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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 08:50

le-premier-vol-du-demonstrateur-neuron - Rafale photo Dassa

 

06.12.2012 Par Edouard Pflimlin Le Monde.fr

 

Le 1er décembre, à Istres, dans le sud de la France, l'Europe de la défense, si décriée, marquait une grande avancée. Tout seul (ou presque), le prototype de drone Neuron a fait son premier vol. Ce drone de combat (ou UCAV en anglais pour Unmanned Combat Aerial Vehicle), furtif et donc difficilement détectable par les radars, est en effet piloté à terre. Il préfigure ce que seront les drones de combat conçus spécifiquement pour des frappes au sol et le bombardement, voire à terme le combat aérien.

 

Neuron 01 dec 2012 photo2 dassault-aviation.com

 

Construit par Dassault aviation, le Neuron est long de 9 m, avec une envergure de 12 m, et d'un poids total de 7 tonnes, explique le blog spécialisé Défense européenne Bruxelles 2. Il peut atteindre une vitesse maximale de 980 km/h, proche de Mach 1 (1 220 km/h). Inauguré en 2003, notifié en 2006, ce programme devrait préparer le terrain à un drone de combat ou futur avion de chasse à moyen terme.

 

Le Neuron est un programme mené en coopération européenne, avec cinq autres pays (Italie, Suède, Espagne, Grèce, Suisse), mais sous forte impulsion française. Dassault Aviation, en tant que maître d'œuvre unique, est responsable de l'exécution du contrat principal. "L'objectif de ce projet n'est pas de créer de nouvelles capacités technologiques en Europe, mais de tirer le meilleur bénéfice des niches existantes", estime-t-on chez Dassault.

 

L'enjeu opérationnel est important : "Les drones militaires ont connu un développement très rapide au cours des dernières décennies, mais c'est leur utilisation intensive par Israël, [notamment au Liban en 1982], ainsi que par les États-Unis sur les théâtres irakien et afghan qui a mis en lumière leur importance dans la gestion des conflits", soulignait déjà un rapport de l'Assemblée nationale de 2009. Un rôle constaté lors des opérations récentes de l'armée israélienne à Gaza.

 

AVANCE AMÉRICAINE

 

L'enjeu stratégique et industriel du Neuron est majeur. Le projet "dessine l'avenir de l'aviation de combat européenne", soulignait dès 2009 le rapport parlementaire. Or, les Etats-Unis ont clairement une, voire plusieurs longueurs d'avance sur les Européens. L'autre projet de drone de combat européen, le Taranis, de BAE Systems, étant d'ailleurs moins avancé que le Neuron, même s'il devrait être testé au début de 2013.

 

Taranis source Defense News

 

Les Américains déploient la plus importante flotte de drones en tous genres au monde : ils ont été les premiers à tirer un missile lors d'un essai d'un drone MQ-1 Predator, il y a un peu plus de dix ans. Ils possèdent aujourd'hui une véritable armada de drones, selon le bilan de la publication de référence spécialisée de l'IISS de Londres, The Military Balance 2011 : drones lourds armés de missiles Hellfire, comme les MQ-1 Predator ou les MQ-9 Reaper, drones d'observation comme les RQ-4 Global Hawk... Au total, les Etats-Unis possèdent deux cent quarante-six drones, selon un pointage établi en 2011, quand la France ne déploie difficilement que... trois drones Harfang.

 

First Catapult Launch of X-47B Nov. 29, 2012

 

Deux jours avant le vol du Neuron, le 29 novembre, la société d'armement américaine Northrop Grumman a réalisé le premier essai de catapultage de son drone X-47B UCAS-D, un drone furtif en forme d'aile delta qui ressemble beaucoup au bombardier lourd B2, de l'US Air Force. Il peut emporter deux tonnes de bombes en soute, à plus de 2 000 km de distance et a une autonomie de vol de cinquante heures sans faire le plein. "C'est la première fois qu'un engin non piloté décolle de cette manière, au moyen d'une catapulte à vapeur", souligne la revue Air & Cosmos.

 

Ce test montre que le drone X-47B est "un pas plus proche de son rôle prévu, qui est de pouvoir atterrir et décoller d'un porte-avions", indique la revue de défense Jane's Defence Weekly. Des tests sur un porte-avions américain, peut-être l'USS Harry S. Truman, doivent avoir lieu d'ici à la mi-2013. Des tests de ravitaillement en vol autonome doivent également avoir lieu en 2014. En effet, le X-47B est conçu pour pouvoir assurer des vols de façon autonome, un contrôle manuel par un pilote ayant lieu quand il se rapproche du porte-avions. D'autres projets existent aussi chez les concurrents américains de Northrop Grumman, Boeing, General Atomics et Lockheed Martin.

 

TRANSPORT, RAVITAILLEMENT...

 

Les Etats-Unis veulent également diversifier l'utilisation des drones par leurs forces armées. Selon le "Plan de vol des systèmes de drones 2009-2047", un rapport de l'US Air Force (USAF), présenté le 23 juillet 2009 et qui couvre la période 2009-2047, les drones auront au sein de l'armée de l'air américaine une place croissante et pourraient donc voir leurs tâches étendues par exemple au transport de matériel ou au ravitaillement en vol. Jusqu'à remplacer les pilotes de chasse ?

 

Toutes les options sont du domaine du possible. En 2011, l'USAF aurait formé trois cent cinquante opérateurs de drone contre deux cent cinquante pilotes d'avion de combat. A long terme, elle vise une autonomie complète pour mener des missions de combat, même si "les humains garderont la possibilité de changer le degré d'autonomie approprié selon les types de missions ou selon les phases de celles-ci". Ce qui renforce les problèmes éthiques et juridiques déjà posés par l'utilisation des drones, d'une guerre presque "déshumanisée".

 

Si ce programme parvient à son terme, et si un ravitaillement en vol du drone est assuré, le X-47B pourra frapper des cibles à des milliers de kilomètres de distance en partant d'un porte-avions, alors que les pilotes pourront rester sur le navire et contrôler le vol par rotation. Et ce dernier pourra se protéger des missiles antinavires en opérant à plus grandes distances des côtes ennemies. Une capacité opérationnelle considérable, qui pourrait être disponible vers 2025.

 

VINGT ANS DE DÉVELOPPEMENT

 

Le Neuron, qui lance les contours d'un hypothétique "système de combat aérien futur" (SCAF) serait, lui, plutôt opérationnel à l'horizon 2030-2040, souligne Air & Space du 5 octobre. Le 30 juillet, deux contrats étaient notifiés, à Dassault Aviation et à BAE Systems d'une part, et à Rolls-Royce et à la Snecma d'autre part, pour un montant total de 13 millions d'euros pour évaluer la faisabilité du projet. S'il entre bien en service à cet horizon, ce drone européen aura pour mission de pénétrer et de détruire les défenses aériennes ennemies grâce à sa quasi invisibilité. Mais "pour l'heure, pas question de conduire des missions de défense aérienne", qui seraient assurées par les avions de chasse type Rafale. Pour l'heure...

 

Derrière l'enjeu militaire, il y a aussi un enjeu industriel de taille. Le marché des drones explose. Il devrait atteindre 6,6 milliards de dollars en 2012, selon la société d'études spécialisée Teal Group, et 11,4 milliards de dollars d'ici à dix ans, totalisant 89 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

 

Yi Long UAV pic1

 

Même si plusieurs pays s'intéressent aux drones de combat, comme la Russie, l'Inde ou la Chine, ils n'en sont qu'à leurs balbutiements. Et l'univers des drones est nettement dominé par les industriels israéliens et américains que sont IAI, Elbit, Aeronautics, General Atomics, Boeing, Northrop Grumman et Aerovironment. Et le Pentagone est de très loin le plus important acheteur de drones de la planète. Selon la requête budgétaire du département de la défense américain pour l'année 2013, rien que pour les Predator et les Reaper, le ministère de la défense demande 1,91 milliard de dollars, contre 1,76 milliard en 2011. Selon Teal Group, les Etats-Unis devraient représenter 55 % des commandes d'équipement dans le monde.

 

Or, si l'Europe veut bâtir une défense européenne crédible, l'essor de son industrie de défense est essentielle. Son avenir stratégique passe par les airs et par ces engins aux formes étranges que sont les drones.

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 18:06

Rafale assembly line in Merignac

 

05 décembre 2012, Hassan Meddah - Usine Nouvelle

 

Dans les prochains jours, le successeur de Charles Edelstenne à la tête de Dassault Aviation sera connu. Bouclage des négociations pour la vente du Rafale en Inde, stratégie d'alliances dans le casse-tête de défense français... les dossiers difficiles ne manquent pas pour le futur dirigeant.

 

Une nouvelle ère va commencer pour Dassault Aviation. Charles Edelstenne a pour la première fois publiquement évoqué son départ du poste de PDG qu'il occupe depuis 2000. "Mon départ est programmé le 9 janvier. […] Le nom de mon successeur sera officialisé dans les jours qui viennent", a-t-il sobrement précisé aux députés qui l'interrogeaient sur sa succession lors de son audition devant la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, mardi 4 décembre. Le dirigeant est rattrapé par la limite d'âge des 75 ans,inscrite dans les statuts de l'entreprise.

 

Pour changer cette règle, il aurait fallu l'autorisation des deux tiers des actionnaires, et donc convaincre l'État et EADS. Serge Dassault, son prédécesseur ne l'avait pas fait en son temps, Charles Edelstenne n'y aurait donc pas tenu non plus. Pourtant des échéances cruciales s'annoncent pour l'avionneur. Les négociations avec l'Inde pour l'achat des 126 Rafale, le contrat du siècle pour la maison Dassault estimé à plus de 10 milliards de dollars, entrent dans la dernière ligne droite avec une conclusion attendue pour mars au plus tard. Et sur le segment des avions civils, il faudra préparer l'industrialisation du futur avion d'affaires du groupe, le fameux SMS dont le premier vol est prévu en 2014.

 

Charles Edelstenne garde son siège à la holding Dassault

 

Qui lui succédera? Pour mener quelle stratégie? Quel influence conservera Charles Edelstenne non plus aux manettes de Dassault Aviation mais depuis son siège au sein de la holding Dassault? Ce faux départ pose de nombreuses questions. Une chose paraît certaine, Charles Edelstenne sera d'une façon ou d'une autre présent dans les grandes décisions. "Je le vois mal jouer au golf toute la journée", indique un cadre du groupe. Si certains craignent une succession improvisée, cette source interne est convaincue du contraire : "Il a préparé cette affaire depuis longtemps. Le tuilage devrait se faire de manière fluide". Le futur ex-PDG siège en effet au comité des sages de la holding Dassault. De là, l'ancien patron du Gifas (groupement des industriels de l’aéronautique et de la défense) devrait donc continuer de garder un œil attentif sur l'évolution des négociations indiennes. Mardi 4 décembre, il donnait d'ailleurs les dernières nouvelles du front aux députés. "Les négociations sont dures […] Il y a une volonté d'aboutir de part et d'autres. Je suis relativement optimiste mais pas définitivement tant qu'on n'a pas reçu le premier chèque", indiquait-il. Le dirigeant a raison d'être prudent tant son groupe joue gros sur ce contrat. En cas d'échec, la chaine d'assemblage des Rafale basée à Mérignac (Gironde) qui tourne déjà au ralenti avec une production d'un exemplaire par mois, pourrait s'arrêter. La dernière livraison aux armées françaises est programmée en 2017.

 

Et maintenant ? Henri Proglio ? Une succession interne ?

