t-on à La Tribune. Le départ de Stefan Zoller du groupe européen a semble-t-il pacifié quelque peu leurs relations houleuses. "Si une demande existait, il n'y aurait pas de problème pour faire un drone entre les industriels. Bae Systems, EADS et Dassault pourraient trouver un terrain d'entente dès lors que les pays auraient émis un besoin commun", a récemment assuré le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, soulignant que les industriels discutaient déjà entre eux. Il a souligné que, sur ce point, aucun besoin n'a pour l'heure été défini. "Je n'ai pas vu de besoins communs exprimés vers nous (industriels) qui couvrent les besoins allemands, français et britanniques. Cette demande n'existe pas", a-t-il commenté. Le patron de Cassidian, Bernhard Gerwert, a assuré mi-mai de son côté que "nous avons besoin d'un programme de drones armés, pour que l'Europe s'affranchisse des Américains et des Israéliens. Si nous ne le lançons pas, c'est mort pour nous".

 

Pour l'heure, les deux industriels, Dassault Aviation et EADS, lorgnent la francisation des drones que va acheter la France. Le patron d'EADS, Tom Enders, a confirmé en mars dernier son intérêt pour les opérations de francisation du drone américain Reaper si la France validait cette option. Nous avons fait savoir au gouvernement français que nous étions intéressés par la francisation de ce drone, a-t-il expliqué aux sénateurs. Le groupe européen a déjà francisé les drones Harfang (plate-forme israélienne Eagle One). C'est le cas également d'Eric Trappier a indiqué supposer "une certaine francisation" des drones qui seront achetés, "c'est-à-dire avec une capacité d'être opérés de France et en France pour les problèmes de fréquences" aériennes. Il a rappelé que Dassault Aviation avait déjà travaillé avec les Israéliens sur le drone Heron TP et était capable de le franciser. "Cette offre avait été discutée à une certaine époque et est toujours valide", a-t-il fait valoir.

 

Jean-Yves Le Drian à la manoeuvre

 

Jean-Yves Le Drian est prêt à emprunter cette voix... mais dans un second temps. Il y a une dizaine de jours au "Grand rendez-vous Europe1-Itélé-Le Parisien, il a justifié l'achat par la France de deux drones aux Etats-Unis en expliquant que la France avait "raté le rendez-vous des drones" et confirmé des discussions également avec Israël pour l'achat d'autres appareils. La France doit notamment acheter deux drones de surveillance Reaper aux USA pour une livraison avant la fin 2013 afin de soutenir ses opérations au Mali. "La France a regardé chez les deux pays proposant des solutions MALE sur le marché, les Etats-Unis, avec le drone Reaper, et Israël avec le Heron-TP. La discussion est plus avancée du côté américain, dans la mesure où le drone Reaper semble répondre plus immédiatement aux principaux besoins français", a confirmé le minsitère de la Défense.

 

Interrogé sur le nombre de drones que la France comptait acquérir, le ministre n'a pas souhaité répondre. "Il nous en faut quelques uns mais je ne vais pas livrer ici les discussions que nous avons avec les uns et les autres. Dans le livre blanc de la Défense, on en annonce douze", a-t-il rappelé en précisant qu'il s'agissait de drones d'observation mais pas armés. Le Livre blanc fixe une cible à 30 drones tactiques et 12 drones MALE. "Seulement, il n'y en a pas" de disponible tout de suite, a-t-il regretté. "Alors qu'est-ce-qu'on fait ? On attend que peut-être un jour certains industriels décideront d'agir d'ensemble pour le produire ? Mais ça sera quand ? Dans dix ans. Mais il y a une urgence et j'assume cette responsabilité", a lancé le ministre de la Défense tout en précisant qu'il s'agit pour la France d'une solution provisoire.

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 10:55
The Rafale (photo S. Fort)

The Rafale (photo S. Fort)

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 07:56
François Hollande favorable à des alliances industrielles européennes

24 mai 2013 Par Hassan Meddah - Usinenouvelle.com

 

ANALYSE  Le président de la République veut faire évoluer les participations de l’Etat dans les groupes de défense français et favoriser des regroupements à l’échelle européenne.

 

A l’occasion de son discours à l’Institut des hautes études de Défense nationale, François Hollande chef des armées, a tenu à rassurer la communauté militaro-industrielle sans cacher toutefois sa volonté d’impulser de grands changements. D’une part, le chef de l’état s’est dit en effet bien décidé à "préserver notre industrie de Défense". Pour cela, le pays maintiendra le niveau du budget de la Défense à 31,4 milliards d’euros en 2014 comme en 2012 et 2013 et également celui de l’effort en recherche et développement. Il a également affirmé qu’"aucun grand programme (Rafale, hélicoptère d’attaque Tigre et de transport NH90, sous-marins Barracuda et système Félin d’équipement du fantassin, ndlr) ne serait arrêté". Les industriels craignent toutefois une réduction du volume des commandes ou leur étalement dans le temps.

 

"Des champions européens"

 

D’autre part, le chef de l’Etat n’a pas caché son objectif de restructurer en profondeur le tissu industriel français. "Les participations de l’Etat doivent évoluer. Des alliances industrielles doivent être conclues à l’échelle européenne. (…) C’est un enjeu de compétitivité. (…) Il faut être capable sur les principaux domaines de l’industrie de défense d’avoir des champions européens. C’est déterminant", a-t-il insisté sans préciser de calendrier. A la fois actionnaire stratégique (direct ou indirect) et premier client des groupes de Défense (Dassault Aviation, DCNS, EADS, MBDA, Nexter, Safran, Thales…), l’Etat veut désormais enclencher une restructuration industrielle d’ampleur. L’exécution de cet objectif ne sera pas simple toutefois. En avril dernier, la Cour des comptes avait critiqué son action en tant qu’actionnaire des principaux groupes de défense hexagonaux. En 2010, dans un souci de rationalisation, l’Etat avait alors été incapable d’imposer un rapprochement majeur entre Thales et Safran, deux entreprises pourtant sous son contrôle. Les alliances européennes qui nécessiteront l’accord des autres Etats s’annoncent encore plus complexes à mettre en œuvre.

 

"Chacun veut prendre la place principale"

 

L’échec retentissant de la fusion entre EADS et le britannique BAE, en octobre 2012, qui aurait donné naissance au premier groupe mondial de défense et d’aéronautique, a été dû en partie au véto de la chancelière Angela Merkel qui craignait des restructurations trop brutales en Allemagne. François Hollande est bien conscient des écueils qui l’attendent, déjà dans le domaine de la coopération au niveau des Etats eux même : "Chacun veut prendre la place principale, ce qui rend difficile la solution". Toutefois, il tient à ouvrir une nouvelle étape de l’Europe de la Défense. Le contexte économique de récession pourrait être son premier atout : contraints d’optimiser leur budget de Défense, les pays européens risquent le décrochage par rapport aux autres puissances étrangères. Ainsi les dépenses militaires de la région Asie-Pacifique viennent de dépasser celles du vieux continent.

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 11:55
François Hollande pour une nouvelle étape de l'Europe de défense

24/05/2013 capital.fr (Reuters)

 

François Hollande a affirmé vendredi sa volonté d'ouvrir une nouvelle étape de l'Europe de la défense pour mutualiser les moyens dans un contexte de restrictions budgétaires, processus qu'il entend nourrir de propositions avant la fin de l'année.

 

Sur fond de menaces terroristes persistantes, Paris souhaite élargir ses coopérations au-delà de son lien traditionnel avec le Royaume-Uni, l'autre puissance nucléaire européenne, qui envisage les coopérations de défense de manière bilatérale.

photo EDA 2013

photo EDA 2013

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a mis l'Europe de la défense au menu du sommet de décembre, une initiative saluée à Paris, qui voit d'un bon oeil l'ouverture à une coopération avec des pays de l'Est comme la Pologne.

 

"La France veut ouvrir une nouvelle étape de l'Europe de la défense", a déclaré le président français à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

 

"La nécessité partagée de redresser nos finances publiques nous invite à mutualiser des capacités, à prendre davantage d'initiatives et à nous appuyer sur les matériels fabriqués en coopération, en tenant compte des savoir-faire de chacun".

 

"APPÉTENCE NOUVELLE"

 

François Hollande appelle de ses voeux une coopération renforcée avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne mais aussi les pays du groupe de Visegrad, qui regroupe Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque.

 

"L'Europe de la défense, ça doit être l'Europe tout entière, y compris celle qui était hier de l'autre coté", a-t-il dit.

 

Son entourage dit constater à cet égard "une appétence nouvelle en la matière de la part des instances bruxelloises et un intérêt plus fort de nos partenaires pour coopérer".

 

Alors que la France a réintégré en 2009 le commandement intégré de l'Alliance atlantique, après plus de 40 ans d'absence, Paris évoque une "maturation" des pays de l'Est "à l'idée qu'un système européen n'est pas antagoniste avec une appartenance à l'Otan" et "une Allemagne plus ouverte" en matière de coopération de défense.

 

"Notre approche est pragmatique, réaliste, basée sur des données objectives pour une coopération au meilleur coût", ajoute-t-on de source diplomatique française. "La défense européenne ne sera ni contre, ni sans les Etats-Unis".

 

Devant un parterre de spécialistes réunis à l'IHEDN, François Hollande a expliqué les efforts demandés à l'armée, un mois après la remise du Livre Blanc pour la période 2014-2019.

 

Le président a confirmé les 24.000 nouvelles suppressions de postes dans les armées d'ici à 2019, soit près de 10% des effectifs, ainsi que le maintien "à son niveau actuel" de l'effort de défense, soit un budget 2014 de 31,4 milliards d'euros "exactement le même montant qu'en 2012 et en 2013".

 

La loi de programmation militaire pour 2014-2019 doit être présentée en conseil des ministres fin juillet et votée au Parlement d'ici la fin de l'année.

 

A un an des élections municipales, le chef de l'Etat s'est dit attentif au maintien des sites d'implantation militaire.

 

"J'ai demandé qu'une attention particulière soit portée pour que nous puissions maintenir une présence partout sur le territoire et éviter des fermetures de site. Mais je suis attentif à ce qu'en Outre-Mer, nous puissions également assurer notre présence", a-t-il souligné.

 

DISSUASION

 

Le Livre blanc affirme la volonté de protéger le secteur industriel, qui représente 4.000 entreprises, emploie 165.000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de près de 15 milliards d'euros.

François Hollande pour une nouvelle étape de l'Europe de défense

François Hollande a évoqué un ajustement des équipements "à la réalité des menaces d'aujourd'hui et de demain".

François Hollande pour une nouvelle étape de l'Europe de défense

Il a évoqué la commande, "trop longtemps différée", de "drones de surveillance et de combat", d'avions de transport A400M et de ravitaillement en vol MRTT, de frégates multirôles Fremm, de véhicules blindés VBMR et de missiles anti-navires légers, en coopération avec les Britanniques.

François Hollande pour une nouvelle étape de l'Europe de défense

Pas question non plus de freiner les programmes en cours concernant les avions de combat Rafale, les hélicoptères d'attaque Tigre et de transport NH90, les sous-marins Barracuda.

 

En matière de dissuasion, le président a dit son souhait d'en conserver les deux composantes, océanique et aéroportée, et rappelé que 11% du budget annuel de la défense y était consacré.

 

"Est-ce trop dépenser pour sanctuariser la sécurité du pays ? Je ne le pense pas", a-t-il affirmé.

François Hollande pour une nouvelle étape de l'Europe de défense

Le président a souligné que le récent échec de l'essai d'un missile M51, dont les causes sont à l'étude, ne devait pas faire oublier les cinq essais antérieurs réalisés avec succès.

Edité par Yves Clarisse

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 06:00
Le drone de surveillance Predator B MQ-9 Reaper fabriqué par l'américain General Atomics. L'Hexagone pourrait acquérir d'ici à la fin de l'année deux de ces appareils pour des missions de renseignement. - photo General Atomics Aeronautical Systems

Le drone de surveillance Predator B MQ-9 Reaper fabriqué par l'américain General Atomics. L'Hexagone pourrait acquérir d'ici à la fin de l'année deux de ces appareils pour des missions de renseignement. - photo General Atomics Aeronautical Systems

21/07 par Yann VERDO - lesechos.fr

 

La France va acheter deux drones américains de surveillance. Jean-Yves Le Drian estime que la France a raté le rendez-vous des avions sans pilote.

 

Le pays du Rafale a-t-il raté le rendez-vous des drones, ces avions sans pilote dont l'usage a changé l'art de la guerre ? C'est du moins ce que pense le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui l'a déclaré sans ambages ce week-end au « Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé-"Le Parisien" ».

 

Le ministre, qui avait rencontré son homologue américain, Chuck Hagel, vendredi à Washington, a confirmé être entré en négociations avec le Pentagone pour l'achat de deux drones de surveillance « Reaper » fabriqués par l'entreprise américaine General Atomics. Ces deux appareils devraient être livrés non armés à la France d'ici à la fin de l'année et seraient aussitôt déployés au Mali pour des missions de renseignement exclusivement, mais les experts soulignent qu'ils pourraient être aisément transformés en drones tueurs par la suite.

 

Le ministre a également confirmé que des négociations parallèles étaient en cours avec Israël, le seul autre pays construisant des drones avec les Etats-Unis. Il n'a pas précisé le nombre d'avions sans pilote dont l'armée française souhaiterait rapidement se doter auprès des deux puissances étrangères. Dans un récent Livre blanc, il était recommandé que la France, qui dispose actuellement de 4 drones d'observation, porte rapidement le nombre de ces engins à douze.

 

L'opération « Harmattan » engagée il y a deux ans en Libye et celle actuellement en cours au Mali ont clairement montré que l'armée française était dépendante des renseignements récoltés par les drones américains. La faute d'un virage stratégique mal négocié dans les années 1990, notamment en raison d'un manque de coopération sur ce sujet entre les industriels français. Résultat : ni Dassault Aviation ni EADS ne fabrique aujourd'hui leurs propres drones. Ceux utilisés actuellement au Mali ont été simplement adaptés aux besoins de l'armée française par EADS à partir de drones acquis dans les années 1990 auprès de l'armée israélienne.

 

Une solution d'urgence

 

Dans ce contexte, la commande passée auprès du Pentagone et celle en discussion avec Tel-Aviv apparaissent donc comme une solution d'urgence. Une position d'ailleurs pleinement assumée par Jean-Yves Le Drian qui a déclaré que Paris ne pouvait se permettre d'attendre dix ans de plus que nos champions industriels se décident enfin à agir ensemble. Et qui a mis publiquement la pression sur les dirigeants des groupes concernés pour qu'ils oublient leurs rivalités et travaillent de concert sur ce dossier. « Il faut aujourd'hui que, sur notre demande, les industriels français et européens se mettent en relation pour élaborer ce que pourra être demain le drone de nouvelle génération », a déclaré Jean-Yves Le Drian, ajoutant que celui-ci ne devrait pas être uniquement français mais franco-germano-britannique.

 

Aux Etats-Unis, première puissance militaire au monde, les drones ont changé le visage de la guerre. Soit grâce aux renseignements qu'ils permettent de collecter en zone ennemie, soit du fait de leur usage pour les « assassinats ciblés » de dirigeants d'Al-Qaida ou d'autres mouvements terroristes. Chaque mardi, Barack Obama rencontre ses experts du contre-terrorisme pour réviser la « kill list ». Seul le Congrès est informé des frappes effectuées, mais les observateurs indépendants estiment que le nombre d'activistes ainsi éliminés au Pakistan et au Yemen s'est fortement accru depuis 2009, date de l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama.