 

Toutefois, ce sera à son successeur de dessiner la future stratégie du groupe. Mais de qui s'agit-il ? "Le mystère a été bien gardé", souligne un cadre reconnaissant que lui-même ne connait pas l'identité de son futur patron. Le nom du patron d'EDF, Henri Proglio, a  circulé un temps comme successeur potentiel. Toutefois une solution interne paraît plus probable, les quatre PDG précédents étaient soit issus de la famille soit du groupe. Trois noms ont circulé plus que les autres. Primo, celui du directeur général international Éric Trappier, également vendeur en chef du Rafale à l'export. Il cumule un double handicap : même si la vente avec l'Inde est bien engagée, le Rafale n'a pas encore été vendu à une puissance étrangère et l'homme serait trop marqué du sceau des activités militaires alors que celles-ci ne représentent qu'un quart du chiffre d'affaires de Dassault Aviation (3,3 milliards d'euros en 2011). Autre dirigeant pressenti, le directeur directeur général des affaires économiques et sociales et de fait directeur financier, Loïk Segalen. Il aurait la confiance de Charles Edelstenne... lui-même ancien directeur des services financiers de Dassault au début des années 60. Il a toutefois le défaut de connaître "davantage Dassault Aviation à travers des colonnes de chiffres que par des visites d'ateliers", critique toutefois sur son blog un syndicaliste du groupe. Enfin, il n'est pas exclu qu'un Dassault revienne aux commandes dans une structure plus collégiale. Ainsi l'ainé des enfants de Serge Dassault, Olivier, pourrait diriger les activités aéronautiques, secondé par les deux directeurs promus au rang de vice-président.

 

Héritage d'une figure emblématique

 

Quelque soit le successeur retenu, Charles Edelstenne sera difficile à remplacer tant l'homme a incarné et défendu farouchement le groupe. Sa récente intervention auprès des députés a été encore un exemple. Avec ses analyses froides et directes, il n'hésite pas à prendre le contrepied des idées dominantes. Par exemple sur l'impact sur son groupe de la fusion EADS et BAE : "Je n'étais ni content ni inquiet mais totalement indifférent. Notre seul point de friction portait sur les avions de combats. Or BAE et EADS sont déjà partenaires sur l'Eurofighter, donc ce rapprochement n'aurait rien changé sur les coûts et les performances de l'appareil". Ou encore ses critiques cinglantes vis à vis de la concurrence. Notamment sur le consortium Eurofighter qu'il qualifiait "de fédération des incompétences" car chaque pays membre revendiquait la brique technologique qu’il ne sait pas faire. Mais surtout, Charles Edelstenne s'est toujours imposé comme le premier défenseur de la maison Dassault. Ainsi devant les députés, il a encore tenu à tordre le cou "aux idées reçues" sur son entreprise. "Non, Dassault ne vit pas aux crochets de l'État. 75% de notre activité concernent le civil pour lequel nous ne réclamons ni avances remboursables, ni subventions, ni participations au grand emprunt", a-t-il souligné égratignant au passage son grand voisin Airbus. Quant au "coût exorbitant" du Rafale, il a donné ses chiffres aux députés compilés et sourcés auprès des autorités de comptes publics des différents pays fabricants d'avions de combat: 90 millions de dollars de coût unitaire pour le Rafale, 147 millions pour l'Eurofighter, 98 millions pour le JSF de l'américain Lockheed Martin...

 

Dassault Aviation doit atteindre la taille critique

 

L'avenir du groupe n'en reste pas moins incertain. La question de la taille critique se pose plus que jamais pour Dassault Aviation. Le projet de fusion EADS/BAE a été un révélateur au point que le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian s'était lui même inquiété de la marginalisation possible de son fournisseur d'avion de combat. "Ce projet a soulevé beaucoup de questions et montré que la grande majorité des industriels français et européens n'ont pas la taille critique pour porter les investissements nécessaires dans les prochaines années. Nexter, Dassault Aviation, Rheinmetal... ne font pas le poids dans la nouvelle compétition mondiale. Aujourd'hui la taille critique se situe aux alentours des 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour prétendre jouer les premiers rôles sur des programmes majeurs dans l'aéronautique" nous confiait alors Philippe Plouvier, directeur des activités aéronautique et défense chez Roland Berger. Et avant même le départ de l'actuel PDG, certains ont affiché la volonté d'accélérer la stratégie d'alliance jusqu'ici développée à travers le groupe Thales (participation dans DCNS, accord avec Nexter...) dont Dassault est actionnaire à 26%. Ainsi , le second fils Dassault, Laurent, militait récemment pour un regroupement de son groupe avec Safran et Thales (ses deux partenaires dans le GIE Rafale) ainsi que Zodiac Aerospace. Clairement, cette succession ne se fera pas sans remous. Le statu quo ne paraît guère possible. Reste à savoir dans quelle direction le futur pilote de Dassault Aviation voudra orienter son groupe dans la zone de turbulences qui s'annonce.

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 17:30

Neuron 01 dec 2012 photo2 dassault-aviation.com

 

03 décembre 2012 Usine nouvelle (Reuters)

 

Le démonstrateur de drone de combat Neuron a réussi le 1er décembre son tout premier vol à Istres, dans les Bouches-du-Rhône. Il couronne près de dix ans d'efforts de six pays européens emmenés par la France et Dassault Aviation.

 

Dix années d'efforts conjoints de six pays européens emmenés par la France et Dassault Aviation ont été nécessaire pour arriver à cette première étape. Une fois la centaine de vols d'essais du Neuron réalisés, d'ici deux ans, l'avionneur tricolore compte participer à la préparation de la prochaine génération d'avions de combat, avec ou sans pilote, attendue dans les années 2030.

 

Le Neuron a atterri samedi à 8h45 à Istres après 25 minutes de vol sans aucune difficulté, avec plusieurs mois de retard sur le calendrier prévu.

 

Lancé en 2003, le programme Neuron, d'un budget de plus de 400 millions d'euros, est piloté par la Délégation générale de l'armement (DGA) et Dassault Aviation, qui joue le rôle de maître d'oeuvre.

 

L'avionneur français, concepteur de l'avion de combat Rafale, a entraîné dans son sillage le suédois Saab, qui fabrique le Gripen et l'italien Alenia (Finmeccanica, qui fait partie du consortium Eurofighter avec EADS et le britannique BAE Systems.

 

L'espagnol EADS-CASA, le grec Hellenic Aerospace Industry (HAI) et le suisse Ruag sont également de la partie.

 

Pendant ce temps, BAE Systems, avec qui Dassault Aviation coopère dans les drones de surveillance, mène son propre projet similaire, Taranis, avec un premier vol prévu en 2013.

 

AUTONOMIE

 

Le Neuron peut effectuer un vol complet sans recevoir aucun ordre et peut rectifier de lui-même des situations critiques, un avantage crucial dans une zone de combat où il vole beaucoup plus vite que les drones de surveillance actuels.

 

Mais s'il n'y a pas de pilote dans l'avion, le pilote est bien là, dans un "shelter", étroite baraque installée au bout de la piste d'Istres, la plus longue d'Europe. A tout instant, installé face à des écrans similaires à un cockpit, il peut reprendre la main. A ses côtés, un deuxième opérateur vérifie le bon fonctionnement des équipements informatiques.

 

"Parfois, il nous arrive d'oublier qu'on n'est pas dedans", raconte Olivier Ferrer, dit "Nino", ancien pilote de chasse de l'aéronavale devenu pilote d'essai pour Dassault Aviation.

 

"Même s'il n'y a pas de manche de manette, tous les ordres qu'on donne sont quasiment les mêmes que pour un avion".

 

Le pilote reste en contact permanent avec une "salle d'écoute", l'équivalent d'une tour de contrôle.

 

Après avoir reçu à Istres des pièces des six pays d'Europe participant au programme, le Neuron a démarré ses essais au sol qui ont mobilisé 300 personnes depuis fin 2011.

 

Comme ceux qui suivront, ce premier vol d'essai a été réalisé au-dessus de zones faiblement peuplées - moins de 15 habitants au km2 - pour limiter les risques.

 

Le deuxième vol attendra quatre mois. Entre-temps, l'avion sera envoyé au Centre d'essai d'électronique de l'armement de la DGA à Bruz, près de Rennes, où des tests seront réalisés pour vérifier qu'il est bien le plus furtif possible.

 

"L'idée, c'est d'être aussi invisible qu'un moineau. Le moineau de Paris est gris, discret, ne se voit pas, se fond dans l'environnement", explique Didier Gondoin, directeur général technique de Dassault Aviation, qui a dirigé le programme Rafale de 1998 à 2005.

 

Le Neuron devra ainsi demeurer en dessous des seuils de détection des radars, réglés de façon à ne pas détecter les vols d'oiseaux.

 

De la même manière, le moteur de l'avion a été dissimulé pour éviter que la chaleur émise ne soit détectable par les radars infrarouge.

 

Long de 10 mètres, le Neuron a une envergure d'environ 12,5 mètres - légèrement supérieure à celle d'un Mirage 2000 - et peut peser sept tonnes une fois ses deux soutes d'armement chargées.

 

Sur la centaine de vols d'essais prévus, 80 seront effectués à Istres et les autres en Italie et en Suède. Le Neuron sera confronté à des avions de combat de type Rafale ou Gripen et à des radars de détection et des batteries antiaériennes.

 

"On va confronter la nouvelle épée qui est Neuron face aux boucliers que sont les systèmes de détection", résume Patrick Castagnos, directeur des essais en vol de Dassault Aviation.

 

Mais si les Etats ont beaucoup partagé dans la conception du Neuron, ces données-là, ils les garderont pour eux.

 

L'APRÈS-NEURON

 

L'étape suivante, après 2014, s'appelle "Neuron 2" : il s'agit de préparer un véritable projet de drone de combat européen en assimilant les fruits du travail effectué parallèlement par BAE Systems avec Taranis.

 

Dassault Aviation et BAE ont obtenu en juillet un contrat d'études préliminaire de 13 millions d'euros pour le lancement de la première phase du programme de démonstration du système de combat aérien.

 

Les deux groupes commencent à travailler avec le motoriste français Snecma (groupe Safran) et le britannique Rolls-Royce. Pour l'avionique (radars), Dassault Aviation discute avec Thales - dont il est le premier actionnaire industriel avec 26% du capital - et avec l'italien Selex (groupe Finmeccanica).

 

Le tandem semblait l'an dernier en pole position pour le projet de drone de surveillance MALE (Moyenne altitude longue endurance) dans le cadre de la coopération franco-britannique dans la défense scellée depuis fin 2010.

 

Mais l'alternance qui a suivi l'élection présidentielle française a entraîné une remise à plat du dossier et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est dit peu favorable à la voie choisie par son prédécesseur.

 

La France devrait annoncer prochainement sa décision en matière de drones, un domaine emblématique de la politique de défense des années à venir.

 

Les deux drones (de surveillance et de combat) partagent les mêmes technologies de télécommunications et les mêmes techniques d'essais en vol, fait valoir Eric Trappier, directeur général international de Dassault Aviation.

 

"Ce serait dommage de rater cette opportunité de faire travailler les mêmes ingénieurs, sinon on va réinventer plusieurs fois la poudre."

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 22:42

le-rafale photo source india-defence

 

22 novembre 2012 Usine Nouvelle (Reuters)

 

Les négociations exclusives entre l'Inde et Dassault Aviation pourraient aboutir d'ici à la fin avril. Le ministre de la Défense français ne s'y immisce pas, mais souhaite garder sa fonction d'encadrement et d'arbitrage en la matière.

 

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a déclaré le 22 novembre espérer que les négociations de Dassault Aviation avec l'Inde pour un contrat de 126 avions de combat aboutiraient en 2013, consolidant ainsi le partenariat stratégique noué depuis 1998 entre Paris et New Delhi.

 

Les négociations exclusives avec le constructeur du Rafale, annoncées fin janvier, pourraient aboutir d'ici la fin de l'exercice budgétaire qui court en Inde jusqu'à fin avril, selon des propos de l'ambassadeur indien à Paris rapportés par la presse début novembre.

 

La campagne des élections législatives indiennes de 2014, qui devrait démarrer l'été prochain, pourrait compliquer les négociations sur un contrat aussi sensible que celui d'avions de combat.

 

Jean-Yves Le Drian a précisé que son rôle se limitait à créer un terrain propice à l'export.

 

"Si un ministre s'immisce dans le détail d'une négociation commerciale, il y a confusion des genres", a-t-il noté, lors d'une audition par les commissions de Défense et des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale pour la présentation au Parlement du rapport sur les exportations d'armement en 2011.

 

"Par contre l'Etat est dans son rôle lorsqu'il encadre, lorsqu'il garantit et lorsqu'il arbitre", a-t-il ajouté. "C'est bien souvent sur la base de relations étroites que j'appelle partenariats stratégiques que nous pouvons bâtir une relation à l'export".

 

La France a exporté pour 6,5 milliards d'euros d'armes en 2011 contre 5,1 milliards en 2010. Sur la période 2002-2011, l'Arabie saoudite, le Brésil, l'Inde et les Emirats arabes unis ont été ses quatre premiers clients.

 

Jean-Yves Le Drian a déclaré avoir déjà travaillé récemment à la consolidation d'une telle relation avec les Emirats arabes unis et le Brésil et qu'il comptait le faire prochainement avec l'Inde et l'Arabie saoudite.

 

L'appel d'offres du Brésil pour 36 avions de combat ne cesse d'être reporté et les négociations avec les Emirats arabes unis semblent dans l'impasse depuis un an.

 

Concernant les recompositions industrielles en France, le ministre de la Défense a estimé que le champ était ouvert.

 

"On a dû avoir une période de pause pendant que se développait pour aboutir à un échec de l'opération EADS-BAE, elle est terminée au moins pour un certain temps", a-t-il noté. "Les questions se reposent, le jeu est totalement ouvert".

 

Jean-Yves Le Drian a déclaré à la mi-octobre qu'il regrettait l'échec de la fusion entre le groupe européen d'aérospatiale et de défense et le britannique, estimant toutefois que cet échec ne contrariait pas les efforts de la France pour bâtir une Europe de la Défense.

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 07:00
French leader's Brazil visit could hasten decision on jets

May 23, 2012 Spacewar.com (AFP)

 

Brasilia - French President Francois Hollande's visit to Brazil next month for the Rio+20 summit could help hasten Brasilia's decision on a contract to buy 36 next-generation fighter jets, a government official said Wednesday.

 

The Rafale fighter, made by French firm Dassault Aviation, is competing against the US F/A-18 Super Hornet and Swedish manufacturer Saab's Gripen for the contract valued at between $4 billion and $7 billion.

 

The government official, speaking on condition of anonymity, said Hollande's attendance at the June 20-22 UN summit on sustainable development "could untie the knot", with Brasilia hoping for clarifications on the French offer.

 

"We are not happy with any of the proposals" right now, the official said, explaining that the French price was deemed too high while Brasilia does not trust US assurances on technology transfer.

 

Brazil, Latin America's dominant power and the world's sixth-largest economy, is insisting on technology transfer in all its defense agreements.

 

Last month, US Defense Secretary Leon Panetta visited Brazil and pledged US advanced technology transfers if Brasilia chooses the Boeing's F/A-18.

 

France has offered full technology transfers in its bid to win the contract.

 

Another factor is India's recent tentative decision to buy 126 Rafales in a contract valued at $12 billion, a more attractive price than that proposed to Brazil.

 

Brazilian Defense Minister Celso Amorim traveled to India in February to discuss prospects for a "technical military accord."

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 12:15
Ce que peut (et ne pas) faire Hollande dans la défense

 

10/05/2012 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Le nouveau chef de l'Etat veut relancer la coopération européenne et recomposer l'industrie de la défense française. Il souhaite limiter l'influence de la maison Dassault, notamment dans le groupe d'électronique Thales.

 

En matière de défense, François Hollande ne sera pas un révolutionnaire... Bien sûr, le tout nouveau chef de l'Etat fera entendre sa propre musique. Notamment sur le plan industriel. Il a dit et redit qu'il souhaitait « construire une politique industrielle de Défense », qui devrait être pilotée - sauf surprise - par un fidèle parmi les fidèles de François Hollande depuis trente ans, Jean-Yves Le Drian en tant que ministre de la Défense. "Pendant cinq ans, il n'y a pas eu de politique industrielle de défense mais plutôt de l'opportunisme", estime-t-on au PS.

 

L'Europe, l'Europe et l'Europe

 

Deux axes président à cette politique industrielle. Le premier est de créer, explique-t-on, "des champions européens sur le modèle EADS" en favorisant "des rapprochements". Pour François Hollande, "l'Europe de la défense est notre horizon et notre ambition. L'alternance politique en France devra être l'occasion d'une vigoureuse relance de la construction européenne". Il faut donc, selon lui, "reprendre les travaux laissés en plan sur le concept stratégique de l'Union européenne, en envisageant de les prolonger par un inventaire des capacités et des technologies indispensables à la défense et à la sécurité future l'Europe". Trois priorités pour faire vivre ce projet européen : poursuivre les relations bilatérales avec la Grande-Bretagne, qui vient pourtant de tourner le dos à la France en interdisant au Rafale de ne pas apponter sur les porte-avions de Sa Majesté, "revivifier" la coopération franco-allemande et favoriser les convergences avec tous les partenaires européens, notamment la Belgique, l'Espagne, l'Italie et la Pologne.

 

L'Europe est aussi le moyen (voire le seul) de faire des économies grâce à la mutualisation et à la programmation collective des équipements militaires dans les pays d'Europe et au renforcement des capacités communes. Mais pour mutualiser et rapprocher, il faudra trouver des programmes nouveaux afin de fédérer les industriels. Mais on sait aussi que les programmes en coopération, à l'image de l'avion de transport militaire A400M, sont souvent très onéreux en raison d'un découpage industriel jamais très... industriel.

 

Dassault dans le viseur de François Hollande

 

Le second axe est de limiter l'influence de Dassault sur le monde de la défense. Et François Hollande a été clair là-dessus : "Je veux une industrie de défense forte, cohérente et contrôlée. (...) Je n'entends donc déléguer à quiconque cette responsabilité de tracer l'avenir de ces grands groupes industriels de défense et certainement pas à des intérêts privés ou financiers à qui le gouvernement sortant s'est trop souvent plié. (...) Les coopérations industrielles avec des partenaires européens seront encouragées, car elles sont gages de succès futurs".

 

La maison Dassault est clairement dans le viseur de François Hollande. Nicolas Sarkozy avait confié au célèbre avionneur les destinées de Thales, censé devenir le pivot de la consolidation en France avec les rapprochements programmés du groupe naval DCNS et de la société publique d'armements terrestres Nexter. Selon l'entourage du nouveau président, les deux décisions prises, à savoir le contrôle de Thales par Dassault Aviation, puis l'entrée de Thales dans DCNS soulèvent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent car elles ne répondent pas à des logiques industrielles pérennes. Ces décisions relèvent plus d'une approche financière et patrimoniale qu'industrielle, selon ses proches.

 

Fin du pacte d'actionnaires ?

 

Comment réduire l'influence de Dassault Aviation chez Thales ? "Les modalités ne sont pas encore déterminées", précise-t-on. Mais une des pistes de travail s'orientait vers la rupture du pacte d'actionnaires entre l'Etat (27 % du capital de Thales) et Dassault Aviation (25,89 %). Ce qui alors marginaliserait l'avionneur au sein du groupe d'électronique. Une chose est sûre, le gouvernement de gauche ne facilitera pas la vie de Dassault au conseil d'administration de Thales. Tout sera fait pour que l'avionneur quitte de gré ou de force l'électronicien. Quid du PDG de Thales, Luc Vigneron ? Selon plusieurs sources concordantes, il pourrait être débarqué. Il serait dans le viseur de la gauche depuis un certain temps.

 

Le difficile chemin des économies

 

Confronté à une situation économique inextricable en France, la Défense n'échappera pas à de nouvelles économies. Mais peut-elle être une variable d'ajustement ? Non, a juré François Hollande mais "il y aura des efforts à faire, la situation de notre économie et de nos finances publiques nous y contraint. Il y va de notre indépendance même. La défense y contribuera dans les mêmes proportions que les autres missions de l'Etat". Faut-il toutefois rappeler que les dépenses dans la défense entretiennent une filière industrielle d'excellence en France - qui paie ensuite des impôts... à l'Etat - tant au niveau de l'emploi très qualifié et de l'innovation. Le ministère de la Défense, à travers l'activité de la Direction générale de l'armement (DGA), a investi 10,7 milliards d'euros dans l'industrie au titre des programmes d'armement et de la recherche en 2011.

 

"Tout l'édredon ne rentrera pas dans la valise"

 

Contraint de faire des économies, François Hollande va devoir arbitrer dès 2013. Et va se trouver confronté à l'expression consacrée des budgétaires quand ils évoquent les ambitions des budgets de la défense et les contraintes économiques : "tout l'édredon ne rentrera pas dans la valise". Mais entre « garder un niveau crédible de l'effort de défense » et faire des économies, le chemin est difficile d'autant que "le contexte international n'autorise aucune faiblesse", comme le rappelle lui-même François Hollande. La situation en Iran, la course à l'armement en Asie-Pacifique et l'instabilité du Proche-Orient ne lui facilite évidemment pas la tâche. Et l'influence de la France dans le monde tient surtout par son effort de défense, notamment en matière nucléaire, technologique (ventes d'armes) et opérationnel (capacité à mener des opérations extérieures de grande envergure).

 

Pour y voir clair, François Hollande va utiliser la bonne vieille ficelle du Livre blanc. Ce document va définir "les enjeux stratégiques" de la France, expliquait il y a peu de temps encore le candidat, qui souhaitait que soit entreprise "au plus tôt la rédaction d'un Livre blanc de la défense", suivie d'une Loi de programmation militaire avec deux objectifs : répondre aux menaces identifiées et dimensionner nos équipements aussi précisément que possible à ces enjeux.

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 08:45
Londres espère que les Emirats préféreront l'Eurofighter au Rafale

 

photo Armée de l'Air

 

20 mars 2012 par Peter Griffiths (Reuters)

 

LONDRES, 20 mars - Le consortium de défense européen Eurofighter espère toujours décrocher un contrat de plusieurs milliards d'euros avec les Emirats arabes unis, malgré des informations de presse selon lesquelles la France serait sur le point de le remporter.

 

Latribune.fr rapportait début février que la vente par Dassault Aviation de 60 Rafale aux Emirats arabes unis pourrait être annoncée d'ici début avril. (voir )

 

S'il se confirmait, ce contrat estimé à 10 milliards de dollars (7,55 milliards d'euros) marquerait un revirement après la douche froide subie par l'avionneur français l'an dernier, lorsque les Emirats avaient jugé l'offre de Dassault non compétitive et irréalisable.

 

Il constituerait aussi une nouvelle victoire pour le Rafale, Dassault ayant obtenu fin janvier l'ouverture de négociations exclusives avec l'Inde pour l'achat de son avion de combat.