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 05:55
Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a déploré lundi l'achat par la France de deux drones de surveillance américains, soulignant que les industriels européens, disposant de la technologie, attendent toujours le lancement d'un programme européen. - photo EDA 2013

Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a déploré lundi l'achat par la France de deux drones de surveillance américains, soulignant que les industriels européens, disposant de la technologie, attendent toujours le lancement d'un programme européen. - photo EDA 2013

20.05.2013, Le Parisien (AFP)

 

L'achat de drones américains par l'armée française ne satisfait pas du tout le groupe Dassault Aviation. Son PDG, Eric Trappier, l'a fait savoir lundi, soulignant que les industriels européens, disposant de la technologie, attendent toujours le lancement d'une coopération européenne. «Nous sommes inquiets. Voir acheter des drones américains sans avoir, au même moment, un réel lancement de programme franco-britannique ou franco-allemand, cela ne peut pas nous réjouir», a-t-il déclaré en marge du salon de l'aviation d'affaires Ebace, à Genève (Suisse).

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a justifié dimanche l'achat par la de deux drones de surveillance aux Etats-Unis en expliquant que la avait «raté le rendez-vous des drones» et confirmé des discussions avec Israël pour l'achat d'autres appareils. Le ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité de «se préparer à construire au niveau européen des drones d'une nouvelle génération susceptibles d'être les remplaçants des drones» qui sont sur le point d'être achetés.

«Bae Systems, et Dassault pourraient trouver un terrain d'entente»

Eric Trappier a souligné que, sur ce point, aucun besoin n'a pour l'heure été défini. «Je n'ai pas vu de besoins communs exprimés vers nous (industriels) qui couvrent les besoins allemands, français et britanniques. Cette demande n'existe pas», a-t-il commenté. «Si elle existait, il n'y aurait pas de problème pour faire un drone entre les industriels. Bae Systems, EADS et Dassault pourraient trouver un terrain d'entente dès lors que les pays auraient émis un besoin commun», a-t-il assuré.

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 07:55
photo Livefist

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May 13, 2013 idrw.org (PTI)

 

France cuts Rafale purchase, no export customer yet for the Rs. 1390cr aircraft.Dassault Aviation, the French maker of Rafale fighter jet which is in exclusive negotiations with the Indian ministry of defence for the $12 billion Medium Multi-Role Combat Aircraft (MMRCA) tender is facing rough weather at home.

 

In the latest strategic defence review carried out under the insistence of the French government, last month, France has capped the purchase of Rafale fighter jets to 225. Originally, the Rafale programme envisaged production of 320 aircraft for the French government but this was cut to 286 later and now to 225. Till date, only 180 of them have been ordered; all of them by France. The company is yet to find an export customer for its front-line fighter jet.

 

As a result, the cost of Rafale to France has climbed steadily. The French Senate assessment of the 2013 national defence budget pegs the total cost of the Rafale programme, including development expenses, to the French exchequer at €44.2 billion. Dividing the total programme cost with number of aircraft to be built i.e. 225 gives a per aircraft cost of €196.4 million or approx. Rs. 1,390 crore at today’s exchange rate.

 

A cut to Rafale numbers for France poses a challenge to Dassault’s military business which is mainly dependent on Rafale sales.

 

Given the situation, bagging MMRCA, which envisages purchase of 126 aircraft with an option for buying 63 more, is critical for Dassault. However, contrary to initial expectations of a quick contract signature, Dassault-MoD negotiations have dragged on for over a year.

 

As reported by FE earlier, cost has been an issue since the start besides the company’s reluctance to transfer sophisticated technology to India and meet offsets requirements. In the last few months, questions have been raised by Dassault regarding the role of Hindustan Aeronautics Limited (HAL) in the MMRCA. Moreover, the French company is unwilling to be held liable for the quality, timely and on-cost delivery of the 108 aircraft to be license produced at HAL. This is in breach of tender conditions and has emerged as a major threat to speedy contract conclusion.

 

Sources FE spoke to said: “Given the slow pace of negotiations it looks increasingly likely that MMRCA will spill over to the next government.” But, Dassault CEO Eric Trappier is optimistic. Reportedly, Trappier said: “I hope 2013 should be the year.”

 

As things stand, for Trappier’s wish to come true, either Dassault will have to give in to India’s demands which it has resisted until now or the Indian side will have to relax its tender criteria. Currently, both look unlikely. Given Dassault’s financial situation the company cannot afford any business risk. Whereas, enhanced scrutiny of defence deals in a season ridden with corruption scandals precludes Indian negotiators from extending any concessions.

 

In this case, the French company will have to do something special. Eyes are on the Paris Air Show which opens 17th of June at Le Bourget in France. Dassault is expected to lay out a red carpet for the Indian delegation. However, in what could come as a dampener to the French company, rumours in the defence ministry corridors suggest that given the sensitive phase of negotiations, the ministry is expected to tone down this year’s participation at the show.

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 14:35
photo Livefist

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May 7, 2013 defense-aerospace.com

(Source: Express News Service; published May 7, 2013)

 

Impossible to Set Time Frame for MMRCA Deal: Antony

 

NEW DELHI --- Union Defence Minister A K Antony on Monday said it was not possible to set a time frame for signing the much-awaited deal for the Medium Multi Role Combat Aircraft (MMRCA) with French company Dassault Aviation.

 

The contract, said to be worth nearly Rs 1 lakh crore, is still at the negotiation stage, a year-and-a-half after the French firm emerged as the lowest bidder in the tender which was floated in August 2007.

 

“Given the complexity of the proposal, no definite time frame can be fixed at this stage (for signing the deal),” Antony said in a written reply in Parliament.

 

“The proposal for procurement of the 126 Medium Multi Role Combat Aircraft is currently at the stage of commercial discussions with the L1 vendor, Dassault Aviation and hence the terms and conditions for purchase including the delivery schedule are yet to be finalised,” he said.

 

However, the Defence Minister pointed out that the Request for Proposal–defence parlance for a commercial tender – stipulated that the delivery of the 18 flyaway aircraft should take place between the third and fourth years after the signing of the contract. The manufacturing of the remaining 108 fighters under licence from Dassault will take place here from the 4th to the 11th year after the signing of the contract.

 

Dassault has offered its Rafale combat planes to India under the Request for Proposal and it had beaten the European consortium EADS Cassidian, which had offered its Eurofighter Typhoon plane, in the last stage of the tendering process in January 2012. The two firms had been down-selected by the Indian Air Force after intense flight and weapons trials in which the US aircraft – Lockheed Martin’s F-16 and Boeing’s F/A-18 – Russian United Aircraft Corporation’s MiG-35 and Swedish Saab’s Gripen were eliminated from the competition in April 2011.

 

Meanwhile, the Army is planning to procure 100 self-propelled artillery howitzers and three Indian vendors, including two private companies, have been selected for trial of their equipment, A K Antony told the Lok Sabha on Monday.

 

In a written reply to the lower house of Parliament, the Defence Ministry also said the recent amendment to Defence Procurement Procedure-2011 aims at giving higher preference to indigenous capacity in the defence sector.

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 12:55
credits DGA Com

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01 mai 2013 Par Elodie Vallerey - Usinenouvelle.com

 

Pour le PDG de Dassault Aviation, la possible organisation d’élections générales anticipées en Inde ne constitue pas une menace pour l’avancement des négociations exclusives entre l’avionneur français et le gouvernement de New Delhi.

Dans sa course de fond pour convaincre l’Inde d’acheter 126 exemplaires de son avion de combat omnirôle Rafale, Dassault Aviation entre dans une phase cruciale. Celle de l’endurance longue, comme l’appellent les marathoniens. Les négociations, même exclusives entre New Delhi et l’avionneur de Saint-Cloud, prennent depuis quelques semaines un goût plus âpre.

De l’aveu d’Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, les discussions sont récemment devenues plus lourdes entre Paris et New Delhi. Le nœud du problème ? L’implementation en Inde de l’assemblage du chasseur.

Une vingtaine de salariés de Dassault mobilisés en Inde

 

On le sait, le groupe aéronautique public Hindustan Aeronautics Ltd (HAL) exige l’assemblage sur le sol indien de 108 appareils sur les 126 prévus par le deal. Les indispensables transferts de technologie entre Dassault et l’industriel local sont encore en cours de négociation.

Et, avec eux, la question du partage des responsabilités concernant les Rafale assemblés par HAL. Dassault Aviation n’entend pas assumer la responsabilité de ces appareils, alors que l’indien exige pour sa part des garanties. Après une entente sur le transfert de technologies, ce point constitue aujourd’hui le tropisme des discussions franco-indiennes.

Pour parvenir à signer ce contrat historique, Dassault Aviation est en ordre de bataille. Vingt à trente salariés opérationnels de l’avionneur sont mobilisés en Inde, multipliant les allers et retours entre Paris et New Delhi, jouant les émissaires auprès des commissions concernées, négociant chaque détail avec HAL.

En marge des festivités organisées par Dassault pour le cinquantenaire de sa famille de jets d'affaires Falcon, Eric Trappier l’a assuré, des élections générales anticipées ne changeraient pas la donne à ce stade des négociations. Côté indien, les médias et commentateurs ne cessent pourtant de rappeler que si elles sont avancées à novembre prochain au lieu du printemps 2014, les négociations avec Dassault pourraient être encore prolongées. Sans parler d'une remise en cause pure et simple de l'appel d'offres remporté par l'industriel français en cas de victoire d'une nouvelle majorité politique.

Arrivé deuxième lors de la compétition MRCA pour l'équipement de l'armée de l'air indienne, le chasseur multirôle Eurofighter Typhoon du consortium BAE-EADS-Alenia reste en embuscade en cas de faux-pas de son concurrent français.

La signature du contrat avec l'Inde est devenue capitale pour Dassault Aviation, qui peine à écouler son chasseur à l'export. Et même en France, les réductions successives des budgets militaires imposent une stagnation des commandes de Rafale. Dans son Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale dévoilé le 29 avril, l'exécutif évoque "225 avions de combat (air et marine)" dans son modèle d'armée, suggérant que le ministère de la Défense ne débloquera pas de crédits pour aller au-delà des 180 Rafale déjà commandés à Dassault.

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 12:50
Avant d'évoluer sur Rafale, le capitaine Matt Johnstone était pilote de Typhoon au 11th Squadron. Depuis le 1er avril 2013, le capitaine Johnstone a intégré le 2/30 « Normandie-Niemen »

Avant d'évoluer sur Rafale, le capitaine Matt Johnstone était pilote de Typhoon au 11th Squadron. Depuis le 1er avril 2013, le capitaine Johnstone a intégré le 2/30 « Normandie-Niemen »

 

 

03/05/2013 Ltt Alexandra Lesur-Tambuté - Armée de l'air

 

Le Flight Lieutenant Matt Johnstone, pilote de Typhoon, est devenu le premier pilote étranger sur Rafale. Le 1eravril 2013, il a rejoint officiellement son escadron d’appartenance, le 2/30« Normandie-Niemen », sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. L’occasion de revenir sur son parcours et sur ses prochaines années au sein de l’armée de l’air française.

 

Mon capitaine, pouvez-vous nous rappeler votre parcours au sein de la Royal Air Force ?

 

Le capitaine Matt Johnstone – Je me suis engagé en 2002. Dès lors, je suis allé à Cranwel pendant 6 mois, l’équivalent de l’École de l’air à Salon-de-Provence. Puis, j’ai entamé ma formation de pilote à Linton-on-Ouse sur Tucano pendant un an, et à l’issue, six mois à Valley, sur Hawk. Ces deux étapes correspondent aux formations que les pilotes français réalisent à Cognac et à Tours. Pendant les trois années qui ont suivies, j’ai été moniteur sur Tucano, à Linton-on-Ouse, avant d’intégrer, en mai 2009, un escadron Typhoon, le 11th Squadron. J’ai finalement répondu à une prospection pour être le premier pilote étranger en échange sur Rafale. Lorsque j’ai été sélectionné, j’ai étudié six mois la langue française.

 

Comment s’est passée votre intégration ainsi que votre formation au sein de l’armée de l’air française ?

 

En arrivant en France, j’ai dans un premier temps passé une semaine à Mont-de-Marsan dans mon futur escadron d’appartenance, le 2/30 « Normandie-Niemen ». Puis, j’ai commencé la phase de transformation. Tout d’abord à Dijon, pendant trois semaines, j’ai réalisé des vols de familiarisation en place arrière sur Alphajet, avec l’escadron d’entraînement 2/2 « Côte d’Or ». J’ai suivi le 2/2 lors d’un entraînement à Solenzara, pour une campagne de tir. Un premier moment qui m’a donné l’opportunité de me mélanger avec les pilotes du 2/30 « Normandie-Niemen » qui participaient aussi à cet exercice. Ensuite, je suis retourné un mois à Mont-de-Marsan, à l’ETIS (escadron technique d’instruction au sol) où j’ai suivi des cours théoriques. Pendant trois mois, j’ai continué ma formation à Saint-Dizier, plus précisément à l’escadron de transformation Rafale (ETR), le temps d’être opérationnel. J’ai alors réalisé mon « lâcher», c’est-à-dire mon premier vol en solo à bord d’un Rafale, le 17 janvier 2013, le jour même de mon anniversaire. Depuis le 1eravril, je suis parfaitement intégré au 2/30 « Normandie-Niemen » à Mont-de-Marsan.

 

Justement, cette phase de transformation à Saint-Dizier, pouvez-vous nous en dire davantage ?

 

À l’ETR, tout le monde a été très accueillant. C’était la première fois qu’un étranger réalisait cette phase de transformation. Personne ne pouvait prédire comment cela allait se passer, notamment avec la barrière de la langue qui parfois aurait pu poser quelques difficultés. Finalement, ma période de formation a été semblable à celle d’un pilote français. J’ai effectué trois vols « Fam Day » (de familiarisation) avant d’être « lâcher » seul.  Le personnel m’a offert les meilleures conditions qui soient pour ce premier vol solo.

 

Quelles sont vos impressions par rapport à cette expérience unique concernant l’échange de deux pilotes sur ce type d’aéronef ?

 

Tout d’abord, je m’estime chanceux et privilégié d’avoir été choisi parmi les nombreux volontaires britanniques qui auraient souhaité piloter un Rafale. C’est une expérience enrichissante qui me donne en plus l’opportunité de parler français. Mon intégration au sein de l’armée de l’air française est excellente, j’espère pouvoir jouer un rôle important dans les échanges franco-britanniques. 

 

Que vous inspire votre affectation au sein de l’escadron de chasse 2/30 « Normandie-Niemen » ?

 

J’ai pleinement conscience d’avoir intégré un escadron de chasse prestigieux. Son histoire, ses traditions sont aussi riches qu’importantes. Depuis que je suis en France, je porte sur ma combinaison de vol le patch du « Normandie-Niemen ». Très bientôt, je serai fier de recevoir le patch Rafale du « Neu-Neu ».

Le Flight Lieutenant Matt Johnstone est le premier pilote étranger sur Rafale

Le Flight Lieutenant Matt Johnstone est le premier pilote étranger sur Rafale

Un référent pour le capitaine Matt Johnstone

 

Le lieutenant-colonel François Tricot commande l’escadron de chasse 2/30 « Normandie-Niemen » sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Il vient récemment d’accueillir, au sein de son unité, le capitaine Matt Johstone.  Entretien.

 

Mon colonel, quelles sont les prochaines étapes de l’intégration du capitaine Matt Johnstone au sein du 2/30 « Normandie-Niemen » ?

 

Le lieutenant-colonel François Tricot – Dans un premier temps, le capitaine Matt Johnstone va devoir récupérer sa qualification de sous-chef de patrouille l’équivalent de celle qu’il avait au sein de la Royal Air Force, au 11th Squadron, complétée d’une partie air-sol. Il est performant, brillant et travailleur, il devrait donc la récupérer rapidement. Dès l’année 2014, il suivra l’escadron et participera à de futurs exercices. Nous devons cependant veiller à nous adapter en fonction des opérations en cours, notamment avec Serval, au Mali.