 

Cependant, deux ministres britanniques disent encore espérer pouvoir persuader Abou Dhabi de choisir le Typhoon, construit par Eurofighter, un consortium réunissant la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne.

 

Interrogé sur les chances de voir un tel accord survenir, le secrétaire d'Etat britannique au Commerce, Stephen Green, a dit à Reuters: "Je pense certainement qu'il y a une réelle possibilité, (même) s'il y a un concurrent sérieux, comme nous le savons tous."

 

"Il y a eu un engagement ministériel considérable", a-t-il ajouté en marge d'une conférence de dirigeants d'entreprise visant à renforcer les liens commerciaux entre la Grande-Bretagne et les Emirats dans des secteurs aussi variés que la défense, l'infrastructure, la santé et la technologie.

 

Gerald Howarth, sous-secrétaire d'Etat britannique à la Défense, a précisé de son côté que le gouvernement britannique continuait de soutenir la campagne d'Eurofighter auprès d'Abou Dhabi.

 

"Il y aurait vraiment de quoi espérer un partenariat fort si les Emirats venaient à sélectionner le Typhoon", a-t-il dit. "C'est à présent une réelle possibilité, vu l'intervention du Premier ministre et bien sûr la réponse des Emirats."

 

Le Premier ministre britannique David Cameron s'était rendu aux Emirats peu après sa prise de fonction en 2010.

 

L'Eurofighter est construit par le groupe britannique BAE Systems, l'italien Finmeccanica et EADS .

 

Outre Dassault, Eurofighter est en concurrence avec Lockheed Martin et Boeing. (Natalie Huet pour le service français, édité par Nicolas Delame)

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 08:55
INTERVIEW : Eric Trappier (Dassault) : « L'Inde vise une signature du contrat Rafale dans six mois environ »

source Livefist

 

18/03/2012 par Alain Ruello – LesEchos.fr

 

Malgré les coups de boutoir de BAE qui essaie de remettre l'Eurofighter dans la course, Dassault pense pouvoir conclure la première vente du Rafale à l'international cette année. La décision de New Delhi a eu un effet d'entraînement sur les autres campagnes en cours, affirme le directeur de l'international de l'avionneur.

 

En Inde, le Rafale a remporté l'appel d'offres portant sur l'achat de 126 avions de combat. Qu'est-ce qui pourrait enrayer les négociations désormais exclusives  ?

 

Je ne vois pas de raison qui nous empêcherait d'aller au bout ou amènerait les Indiens à s'arrêter alors qu'ils ont fait le plus dur. La procédure a débuté en 2007. Après plusieurs semaines d'évaluations dans des conditions extrêmes, des pentes de l'Himalaya aux sables du désert, l'armée de l'air a retenu deux appareils : le Rafale et l'Eurofighter. In fine, c'est l'offre la moins chère qui l'a emporté, tant du point de vue du coût unitaire de l'appareil que de son entretien dans la durée. Tout a été mené sur la base de critères fixés à l'avance et qui ont été scrupuleusement respectés, sans implication politique. Cet appel d'offres est exemplaire.

 

Quand pensez-vous pouvoir conclure  ?

 

Les Indiens souhaitent aller vite, et envisagent une conclusion sous six mois environ. Nous devons finaliser les clauses techniques et industrielles, et bâtir un contrat dont les clauses sont équivalentes à celles de celui des Mirage 2000 (signé en 2000, NDLR).

 

BAE a laissé entendre que l'Eurofighter pourrait revenir dans la course...

 

Je ne crois pas, et je suis surpris que certains se disent eux mêmes surpris que le Rafale l'ait emporté. Dans toutes les compétitions où les deux avions ont été opposés, l'Eurofighter a été éliminé au premier tour, comme en Corée, au Pays Bas, ou au Brésil, ou il a été classé derrière le Rafale, comme en Inde. Ou encore en Suisse, comme le prouve le rapport d'évaluation des forces armées publié dans la presse. J'ajoute que les calculs de la cour des comptes britannique montrent que l'Eurofighter est bien plus cher. Sur le plan opérationnel enfin, le Rafale a démontré toute sa polyvalence durant l'opération Harmattan, contrairement à l'Eurofighter qui a été conçu comme un pur chasseur. L'appel d'offres indien a désigné de manière claire le meilleur avion.

 

A quel prix ? L'avez-vous proposé moins cher que celui vendu à la France  ?

 

Le prix du Rafale proposé en Inde correspond au prix français, corrigé des dépenses liées au contrat puisqu'il ne s'agit pas tout à fait de la même configuration technique, et que la fabrication se fera en partie localement. La compétition a été tellement dure que chaque camp a été obligé de proposer le meilleur prix qui soit. Cela dit, nous n'avons pas fait de dumping pour l'emporter. A iso-conditions, nous avons proposé le prix du Rafale français.

 

Sur les 126 appareils envisagés, seuls 18 seront fabriqués en France. Doit-on s'attendre à des retombées industrielles limitées ?

 

Les retombées industrielles ne correspondront pas à la production de 126 Rafale en France, mais pas non plus à la construction de quelques exemplaires. Le transfert de technologie va se faire de manière progressive et il n'y aura pas un contrat de licence global, mais des contrats de licence pour chaque équipement. Autrement dit, chaque équipement vivra sa propre vie et sa fabrication en Inde obéira à une montée en puissance propre. Le but est bien que l'Inde soit capable de fabriquer des Rafale, mais il y aura toujours une certaine activité en France. D'une manière globale, le contrat donnera du travail à des dizaines de milliers de personnes.

 

Un accord aux Emirats Arabes est-il encore possible avant la présidentielle ?

 

En ce qui nous concerne, la négociation touche à sa fin, mais si tout était terminé, cela se saurait.

 

En novembre, Abou Dhabi a qualifié votre offre de non compétitive et d'irréaliste. La fâcherie est-elle derrière vous ?

 

Y a-t-il eu fâcherie ? Une fâcherie c'est quand on ne se parle plus. Or, nous n'avons jamais arrêté de nous parler. Les mots utilisés -non compétitif et irréaliste -signifiaient que Dassault devait faire mieux. Dans une négociation, il y a toujours des hauts et des bas, mais un seul résultat à la fin. Aujourd'hui, nous n'en sommes pas encore là. C'est pourquoi nous travaillons et nous restons prudents.

 

En cas d'alternance politique en mai, il y a-t-il un risque de repousser de plusieurs mois l'issue des négociations ?

 

Une alternance politique n'est pas de nature à accélérer ce genre de décision. Maintenant, les échéances politiques de la France sont bien connues. Le volet politique est important avec ce type de contrat.

 

Le Rafale est à nouveau donné gagnant au Brésil. Ou en est l'appel d'offres ?

 

Le choix de New Delhi a eu un effet d'entraînement sur nos autres campagnes. Nous ne le surestimons pas, mais nous ne le sous-estimons pas non plus car cela nous permet de faire passer un certain nombre de messages. A l'issue d'une procédure très professionnelle, l'Inde a écarté nos concurrents américain, russe, suédois et européen. Ce n'est pas indifférent pour les pays qui ont lancé un appel d'offres. Comme au Brésil, où le Rafale est opposé au F-18 de Boeing et au Gripen de Saab qui, tous deux, ont été éliminés au premier tour en Inde. Cela dit, aujourd'hui, l'appel d'offres au Brésil reste gelé. La balle est dans le camp du gouvernement brésilien.

 

Est-ce que l'annulation par le Pentagone du contrat d'avions légers Tucano d'Embraer joue beaucoup en votre faveur ? Voyez-vous une décision cette année ?

 

Nous observons cette affaire avec un oeil attentif. Elle montre que les Etats-Unis savent protéger leurs intérêts. Je ne vois pas en quoi cela nous desservirait. Il y a un an, il se disait que la décision serait prise début 2012. Maintenant on évoque le milieu de l'année. Nous observons. En attendant un signe du gouvernement, nous continuons à tisser nos partenariats locaux.

 

Déposerez-vous un recours en Suisse qui a préféré le Gripen ?

 

Le Parlement a lancé une enquête. Nous souhaitons être certain que la procédure, qui exigeait que les avions testés soient en production, a été respectée. Le Rafale et l'Eurofighter ont été évalués en vol. Mais quelle version du Gripen l'a été ? Est-ce un avions de papier ? Un prototype ? Si c'est le cas, alors ce serait contraire à ce que nous avions compris de la procédure. Nous nous soumettrons au résultat de l'enquête parlementaire. Si elle confirme que la procédure a été respectée, nous ne déposerons pas un recours juridique face à un Etat souverain.

 

Qu'il soit ou non piloté, le futur avion de combat européen sera-t-il avant tout franco-britannique ?

 

C'est ce que l'on peut déduire du traité de Lancaster House de novembre 2010 et de la déclaration bilatérale du 17 février dernier. Les deux pays ont affiché leur volonté de confier ce projet à leurs deux champions nationaux, BAE Systems et Dassault Aviation.

 

Il y aura-t-il de la place pour d'autres pays et notamment pour ceux qui sont impliqués dans le prototype Neuron de drone de combat ?

 

Nous n'en sommes qu'au début, mais nous sommes prêts à ouvrir le projet à d'autres pays. Encore faut-il que leurs gouvernements le veuillent et qu'ils soient prêts à cotiser. La question se pose car le projet Neuron (qui associe la France, la Suisse, l'Espagne, l'Italie, la Suède et la Grèce) se terminera mi-2013. Cela dit, le leadership restera à BAE et Dassault.

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 20:05
photo S. Fort

photo S. Fort

 

14.02.12 LEMONDE.FR avec Reuters

 

La Suisse s'est dite prête, mardi 14 février, à examiner une nouvelle offre de la part de Dassault Aviation dans le cadre de l'appel d'offres portant sur le renouvellement de ses avions de chasse, tout en défendant le choix de l'appareil Gripen du constructeur suédois Saab. "Nous avons demandé au groupe français de nous soumettre une offre vraiment concrète", a déclaré Ueli Maurer, le ministre de la défense suisse, lors d'une conférence mardi.

Le département fédéral de la défense réagissait à un rapport confidentiel, divulgué dimanche par les médias suisses, qui a met en exergue les faiblesses de l'appareil du constructeur suédois Saab, retenu par le gouvernement. Berne avait annoncé fin novembre avoir choisi de renouveler sa flotte d'avions de combat avec les appareils Gripen du constructeur suédois, préféré au Rafale de Dassault Aviation et à l'Eurofighter Typhoon du consortium européen dont fait partie le groupe européen EADS.

 

A la suite de la décision du gouvernement suisse, la presse helvétique avait rapporté les termes d'une nouvelle offre faite par Dassault à la Suisse. L'avionneur français aurait ainsi offert à la République helvétique d'acheter 18 avions de combat Rafale pour 2,2 milliards d'euros, soit 330 millions d'euros de moins que le prix prévu pour 22 avions Gripen suédois. Toutefois, une porte-parole du ministère de la défense avait déclaré fin janvier que la Suisse n'avait pas reçu de nouvelle offre de Dassault.

 

"LE RAFALE RÉPOND À TOUTES LES EXIGENCES"

 

Résumant les résultats de la campagne d'essais réalisée en 2008, le rapport confidentiel divulgué dimanche précise que "le Rafale est le candidat qui répond à toutes les exigences de l'armée de l'air suisse et qui a terminé avec le meilleur score". L'Eurofighter est quant à lui la "meilleure alternative au Rafale", tandis que le Gripen a reçu la mention "insatisfaisant" pour les missions air-air et d'attaque, selon le rapport disponible sur le site internet du journal Sonntagszeitung.

 

En tenant compte des mises à jour techniques jusqu'à la livraison prévue en 2015, "le Rafale a le potentiel d'être opérationnellement effectif et adapté pour les prochaines 40 années", a encore indiqué le rapport, qui a été co-signé par le responsable de l'armée de l'Air, le général Markus Gygax.

Le général Gygax a toutefois expliqué que Saab a proposé une version modernisée, améliorant les performances, et que l'appareil avait prouvé son efficacité en Libye, mais aussi lors de missions de police de l'air dans les pays baltes. Le Gripen "va assurer pendant des décennies de bonnes prestations", a-t-il ajouté.  

 

BERNE JUSTIFIE LE CHOIX DU GRIPEN

 

JAS-39 Gripen source Defence Talk

source Defence Talk

Un avion de chasse de l'armée de l'air suédoise, de type Gripen JAS 39 du constructeur Saab 

 

La Suisse a justifié le choix de l'avion de combat Gripen pour remplacer ses appareils vieillissants. Les responsables ont souligné que Saab avait finalement proposé une version modernisée, ce qui explique pourquoi l'appareil a été finalement retenu.

 

"Le résultat global du Gripen est satisfaisant" et l'avion suédois "convient" à l'armée suisse, a indiqué le ministre de la défense, Ueli Maurer. "L'avion répond aux exigences techniques, même s'il n'est pas l'appareil le plus cher du marché", a-t-il insisté pour justifier l'achat pour 3,1 milliards de francs suisses (2,6 milliards d'euros) de 22 appareils du constructeur suédois.

 

Selon le ministre, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Berne, "le Gripen représente le meilleur rapport coûts/performance". Si les trois avions en lice répondent aux besoins de l'armée, ce sont donc les aspects financiers qui ont motivé le choix du gouvernement. Berne a insisté qu'il devait "tout mettre en œuvre pour que l'acquisition d'un nouvel avion de combat soit financièrement supportable pour l'armée, à moyen et à long terme".

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 17:40
La Malaisie, dans le radar du Rafale et des industriels de la Défense

photo Armée de l'Air

 

10 février 2012 par Hassan Meddah à Kuala Lumpur – L’USINE NOUVELLE

 

Ce petit état de l'Asie du sud-est consacre l'équivalent  de  900 millions d'euros par an à son budget de Défense. Le Rafale est en compétition pour un appel d'offres pour l'achat de 18 appareils. Au rang de ses fournisseurs, Européens et Français tirent leur épingle du jeu.

 

Tout d'un coup, la côte du Rafale auprès des militaires et gouvernementaux malaisiens est remontée vitesse grand V. "La victoire du Rafale en Inde a créé une onde de choc ici en Malaisie. Surtout que l'on sait les voisins Indiens très exigeants dans ce genre de négociation à la fois sur le plan technique et financier. Avant cela, il aurait été compliqué de sélectionner un appareil qui n'avait jamais été vendu à l'export", explique un observateur du marché de la défense en Malaisie.

 

Le pays a lancé début 2011 son processus de sélection pour l'achat de 18 avions de combats afin de remplacer sa flotte de MIG 29 vieillissante. Et tous les prétendants prennent position maintenant.

 

En décembre dernier, lors de du dernier salon aéronautique et maritime de Lima, le gratin des fabricants d'avions de chasse avaient fait le déplacement. Deux Rafale avaient participé au programme de démonstration pour le compte de l'Armée française. Mais la concurrence était également bien présente : les Typhoon d'Eurofigther, le Gripen suédois, les Sukhoï russes, les F18 américains.

 

"Pour ce genre de contrat, le prix proposé sera important. Mais ce qui sera déterminant, c'est le coût global de l'appareil, en incluant les coûts de maintenance sur toute la durée de vie de l'appareil. Cette tendance est clairement apparue lors des derniers appels d'offres pour l'achat de sous-marins, de frégates ou d'hélicoptères", explique un bon connaisseur du dossier.

 

En s'équipant de telle manière, Kuala Lumpur espère faire ainsi bonne mesure face à ses proches voisins que sont la Thaïlande au nord et l'Indonésie au Sud, dont les forces armées sont respectivement deux et trois fois plus nombreuses en nombre de militaires.

 

Au grand bonheur des industriels de la Défense, les opportunités offertes par la péninsule vont largement bien au-delà du contrat des avions de chasse. Malgré sa petite taille (29 millions d'habitants sur une superficie de 300.000 km2), la Malaisie est un pays qui a tout pour leur plaire.

 

D'une part, il est riche. Grâce à ses ressources en hydrocarbures et ses ressources naturelles (huile de palme…), il figure à la troisième place des économies de la région Asie du Sud-Est. En 2010 et 2011, il a encore affiché une solide croissance de son PIB de l'ordre de 5 à 7% malgré la crise économique mondiale, soit un PIB par habitant élevé de 14600 dollars.

 

D'autre part, les dirigeants politiques ont toujours placé la sécurité et la stabilité du pays au premier rang de leurs préoccupations. De fait, leur histoire récente avec l'indépendance acquise en 1957 et le cessez-le feu avec la guerilla communiste à la fin des années 80, marque encore largement la génération au pouvoir.

 

Les récentes tensions en mer de Chine du Sud accentuent l'impératif sécuritaire. Aussi, sa géographie, à la fois stratégique, avec le détroit de Malacca au carrefour de l'Inde et de la Chine, et morcelée, les parties péninsulaire et orientale (Bornéo) sont séparées par la Mer de Chine, l'incite à renforcer ses capacités militaires.

 

Le cinquième plus gros client des industriels de défense français

 

En dépensant environ 900 millions d'euros par an pour s'équiper en matériel militaire, le pays a fait le bonheur des industriels  de la Défense. Kuala Lumpur n'a pas lésiné sur les dépenses  achetant hélicoptères de combats, sous-marins, avions de combats, équipements terrestres, missiles...

 

Les industriels français et européens tirent leur épingle du jeu figurant au premier rang des fournisseurs de l'armée malaisienne. Outre les deux sous-marins Scorpene commandés  en 2002, la DCNS (en partenariat avec l'industriel local Boustead Naval Shipyard) a décroché en décembre dernier un contrat de plus de 2 milliards d'euros pour livrer six corvettes. Eurocopter de son côté a confirmé lors du dernier salon du Bourget la vente de 12 hélicoptères EC725 à la Force aérienne royale malaisienne. Sans oublier Airbus Military qui va livrer à partir de 2016 quatre A400M son avion de transport tactique…

 

Malgré sa taille modeste, la Malaisie est le cinquième plus gros client des industriels de défense français. Et l'avenir reste brillant pour les vendeurs de matériel militaire. "La Malaisie continue de représenter un grand potentiel en terme de marché", précise une source locale.

 

Toutefois, l'acheteur malaisien en veut plus pour son argent. La Malaisie a rénové en 2011 ses règles concernant les offsets, les fameuses  compensations industrielles suite à la signature des contrats militaires: 100%  de la valeur du contrat doit désormais être réinvesti dans le pays et surtout de manière directe.

 

La Malaisie ne se contentera plus qu'on lui achète ses biens ou ses marchandises (huile de palme…) mais exige que le partenaire retenu investisse dans le pays. Une nouvelle donne à laquelle les industriels devront se plier s'ils veulent que la Malaisie leur reste une terre aussi favorable.

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 13:55
Images / Anurag Rana

Images / Anurag Rana

February 09, 2012 by Shiv Aroor LIVEFIST

 

These superb 3D impressions of the Dassault Rafale in Indian Air Force colours have been made available exclusively to Livefist by artist/illustrator Anurag Rana. If the Rafale manages to pull off the MMRCA deal, this is what the jet will look like when delivered.

 

More pics

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 12:30
Comment Dassault aviation a préparé son offensive en Suisse

 

7/02/2012 Par Michel Cabirol – la Tribune

 

Après avoir perdu la compétition fin novembre face au Gripen, le constructeur du Rafale a tenté en janvier de tordre le bras de Berne en faisant une nouvelle offre très attractive. Une contre-attaque menée par le patron en personne.

 

Quand Berne a choisi fin novembre l'avion suédois, le Gripen, Dassault Aviation, qui était encore confiant au début de l'automne dans le succès du Rafale en Suisse, a pris une sacrée douche glacée. Quinze jours avant, le coup de gueule des Emirats arabes unis (EAU), qui ont mis en compétition l'Eurofighter face au Rafale, avait déjà quelque peu ébranlé la confiance - certains parlent d'arrogance - des dirigeants de Dassault Aviation. Malmenés, critiqués, voire brocardés, ils sont alors au fond du trou. Ils viennent de perdre la Suisse, sont complètement « groggy » aux Emirats et sont très pessimistes sur l'Inde. Bref, rien ne va début décembre même si les relations font mine de se détendre avec Abu Dhabi.

 

Charles Edelstenne à la manoeuvre

 

C'est sans compter sur la pugnacité de son PDG, Charles Edelstenne. Une fois l'agitation médiatique retombée, il repart aussi sec à Abu Dhabi dès la fin du salon aéronautique pour renouer le contact et remettre tout à plat avec les autorités émiraties. Avec succès. Mais c'est en Suisse que la contre-attaque sera spectaculaire. Elle sera pilotée et orchestrée en personne par Charles Edelstenne. « C'est lui, et lui seul, qui a imposé de revenir en Suisse avec une offre imbattable et c'est lui qui a décidé de repartir au combat, explique un bon connaisseur du dossier. Il n'a pas voulu baisser les bras ». Pourquoi ? Selon certains, « il est soucieux de l'état dont il va laisser l'entreprise à son successeur. Il avait besoin d'un succès à l'export ». Est-ce que cela peut influer sur sa sortie ? La question reste entière. Selon un connaisseur de la famille, la succession serait réglée. La rumeur évoque Olivier Dassault à la tête de Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD), la société holding, et le directeur financier de Dassault Aviation, Loïc Segalen, l'homme en qui Charles Edelstenne a le plus confiance, aux commandes de l'avionneur.

 

Soupçons d'irrégularité pour "l'avion-Ikéa"

 

De fait, Dassault Aviation a envoyé un courrier aux parlementaires suisses leur proposant l'acquisition de 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs suisses (CHF) soit 2,24 milliards d'euros au cours actuel. Le constructeur du Rafale avait perdu en novembre un appel d'offres pour remplacer la flotte vieillissante de F-5 Tiger de l'américain Northrop dont est équipée depuis des décennies l'armée de l'air suisse. Le gouvernement fédéral lui a préféré le Gripen (Saab), l'offre la moins onéreuse, en achetant 22 exemplaires au prix de 3,1 milliards de francs (2,57 milliards d'euros au cours actuel). Le Parlement doit encore donner son aval au contrat et le dossier doit être examinée en commission le 13 février.

 

En outre, concernant le Gripen, des soupçons de manipulations et d'irrégularités lors de l'appel d'offres, comme dans beaucoup de dossiers concernant la vente à l'international de l'avion de combat suédois. Le marché porte sur l'acquisition de 22 appareils (3,1 milliards de francs suisses) selon la presse helvétique, qui a de façon ironique surnommé le Gripen "l'avion-Ikea". Ce n'est pas la première fois que le Gripen est rattrapé par des affaires. Au début des années 2000, des soupçons de corruption ont plané en Tchéquie après la commande avortée de 24 appareils et en Afrique du Sud (26 appareils). Enfin, le Gripen devra aussi convaincre les Suisses. Une votation (référendum) sur l'achat des 22 avions de combat pourrait se dérouler à l'automne 2013. Le ministre suisse de la Défense Ueli Maurer espère encore échapper à ce scrutin.