 

Est-ce que vous avez suivi le capitaine Johnstone tout au long de sa formation ?

 

Nous l’avons suivi dès son arrivée en France, le temps de la mise en route. Nous voulions nous assurer que se passait correctement. Nous avons ensuite fait régulièrement des points de situation avec nos homologues de Saint-Dizier, une étape que nous réalisons avec l’ensemble de nos pilotes dès qu’ils intègrent l’escadron de transformation Rafale. Dorénavant, le capitaine Johnstone a intégré le 2/30 « Normandie-Niemen ». Nous allons suivre attentivement la phase de récupération de sa qualification. Tout laisse à croire que cela va très bien se passer. Je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet. Il va réaliser les vols nécessaires pour être à l’aise. 

 

Qu’est ce vous attendez de la part de votre nouvel arrivant ?

 

Je n’attends pas plus de lui que des pilotes français. Nous avons constaté pendant sa formation qu’il était sérieux, volontaire et travailleur. C’est également un bon pilote. En tant que militaire, aviateur et officier, il a de nombreux points communs avec ses homologues français malgré les différences de culture. Rapidement le côté « pilote en échange » va s’estomper et il va trouver sa place de façon naturelle dans l'escadron.

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 13:35
Défense : Bercy promet-il au ministère de la Défense de la monnaie de singe ?

 

23/04/2013 Michel Cabirol – laTribune.fr

 

Lors du conseil de défense portant sur les crédits alloués à la défense sur les six prochaines années, Bercy a fait état de 1,9 milliard d'euros de ressources exceptionnelles pour compléter le budget de 2014 de l'Hôtel de Brienne. Sauf qu'il y a de grandes chances qu'elles ne soient pas au rendez-vous dès 2014.

 

De la monnaie de singe... C'est ce qu'on pense dans les armées quand on évoque les ressources exceptionnelles (REX) sorties du chapeau du ministère du Budget pour tenter de rogner sur les dépenses des armées lors du dernier conseil de défense le 10 avril. Rappel des faits : le Budget souhaite attribuer à la défense en 2014, un budget de 29,5 milliards d'euros et de le compléter si possible avec 1,9 milliard de REX. Pour le ministère de la Défense, qui pensait avoir gagné l'arbitrage du président de la République, la pilule est dure avaler. Car François Hollande a promis le 28 mars de maintenir le budget de la Défense tout au long de la prochaine Loi de programmation militaire (2014-1019) au niveau de celui de 2013. Soit 31,4 milliards d'euros par an. D'où la colère de Jean-Yves Le Drian. "Le ministre était furax", confirme-t-on à La Tribune.

 

Quelles pourraient être les ressources exceptionnelles ? Bercy évoque des cessions immobilières, la vente de nouvelles bandes de fréquences hertziennes, voire des participations dans les entreprises publiques pour abonder le budget 2014. "Tout le défi est de crédibiliser la LPM et de la sincériser", explique-t-on au  ministère de la Défense. Pour autant, ces opérations de cessions seront très difficiles à mener dans un laps de temps aussi rapide. Comme la Cour des comptes a pu le constater par le passé. Cette ressource est "incertaine dans son montant et dans son calendrier de réalisation, faisant peser un risque sur l'exécution de la loi de programmation militaire dès sa construction", avaient estimé les sages de la rue Cambon à propos de la LPM actuelle. La preuve par quatre : les prévisions de la loi de programmation militaire (LPM) prévoyaient 1,64 milliard d'euros en 2009, 1,26 milliard en 2010 et 570 millions en 2011 de ressources exceptionnelles (cessions immobilières et ventes de bandes de fréquences). A l'arrivée, avec l'exécution des bugdets, la défense a pu récupérer seulement 560 millions (contre 1,64 milliard) en 2009, 200 millions (contre 1,26 milliard) en 2010 et 220 millions contre (570 millions) en 2011. Soit à peine 980 millions d'euros contre un montant attendu de 3,47 milliards.

 

Des cessions très tardives de bandes de fréquences

 

La cession des bandes de fréquence hertzienne devait procurer des recettes de 1,45 milliards d'euros entre 2009 et 2011 (600 millions en 2009, 600 millions en 2010 et 250 millions en 2011) : 1,05 milliard de ventes des bandes de fréquence utilisées par les programmes Felin et Rubis et à hauteur de 400 millions d'euros de l'usufruit des satellites Syracuse dans le cadre de l'opération Nectar, abandonnée en mai 2012. Mais, entre 2009 et 2011, seuls 89 millions d'euros de recettes liées à la cession des bandes de fréquence ont pu être utilisés au profit du ministère de la Défense. Soit un écart de 1,35 milliard d'euros par rapport à la prévision de la LPM. "Le retard pris par le processus de cession des bandes de fréquence a conduit à une absence de recettes en 2009 et en 2010", a rappelé dans son rapport la Cour des comptes. Un processus long et complexe qui ne s'improvise pas.

 

En 2011, les premières recettes générées par la vente des bandes de fréquence du système Rubis ont été engrangées pour un montant de 936 millions. Soit un montant supérieur au montant de 450 millions attendu à ce titre par le ministère de la défense. Toutefois, leur arrivée tardive en fin d'exercice n'a permis leur utilisation que d'un montant de 89 millions d'euros au profit du budget de la défense en 2011, l'utilisation du solde de 847 millions ayant été reportée sur 2012. Au premier trimestre 2012, les bandes de fréquence du système Félin ont été cédées pour un montant de 1,42 milliard, également supérieur à la prévision de 600 millions d'euros. Au total, les cessions des bandes de fréquence des systèmes Félin et Rubis ont permis d'engranger une recette totale de 2,356 milliards d'euros, soit un montant très supérieur à la prévision initiale de 1,450 milliard. Dès 2012, la défense a eu l'autorisation de consommer 1,1 milliard d'euros de recettes exceptionnelles.

 

Des recettes immobilières très incertaines

 

Les recettes immobilières devaient rapporter 2,02 milliards d'euros entre 2009 et 2012. L'examen des données d'exécution montre que le montant qui a pu être utilisé au profit de la défense sur la période s'est limité à 894 millions (560 millions en 2009, 204 en 2010 et 130 en 2011). Ce qui a créé un écart de 1,15 milliard par rapport aux prévisions de la LPM. Selon la Cour des comptes, "l'essentiel des recettes attendues doit provenir de la cession des emprises parisiennes du ministère dont l'horizon a été reporté à 2013 et qui demeure incertaine, tant dans son calendrier de réalisation que dans son montanté. Et de rappeler que "les recettes attendues de la cession de l'hôtel de la Marine ne devraient finalement pas être au rendez-vous, ce bien devant finalement être conservé dans le giron de l'Etat". Enfin, concernant les opérations réalisées en province, certaines cessions ont été effectuées à l'euro symbolique, afin de compenser l'impact territorial des restructurations en cours et de prendre en compte les problématiques de dépollution. D'autres sites ne trouvent pas preneur, ce qui oblige le ministère à continuer à les gérer, même s'ils ne sont plus employés. Sans compter que le ministère de la Défense est prié de participer à la politique en faveur du logement social... en donner certaines emprises.

 

Au 31 décembre 2008, le tableau général des propriétés de l'Etat (TGPE) évaluait les biens immobiliers relevant du ministère de la défense (ce qui comprenait encore la gendarmerie, dont les immeubles ont été transférés au ministère de l'intérieur à compter du 1er janvier 2009) à plus de 330.000 hectares de superficie d'emprise, dont plus de 5.400 hectares de superficie utile, pour une valeur de l'ordre de 16 milliards d'euros hors gendarmerie. Selon les comptes de l'Etat pour 2008, le ministère de la défense représente 43 % de la valeur de marché du parc immobilier contrôlé par l'Etat, telle qu'établie par France Domaine, et 33 % si l'on retient le périmètre hors gendarmerie, loin devant le ministère des finances (13 %) et celui des affaires étrangères (10 % en incluant les biens détenus par l'Etat à l'étranger).

 

La vente des participations de l'Etat à manier avec précaution

 

Pour préserver le budget de la Défense, les sénateurs mais aussi l'Agence des participations de l'Etat (APE) appellent à vendre des participations de l'Etat dans les entreprises publiques de défense. Pour autant, Bercy a fait le plus facile et a donc coupé l'herbe sous les pieds du ministre de la Défense, qui voulait à son arrivée impulser une politique industrielle, en vendant 3,12 % de Safran (448,5 millions d'euros) et 1,56 % d'EADS (482,7 millions). L'Etat actionnaire gère aujourd'hui un ensemble de participations directes - DCNS (63,98 %), SNPE (100 %), Nexter (100 %), Thales, Safran, EADS -  et indirectes - Dassault Aviation et MBDA -, qui s'élevaient au total à 12,25 milliards d'euros au 22 octobre 2012, selon la Cour des comptes.

 

Si l'Etat vend tout ou partie de sa participation dans Thales (27 %), il risque de mettre en péril l'équilibre actionnarial qu'il a conclu avec Dassault Aviation (26 %) dans le cadre d'un pacte d'actionnaires. En revanche, l'Etat peut vendre des actions EADS pour atteindre le plancher de 12 %, un accord conclu avec EADS en décembre dernier. Il peut vendre encore une participation de 1,44 %. C'est peu, trop peu pour boucler les fins de mois du budget de la défense. Le groupe européen vient déjà de conclure un contrat de rachat d'actions avec l'Etat français portant sur l'acquisition d'un bloc de 1,56 % d'actions EADS pour un montant de 482,7 millions d'euros. Reste Safran (27,08 % après la cession des 3,12 %). L'Etat ayant déjà bêtement perdu le contrôle de Safran, il pourrait poursuivre son désengagement. Mais avec quelle stratégie ?

 

Enfin, DCNS et Nexter, SNPE devant rejoindre le giron de Nexter sous peu. Une éventuelle cession de tout ou partie de la participation de l'Etat dans DCNS impose au gouvernement d'avoir une véritable stratégie industrielle pour ce groupe performant à l'export et de lui offrir une visibilité méritée. D'autant que la majorité précédente a jeté le groupe naval dans les bras de Thales (35 %). Le groupe d'armement terrestre Nexter pourraient intéresser des groupes allemands (Rheinmetall, Krauss-Maffei) mais pas AB Volvo, qui ne veut pas devenir un fabricant de munitions. Quel sera la position de Thales ? Il pourrait être poussé à reprendre Nexter mais le gouvernement devra convaincre la direction du groupe d'électronique et, surtout, Dassault Aviation. 

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 21:47
Désengagement de 2 Rafale de l'opération Serval

21.04.2013 Crédit : EMA / armée de l'Air

 

Le 15 avril, 3 Mirage 2000D, 2 Rafale et 1 avion C135 ont quitté le Mali pour la France. Ce désengagement s’inscrit dans le cadre de l’allégement du dispositif français au Mali. Ainsi, le dispositif chasse de l’opération Serval comprend désormais 3 Mirage 2000D à Bamako et 6 Rafale à N’Djamena.

 

plus de photographies : ICI

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 19:30
La saga du Rafale aux Emirats Arabes Unis (1/3) : le temps de la réconciliation

 

21/02/2013 Michel Cabirol – laTribune.fr

 

Alors que le salon de l'armement d'Abu Dhabi (IDEX) ferme ses portes ce jeudi, nous publions le premier volet d'une saga sur les négociations du Rafale aux Emirats Arabes Unis en trois chapitres : le temps de la réconciliation entre Paris et Abu Dhabi. François Hollande et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont réussi à rétablir une relation de confiance avec le prince héritier Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, l'homme fort des Emirats Arabes Unis, qui avait fortement agacé par Paris fin 2011..

 

Une fois encore la France n'aura pas ménagé ses efforts pour propulser le Rafale dans le ciel bleu des Emirats Arabes Unis. Quelques semaines après la reprise des négociations en janvier entre Abu Dhabi et Paris portant sur la vente de 60 Rafale dans la foulée de la visite de François Hollande aux Emirats, le salon de l'armement d'Abu Dhabi (IDEX), qui a été inauguré dimanche, a bel et bien confirmé un net réchauffement des relations franco-émiraties sur ce dossier, qui avait fait l'objet à la fin de 2011 d'une grosse fâcherie entre Dassault Aviation et les EAU très agacés. C'est aujourd'hui du passé. Sur le salon IDEX, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et l'homme fort d'Abu Dhabi, le prince héritier, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, qui faisaient chacun leur propre tournée des stands des industriels, se sont croisés dimanche à deux reprises. Et ont visité ensemble dans une ambiance chaleureuse d'abord le stand de Nexter, qui attendait en vain d'être sélectionné par Abu Dhabi pour entrer en négociations exclusives pour la vente de 700 engins blindés à roues (VBCI), puis une seconde fois chez Dassault Aviation.

Les deux hommes ont ensuite partagé un déjeuner simple en dehors d'un cadre protocolaire strict, qui leur a permis de discuter librement du Rafale... et d'autres dossiers de coopérations entre la France et les Emirats. Bien loin des déclarations très abruptes de Jean-Yves Le Drian de retour d'un premier voyage aux Emirats fin octobre où il expliquait dans « Le Parisien » à propos du Rafale que « le rôle d'un membre du gouvernement, c'est d'établir les conditions de la confiance. Les industriels, eux, doivent jouer leur rôle et proposer l'offre la plus performante. Mais il ne faut pas mélanger les genres ». Des propos qui ne sont, semble-t-il, plus d'actualité. En tout cas à des années-lumière de son action à IDEX. Car le ministre a très naturellement débriefé ensuite le nouveau PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui avait lui-même discuté une bonne demi-heure avec le prince héritier sur le stand de l'avionneur.

 

Un "road map" pour Dassault Aviation

"Nous sommes ici aux Emirats parce qu'il y a ici un client majeur pour nous, explique Eric Trappier. Je devais rencontrer dans mes nouvelles fonctions Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, et nous avons échangé sur la base d'une transparence mutuelle". Le nouveau PDG de Dassault Aviation dispose aujourd'hui d'une "road map claire pour travailler", précise-t-il, mais il ne souhaite pas en dévoiler le contenu. Secret des affaires... Toutefois, le président du Conseil des industries de défense françaises (CIDEF), Christian Mons, a pour sa part indiqué qu'étant donné qu'en 2015 les premiers Mirage livrés auront 30 ans de service, "il y a une grande chance que le client (émirati) souhaite acheter en 2015/2016 et que nous commencions les livraisons en 2017/2018".

En tout cas, la reprise des négociations, accompagnée d'un nouveau climat de confiance, est une très bonne nouvelle pour Dassault Aviation et, au-delà, pour toute la filière de l'aéronautique militaire française qui ont un gros besoin pressant de charges de travail pour passer sans trop de difficultés le cap des restrictions budgétaires françaises. Toutefois, les négociations entre Abu Dhabi et Paris sont passées par tellement de haut et de bas depuis 2008, l'année de l'expression d'un intérêt pour les Rafale par les Emirats - c'est aussi le début d'une saga -, qu'il s'agit de rester prudent sur leur issue et sur un calendrier. "Le changement de gouvernance chez Dassault Aviation a été probablement l'élément clé d'une reprise des discussions entre Abu Dhabi", explique un très bon connaisseur de la région et de la famille régnante. Tout comme le changement de président de la République. L'intense activisme de Nicolas Sarkozy pour vendre le Rafale avait lui aussi fini par agacer les Emiratis, qui ont 60 Mirage 2000-9 dont ils sont très satisfaits. Certains de ces avions ont même été utilisés lors de l'opération Harmattan aux côtés de l'armée de l'air française.

 

François Hollande, VRP du Rafale ?

Nouveau président français, nouveau PDG de Dassault Aviation et... nouvelles relations de confiance entre Abu Dhabi et Paris. Les Emiratis semblent aujourd'hui convaincus que le Rafale est meilleur que le Mirage 2000-9. En outre, Eric Trappier, qui est apprécié à Abu Dhabi, a laissé de bons souvenirs. C'est lui qui a conclu la vente en 1998 de 30 Mirage 2000-9 et la modernisation de 33 autres Mirage 2000 au standard des 2000-9, alors qu'il était responsable des ventes avec les EAU au sein de la direction générale internationale de Dassault Aviation. Tout est pour le mieux donc... reste encore à trouver le bon prix pour vendre le Rafale, objet de la fâcherie entre Dassault Aviation et Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan fin 2011. Enfin, pour reprendre le fil là où il avait été interrompu, il fallait un déclic. C'est la visite aux Emirats de François Hollande en janvier, qui remet définitivement en selle le Rafale.

Le président français et son homologue émirati cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, évoquent le Rafale lors de leurs discussions. "Nous pensons que c'est un très bon avion, je n'ose pas dire que l'expérience l'a démontré, mais c'est pourtant le cas, aussi bien en Libye que même sur le théâtre malien", explique-t-il lors d'une conférence de presse. Nous pensons que c'est une technologie exceptionnelle, nous l'avons dit à nos amis émiriens. Ils ne le contestent pas d'ailleurs. Après, c'est une question de prix. (...) Mais ce n'est pas le président de la République française qui fixe le prix des avions. Donc cela obéit à des logiques de discussions, de négociations". C'est le feu vert pour la reprise des négociations entre le Team Rafale (Dassault Aviation, l'électronicien Thales et le motoriste Safran) et Abu Dhabi. D'ailleurs, François Hollande demande à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de revenir aux Emirats pour poursuivre les discussions. Ce qu'il fera pour le salon IDEX après quelques jours en Inde. C'est le temps de la réconciliation.

 

Des liens jamais coupés

Les liens entre Abu Dhabi et Paris n'ont jamais été coupés mais la campagne présidentielle française, puis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe gouvernementale, le temps qu'elle prenne ses marques, a freiné la reprise des discussions. « Il a fallu six mois de rodage au nouveau pouvoir français pour définir une stratégie et un volet politique à l'export », explique un grand patron de l'armement. Surtout, Abu Dhabi, débarrassé de la pression intense de Nicolas Sarkozy déployée pour parvenir à une signature rapide de ce contrat, veut se donner du temps pour renouveler leur flotte de Mirage 2000-9. Les Emiratis n'ont jamais été pressés de s'offrir de nouveaux avions de combat. Non pas qu'ils n'étaient pas intéressés par le Rafale mais simplement le renouvellement de leur fotte de combat ne coïncidait pas avec le calendrier de l'ancien président. "C'était une campagne politique orchestrée par Nicolas Sarkozy et non pas à l'initiative des industriels", rappelle un observateur. D'où ce décalage entre le besoin du client et la proposition de Paris... qui a d'ailleurs raté le coche en ne liant pas l'installation de la base interarmée française à Al Dahfra (Abu Dhabi) forte de 700 hommes prépositionnés, à l'achat des avions de combat par les Emiratis. "Est-ce maintenant trop tard ?", s'interrogeait en début d'année un industriel. Possible. "Avec le temps, on oublie les cadeaux qui ont été faits", poursuivait-il.

Des liens qu'aurait bien voulu détricoter le Premier ministre britannique, David Cameron, qui a tout fait pour torpiller les discussions entre Dassault Aviation et Abu Dhabi. Totalement décomplexé avec les ventes d'armes, il a proposé aux Emirats lors d'une visite officielle en novembre l'Eurogighter Typhoon, fabriqué par BAE Systems, EADS et l'italien Finmeccanica pour remplacer leur flotte actuelle de Mirage 2000-9. David Cameron a fait le job. Il a même signé un partenariat dans la défense prévoyant en particulier une "étroite coopération" concernant les Typhoon. Londres voulait ainsi persuader les Emirats d'adopter le Typhoon, avec la volonté d'établir à plus long terme "une collaboration pour le développement de la prochaine génération d'équipement militaire aérospatial". En dépit de la pression de David Cameron, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan n'a jamais voulu annoncer que les négociations avec Dassault Aviation étaient arrêtées.

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 11:30

Rafale photo2 Sirpa Air

 

21/02/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Deuxième volet de la saga sur les négociations du Rafale aux Emirats Arabes Unis en trois chapitres. Voici le temps des espoirs... mais aussi des concessions. C'est en juin 2008 que les Emirats Arabes Unis ont dévoilé des discussions préliminaires en vue d'acquérir jusqu'à 63 Rafale. A l'été 2010, les négociations se compliquent.

 

Un an après le fiasco franco-français retentissant du Rafale au Maroc, Nicolas Sarkozy arrache une promesse de vente des Emirats Arabes Unis (EAU) jusqu'à 63 avions de combat tricolore. C'est précisément le 5 juin 2008 que sont officiellement évoquées pour la première fois des "discussions préliminaires" entre les deux pays. Selon une source officielle, citée par l'agence émiratie officielle Wam, "des discussions se déroulent entre le gouvernement des Emirats arabes unis et la République française" sur une vente de Rafale. Dans la foulée, l'ancien président, très marqué par l'échec du Rafale au Maroc - sa responsabilité n'est pourtant pas engagée -, estime que l'intention émiratie d'acheter éventuellement des Rafale est "une bonne nouvelle pour la France". Le chef de l'Etat précise toutefois qu'il "n'y a pas de date fixée ni de négociations commerciales entamées à ce stade". Mais il rajoute toutefois qu'en "cas de signature prochaine de contrat, les premiers appareils pourraient être livrés à partir de 2012. Les discussions vont se poursuivre dans les semaines qui viennent". Aussitôt, le titre Dassault Aviation s'envole, gagnant 8,2 %, à 595 euros, une heure après l'ouverture du marché parisien. C'est le début d'une saga... qui a rebondi plus de quatre ans plus tard en janvier 2013 avec le voyage à Abu Dhabi de François Hollande, qui a relancé le Rafale dans le ciel des Emirats.

 

Le Rafale, ou l'une des obsessions de Nicolas Sarkozy, qui se verrait bien être le premier président français à accrocher la signature d'un contrat export pour le matériel le plus emblématique de l'industrie de l'armement française. Le Rafale, ou comment vendre cet avion de combat jamais encore vendu... Toujours très bien noté dans les pays où il est en compétition mais jamais gagnant. Même François Hollande commence à se piquer au jeu, son voyage à Abu Dhabi en est le reflet. Et la posture un peu dédaigneuse qu'il a adopté lors des premiers voyages présidentiels vis-à-vis des grands contrats semble avoir changé. En Arabie saoudite, il avait déclaré à Reuters, qu'il n'était "pas venu signer je ne sais quel contrat. C'est une relation personnelle et de confiance qui devait être établie". Les temps changent mais cela restera probablement inavouable. Nicolas Sarkozy lui a foncé sans aucun état d'âme. Car au fil du temps, la vente du Rafale est devenue l'un des défis personnels de l'ancien président. L'objecitf de vendre le Rafale, l'avion de combat de Dassault Aviation, l'a très souvent accompagné lors de ses déplacements à l'étranger. A tel point que Nicolas Sarkozy tentera même de le proposer à des pays où il n'avait pratiquement aucune chance de succès. C'est le cas du Koweït et du Sultanat d'Oman, qui ne peuvent pas s'offrir cet appareil pour des raisons politiques, des pays trop dépendants de Washington. Et l'ancienne colonie de Sa Majesté, Oman, ne cache pas non plus un fort tropisme britannique. D'où son achat fin 2012 de douze Eurofighter Typhoon, l'avion de combat de BAE Systems, EADS et l'italien Finmeccanica.

 

Des percées pour le Rafale mais pas de concrétisation

 

L'activisme de Nicolas Sarkozy permettra toutefois d'obtenir de réelles percées commerciales accompagnées par de vraies négociations commerciales. Le Rafale sera ainsi au coeur des relations politiques entre la France et le Brésil et entre Paris et Abu Dhabi. Deux pays où il a su instaurer au départ une relation de confiance très étroite, notamment avec l'ancien président, Lula. Mais elle se finira mal... "Nicolas Sarkozy a été l'origine de ces deux campagnes, qui sont des campagnes très politiques et qui ne sont pas à l'initiative des clients", rappelle un très bon observateur. Surtout ces campagnes n'ont pas collé avec un besoin opérationnel des armées de l'air de ces pays, voire même avec leur budget.

Mais pressés par Nicolas Sarkozy, les Emiratis jouent le jeu... avec quelques réticences. Ce qu'une source proche du dossier résume ainsi : "lorsque vous rentrez dans une concession mais que vous n'avez pas un besoin fondamental de changer votre voiture, vous vous montrez très exigeant avec le vendeur en lui demandant toutes les options possibles au meilleur prix". Résultat, le Rafale tel qu'Abu Dhabi le voulait en 2010 est "un véritable sapin de Noël", expliquent alors à La Tribune des proches des négociations. Des moteurs plus puissants (9 tonnes au lieu de 7,5), un missile antinavire américain Harpoon sous les ailes du Rafale, une électronique améliorée (radar AESA et guerre électronique Spectra). Au total, le coût de modernisation de l'avion de combat exigé par Abu Dhabi s'élevait en 2010 entre 4 et 5 milliards d'euros. Un montant à partager entre la France et les Emirats.

 

Le temps des concessions

 

Pour l'heure, au début de l'année 2009, Paris croit encore à un succès rapide. Les autorités estiment alors que le partenariat en matière de défense très étroit entre la France et les Emirats Arabes Unis, voulu et négocié par l'Elysée, dont le symbole est la base interarmée qui est en train d'être installée à Al Dahfra (Abu Dhabi), permettra à la France de signer le contrat tant désiré. C'est bien mal connaître les Emiratis, de très fins négociateurs qui jouent sur du velours, connaissant la volonté à tout prix de l'Elysée de signer ce contrat. Abu Dhabi va jouer sur deux tableaux, l'un diplomatique avec l'Elysée et l'autre commercial avec le Team Rafale (Dassault Aviation, Thales et Safran), qui lui résistera mieux aux demandes excessives des Emiratis.

 

Mais pour Paris, aveuglé par la signature de ce contrat, le chemin de croix commence vraiment. L'Elysée est au début de toute une série d'exigences d'Abu Dhabi, dont la plupart seront satisfaites... sans aucune contrepartie. Et ce contrairement à ce que pensait l'Elysée, il n'y aura par exemple aucun contrat signé en contrepartie de la construction de la base interarmée d'Al Dhafra située à 40 kilomètres d'Abu Dhabi. Ni en mai 2009 lors de l'inauguration de la base, ni après. L'installation de l'armée française dans le Golfe avait fait l'objet d'un accord signé début 2008 par Nicolas Sarkozy lors d'un précédent voyage. Une déception pour le président français, qui ne l'empêchera pas de donner le coup d'envoi, lors de l'inauguration de la base française, pour la construction du Louvre Abu Dhabi, premier musée universel au Moyen Orient. En juin 2009, on reparle aussi du Rafale lors du salon aéronautique du Bourget, Paris vise à cette époque la fin des négociations au début du printemps 2010. Le ministre de la Défense d'alors, Hervé Morin, estime également en décembre 2009 possible la signature d'un contrat Rafale en 2010. D'autant que "le verrouillage technique a été effectué et la signature du contrat est balistique", expliquait-on à La Tribune en octobre.

 

Des nuages noirs sur les négociations

 

Début 2010, le climat reste encore très bon. Français et Emiratis travaillent pour finaliser cette fois le contrat à l'été, la négociation sur la définition de l'appareil émirati est alors pratiquement bouclée. Les négociateurs en sont même à évoquer alors le calendrier de livraison des différents standards du Rafale. Nicolas Sarkozy évoque lui-même un possible contrat avec les Emirats, faisant étant "d'une forte espérance en ce qui concerne la vente de Rafale par la France aux EAU. Nous entrons dans une phase de discussions assez approfondies". Mais patratas deux articles successifs dans la presse française vont très fortement ralentir les négociations. C'est d'abord "Le Figaro", la propriété de Dassault - un comble - qui publie en juin un article sur la sécurité d'Abu Dhabi, qui a fortement déplu surplace et qui a fait désordre dans le Golfe. Ensuite, un général de l'armée française révèle en août des détails secrets des négociations dans une interview à la Revue défense et sécurité internationale. C'est trop pour les Emiratis, qui explosent de rage. Et ils envoient un signal très fort à Paris. Ils menacent de mettre en concurrence le F/A-18E/F face au Rafale. Et pour bien montrer leur irritation, Abu Dhabi, selon le site américain Defensenews, a demandé durant le mois d'août à Boeing des informations sur les versions monoplace et biplace du F/A-18E/F Super Hornet.

 

Et Paris n'est pas au bout de ses peines. A l'automne 2010, Abu Dhabi rajoute dans les discussions une nouvelle exigence pour acquérir le Rafale. Les Emiratis, qui sont revenus à la table des négocations, se montrent exigeants. Ils mettent désormais dans la balance des droits de trafic supplémentaires (autorisations de vols) en France, essentiellement à Roissy, pour leurs compagnies aériennes Emirates (Dubai) et surtout Etihad, le transporteur d'Abu Dhabi. Une exigence à une semaine environ d'un deuxième round de négociations bilatérales sur les services aériens et six mois après l'échec du premier. Paris avait rejeté en bloc les exigences colossales des Emirats (un doublement du nombre de vols en France). Les représentants d'Abu Dhabi étaient partis furieux. Mais, fin 2010, le Rafale est en danger et le dossier devient très politique. Entre Air France et Dassault Aviation, deux de ses fleurons, Paris doit choisir.

 

L'Elysée choisira l'avionneur. Fin janvier 2011, la France autorise les compagnies du Golfe à défier davantage Air France dans l'Hexagone. Car face à des centaines d'Airbus, une soixantaine de Rafale, un gros contrat d'approvisionnement d'uranium pour Areva, les arguments de la compagnie française pour inciter les autorités françaises à refuser des vols supplémentaires aux compagnies émiraties n'ont pas pesé bien lourd. Mais le chemin de croix de Paris va pourtant se poursuivre en 2011.

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 11:30
Rafale photo S. Fort - Dassault Aviation

Rafale photo S. Fort - Dassault Aviation

 

21/02/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Troisième et dernier volet de la saga du Rafale aux Emirats Arabes Unis, le temps des fâcheries. Si l'année 2010 a été compliquée, celle de 2011 le sera encore plus. Le Rafale ne sortira des turbulences qu'en 2012.

 

Après une année 2010 où les relations franco-émiraties se sont nettement rafraichies, 2011 commence bien pour les chances du  Rafale aux Emirats Arabes Unis. La France a lâché fin janvier en rase campagne Air France en augmentant les droits de trafic aux compagnies émiraties (Emirates et Etihad) vers Roissy notamment. Au grand dam de la compagnie tricolore qui voit ses rivales arrivées en force en France. Mais Paris a voulu à tout prix éviter une nouvelle crise avec les Emirats pour ne pas compromettre à nouveau les chances du Rafale. Les équipes du Team Rafale (Dassault Aviation, Thales, Safran) peuvent reprendre le chemin d'Abu Dhabi pour reprendre les négociations là où les Emiratis les avaient abandonnées. Moqué en France pour son incapacité à être vendu à l'export, cet avion de combat, un concentré de la haute technologie française, devrait forcément l'être un jour. En 2011 ? Pourquoi pas aux Emirats arabes unis, où l'équipe France y croit à nouveau au début de l'année 2011. "Nous espérons de bonnes nouvelles cette année. Les discussions continuent avec les Emirats Arabes Unis", estime le nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé dans une interview accordé en janvier au "Monde".