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 09:05
Rafale photo Livefist

Rafale photo Livefist

 

5 Feb, 2012, Bennett Voyles - economictimes.indiatimes.com

 

Many global arms industry observers were surprised this week when the Indian Air Force announced that it had chosen French firm Dassault Aviation as its preferred bidder for a roughly $11-billion deal to supply India with 126 jet fighters. After all, despite 12 years of heavy sales bombardments all over the world that sometimes even included the president, only the French air force has ever actually bought the Rafale.

The deal isn't done yet - the French have just won the right to an exclusive negotiation - but it is close enough that shares in Dassault shot up by 20% the day of the announcement.

So how did Dassault finally pull it off? And not just any deal, but what some say is the biggest cross-border military aviation contract of all time? Of course, the Indian government said it went to the low bidder, but that seems unlikely - particularly since the final price hasn't been set, and no one picks up jet planes just because they're on sale.

The Deal

 
French firm Dassault won $11 billion contract to supply 126 Rafale jets.
Snapped it up with lower bid against Eurofighter Typhoon aircraft.
The size of the contract could eventually go up to 200 aircraft.

The Aircraft

 
Rafale is a twin-engined, delta-wing jet Can fly up to 2,130 km per hour in high altitude.
In service for the French Air Force since 2006.
Has been playing air support roles in Afghan war Part of Nato campaign in Libya in 2011.

The Company

 
Dassault family is the majority owner. EADS, a co-producer of competing Typhoon, owns 46% of the equity.
The company has delivered 7,500 civil & military aircraft to 75 countries.
Dassault came close to selling aircraft to Brazil and Switzerland, but failed to secure a contract as yet.
UAE was reportedly in final negotiations to buy 60 Rafale in June 2010, but drama unfolded when Eurofighter Typhoon was allowed to submit a counter-offer.
French defence minister gave an ultimatum that Rafale production would be halted if the jets could be sold abroad.


And The Snag

 
The file containing the offset proposals of contenders went missing in December 2010. Later found on the roadside in south Delhi. The episode threatened to derail the tendering process itself.

Others in the race

 
Six contenders were subjected to extensive field evaluation trials.
Four aircraft eliminated last year on technical grounds were American Lockheed Martin's F-16 and Boeing's F/A-18, Russian United Aircraft Corporation's MiG-35 and Swedish SAAB's Gripen

With billions on the table, and the national security at stake, the French plane must have edged out the multi-national Eurofighter for a number of reasons. Nine possibilities:

A Better lunch


Of course, nobody makes an important decision for the food, but the prospect of hanging out in Bordeaux, home of the Dassault assembly line, instead of Halbergmoos, Germany, couldn't have hurt. On the one hand, you're in the heart of the French wine country, in a rich and sunny part of France. On the other, you're in cold, grey Bavaria, facing a few years of sausages, sauerkraut, and beer served in mugs the size of small aquariums.

 

DASSAULT WAS HUNGRY


Dassault has failed to sell the Rafale abroad since 2000. Although its Mirage planes were popular in the 1970s, Dassault hasn't had a similar success with the Rafale line. Deals with the United Arab Emirates, Morocco and Brazil all fell through.

To top it off, President Nicolas Sarkozy is very unpopular and faces an uphill election campaign. After all the economic troubles under his tenure, bringing home a little jambon would be seen as a positive - particularly as France has reportedly sunk more than $50 billion on the Rafale's development, a lot of money for a country that spends around $60 billion a year on defence.

Despite the fact that chairman and chief executive officer Serge Dassault is a member of Sarkozy's political party, owns the leading French conservative newspaper (Le Figaro) and even serves as a French senator (where he is vice-finance chairman), the government had recently announced plans to cease production in 2021 if outside buyers could not be found.

BECAUSE I'M WORTH IT


L'Oreal, the French cosmetics company, made a fortune selling its more-expensive home hair dye with ads that showed some sultry blonde saying she'd chosen L'Oreal, "because I'm worth it". Now that India has become a much wealthier country, it can afford the best for its pilots - and Rafale is arguably the best.

"They kind of went for the 'fun to fly' factor rather than the best value factor," says S Amer Latif, a visiting fellow in US-India policy studies at the Center for Strategic and International Studies (CSIS) in Washington, DC.

"If you ask me which plane is better, I'd answer Rafale is a more mature and already multi-role plane," says David Cenicotti, an Italian military aviation blogger. "The Eurofighter is a younger technology, believed to be cheaper and to have a more political clout because it is built by four European countries."

However, this can also be a flaw in times when financial crisis has seen the same four countries much distant from one another on the strategy to save eurozone.

DASSAULT IS SMART


Although the Eurofighter Typhoon and the Rafale began as more or less the same aircraft, Dassault pulled out of the design consortium in 1985, and in recent years the Rafale has made some technical gains. First, the Rafale has a more advanced radar system than the Eurofighter Typhoon. Unlike the Typhoon, it's also already possible to configure to landing on an aircraft carrier - an adjustment that can be difficult, according to James Hardy, Asia-Pacific editor of Jane's Defence Weekly.

The company has also had a tradition of being on the cutting edge. A 1973 profile of Dassault described the company as viewing sales differently than American aircraft companies: "Whereas most American aircraft companies commonly look on development as an unavoidable and not particularly attractive prelude to production, Dassault seems to view production as a buffer work assignment to fill capacity not absorbed by development."

 

DASSAULT IS NOT AMERICAN


American arms deals tend to come with strings attached - inspections, and possibly spare parts embargos if they don't approve of the uses to which a plane is put - as happened after India's nuclear tests in the 1990s. Buy American and you get the American agenda free.

"The US sells weapons under quite strict conditions - how to use them and where to use them," says Siemon Wezeman, senior researcher at the Stockholm International Research Institute. The US also requires buyers to submit to regular inspections, he says, which some countries find humiliating.

The French, on the other hand, tend to be more laissez-faire and more independent of the major powers - in their own way, not unlike the Indians. "The whole idea that the French are sometimes very independent vis-a-vis some of the big countries, may give them an added advantage," Wezeman adds.


OR BRITISH AND GERMAN AND SPANISH AND ITALIAN


An important part of the deal is the transfer of the technology to India. The Eurofighter is a joint product, which runs off four different production lines. This could have led to a lot of complexity down the line, particularly as the agreement calls for setting up a production line and transferring the technology to India. "It seems to me that the Eurofighter's technical transfer might have been a bit more complicated than the French," says Latif of CSIS.

FRANCE MAKES ALL THE PARTS


Even as most arms makers, including American manufacturers, have tried to cut costs and boost political consensus by creating global supply chains, France still tries to maintain an independent military industrial base. That makes things more expensive for the French taxpayer, but the Indian Air Force may see this as an advantage: rather than worry about maintaining relations with a group of countries, almost all the parts for the Rafale are sourced within France, simplifying the logistics, according to Wezeman.

THE ARAB SPRING SPRANG THE RAFALE INTO THE NEWS


To most of us, war is a horrible tragedy. To arms dealers, it's a great sales tool. Muammar Ghaddafi was a big fan of the Rafale, and even expressed interest in purchasing a number of them in 2007. Although he later changed his mind - a decision he may have regretted last spring - the one time fan inadvertently helped sell them: French Rafale fighters provided key support for Libyan rebels and reportedly performed very well.

 

BEAUTY IS IN THE WALLET OF THE BEHOLDER


In the late 1980s, Dassault was involved with a helicopter procurement scandal in Belgium that ended in the conviction of the minister of defence, the chairman of the Socialist Party and a number of other Belgian politicians and government officials, and 18 months' probation for CEO Serge Dassault.

However, it should be noted that at the time, Dassault was not actually breaking French law - bribing French officials was illegal but bribing foreign officials was fair game: until 2000, foreign bribery expenses were even tax deductible.

More recently, Dassault seems to have continued to have problems with his cash targeting system. In 2008, he won reelection of mayor (it's possible to hold several offices simultaneously in France) in Evry, a town south of Paris, but in 2009, the State Council invalidated results on allegations that he paid some voters for their support.

So far, no official allegations have been made about the Rafale contract, outside an outlandish claim last April by Subramanian Swamy, Janata Party leader, that a kind of criminal Italian sorority had engineered the deal, comprised Carla Bruni, the half-Italian first lady of France, and Sonia Gandhi, the head of the National Advisory Council, and Mrs Gandhi's sisters.

Whether a few fat envelopes closed the deal or not, one analyst says suspicion of corruption could still unravel the contract. "I think the biggest risk is when somebody starts shouting corruption even if there isn't anything, because it has to be investigated," Wezeman says.

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 17:35
L'Eurofighter a perdu tous ses duels face au Rafale

 

01/02/2012 Michel Cabirol - LaTribune.fr

 

A chaque fois que l'Eurofighter a été en compétition face au Rafale, c'est ce dernier qui l'a devancé. Même si cela n'a jamais été un gage de réussite au final pour l'avion tricolore. L'Inde confirme la prédominance du Rafale face à l'Eurofighter.

 

Face au Rafale, l’Eurofighter (BAE Systems, EADS et Finmeccanica) n’y arrive décidément pas… Car, en dépit de ses quelques succès à l’exportation (Autriche, Arabie saoudite), cet avion de combat a toujours été devancé par l’avion tricolore fabriqué par Dassault Aviation dans les compétitions auxquelles ils ont tous les deux participés. Ce qui donne un éclairage à la victoire du Rafale e en Inde, sélectionné par New Delhi pour entrer en négociations exclusives.

 

C’était déjà le cas aux Pays-Bas début 2002 quand l’armée de l’air néerlandaise a évalué les appareils en compétition (85 avions de combat). Le F-35 de Lockheed Martin devançait très légèrement le Rafale (6,97 contre 6,95). En revanche, l’Eurofighter Typhoon se traînait loin derrière avec une note de 5,83. La même année, l’appareil fabriqué par le consortium européen était éliminé en Corée du sud dès la phase de présélection (short list) dans le cadre de l’appel d’offre "KF-X" portant sur l’acquisition de 40 avions de combat. L’armée de l’air sud-coréenne classait le Rafale premier des trois appareils évalués (F-15E de Boeing, Eurofighter) à l’issue des évaluations techniques, financières et des offsets (compensations). Au final, c’est Boeing qui avait remporté la compétition sur des critères exclusivement politiques.

 

Nouveau duel, cette fois-ci dans le ciel de Singapour en 2005. Là aussi, le ministère de la Défense de la ville-Etat, qui souhaite acquérir 20 chasseurs dans le cadre de l’appel d’offre "NFRP", élimine l’avion européen. Le Rafale affronte une nouvelle fois en finale le F-15E de Boeing. L’offre américaine s’impose en septembre 2005 sur des considérations politiques. Le communiqué de Dassault Aviation est d’ailleurs sans équivoque : « le poids américain donne une fois de plus raison au proverbe chinois : le bambou penche toujours du côté de celui qui pousse le plus fort ». Dassault Aviation a également perdu en raison de la faiblesse du dollar cette année-là.

 

Nouvelle douche froide pour l’Eurofighter le 1er octobre 2008 au Brésil, qui l’élimine de la compétition « F-X2 » tandis que le Rafale, le Gripen NG (Saab) et le F-18E/F Super Hornet (Boeing) sont présélectionnés. Au final, les Brésiliens entrent en négociations exclusives avec Dassault Aviation mais, coup de théâtre en décembre 2010, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva déclare, lors d'une interview à la télévision, qu'il ne prendrait pas de décision avant la fin de son mandat le 1er janvier sur l'achat de 36 avions de combat, une commande estimée entre 4 et 7 milliards de dollars.