 

D'autant que les industriels ont réussi à réduire les surcoûts de développement à 3 milliards d'euros environ (contre une estimation initiale de 4 à 5 milliards). "Avant la Libye, la feuille de route technologique incluait un moteur plus puissant. Aujourd'hui, la motorisation actuelle (la version de l'armée de l'air française, ndlr) a montré toute sa pertinence", confirmera en juillet, le successeur d'Alain Juppé, Gérard Longuet. En février, les négociations progressent et sont "un peu plus actives", estime pourtant prudemment le directeur général international de Dassault Aviation, Eric Trappier, le jour de l'ouverture à Abu Dhabi du Salon IDEX. Mais encore une fois les relations tumultueuses entre les deux pays vont reprendre le dessus. Lors de l'inauguration d'IDEX, le prince héritier Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan ignore ostensiblement le stand Thales, pourtant situé entre celui de Dassault Aviation et de Safran, deux stands sur lesquels le prince s'arrête. Le groupe d'électronique, l'un des très grand fournisseurs d'équipements civils et militaires des Emirats ,a pourtant toujours joui d'une très bonne image dans le pays.

 

Crise entre Thales et Abu Dhabi

 

Que se passe-t-il entre Thales et les Emirats ? Une crise majeure couve entre Abu Dhabi et le groupe d'électronique, l'un des principaux partenaires industriels du Rafale, une information révélée à l'époque par La Tribune, qui s'est procuré à l'époque un télex diplomatique explosif. Les diplomates sont très inquiets sur la relation entre les deux pays. "Les prises de position (de Thales, ndlr) - sur les offsets (les compensations pour obtenir un contrat à l'export, Ndlr) notamment - sont incompréhensibles pour les autorités émiriennes. Elles peuvent impacter négativement les intérêts du groupe aux EAU, et indirectement sur certains projets, nos intérêts globaux", dont la vente de Rafale , s'alarment les diplomates en poste à Abu Dhabi. Ce constat est confirmé par plusieurs sources contactées à l'époque par La Tribune. "Cette attitude paraît de plus en plus intenable sauf à accepter des dommages durables", explique l'ambassade d'Abu Dhabi. Dans la foulée de ces révélations, le PDG de Thales, Luc Vigneron, s'envolera très vite pour Abu Dhabi... pour éteindre l'incendie et finalement signer l'accord cadre sur les nouvelles règles d'offset mises en vigueur par les autorités émiriennes depuis septembre 2010. Un dossier personnellement suivi par Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, qui a fait plier Thales.

 

Quelques mois passent, les négociations tournent au ralenti. Mais au cours de l'été 2011, les négociations entre Paris et Abu Dhabi reprennent très activement. "C'est un classique des Émirats de négocier pendant le ramadan", sourit alors un bon connaisseur de ces dossiers. Cela avait été le cas pour les Mirage 2000-9 achetés en 1998 à Dassault Aviation. Ainsi, l'équipe de négociations de Team Rafale et du missilier MBDA ont été "convoqués" par les autorités émiraties, qui mènent depuis le début le tempo des discussions, pour reprendre les négociations passées par des hauts et des bas depuis trois ans. Avec cette nouvelle phase de négociations, les Émirats ont semble-t-il changé d'attitude avec Paris. "Ce qui est nouveau, c'est qu'Abu Dhabi veut maintenant le Rafale", explique-t-on alors à La Tribune. Qu'est-ce qui a fait changer les Emiratis ? La Libye, plus précisément les performances du Rafale lors de l'opération Harmattan. Les observateurs du Golfe, qui ont disséqué les performances opérationnelles du Rafale en Libye ont été favorablement impressionnés. Du coup, les Émiratis sont dans un état d'esprit complètement différents et les négociations sont beaucoup "plus raisonnables" qu'auparavant, explique-t-on à La Tribune. Et certains se risquent à nouveau sur un calendrier pour une signature d'ici à la fin de l'année. Notamment lors du salon aéronautique de Dubaï prévu en novembre. Gérard Longuet, qui va être binetôt mis sur la touche sur ce dossier, l'assure quant à lui en octobre sur la chaîne LCI : "il y aurait une très forte probabilité que le contrat soit conclu".

 

Le prix du Rafale énerve énormément Abu Dhabi

 

Sauf qu'à nouveau un galet se glisse dans les négociations, qui se sont nettement durcies au fil de l'été. La question du prix fâche déjà à Abu Dhabi. La visite expresse à Paris (moins de 12 heures), fin septembre, du prince héritier d'Abu Dabi, qui a rencontré Nicolas Sarkozy à l'Élysée, s'est plutôt mal passée. Mal préparée, cette rencontre, censée tout remettre en ordre, ne fait pas avancer d'un pouce le dossier du Rafale. Bien au contraire. Mal briefé, le chef de l'Etat, pensant que le dossier Rafale était enfin réglé, aborde cette rencontre avec un angle de politique régionale, évoquant entre autre la question de la Palestine. Cheikh Mohammed repart de Paris sans avoir les réponses qu'il attendait. D'autant qu'il se plaint d'un gros écart de prix entre ses estimations et celles de Dassault Aviation. C'était pourtant l'une de ses trois demandes personnelles à Nicolas Sarkozy : obtenir un prix raisonnable. Ses deux autres souhaits : disposer d'un avion plus performant que le Mirage 2000-9 et que la France finance une partie des coûts non récurrents du Rafale.

 

Le débriefing de la visite de Cheikh Mohammed à l'Elysée est violent , rapporte un observateur. Conséquence, quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy décide de confier le dossier au ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. "Il fallait une personne de poids pour remettre le dossier à l'endroit", explique-t-on à La Tribune. Mais c'est trop tard. Abu Dhabi boudeur, mettra quant à lui très longtemps pour désigner un nouveau patron des négociations. Et décide de mettre à l'épreuve les Français avec l'Eurofighter. La crise va éclater quelques mois plus tard sur la place publique en plein salon de Dubaï. En outre, ils sont furieux contre la façon dont la France mène les négociations : trop d'interlocuteurs étatiques après le départ du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, au ministère de l'Intérieur ainsi que l'attitude "arrogante" de Dassault Aviation, selon des sources concordantes. Des progrès ont pourtant été réalisés après la visite express fin septembre à Paris de Cheikh Mohammed. Mais pas suffisamment pour Abu Dhabi visiblement. "Depuis la reprise en main par Alain Juppé du dossier Rafale aux Emirats , tout le monde en France marche dans le même sens pour vendre le Rafale, sauf Dassault", murmurait-on au premier jour du salon de Dubaï dans les allées.

 

Entrée en piste de l'Eurofighter

 

C'est même une douche glacée pour le camp français le dimanche lors de l'inauguration du salon aéronautique, le Dubaï Airshow. Les Emirats arabes unis, jusqu'ici en négociations exclusives avec Dassault Aviation pour l'acquisition de 60 Rafale, révèlent avoir demandé au consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et l'italien Finmecannica) de lui faire une offre commerciale. Une annonce qui prend complètement au dépourvu tous les industriels et officiels français présents au salon. Interrogés au Dubaï Airshow par La Tribune, ils minimisent ce coup de théâtre. Ils assurent pour la plupart qu'il s'agit d'une tactique des EAU pour faire baisser le prix du Rafale, jugé trop cher. Le ministre de la Défense confirme officiellement que "cette demande de cotation apparaît plus comme une mesure d'animation de la procédure". Il veut encore croire que "la France est proche du point final d'une négociation très bien engagée. Selon la position que l'on occupe, chaque froncement de sourcils peut rapporter ou coûter quelques centaines de millions d'euros", précise-t-il.

 

Ce qui a le don d'énerver encore plus les Emiratis, qui à la fin du salon, publient de façon très inhabituelle un communiqué cinglant. "Grâce au président Sarkozy, la France n'aurait pas pu en faire plus sur le plan diplomatique ou politique pour faire aboutir un accord sur le Rafale", déclare dans un communiqué le prince héritier d'Abu Dhabi. "Malheureusement, Dassault semble ne pas avoir conscience que toutes les bonnes volontés politiques et diplomatiques du monde ne peuvent permettre de surmonter des termes commerciaux qui ne sont pas compétitifs et à partir desquels on ne peut travailler". Résultat, les négociations sont au mieux gelées pour une longue période, au pire Abu Dhabi n'achètera jamais le Rafale.

 

Le forcing de Nicolas Sarkozy avant l'élection présidentielle

 

Une situation irrattrapable. C'est sans compter sur l'énergie de Nicolas Sarkozy, qui tente de réanimer les négociations. Trois mois après la crise augüe entre les Emirats et Dassault Aviation, l'avionneur serait à nouveau proche d'un accord avec les Emirats en février 2012 pour la vente des 60 Rafale. Incroyable. Une visite de Nicolas Sarkozy est même prévue le 12 février à Abu Dhabi, puis reportée début mars même si certains observateurs estiment que ce serait encore un peu tôt. Plutôt fin mars, début avril. Tous attendent désormais le feu vert du cheikh Mohammed bin Zayed. Car lui et lui seul décidera quand il signera ce contrat. Peu importe la pression de Paris et du candidat Sarkozy. "Quand, c'est la question que tout le monde se pose", rappelle alors une source contactée par La Tribune. Une chose est sûre, les relations se sont complètement détendues entre Paris et Abu Dhabi depuis la crispation de novembre. Et les visites sont nombreuses et régulières, le PDG de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, et son patron des affaires internationales, Eric Trappier, y étaient encore en février. Des gesticulations qui n'aboutiront pourtant à aucun contrat au final. Car il aurait été incroyable que les Emirats fassent un geste pour Nicolas Sarkozy donné perdant avant l'élection présidentielle. Ce dernier s'est pourtant battu jusqu'au dernier moment pour convaincre les EAU de signer un contrat dans le courant du premier trimestre 2012.

 

Pour Nicolas Sarkozy, c'est un échec. Le président voulait constituer une équipe de France unie, qui parle d'une seule voix à l'exportation pour gagner les grands appels d'offres internationaux civils et militaires, notamment ceux concernant le Rafale. Pour ce faire, il avait nommé un pilote, Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, en qui il avait toute confiance, et créé un outil, la war room, censée impulser une stratégie et une cohérence à ce qu'il appelait l'équipe de France. Le bilan est plutôt mitigé au bout de cinq ans mais au moins, la France parlait d'une seule et même voix à ses interlocuteurs. Sauf qu'avec le départ de Claude Guéant au ministère de l'Intérieur, la cacophonie est revenue dans cette équipe de France privée de capitaine. Abu Dhabi, qui avait relancé les négociations en plein été sur un rythme intensif, y compris lors du ramadan en août, entendaient depuis quelques semaines plusieurs sons de cloche au gré des visiteurs venus vendre les qualités et les prouesses du Rafale. Les Emirats avaient trop d'interlocuteurs, l'industriel mais aussi beaucoup trop d'étatiques, confirme-t-on au ministère de la Défense, qui stigmatise plutôt l'Etat et ses chapelles trop nombreuses. Un pilote a fait défaut.

 

Calme plat en 2012

 

A partir du deuxième trimestre, il ne se passera plus rien... ou presque pendant six mois en raison de la fin de la campagne présidentielle et de la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale. Fin mai, c'est même la panne pour le Rafale aux Emirats. Plusieurs sources concordantes industrielles et étatiques confirment que les négociations sur la vente de 60 Rafale sont alors au point mort. "La France a redécouvert que le client n'avait pas forcément besoin de ces avions de combat tout de suite mais plutôt à un horizon un peu plus lointain", explique-t-on à La Tribune. Seul fait notable positif, l'avion de combat se dote du nouveau radar RBE2 à antenne active de Thales, ce qui se fait de mieux actuellement. Seuls les avions de combat américains sont équipés avec.

 

On reparle enfin du Rafale aux Emirats en octobre. Le message s'adresse clairement aux Emiratis. De retour d'une visite aux Emirats, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian indique le 24 octobre dans une interview à Aujourd'hui en France/Le Parisien que les négociations pour la vente de 60 Rafale n'avait pas été abordée en raison d'une dégradation des relations entre la France et les Emirats. Selon lui, "ce dossier empoisonnait nos rapports. Les Rafale attendront. Cette discussion viendra ultérieurement", explique Jean-Yves Le Drian. "Mon objectif était de rétablir la confiance" car il y a "un effilochage" des relations entre les deux pays "depuis dix-huit mois". Conséquence, selon lui, "les EAU, qui effectuaient 70 % de leurs dépenses militaires en France, ont fait passer ce pourcentage à 10 %", affirme-t-il. Mais la visite de François Hollande mi-janvier à Abu Dhabi relance enfin le Rafale. Inch allah.

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 08:14

Rafale point-de-situation-du-15-janvier-2012-1

 

21/02/2013, Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Alors que le salon de l'armement d'Abu Dhabi (IDEX) ferme ses portes ce jeudi, nous publions le premier volet d'une saga sur les négociations du Rafale aux Emirats Arabes Unis en trois chapitres : le temps de la réconciliation entre Paris et Abu Dhabi. François Hollande et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont réussi à rétablir une relation de confiance avec le prince héritier Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, l'homme fort des Emirats Arabes Unis, qui avait fortement agacé par Paris fin 2011..

 

Une fois encore la France n'aura pas ménagé ses efforts pour propulser le Rafale dans le ciel bleu des Emirats Arabes Unis. Quelques semaines après la reprise des négociations en janvier entre Abu Dhabi et Paris portant sur la vente de 60 Rafale dans la foulée de la visite de François Hollande aux Emirats, le salon de l'armement d'Abu Dhabi (IDEX), qui a été inauguré dimanche, a bel et bien confirmé un net réchauffement des relations franco-émiraties sur ce dossier, qui avait fait l'objet à la fin de 2011 d'une grosse fâcherie entre Dassault Aviation et les EAU très agacés. C'est aujourd'hui du passé. Sur le salon IDEX, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et l'homme fort d'Abu Dhabi, le prince héritier, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, qui faisaient chacun leur propre tournée des stands des industriels, se sont croisés dimanche à deux reprises. Et ont visité ensemble dans une ambiance chaleureuse d'abord le stand de Nexter, qui attendait en vain d'être sélectionné par Abu Dhabi pour entrer en négociations exclusives pour la vente de 700 engins blindés à roues (VBCI), puis une seconde fois chez Dassault Aviation.

 

Les deux hommes ont ensuite partagé un déjeuner simple en dehors d'un cadre protocolaire strict, qui leur a permis de discuter librement du Rafale... et d'autres dossiers de coopérations entre la France et les Emirats. Bien loin des déclarations très abruptes de Jean-Yves Le Drian de retour d'un premier voyage aux Emirats fin octobre où il expliquait dans « Le Parisien » à propos du Rafale que « le rôle d'un membre du gouvernement, c'est d'établir les conditions de la confiance. Les industriels, eux, doivent jouer leur rôle et proposer l'offre la plus performante. Mais il ne faut pas mélanger les genres ». Des propos qui ne sont, semble-t-il, plus d'actualité. En tout cas à des années-lumière de son action à IDEX. Car le ministre a très naturellement débriefé ensuite le nouveau PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui avait lui-même discuté une bonne demi-heure avec le prince héritier sur le stand de l'avionneur.