 

Enfin, le dernier duel perdu par l’Eurofighter contre le Rafale est récent. C’est en Suisse en 2011, où le Rafale est également arrivé en tête des évaluations. Mais c’est le Gripen NG, l’avion le moins performant qui a gagné.

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 13:11
Le Rafale, au-delà des idées reçues



01/02/2012 Alain Ruello – LesEchos.fr

L'avion de combat de Dassault vient de réaliser sa première percée à l'exportation en gagnant l'appel d'offres indien portant sur 126 appareils. Gouffre financier ou réussite industrielle ? Vingt-cinq ans après son premier vol, le Rafale en cinq questions...

Gouffre financier, appareil impossible à exporter, joujou technologique... En France, les échecs à répétition du Rafale en ont fait une cible facile. L'appel d'offres, qui vient d'être remporté en Inde, démontre que l'avion de combat de Dassault vaut sans doute mieux que sa caricature, et dispose d'atouts incontestables face à la concurrence. Un quart de siècle après son premier vol, et à l'occasion de son premier succès à l'étranger, anatomie d'un des fleurons de l'industrie française...

Qui le fabrique ?

Le programme Rafale est piloté par Dassault, associé, au sein d'un GIE, à deux partenaires principaux : Snecma (groupe Safran), qui fabrique le moteur, et Thales, pour tout ce qui touche à l'électronique. L'armement est fourni par MBDA, une filiale d'EADS, BAE Systems et Finmeccanica. En tout, plus d'une centaine de sociétés sont impliquées, assurant 10.000 emplois directs en France, aux cadences actuelles qui sont de 11 exemplaires produits par an. Point fondamental, l'avion a été voulu et conçu dès le départ pour s'affranchir des règles américaines « Itar » de contrôle des exportations de matériels sensibles. Un point clef pour garantir l'indépendance nationale en matière d'avions de combat. Pour la France en effet, pas question de dépendre d'une technologie étrangère pour l'un de ses armements les plus stratégiques. L'Etat maîtrise donc le moindre boulon du Rafale -ou presque -, s'assurant ainsi que personne ne peut l'empêcher d'en construire ou d'en faire voler. Et qu'il peut en vendre à qui il veut, sans avoir de permission à demander.

Qui l'utilise ?

L'armée de l'air française a dû attendre 2006 avant de constituer son premier escadron. La Marine, qui avait touché ses premiers exemplaires plus tôt, a pu éprouver l'appareil pour la première fois en Afghanistan, depuis le « Charles de Gaulle ». Depuis lors, Dassault ne se prive pas d'accoler le logo « Combat proven » - « Testé en situation de combat » -à ses présentations commerciales, dénigrant au passage l'Eurofighter, le concurrent européen, qui était également en lice en Inde. Ce dernier, produit par le trio BAE-EADS-Finmeccanica, a bien fait la campagne de Libye, mais il n'était pas capable de larguer des bombes tout seul. A ce jour, la France a reçu un peu plus de 100 Rafale sur les 180 commandés. La mise au point de l'avion ayant duré beaucoup plus longtemps que prévu, tous ne présentent pas la même configuration. D'où une coûteuse mise à jour pour porter les modèles les plus anciens au dernier « standard ». Baptisé « F3 », celui-ci permet d'emporter le missile nucléaire ASMP-A, l'exocet dernier cri, ou encore l'armement par guidage laser. Reste une question : la France achètera-t-elle 286 exemplaires comme prévu ? Avec l'explosion des déficits publics, rien n'est moins sûr.

Qui en veut ?

Enzo Casolini, le patron du consortium Eurofighter, a fait en 2008 un aveu surprenant au « Financial Times » : « ses » Etats membres n'en font pas assez pour promouvoir l'avion à l'étranger. Ses Etats membres ? Royaume-Uni, Allemagne, Espagne et Italie, qui ne comptent habituellement pas leurs efforts en matière d'exportation. « Regardez ce que Sarkozy fait pour la France », s'est-il même exclamé ! Chez Dassault, on a dû encadrer l'article. Car pour son PDG, Charles Edelstenne, c'est bien la confirmation que la vente d'un avion de combat est avant tout un acte politique. De fait, depuis l'échec calamiteux de la campagne marocaine du Rafale, Nicolas Sarkozy affiche sans complexe son rôle de « VRP » des champions industriels nationaux, servi par une équipe resserrée de hauts fonctionnaires. Résultat, l'avion français a engrangé les campagnes commerciales, aux Emirats arabes unis (qui négocient l'achat de 60 exemplaires), au Brésil (qui promet une décision cette année...), ou encore au Qatar (un appel d'offres est en cours). En Inde, le contrat portant sur 126 appareils ne demande plus qu'à être signé (lire page 19). En Suisse en revanche, c'est le Gripen du suédois Saab qui a été préféré, même si Dassault a contesté sa défaite auprès du Parlement helvétique.

Un avion moderne ou dépassé ?

Conçu dans les années 1990, comment le Rafale se situe-t-il par rapport à ses concurrents américains, russes ou européens ? A quelle génération d'avions de combat peut-on le raccrocher ? Entre la quatrième (F18, dernière mouture de Boeing par exemple) et la cinquième, dont seul le F35 en développement chez Lockheed Martin peut se prévaloir ? Chez Dassault, on refuse tout classement. « Génération », explique-t-on au siège du groupe, est un mot qui a le tort de figer les choses. Pour vanter les mérites de son bébé, l'avionneur préfère le qualifier d' « omnirôles ». Explications : quand un Mirage F1 prenait l'air dans les années 1960, il n'était programmé que pour un type de mission. Pour faire autre chose, le pilote devait se poser, changer l'armement et repartir. Avec un Rafale, on peut tout faire en vol ou presque : reconnaissance, combat aérien, attaque au sol. Un peu comme avec Windows : on ouvre Word, Excel et PowerPoint et on passe d'un logiciel à l'autre par un jeu de touches. Ce qui n'en fait pas le premier de sa classe. Comme le résume un pilote, le Rafale « a pour lui d'être bon en tout, à défaut d'être le meilleur partout ».

Quel est son coût ?

La question est complexe, car un programme d'armement comme le Rafale accumule sur plusieurs décennies coûts non récurrents, liés au développement initial, et récurrents, liés à la fabrication en série. Avec, entre les deux, des évolutions technologiques prévues ou non, des achats de pièces de rechange ou encore des compléments de formation. Sans oublier les évolutions du prix des matières premières. En 2010, la Cour des comptes a calculé qu'au total le programme devrait coûter 40,7 milliards d'euros TTC aux contribuables. Soit 142 millions par appareil si on va au bout des 286 commandes prévues. Il ressort de ces chiffres que le prix unitaire a augmenté de 16,5 % par rapport au devis initial de 1988. Pourquoi une telle dérive ? Principalement parce que dans les années 1990 les différents gouvernements ont alterné ouverture et fermeture des vannes budgétaires. Rien de mieux pour alourdir la facture du développement. Depuis l'entrée en production en revanche, les prix de série restent constants, affirme la Défense. A quelle hauteur ? Secret commercial, car c'est un chiffre qu'il ne faut pas porter aux oreilles de la concurrence. La Cour des comptes a moins de pudeur. Selon elle, chaque Rafale sorti de chaîne coûte 101 millions. Soit une hausse de 4,7% seulement, toujours par rapport au prix de départ, ce qui confirme les affirmations des militaires. Les détracteurs du Rafale, et ils sont nombreux, n'en n'ont cure : l'avion reste à leurs yeux un gouffre financier. Ils pourront toujours se consoler en regardant ce qui se passe de l'autre côté du channel. Selon le « National Audit Office », le prix unitaire de l'Eurofighter a augmenté de... 75 %, pour dépasser les 250 millions d'euros pièce !


Dans le sillage du Mirage


Monstres de technologie. Conçu à la fin des années 1950, le Mirage III s'est vendu à 848 exemplaires à l'export, auxquels se sont ajoutés 146 appareils construits sous licence. La France, elle, en a commandé 407. Pakistan et Egypte, entre autres, comptent parmi les bons clients de l'appareil qui a bénéficié de l'énorme publicité que la guerre des Six-Jours lui a apportée. Le Mirage F1 a connu un beau succès aussi, même s'il ne s'est vendu « qu'à » 480 exemplaires à l'étranger, en Grèce, en Espagne, en Irak ou encore en Jordanie. Nombre d'entre eux sont en cours de modernisation. Entré en service au début des années 1980, le Mirage 2000 s'est vendu 601 fois, un peu plus en France (315) qu'à l'étranger (286). Quasiment tous sont encore en service. Quant au Rafale, on estime qu'il devrait s'en vendre à l'export au moins 200 durant les vingt prochaines années. Les avions de la génération actuelle sont plus polyvalents, il en faut donc moins pour se défendre. Monstres de technologie, ils sont aussi devenus très chers. Surtout, depuis la fin de la guerre froide, Washington ne « tolère » plus la concurrence occidentale.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 18:00
Photo Arpit Agarwal

Photo Arpit Agarwal

 

31 janvier 2012 Romandie News (AFP)

PARIS - Les autorités françaises se sont félicitées mardi de la décision de l'Inde d'acquérir 126 Rafale, une bonne nouvelle pour cet avion de chasse français jamais vendu à l'étranger et pour l'industrie de défense du pays qui procèdera à d'importants transferts de technologie.

La France se félicite de la décision du gouvernement indien de sélectionner l'avion français pour entrer en négociations exclusives avec Dassault, le constructeur du Rafale, a indiqué la présidence française dans un communiqué.

La négociation du contrat va s'engager très prochainement avec le soutien total des autorités françaises. Il inclura d'importants transferts de technologie garantis par l'Etat français, ajoute la présidence.

L'Inde a décidé d'acquérir 126 Rafale pour un montant évalué à 12 milliards de dollars, avait annoncé plus tôt à New Delhi une source gouvernementale indienne. Dassault a été sélectionné à l'issue d'un colossal appel d'offres dans lequel il était en compétition avec le consortium européen Eurofighter, qui proposait son Typhoon.

Nous avons remporté le contrat, mais il reste à finaliser un certain nombre de choses, a expliqué le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur Pierre Lellouche à la radio BFM.

Dassault Aviation a vu son titre s'envoler de plus de 20% à la Bourse de Paris juste après cette annonce qui constitue son premier succès à l'exportation pour cet appareil.

Ce contrat, s'il est finalisé, constitue une excellente nouvelle pour l'ensemble du secteur industriel en France, qui a désespérément tenté des années durant de vendre le Rafale à l'étranger.

C'est une belle nouvelle et la France a besoin de bonnes nouvelles en ce moment (...). C'est une bonne nouvelle pour notre industrie aérospatiale, pour notre industrie de défense, qui est parmi les toutes meilleures du monde, s'est réjoui M. Lellouche.

J'espère que cette commande va pouvoir enfin ouvrir de vraies perspectives au Rafale dans d'autres pays, a-t-il poursuivi, mettant en exergue les pressions politiques exercées par nos concurrents.

Dassault et ses partenaires Thales (électronique) et Safran (moteurs) ont de leur côté remercié l'Inde d'avoir sélectionné le Rafale et dit leur fierté de contribuer à la défense de l'Inde depuis plus d'un demi siècle, a indiqué Dassault Aviation dans un communiqué.

La France tente actuellement de vendre cet appareil au Brésil, qui doit choisir entre le Rafale, le F/A-18 Super Hornet de la firme américaine Boeing et le Gripen suédois, dans le cadre d'un appel d'offres pour la fourniture de 36 avions de combat multi-rôles.

Dassault négocie aussi depuis des années avec les Emirats la vente de 60 Rafale.