 

Un "road map" pour Dassault Aviation

 

"Nous sommes ici aux Emirats parce qu'il y a ici un client majeur pour nous, explique Eric Trappier. Je devais rencontrer dans mes nouvelles fonctions Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, et nous avons échangé sur la base d'une transparence mutuelle". Le nouveau PDG de Dassault Aviation dispose aujourd'hui d'une "road map claire pour travailler", précise-t-il, mais il ne souhaite pas en dévoiler le contenu. Secret des affaires... Toutefois, le président du Conseil des industries de défense françaises (CIDEF), Christian Mons, a pour sa part indiqué qu'étant donné qu'en 2015 les premiers Mirage livrés auront 30 ans de service, "il y a une grande chance que le client (émirati) souhaite acheter en 2015/2016 et que nous commencions les livraisons en 2017/2018".

 

En tout cas, la reprise des négociations, accompagnée d'un nouveau climat de confiance, est une très bonne nouvelle pour Dassault Aviation et, au-delà, pour toute la filière de l'aéronautique militaire française qui ont un gros besoin pressant de charges de travail pour passer sans trop de difficultés le cap des restrictions budgétaires françaises. Toutefois, les négociations entre Abu Dhabi et Paris sont passées par tellement de haut et de bas depuis 2008, l'année de l'expression d'un intérêt pour les Rafale par les Emirats - c'est aussi le début d'une saga -, qu'il s'agit de rester prudent sur leur issue et sur un calendrier. "Le retrait de Charles Edelstenne (l'ancien PDG de Dassault Aviation, ndlr) a été probablement l'élément clé d'une reprise des discussions entre Abu Dhabi", explique un très bon connaisseur de la région et de la famille régnante. Tout comme le changement de président de la République. L'intense activisme de Nicolas Sarkozy pour vendre le Rafale avait lui aussi fini par agacer les Emiratis, qui ont 60 Mirage 2000-9 dont ils sont très satisfaits. Certains de ces avions ont même été utilisés lors de l'opération Harmattan aux côtés de l'armée de l'air française.

 

François Hollande, VRP du Rafale ?

 

Nouveau président français, nouveau PDG de Dassault Aviation et... nouvelles relations de confiance entre Abu Dhabi et Paris. Les Emiratis semblent aujourd'hui convaincus que le Rafale est meilleur que le Mirage 2000-9. En outre, Eric Trappier, qui est apprécié à Abu Dhabi, a laissé de bons souvenirs. C'est lui qui a conclu la vente en 1998 de 30 Mirage 2000-9 et la modernisation de 33 autres Mirage 2000 au standard des 2000-9, alors qu'il était responsable des ventes avec les EAU au sein de la direction générale internationale de Dassault Aviation. Tout est pour le mieux donc... reste encore à trouver le bon prix pour vendre le Rafale, objet de la fâcherie entre Dassault Aviation et Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan fin 2011. Enfin, pour reprendre le fil là où il avait été interrompu, il fallait un déclic. C'est la visite aux Emirats de François Hollande en janvier, qui remet définitivement en selle le Rafale.

 

Le président français et son homologue émirati cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, évoquent le Rafale lors de leurs discussions. "Nous pensons que c'est un très bon avion, je n'ose pas dire que l'expérience l'a démontré, mais c'est pourtant le cas, aussi bien en Libye que même sur le théâtre malien", explique-t-il lors d'une conférence de presse. Nous pensons que c'est une technologie exceptionnelle, nous l'avons dit à nos amis émiriens. Ils ne le contestent pas d'ailleurs. Après, c'est une question de prix. (...) Mais ce n'est pas le président de la République française qui fixe le prix des avions. Donc cela obéit à des logiques de discussions, de négociations". C'est le feu vert pour la reprise des négociations entre le Team Rafale (Dassault Aviation, l'électronicien Thales et le motoriste Safran) et Abu Dhabi. D'ailleurs, François Hollande demande à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de revenir aux Emirats pour poursuivre les discussions. Ce qu'il fera pour le salon IDEX après quelques jours en Inde. C'est le temps de la réconciliation.

 

Des liens jamais coupés

 

Les liens entre Abu Dhabi et Paris n'ont jamais été coupés mais la campagne présidentielle française, puis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe gouvernementale, le temps qu'elle prenne ses marques, a freiné la reprise des discussions. « Il a fallu six mois de rodage au nouveau pouvoir français pour définir une stratégie et un volet politique à l'export », explique un grand patron de l'armement. Surtout, Abu Dhabi, débarrassé de la pression intense de Nicolas Sarkozy déployée pour parvenir à une signature rapide de ce contrat, veut se donner du temps pour renouveler leur flotte de Mirage 2000-9. Les Emiratis n'ont jamais été pressés de s'offrir de nouveaux avions de combat. Non pas qu'ils n'étaient pas intéressés par le Rafale mais simplement le renouvellement de leur fotte de combat ne coïncidait pas avec le calendrier de l'ancien président. "C'était une campagne politique orchestrée par Nicolas Sarkozy et non pas à l'initiative des industriels", rappelle un observateur. D'où ce décalage entre le besoin du client et la proposition de Paris... qui a d'ailleurs raté le coche en ne liant pas l'installation de la base interarmée française à Al Dahfra (Abu Dhabi) forte de 700 hommes prépositionnés, à l'achat des avions de combat par les Emiratis. "Est-ce maintenant trop tard ?", s'interrogeait en début d'année un industriel. Possible. "Avec le temps, on oublie les cadeaux qui ont été faits", poursuivait-il.

 

Des liens qu'aurait bien voulu détricoter le Premier ministre britannique, David Cameron, qui a tout fait pour torpiller les discussions entre Dassault Aviation et Abu Dhabi. Totalement décomplexé avec les ventes d'armes, il a proposé aux Emirats lors d'une visite officielle en novembre l'Eurogighter Typhoon, fabriqué par BAE Systems, EADS et l'italien Finmeccanica pour remplacer leur flotte actuelle de Mirage 2000-9s. David Cameron a fait le job. Il a même signé un partenariat dans la défense prévoyant en particulier une "étroite coopération" concernant les Typhoon. Londres voulait ainsi persuader les Emirats d'adopter le Typhoon, avec la volonté d'établir à plus long terme "une collaboration pour le développement de la prochaine génération d'équipement militaire aérospatial". En dépit de la pression de David Cameron, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan n'a jamais voulu annoncer que les négociations avec Dassault Aviation étaient arrêtées.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 08:35

Rafale point-de-situation-du-15-janvier-2012-1

 

NEW DELHI, Feb. 15 (UPI)

 

French President Francois Hollande has met with Indian Prime Minister Manmohan Singh with a special look at defense relations on the agenda.

 

Underscoring the importance of the visit, Hollande was accompanied by French Foreign Minister Laurent Fabius and French Defense Minister Jean-Yves Le Drian along with the chief executive officers of more than 60 leading French firms.

 

A French official, speaking on condition of anonymity, said that the trip was aimed at building on the "strategic Indo-French partnership launched 15 years ago."

 

Hollande said that, after his meeting with Singh, he was certain that India was carefully considering all options for major defense purchases.

 

Hollande added that the Indian government was committed to considering all foreign applications for big-ticket items in the India's Ministry of Defense pipeline and that an element of his visit was to highlight French companies interested in the Indian market.

 

Singh averred, "The discussion on the (contract) is progressing well," Singh said, adding that "some progress has been achieved."

 

The majority of India's international contracts are in the defense sector, which has been dogged by allegations of bribery and corruption. In addressing corruption allegations in a civil nuclear contract for France's bid for participating in the construction of India's Jaitapur nuclear power plant, Hollande promised that France's transactions with India would be fully transparent.

 

In visiting the South Asian economic powerhouse, Hollande is making his first visit to an emerging economy, with diplomatic sources emphasizing that Paris chose India over Brazil, the Russia Federation and South Africa.

 

Singh and Hollande stated that their mutual interest was cooperation in high technology programs, including bilateral research and development and transfer of technology, one of India's highest priorities.

 

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Hollande noted that joint venture projects already online included the Indian navy's indigenously built Scorpene submarine and the upgrading of the Indian air force's French-built Mirage 2000 with negotiations progressing. He also said discussions continue to finalize the joint French-Indian Short Range Surface to Air Missile air defense project.

 

Hollande's top defense priority is to secure the Indian air force purchase of 126 Rafale fighters from French arms manufacturer Dassault, a potential deal worth $12 billion. India chose the firm in 2012 but says that the contract won't be signed until midyear.

 

Franco-Indian trade levels remain modest, in 2012 worth $10 billion and France imports more than it sells to India.

 

Singh and Hollande, besides noting the progress on bilateral cooperation on the Scorpene submarine, Mirage 2000 and SRSAM joint ventures, reiterated their ongoing interest in negotiations on the Medium Multi-Role Combat Aircraft program.

 

New Delhi diplomatic sources speaking not for attribution said that given France's inside track in New Delhi, Rafael's closest competitor, the four-nation Eurofighter consortium, had essentially abandoned its bid for India's new fighter tender, as had Germany, previously the leading country for the Indian air force combat fighter contract.

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 18:40

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photo Livefist

 

06/02/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Alors que le salon aéronautique militaire de Bangalore ouvre ses portes ce mercredi et à quelques jours d'une visite de François Hollande, que peut espérer la France en Inde en 2013? Avec un bon karma, ce sera peut-être l'année de la France en lnde, qui avait été le premier pays client de l'industrie d'armement français en 2011. De nombreuses campagnes commerciales ou négociations pourraient être favorables cette année aux groupes tricolores.

 

Et si le karma était favorable en 2013 aux industriels de l'armement français en Inde. A commencer par Dassault Aviation, en pole position pour décrocher le contrat du siècle en Inde, MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), baptisé par les Indiens "la mère de toutes les affaires" ("mother of all deals"). Un contrat évalué à 18 milliards d'euros. Depuis janvier 2012, l'avionneur tricolore est en négociations exclusives avec New Delhi pour la vente d'une première tranche de 126 Rafale, dont 108 seront assemblés localement par les industriels indiens.

 

New Delhi a un véritable besoin pressant pour renouveler sa flotte avec des avions modernes pour contrer la montée en puissance dans le domaine aérien de la Chine et du Pakistan. D'autant que l'armée de l'air indienne perd aussi beaucoup d'appareils, notamment des avions russes. L'Indian Air Force a perdu 50 appareils, dont 33 avions de combat entre 2008 et mars 2012. En outre, l'Inde doit faire face à de régulières violations de son espace aérien. Sans compter les infiltrations de Pakistanais par la vallée du Kashmir.  Le gouvernement indien se plaint régulièrement de ces provocations. Récemment encore, début janvier, le ministère de la Défense les dénonçait dans un communiqué : "Le gouvernement indien considère l'incident comme une provocation et nous le condamnons (...). Nous nous attendons à ce qu'Islamabad honore l'accord de cessez-le-feu strictement".

 

Rafale : tout se passe bien

 

"Tout se passe bien", explique une source proche du dossier même s'il y a peu de chance que ce contrat soit signé, en dépit de la volonté de l'armée de l'air et des autorités indiennes, avant la fin de l'année fiscale, qui se termine fin mars. La visite de François Hollande, dont les dates du voyage (14 et 15 février) ont été révélées par Challenges, ne sera pas non plus l'occasion de signer ce mégacontrat. Dassault Aviation attend plutôt un contrat cet été, voire en fin d'année, selon nos informations. Pas plus tard car les élections législatives en Inde sont prévues en mai 2014. Trois mois avant la date des élections, aucun contrat d'une telle envergure ne sera signé. En décembre dernier, le ministère de la Défense indien avait publiquement et sobrement indiqué que "le contrat MMRCA n'a pas été finalisé jusqu'ici parce que les négociations sont en cours".

 

Tout l'enjeu pour Dassault Aviation est d'organiser le vaste transfert de technologies exigé par New Delhi dans de bonnes conditions pour les Indiens et dans des conditions de sécurité raisonnable pour le Team Rafale (Dassault Aviation, Thales et Safran). Ce qui est loin d'être simple. Car trouver des fournisseurs indiens pour un tel contrat relève d'un sacré défi... et prend du temps. Du coup, Dassault Aviation discute pied à pied les garanties financières en cas de défaillance des fournisseurs locaux.

 

EADS vise deux contrats en 2013

 

En Inde, il n'y a pas que le Rafale. EADS compte sur la signature de deux contrats cette année : le missile Maitri et les avions ravitailleurs. Sa filiale MBDA (37,5%) attend depuis des années un très beau contrat de l'ordre de 1,8 milliard d'euros en vue de codévelopper un missile sol-air de nouvelle génération en partenariat avec l'Inde. "Les négociations sont terminées depuis décembre 2011 et le programme est passé devant le conseil de défense en décembre 2012, explique-t-on à La Tribune. Du coup, il n'y plus trop d'étapes à passer". Le programme Maitri s'appuie sur le travail effectué par le DRDO (Défense recherche et développement organisation) et sur un transfert de technologies de MBDA pour combler les lacunes de l'industrie indienne. A terme, il est prévu la production d'environ 2.000 missiles Maitri par Bharat Dynamics Limited. Ce système de défense anti-aérienne répondra aux besoins de l'armée de l'Air, de la Marine et de l'armée de Terre.

 

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photo Livefist

 

Le groupe européen attend également la signature du contrat des avions ravitailleurs, A330 MRTT. L'Inde a sélectionné en janvier Airbus Military pour la fourniture de six avions ravitailleurs A330 MRTT en vue d'équiper son armée de l'air. La filiale d'EADS est entrée en négociations exclusives avec New Delhi... deux ans après avoir vu un premier contrat similaire annulé par le gouvernement indien. Une vente qui pourrait dépasser le milliard de dollars si elle était conclue à l'issue de négociations exclusives.

 

Eurocopter en piste sur trois programmes

 

AS550C3 with armaments Copyright Eurocopter Antoine Pecchi

 

L'Inde est le paradis des hélicoptéristes. Actuellement, il existe plusieurs campagnes commerciales représentant environ 10 milliards d'euros, dont deux ont été gagnées en décembre par Boeing (15 Chinook Ch-47F et 22 AH-64D Block-III Apache) pour un montant de deux milliards d'euros environ. De son côté, Eurocopter vise trois programmes de renouvellement de la flotte indienne. La filiale d'EADS, qui a répondu en 2008 à un appel d'offre international, attend désespérement depuis 2010... l'ouverture des enveloppes commerciales par New Delhi pour savoir si elle est à nouveau sélectionnée par l'armée de l'air indienne afin de renouveler la flotte d'hélicoptères Cheetah et Chetak. En jeu, 197 Fennec, la version militaire de l'Écureuil. Un contrat de 400 millions d'euros pouvant monter jusqu'à 1,5 milliard avec l'achat au total de 600 appareils. Elle vise également le renouvellement des hélicoptères de la Marine et des Coast Guard. Eurocopter propose respectivement 16 NH-90 et 56 AS565 MB Panther, qui sera d'ailleurs en démonstration en Bangalore.

 

DCNS plonge pour un nouvel appel d'offres pour 6 sous-marins

 

Scorpene-class attack submarine. (Photo DCNS)

 

Enfin, DCNS va participer au nouveau appel d'offres de New Delhi, qui souhaite contruire six nouveaux sous-marins, dont quatre seront fabriqués sur place, dans le cadre du programme Project-75i. New Delhi a lancé un appel d'offres début décembre. Ces sous-marins, équipés d'un système AIP pour des plongées plus longues, seront équipés de missiles de croisière. Enfin, le contractant devra associer des groupes locaux pour la fabrication de ces sous-marins à l'image de ce qu'avait déjà fait DCNS, qui a déjà vendu six sous-marins Scorpène à New Delhi en 2005 en coopérant avec le chantier naval Mazagon Dock, situé dans le port de Bombay.

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 12:35
Dassault, India tussle over supply chains

BANGALORE, India, Jan. 11 (UPI)

 

India's defense ministry reiterated that Hindustan Aeronautics Ltd. will remain lead integrator for producing 108 Rafale fighters under the medium multirole combat aircraft contract.

 

Replacing HAL as integrator would jeopardize the procurement process carried out to secure the $15 billion deal with Dassault Aviation in France that was signed in January 2012.

 

The MMRCA contract called for final and exclusive negotiations with Dassault before production begins.

 

Under the tender issued in 2007, the first 18 of 126 of the twin-engine delta-wing fighters will be supplied by Dassault from its facilities in France. The remaining 108 will be produced under license by HAL at its Indian factories.

 

A deviation from the tender issued for the project would need to be approved by the Defense Acquisition Council and legal issues could arise, ministry sources told the Press Trust of India.

 

The ministry issued its statement after coming under pressure from Dassault to clarify the role of HAL so the French manufacturer could explore options for working with other companies.

 

Defense officials said it would convey final details of the relationship to Dassault and HAL this month, the PTI report said.

 

HAL is a Navratna company -- a government business -- and has 19 production and overhaul divisions and 10 research and development centers in India, the company's Web site said. It has 33,000 employees of which around half have "more than a decade of aircraft industry experience."

 

Dassault has been pressing the government for more freedom to choose its supply chain partners in light of a deal it signed -- shortly after getting the MMRCA contract -- with India's Reliance Industries Ltd. for working together in defense and homeland security agreements.

 

"Dassault Aviation, a major player in the global aerospace industry, has entered into a memorandum of understanding with Reliance Industries, for pursuing strategic opportunities of collaboration in the area of complex manufacturing and support in India," officials of the two companies told PTI shortly after Dassault landed the MMRCA deal.

 

The PTI report said Dassault had told the ministry that if it had overall responsibility for the project, it should have the freedom to decide on the proportion of work done by HAL and other private companies.

 

In February the PTI reported that Dassault must reinvest 50 percent of the worth of the deal back into Indian defense sector.

 

The aerospace and security division of the Reliance Industries is headed by Vivek Lall, who has been closely associated with the MMRCA deal while spearheading the campaign for Boeing in the deal.

 

Dassault won the hard-fought MMRCA contract by beating EADS with its Eurofighter Typhoon, Boeing with its F/A-18E/F Super Hornet, Lockheed Martin's F-16, the Russian-made MiG-35 and the Gripen from Swedish firm Saab.

 

The loss was a blow to EADS which less than two months before, in December 2010, had lost out to Lockheed Martin's fifth-generation fighter F-35 Lightning II in a major Japanese military contract.

 

Japan chose the F-35 also over Boeing F/A-18 Super Hornet in a deal estimated at around $7 billion for 42 planes.

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 17:55

exocet-rafale

 

09/01/2013 Par Valérie Lion (L'Express)

 

Vente du Rafale en Inde, projet du futur avion de combat européen, rapprochements industriels... Bien décidé à garder son rang dans le secteur militaire, l'avionneur joue son destin en 2013, alors qu'un nouveau PDG, Eric Trappier, prend les commandes.

 

Ce 19 décembre, le gratin militaro-industriel s'était donné rendez-vous sur la base aérienne d'Istres, au bord de l'étang de Berre. Serge Dassault était suivi de près par son fils aîné, Olivier. Eric Trappier, futur PDG de Dassault Aviation, disputait la vedette bien malgré lui à Charles Edelstenne, sur le départ - la passation de pouvoir entre les deux hommes devait se faire sans tambour ni trompette, mercredi 9 janvier, à Saint-Cloud, au siège de l'avionneur. Laurent Collet-Billon, délégué général à l'armement, avait même fait le déplacement, séchant pour l'occasion une séance plénière de la commission du Livre blanc sur la défense. Devant quelque 400 invités, à 10 h 55, dans un ciel d'hiver nuageux, le Neuron, dernière réalisation de la maison, a décollé pour un vol inaugural de dix minutes avant de revenir parader le long de la piste. Aucun pilote n'a salué la foule de la main, et pour cause : le Neuron est un prototype de drone de combat, commandé à distance. Le premier du genre sur le Vieux Continent.

 

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Chiffre d'affaires 2011, en milliards d'euros.

 

Difficile de savoir ce qui, ce jour-là, a le plus étonné les nombreux participants à l'événement. Cet appareil futuriste aux lignes presque inquiétantes ? Ou le discours d'Edelstenne, d'une tribune où étaient plantés le drapeau européen et ceux des six pays partenaires du programme (France, Suède, Suisse, Espagne, Italie, Grèce) ? Du jamais-vu dans la maison Dassault : réputée pour sa conduite solitaire des affaires, elle a toujours cultivé un splendide isolement. "Non à la fédération des incompétences", n'a cessé de répéter Edelstenne, pendant les douze ans de son mandat, sans perdre une occasion d'ironiser sur les difficultés des programmes multilatéraux tels que l'A400M ou l'Eurofighter, rival du Rafale. Et pourtant, ce 19 décembre, les dirigeants de l'avionneur ont lancé un vibrant plaidoyer en faveur d'une coopération européenne pour le futur avion de combat. Avant de laisser les invités méditer ce virage sur l'aile autour des six buffets, honorant la gastronomie de chacun des pays représentés. Une belle variété, propre à ouvrir l'appétit.

 

Celui de Dassault est grand. Pas question de perdre sa place dans le cercle mondial très restreint des fabricants de chasseurs. Le choix d'Eric Trappier pour remplacer Edelstenne traduit clairement la volonté du groupe, qui réalise pourtant les trois quarts de son chiffre d'affaires avec les jets d'affaires, de rester un acteur majeur de la défense. Trappier ? L'homme du militaire et de l'international, rompu aux arcanes politiques et seul représentant de l'industrie de défense dans la commission du Livre blanc. Cet ingénieur, passé très vite du bureau d'études aux ventes, a conclu le dernier contrat export en date de Dassault, la vente de 30 Mirage 2000-9 aux Emirats arabes unis, en 1998. Il est à la manoeuvre depuis près d'un an dans la négociation finale avec l'Inde pour la vente de 126 Rafale - le contrat de la dernière chance à l'export pour cet avion dont le premier vol à Istres remonte à... juillet 1986.

 

Cinq ans de travail suspendus au contrat indien

 

Le lendemain de sa nomination, le futur PDG se refusait en public à tout commentaire, fidèle à la tradition maison, mais il affichait, en privé, sa sérénité quant à l'issue des négociations. Complice d'Edelstenne, Trappier a aussi toute la confiance de Serge Dassault - "les clients le connaissent et l'apprécient", assure le pater familias. Mais la pression sur les épaules de ce quinqua est immense : Trappier doit absolument rapporter de New Delhi la signature tant attendue, qui devrait garantir cinq années de travail aux usines de l'avionneur et pourrait ouvrir d'autres marchés. A plus long terme, il lui faut aussi assurer la pérennité du bureau d'études - près de 2 000 personnes qui risquent fort de se tourner les pouces si le Rafale n'a pas de successeur. "Le système Dassault, c'est avoir toujours en parallèle un avion en fabrication et un autre en développement", rappelle Louis Gautier, président du think tank Orion.

 

Le Rafale absorbe 30 % des dépenses d'équipement !

 

Or il n'y a aucun nouveau programme à l'horizon. Le danger guette : partout, dans le monde occidental, l'heure est à la réduction des budgets de la défense. Une diète qui attise la concurrence à l'export et contraint les industriels à se regrouper. En France, la prochaine loi de programmation militaire, pour 2014-2019, élaborée d'ici à l'été, en sera le douloureux reflet. D'où la démonstration de force du 19 décembre. L'opération de com a été montée en moins de quatre semaines, au lendemain de la réussite, loin des caméras et des photographes, du tout premier vol du Neuron, le 1er décembre. Objectif : convaincre que seul Dassault est capable de fédérer efficacement des partenaires étrangers pour développer une technologie de pointe. Et encourager les gouvernements, au premier rang desquels la France, à poursuivre l'aventure.

 

Au passage, le groupe en a profité pour exposer son savoir-faire dans les avions sans pilote, alors que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit bientôt choisir qui de Dassault ou d'EADS fournira le drone de surveillance intermédiaire - à moins que, pour des raisons d'économies, la France se résigne à acheter américain. Par la voix d'Eric Trappier, dans Les Echos du 2 décembre, Dassault a tendu la main sur ce dossier à EADS, le frère ennemi, deuxième actionnaire de la société réduit depuis des années au rôle de figurant au conseil d'administration. Et lors de leurs auditions à l'Assemblée nationale, à l'automne dernier, Trappier comme Edelstenne ont spontanément parlé d'Europe, à la grande surprise des membres de la commission de la Défense. Cette évolution en laisse d'ailleurs plus d'un sceptique. "La coopération à la mode Dassault ? C'est simple : les autres paient, lui décide", raille un observateur averti. Ainsi, la société n'a pas mis un centime dans le programme Neuron.

 

Le changement de tête à Saint-Cloud ne fait guère illusion non plus : "Une page se tourne mais l'auteur du livre reste le même", glisse un syndicaliste. Trappier a combattu sans relâche sur les marchés export le britannique BAE et le franco-allemand EADS, fabricants de l'Eurofighter. Quant à Charles Edelstenne, il a beau lâcher le manche de Dassault Aviation, il reste administrateur et s'installe au Rond-Point des Champs-Elysées, à la direction générale du holding familial, GIMD. A charge pour lui de veiller au rang de Dassault dans la défense et de calmer la guerre de succession qui fait rage entre deux des fils de Serge, Olivier et Laurent. "Il va tout contrôler", glissait en aparté, ravi, Serge Dassault, le 19 décembre. Ce jour-là, Edelstenne a d'ailleurs balayé sèchement l'hypothèse d'un rapprochement Dassault-Thales-Safran, évoqué par Laurent Dassault : "Cette idée a fleuri quelque part, oubliez-la !"

 

Le gouvernement devra - encore - compter avec l'inflexible "ChE". Pas facile, même pour les socialistes, de prendre ses distances avec la maison Dassault. Le contrat indien est ainsi vital pour l'Etat français : il permettra de desserrer la contrainte budgétaire - le Rafale, avec ses 11 avions par an pour les forces françaises, absorbe en moyenne 30 % des crédits d'équipement ! L'Etat n'a guère de moyens de pression sur Dassault. Tout au plus peut-il jouer sur des commandes annexes, comme la modernisation des avions de patrouille maritime Atlantique 2, repoussée à 2013, ou les drones de surveillance. Sous Sarkozy, la société s'est rendue incontournable en entrant au capital de l'électronicien de défense Thales, un groupe quatre fois plus gros qu'elle. "C'était un moyen tactique d'éviter que les grandes orientations se fassent contre elle", estime Louis Gautier. Une position qui a bloqué toute restructuration. Aucune synergie n'a été développée entre Dassault et Thales, aucune ouverture vers des coopérations européennes n'a été engagée, déplorent les spécialistes. Le PDG, Luc Vigneron, a été un simple exécutant, avec pour seul mot d'ordre : améliorer les comptes. Mais la brutalité de son management a déclenché une crise sans précédent, jusqu'à son éviction le 20 décembre.

 

C'est Charles Edelstenne en personne qui a lâché le nom du successeur de Vigneron, la veille d'un conseil d'administration décisif. Sans doute soulagé d'avoir enfin trouvé une solution, mais prenant aussi un malin plaisir à couper l'herbe sous le pied du gouvernement, privé de la primeur de l'annonce. Certes, Dassault n'a pas réussi à imposer son choix chez Thales, comme il y a trois ans déjà. Mais comme il y a trois ans, le gouvernement n'a pas non plus fait prévaloir ses vues. Et comme il y a trois ans, c'est un candidat de compromis qui a finalement été nommé, après moult tractations. Jean-Bernard Lévy, ex-PDG de Vivendi, aura- t-il la latitude de développer une vision stratégique pour Thales ? Rien n'est moins sûr. Les deux actionnaires lui demandent d'abord de ramener la paix sociale. Après ? "On discutera", a lâché Edelstenne, qui n'avait jamais rencontré Lévy auparavant.

 

Pourtant, "Thales est l'un des pivots naturels de la consolidation européenne, c'est le groupe le plus diversifié et le plus international", assure Philippe Plouvier, consultant chez Roland Berger. Dassault, lui, rêvait plutôt d'une intégration verticale à la BAE, lui permettant d'être présent dans l'aérien, la marine et le terrestre. Un schéma qui n'a pas les faveurs du nouveau gouvernement. "Faire un champion national n'a pas de sens, surtout si le budget domestique est fortement réduit", martèlent en choeur les sénateurs Daniel Reiner et Jacques Gautier, chevilles ouvrières de la commission de la Défense au Palais du Luxembourg. Les deux hommes soulignent aussi la nécessité de ne pas se mettre dans la main d'un "monopoleur" : "Les Etats-Unis ont su consolider leur industrie tout en gardant deux acteurs majeurs dans chaque secteur pour faire jouer la concurrence", rappellent-ils.

 

L'Etat prêt à soutenir des rapprochements

 

Que prônera Jean-Yves Le Drian ? Le ministre s'est montré étonnamment prudent - et discret - sur le sujet. Son entourage répète à l'envi qu'il ne jouera pas les marieurs : aux entreprises de discuter entre elles et de trouver les meilleures formules. Le gouvernement se voit plutôt en facilitateur, prêt à soutenir des rapprochements surtout s'ils ouvrent la voie à des solutions européennes. Mais le précédent EADS-BAE n'est guère encourageant : si Le Drian en a vite saisi l'intérêt, il n'a pas su entraîner Matignon et l'Elysée. Après l'échec de la fusion des deux groupes, l'Hôtel de Brienne s'est empressé de commander à un cabinet de conseil renommé une étude sur les stratégies possibles de consolidation dans la défense. Il s'efforce aussi de ramener dans le jeu les Allemands, marginalisés par l'axe franco-britannique développé sous l'ère Sarkozy. Mais une chose est sûre, comme ses prédécesseurs, Le Drian devra faire avec l'avionneur de Saint-Cloud. "C'est le meilleur sur le plan technologique, il respecte les coûts et les délais, et c'est une société purement française", résume un fin connaisseur. Une fois de plus, il faudra bien sauver les ailes Dassault.

 


Rafale: vaincre le signe indien

 

 

Le contrat indien ? "Les discussions se poursuivent dans l'état d'esprit de conclure au plus vite." Fermez le ban. Eric Trappier a officiellement bien mis ses pas dans ceux de Charles Edelstenne. Pas question d'extrapoler davantage sur le "contrat du siècle" - estimé à 15 milliards d'euros, dont environ un tiers pour Dassault - tant qu'il n'est pas signé.

 

D'abord espéré avant le 31 mars, le dénouement des négociations, entamées en février 2012, pourrait intervenir plus tard dans l'année. "Les discussions sont complexes, explique un expert. Il ne s'agit pas seulement de l'achat d'avions, mais des modalités de fabrication." Dernier épisode en date : un vif débat entre Dassault et les autorités indiennes sur le rôle de Hindustan Aeronautics Ltd (HAL) dans la production de 108 des appareils (les 18 premiers seront assemblés en France, chez Dassault). Certains doutent que HAL ait les compétences pour garantir la qualité des avions, mais Dassault ne veut pas assumer cette responsabilité s'il n'a pas la maîtrise du choix des partenaires et sous-traitants.

 

A Saint-Cloud, on se veut confiant : à ce stade, le risque d'un échec retentissant, avec à la clef le retour d'un concurrent dans le jeu, semble mince. Comme en 2012, la direction a promis 1 % d'augmentation générale en 2013 pour tous les salariés si le contrat est signé. "Sinon, il faudra prendre des mesures d'économies", avait lâché cet automne le DRH en comité d'entreprise.

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 12:55
Succession à risques pour Dassault

 

13 décembre 2012 Par Hassan Meddah -  L'Usine Nouvelle n° 3311

 

ENQUêTE  EN COUVERTURE  Le plan de vol est chargé pour le futur patron de Dassault Aviation, qui doit être nommé ce mardi 18 décembre. L'Usine Nouvelle, dans son édition du 13 décembre, consacrait son dossier de une aux défis qui attendent le successeur de Charles Edelstenne : il lui faut vendre 126 Rafale aux Indiens, sortir renforcé de la crise des jets d'affaires et assurer l'indépendance de son groupe.

 

Zone de turbulences en vue, veuillez attacher vos ceintures. » L'avertissement vaut pour la direction du groupe Dassault, le fabricant du Rafale et des jets d'affaires Falcon. Ses dirigeants opèrent une manoeuvre délicate : le changement de pilote alors que le plan de vol du groupe s'annonce chargé. À 75 ans, Charles Edelstenne, qui a solidement tenu le manche de Dassault Aviation comme PDG depuis les années 2000, a atteint la limite d'âge. Dans ce groupe qui a la culture du secret, l'identité du futur PDG ne devrait être dévoilée que le 18 décembre. Toutefois, son mode de désignation laisse entrevoir une forte continuité. « Il a été désigné par Serge Dassault et Charles Edelstenne. Il ne devrait pas y avoir de rupture avec la politique précédente », analyse un cadre en interne. Deux candidats se détachent : Éric Trappier, le directeur général international et « vendeur en chef » du Rafale, et Loïk Segalen, le directeur général des affaires économiques et sociales.

 

 

La tâche du successeur d'Edelstenne ne sera pas simple, car les prochains mois se révéleront cruciaux pour Dassault. En jeu, l'avenir du Rafale, le leadership du groupe sur le marché des jets d'affaires et, plus encore, son indépendance, questionnée depuis le projet de méga fusion entre ses concurrents EADS et le britannique BAE Systems. Le nouveau PDG devra tout de suite entrer dans le vif du sujet et sauver le Rafale, la fierté de la maison Dassault. Les négociations entrent dans leur dernière ligne droite avec les autorités indiennes, qui veulent conclure fin mars au plus tard. Le contrat porte sur l'achat de 126 appareils, pour un montant de plus de 10 milliards de dollars. Or rien n'est acquis comme l'a rappelé Charles Edelstenne lors de sa récente audition devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale. « Je suis relativement optimiste, mais pas définitivement tant qu'on n'a pas reçu le premier chèque », indiquait-il. Sans nouvelle commande de l'étranger, la chaîne d'assemblage des Rafale située à Mérignac (Gironde), qui tourne à un appareil par mois, pourrait s'arrêter. L'échec n'est pas permis.

 

LA FEUILLE DE VOL DU NOUVEAU PILOTE
  • Conclure le contrat indien du Rafale, estimé à plus de 10 milliards de dollars pour 126 exemplaires.
  • Dominer le marché européen des drones de combat face à EADS.
  • Réussir l'industrialisation du futur jet d'affaires SMS, dont le premier vol est prévu pour 2014.
  • Maintenir les compétences de ses bureaux d'études dans le domaine des avions de combat.
  • S'imposer en tant que leader dans des programmes industriels en coopération.

Premier vol pour le SMS en 2014

 

Autre enjeu moins visible mais plus vital : tirer profit de la reprise des jets d'affaires, qui assurent au groupe l'essentiel de ses ventes et de ses bénéfices. Sur les 3,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisés en 2011, les trois quarts proviennent de la vente de Falcon (lire l'encadré ci-dessous). Un marché difficile sur lequel la crise de 2008 continue de peser. L'avionneur compte livrer 65 appareils cette année, soit à peine deux de plus que l'an dernier. Son carnet de commandes commence toutefois à reprendre des couleurs. En 2011, le groupe a engrangé 36 ventes contre un solde négatif net de 9 commandes l'année précédente. Sur les chaînes d'assemblage, la production a retrouvé un niveau intermédiaire entre les 12 appareils produits par mois quand le marché battait son plein et les trois avions par mois au plus fort de la crise. Aujourd'hui, avec des chaînes cadencées pour sortir 7 appareils, l'inquiétude des équipes reste de mise, d'autant plus que le recours à la sous-traitance s'est accéléré.

 

Falcon 7X, le produit phare du groupe

Au prochain salon de l'aviation d'affaires du Moyen-Orient (Meba), qui se tiendra à Dubaï du 11 au 13 décembre, le Falcon trônera en bonne place. Dans un marché en crise depuis 2008, et qui commence à peine à redémarrer, le groupe peut compter sur son dernier-né, le Falcon 7X, commercialisé depuis 2005, vendu entre 40 et 50 millions de dollars pièce. Dassault devrait livrer, courant 2013, le 200e exemplaire de ce véritable best-seller, qui totalise près de 40 % de ses ventes civiles. À sa sortie, le modèle renouvelait radicalement l'offre sur le segment des appareils à large cabine et long rayon d'action. Il était aussi le premier à être équipé d'un système de commandes de vol totalement numérique inspiré du Rafale. Dix ans plus tard, la concurrence commence seulement à proposer les mêmes équipements. La faible consommation de carburant du Falcon 7X séduit la clientèle d'affaires. Capable de relier Paris à Los Angeles ou Tokyo sans escale, il peut atterrir sur des pistes de 600 mètres. Depuis peu, l'avionneur propose une version avec douche à bord !

 

« Il y a un coup de frein sérieux sur les embauches dédiées à la production. En quatre ans, l'effectif de production a été réduit de 400 salariés pour tomber à environ 2 150 personnes », précise Raymond Ducrest, du syndicat CFDT chez Dassault. Le prochain PDG devra impérativement réussir le lancement du SMS, le futur jet d'affaires du groupe. Pour surprendre la concurrence, le plus grand secret a été imposé aux équipes et aux fournisseurs. Le groupe a même tenté de brouiller les pistes en laissant entendre que l'appareil se positionnerait en entrée de gamme. Seule certitude, l'importance du budget dédié. « En termes de développement de produits, jamais les investissements n'ont été aussi hauts », a assuré Charles Edelstenne.

 

Le projet SMS mobilise 1 500 ingénieurs chez Dassault et ses partenaires. « La conception détaillée de l'avion est désormais figée. Les premières pièces destinées aux tests de résistance sont entrées en production », précise le bureau d'études de l'avionneur à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Si la phase de conception s'est déroulée comme prévu, reste à mener l'industrialisation de l'appareil dans un calendrier serré : une présentation aux clients en 2013, un premier vol en 2014... de façon à être prêt quand le marché aura rebondi. Le nouveau patron devra trancher sur la pertinence d'ouvrir une ligne d'assemblage de Falcon en Chine. Le pays, où les milliardaires sont de plus en plus nombreux, a contribué l'an passé à la moitié des ventes de l'avionneur. Le marché potentiel est de l'ordre de 1 000 appareils pour les dix années à venir. Le brésilien Embraer et l'américain Cessna assemblent déjà en Chine, évitant ainsi de lourds droits et taxes de douane à l'importation. Dassault s'est lui contenté d'une filiale et d'un centre de services.

 

Un risque de marginalisation

 

Ultime défi : assurer la sacro-sainte indépendance de Dassault Aviation, « dernier groupe d'aviation au monde encore détenu par la famille de son fondateur et portant son nom », aime-t-on à rappeler au siège parisien du holding familial. Le sujet est hautement sensible. Ainsi, quand l'un des héritiers de Serge Dassault, son deuxième fils Laurent, a évoqué la possibilité de fondre le groupe dans une entité avec Safran, Thales et Zodiac, il a été immédiatement désavoué et contraint de rentrer dans le rang. Le risque d'une marginalisation du groupe existe bel et bien, comme l'a révélé la méga fusion avortée entre BAE Systems et EADS en septembre. « Ce projet a montré que la grande majorité des industriels français et européens n'ont pas la taille critique pour porter les investissements nécessaires au cours des prochaines années. [...] Cette taille se situe aux alentours des 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour prétendre jouer les premiers rôles sur des programmes majeurs dans l'aéronautique », analyse Philippe Plouvier, le directeur des activités aéronautique et défense chez Roland Berger.

 

Neuron, une double réussite

 

Le fabricant du Rafale est-il condamné à être un acteur de second rang ? Peut-être pas, si le nouveau PDG manoeuvre aussi habilement que son prédécesseur. Charles Edelstenne avait en effet, dès 2008, racheté 26% de Thales, devenant l'actionnaire industriel du principal électronicien de défense européen avec 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Dassault joue depuis un rôle central dans le secteur de la défense en France, grâce notamment aux 35% de Thales dans le capital de DCNS (chantiers navals de défense) et le rapprochement opéré avec le fabricant de blindés Nexter. À défaut d'être le plus gros, Dassault démontre qu'il est l'un des plus agiles. Le groupe a marqué les esprits avec le pilotage du programme Neuron, ce démonstrateur de drone de combat qui a effectué son premier vol le 1er décembre depuis la base d'Istres (Bouches-du-Rhône). « Ce premier vol constitue une double réussite pour Dassault. Il devance BAE et prouve qu'il n'a pas raté le virage des drones. Et le groupe a aussi prouvé qu'il pouvait travailler en bonne intelligence avec les grands partenaires européens », analyse Damien Lasou, le responsable mondial de l'activité aéronautique et défense du cabinet Accenture.

 

Neuron 01 dec 2012 photo2 dassault-aviation.com

 

Pour le démonstrateur Neuron, Dassault a travaillé conjointement avec l'italien Finmeccanica, le suédois Saab, le suisse RUAG, la branche espagnole d'EADS... Dassault Aviation a réussi à décrocher la maîtrise d'oeuvre industrielle parce que l'État français a financé à lui seul la moitié des 400 millions d'euros de ce programme européen. Le successeur de Charles Edelstenne pourra-t-il compter sur un tel appui ? À l'heure où l'État réfléchit à l'avenir de sa défense, c'est un paramètre, et non des moindres, que le futur pilote de Dassault Aviation ne maîtrise pas.

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 12:55

Rafale assembly line in Merignac

 

18 décembre 2012 Info-Aviation

 

Le 4 décembre, le Président de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, a été auditionné  par la commission de la défense à l’Assemblée Nationale dans le cadre du Livre blanc sur la défense.

 

Dans l’esprit collectif, Dassault Aviation évoque les activités de défense à travers les programmes Mirage III, Mirage 2000, Rafale, et nEUROn. Mais celles-ci ne représentent que 25% des activités du groupe contre 75% pour l’aéronautique civile avec les programmes Falcon 900, 2000, 7X et le futur SMS. Autre idée reçue : le Rafale est trop cher à l’exportation. Qu’en est-il vraiment ?

 

Selon le président de Dassault, le Rafale a d’abord permis de maîtriser les coûts de la défense. Alors que les forces aériennes françaises comptaient près de 690 avions en 1995 (armée de l’air et marine confondues), il est aujourd’hui prévu de remplir les mêmes missions avec 286 avions pour un coût global de 90,3 millions d’euros hors taxes, moyennant une dérive de 4,7%.

 

En comparaison, l’Eurofighter d’EADS affiche un coût unitaire global de 147 millions d’euros pour 160 avions et un dérapage des coûts de 75% (source : National Audit Office).

 

Quant au F-22 de Lockheed Martin, il a vu ses coûts exploser avec un coût unitaire chiffré à 282,3 millions d’euros pour 700 avions initiaux et une dérive budgétaire de 386%. Enfin, le F-35 Joint Strike Fighter qui devait être initialement produit à 2856 exemplaires pour les 3 corps d’armée US (Navy, USAF et Marines), est aujourd’hui ramené à 2443 avions pour un coût unitaire global de 98,4 millions d’euros et un dérapage de 77%, sachant que son développement n’est pas terminé.

 

Du côté des ventes, le Rafale a été mis en service dans l’armée de l’air française en 2006. L’Inde l’a sélectionné dans son appel d’offres en 2012 et des négociations exclusives sont en cours. Le Mirage 2000, dont 50% de la production a été exportée, enregistre lui aussi un beau succès en Inde avec la modernisation de 51 avions de l’Indian Air Force.

Charles Edelstenne rappelle que l’influence des USA est écrasante sur le marché des avions de combat : « La Corée a cru brièvement qu’elle pourrait acheter des avions français sans l’accord des États-Unis et Singapour est un porte-avions américain. »

 

Il ajoute avec une pointe d’ironie qu’au Maroc « l’efficacité du système français a réussi un tour de force : malgré une demande du roi adressée au Président de la République pour l’achat d’avions français, le royaume a fini par acheter américain. ».

 

Charles Edelstenne évoque aussi le lien politique étroit qui encadre la vente d’un avion de combat. « Certains pays seraient prêts à acheter un fer à repasser au prix d’un avion de combat pour acheter avec lui la protection du parapluie américain – réelle ou illusoire ». Une allusion à peine dissimulée au choix du Japon pour le F-35.

Quant à l’appel d’offres en Suisse, M. Edelstenne impute l’échec du Rafale « aux déclarations politiques critiquant son système bancaire et fiscal formulées au moment même de la phase finale des négociations ont orienté ce pays vers l’achat du Gripen », précisant toutefois que « l’histoire n’est pas encore terminée. »

Le président de Dassault a évoqué la force du dollar dans les appels d’offres.

« Pour la négociation du marché brésilien, nous avons l’avantage de la compétence, mais le prix du Rafale, initialement inférieur à celui de son concurrent américain (F/A-18), est finalement supérieur en raison de l’incidence des taux de change ».

 

Charles Edelstenne a également souligné l’importance de distinguer les rôles.

 

« On a assisté dans le passé à un mélange des genres : les politiques et l’administration ont fait du commerce, ce qui est une catastrophe. Les politiques doivent donc créer l’environnement permettant une bonne relation avec les clients potentiels, et nous devons quant à nous [les industriels] défendre notre produit et négocier nos prix. Le Président de la République et le ministre de la défense semblent partager ce point de vue. »

Le maintien des compétences

Le transfert des compétences des ingénieurs est un point crucial d’après Charles Edelstenne pour développer de nouveaux programmes en 2035-2040 et maintenir le Rafale opérationnel durant 30 ans.

« Quatre générations d’ingénieurs ont ainsi travaillé sur le Rafale et le nEUROn, ce qui a permis un transfert de compétences correspondant à une capitalisation permanente de savoir-faire depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La question est maintenant de savoir comment transmettre ce savoir-faire aux générations suivantes. »

L’objectif de Dassault est aussi de garantir une avance technologique à la France notamment face aux pays clients du Rafale qui bénéficieront d’un transfert de technologie comme l’Inde et peut-être le Brésil.

Le nEUROn en voie d’apparition

Le coût du programme nEUROn est de 400 millions d’euros, dont 50% ont été financé par la France. Il s’agit du premier avion de combat furtif sans pilote en Europe dont le premier vol eut lieu en décembre.

M. Edelstenne rappelle qu’il n’est pas question que Dassault finance un quart de son développement comme pour le Rafale : « Le nEUROn est d’abord un démonstrateur technologique qui n’a pas de débouché civil à terme sur lequel nous pourrions récupérer cet investissement. »

 

NEURON assemblage-60ea9 Photo Dassault

 

Le développement d’un drone de combat (UCAV) avec le Royaume-Uni pourra peut-être financer un nEUROn II mêlant l’expérience du nEUROn et celle du TARANIS britannique.

 

Sources :

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