Gérard Longuet assure que le Koweït et le Qatar se sont également montrés intéressés et Dassault a présenté son avion en Malaisie. D'après les estimations de l'industrie, le Koweït a besoin de 18 à 22 nouveaux avions de combat et le Qatar de 24.

Le constructeur français n'a pas non plus abandonné l'espoir de vendre son appareil en Suisse, bien que les autorités fédérales aient retenu son concurrent suédois Gripen en novembre dernier.

Le Rafale est un chasseur-bombardier, biréacteur polyvalent d'une durée de vie supérieure à 30 ans. Conçu pour l'interception, l'attaque air-sol et air-mer, la reconnaissance ou la frappe nucléaire, il doit remplacer à terme l'ensemble des appareils en service en France.

C'est un très bon avion, qui a fait ses preuves dans les opérations récentes en Afghanistan, en Libye et ailleurs, a déclaré M. Lellouche.

Pendant l'intervention militaire internationale en Libye en 2011, la France avait pu faire la démonstration des capacités de son appareil.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 21:48
Rafale: Le gouvernement suisse n'a pas reçu de nouvelle offre de Dassault

photo Armée de l'Air

30.01.12 20minutes.fr

La Suisse n'a pas reçu de nouvelle offre du groupe français d'aéronautique Dassault qui serait prêt, selon les presse suisse, à réduire le prix de ses avions de chasse Rafale, a déclaré lundi une porte-parole département fédéral de la Défense.

 

Une meilleure offre que Saab

Selon la presse dominicale, Dassault a offert de vendre 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs suisses (2,24 milliards d'euros), un montant inférieur aux 22 Gripen du groupe suédois Saab qui ont été retenus pour 3,1 milliards.

Le gouvernement suisse avait annoncé fin novembre qu'il avait choisi de renouveler sa flotte d'avions de combat avec les appareils du suédois, préféré au Rafale et à l'Eurofighter Typhoon du consortium européen, dont fait partie EADS.

Ce contrat est destiné à remplacer la flotte vieillissante de Northrop F-5E/F Tiger acquis en 1976 et en 1981.

 

La procédure d'attribution relancée ?

Selon la presse, qui cite une lettre de l'avionneur français, Dassault affirme qu'il n'a jamais pu optimiser son offre sur la base des besoins de la Suisse. Il offrait précédemment 22 exmplaires Rafale pour un total de quatre milliards de francs.

La décision du gouvernement suisse n'est pas définitive puisque le parlement doit encore donner son feu vert. Si un rejet est toujours possible, la procédure d'attribution devrait alors redémarrer depuis le début, avec tous les participants mis sur un pied d'égalité, explique la porte-parole.

La semaine précédente, la commission de politique de sécurité du Conseil national avait décidé de constituer une sous-commission afin d'examiner le déroulement de la procédure qui a entériné le choix de l'avion de combat Gripen de Saab.

La Suisse, qui prévoyait initialement de commander jusqu'à 33 appareils, avait lancé son appel d'offres il y a trois ans.

Dassault n'est pour le moment toujours pas parvenu à vendre un seul exemplaire de son Rafale hors de France.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 17:50
Défense : comment Dassault a tissé sa toile

 

 

30.01.12 Dominique Gallois LE MONDE ECONOMIE

 

Les questions de défense entrent en campagne, avec la visite, lundi 30 janvier, de François Hollande sur la base des sous-marins nucléaires de l'Ile-Longue, à Brest. Début mars, le candidat socialiste précisera sa politique, notamment en matière industrielle. Partout dans le monde, les budgets militaires sont en baisse, notamment aux Etats-Unis, ce qui va pousser les industriels américains à chercher d'autres marchés à l'étranger. La compétition, déjà sévère, s'annonce encore plus rude avec la montée en puissance des acteurs russes, chinois, coréens, indiens. Or, les Européens se présentent en ordre dispersé. L'exemple le plus flagrant est l'aéronautique militaire. Sauf rebondissement (édition abonnés), le Gripen suédois l'a emporté en Suisse face au Rafale français et à l'Eurofighter Typhoon, un avion germano-hispano-italo-britannique. Le Rafale et l'Eurofighter se disputent aussi le "contrat du siècle", la vente de 126 avions à l'Inde.

 

Si l'industrie de défense est concentrée au Royaume-Uni autour de BAE Systems et en Italie autour de Finmeccanica, respectivement 2e et 8e mondiaux, il n'en est rien en France. Six groupes figurent dans les cinquante premiers mondiaux, du franco-allemand EADS (7e) à Dassault Aviation (54e), selon le palmarès annuel du magazine américain Defense News.

 

Le plus petit de ces acteurs n'en est pas moins celui qui bénéfice le plus des faveurs de l'Etat. Avec son soutien, Dassault est devenu l'actionnaire industriel du groupe d'électronique Thales, qui pourrait être le pivot d'un pôle de défense français regroupant les activités maritimes de DCNS et demain l'armement terrestre de Nexter.

 

Les questions sont nombreuses autour de ce projet. A commencer par les fonds que cela nécessitera. L'Etat est impécunieux et Dassault n'a peut-être pas l'envie d'investir assez dans ces domaines pour en prendre le contrôle. L'autre hypothèque tient au futur du groupe Dassault. Les enfants de Serge Dassault auront-ils la même stratégie que leur père lorsqu'ils en prendront les rênes ?

 

Quel que soit le prochain président, il devra aborder le futur de l'industrie de défense. L'Etat en tant que client, garant de la souveraineté nationale, mais aussi actionnaire des grands groupes, aura un rôle clé. Mais Dassault restera incontournable.

 

La montée en puissance de Dassault au sein de l'industrie de défense a lieu en trois étapes : d'abord la conquête de l'indépendance, puis celle de Thales (électronique de défense), et enfin la montée en puissance chez DCNS (sous-marins et navires) et Nexter (véhicules blindés et canons).

 

CONTRÔLE DE LA SOCIÉTÉ

 

En ce printemps 2002, Charles Edelstenne, le patron de Dassault Aviation, est satisfait : la famille Dassault vient de franchir la barre des 50 % en acquérant en Bourse le 1 % manquant pour détenir le contrôle de la société. "Pendant vingt-cinq ans, on nous a fait chanter. Aujourd'hui, nous sommes libres de nos mouvements", lit-on dans Le Monde du 29 mai 2002.

 

Dégagé de la menace des droits de vote double que revendiquait l'Etat français, libéré du pacte d'actionnaires avec EADS, qui est devenu simple minoritaire avec 46 % du capital, le PDG envisage avec sérénité les prochaines échéances stratégiques, qui se feront "à son rythme et à ses conditions", affirmait-il. Il soulignait aussi que les succès de son avion d'affaires, le Falcon (75 % du chiffre d'affaires), libéraient Dassault de la dépendance vis-à-vis des commandes militaires du gouvernement, et lui donnaient plus de marge de manoeuvre.

 

M. Edelstenne évoquait également son intérêt pour le groupe d'électronique de défense Thales, dans lequel il avait pris près de 6 % en échange de l'apport de ses activités électroniques. Il entendait ainsi profiter du désengagement annoncé d'Alcatel.

 

Viendra alors la deuxième étape, celle du renforcement de la participation de Dassault chez Thales, pourtant également convoité par EADS. Le groupe bénéficiera pour cela de l'appui de Nicolas Sarkozy, que Serge Dassault a largement soutenu dans sa course à l'Elysée.

 

Elu en 2007, le président de la République, Nicolas Sarkozy, n'a rien à refuser au sénateur UMP et au propriétaire du Figaro. Il se fait d'ailleurs fort de vendre le Rafale à l'étranger, une façon de rappeler que son prédécesseur, Jacques Chirac, n'y était jamais arrivé. Le chef de l'Etat s'engagera au Brésil et aux Emirats arables unis... pour l'instant en vain.

 

Informé dès le printemps 2008 d'un projet de reprise de Thales par EADS, l'Elysée fera savoir qu'il n'y est pas favorable. Mieux, il éconduira le groupe franco-allemand, dont il est pourtant actionnaire et bien que son offre soit financièrement plus avantageuse que celle de Dassault.

 

L'un des arguments évoqués est de privilégier une filière franco-française plutôt que de donner la gestion de Thales à un groupe franco-allemand. Dassault obtient ainsi d'entrer chez Thales sans lancer d'offre publique d'achat (OPA), et de participer à sa gouvernance. Il devient alors l'opérateur industriel d'un groupe trois fois plus important que lui.

 

BÉMOL

 

Fin 2011 intervient la troisième étape, avec la montée en puissance de 25 % à 35 % de Thales chez DCNS, tandis qu'est évoquée une prise de participation dans Nexter (ex-GIAT). Celle-ci serait dans un premier temps de 25 %. Avec, là encore, la bénédiction de l'Etat, ce dernier étant propriétaire des deux groupes.

 

Le groupe Thales, opéré par Dassault, pourrait alors faire une offre complète sur tous les marchés, en regroupant des fabricants de plateformes (chars, avions de combat, navires) et un fournisseur d'équipements électroniques tels les radars ou les équipements de télémesure.

 

Seul bémol, "Dassault n'a qu'une participation minoritaire dans Thales et ne peut rien faire s'il n'en prend pas le contrôle", note un banquier. Or, cela ne serait possible qu'avec le soutien de l'Etat, auquel Dassault est lié par l'intermédiaire d'un pacte d'actionnaires. Mais l'un et l'autre des actionnaires ont-ils la volonté ou la possibilité de financer une telle opération ?

 

aaa Pour l'Etat, la réponse est négative, la priorité étant désormais à la réduction des déficits budgétaires, qui pourrait passer au contraire par des cessions de participations.

 

Pour Dassault, c'est différent. "Toute la question est de savoir si Dassault veut développer cet ensemble ou faire fructifier son placement en réorganisant Thales, estime un analyste. La deuxième hypothèse semble la plus probable." Mais pour l'instant, en raison de la chute des marchés boursiers, l'investissement de l'avionneur s'est déprécié.

 

Le durcissement de la compétition mondiale peut toutefois changer la donne. Les grands groupes ayant déjà une présence internationale sont mieux armés pour s'affirmer sur le marché mondial et initier des rapprochements. C'est le cas d'EADS, de Safran et de Thales. Mais en fait, seuls les deux premiers ont la capacité financière pour mener de véritables regroupements.

 

SUCCESSION

 

Une première tentative s'est esquissée durant l'été 2011. Des rumeurs ont évoqué la possibilité d'une OPA lancée sur Thales par Safran. Un montage auquel se serait opposé... Dassault, même si le prix proposé aurait été celui qu'il avait payé pour son entrée dans Thales. L'Etat, pourtant actionnaire de deux groupes concernés, n'aurait pas donné suite. L'idée était de constituer un grand groupe fournisseur d'équipements et de grands systèmes d'aéronautique dans les domaines civils et militaires.

 

Les cartes pourraient à nouveau être rebattues, sauf si Dassault décroche entre-temps un contrat pour le Rafale aux Emirats arabes unis. Une telle commande permettrait d'alimenter ses bureaux d'études, et surtout ceux de Thales, pendant près de quatre ans. Autre avantage, cela permettrait au ministère de la défense d'étaler le programme de livraison des Rafale à l'armée française, la priorité étant donnée aux éventuels clients à l'exportation. Ainsi pourraient être financés d'autres projets.

 

Mais il faudra d'abord régler les questions de gouvernance, notamment la succession de Charles Edelstenne qui, l'année prochaine, quittera à 75 ans son poste de PDG. L'inconnue majeure reste la stratégie des enfants Dassault quand l'heure sera venue de remplacer leur père, Serge, âgé de 86 ans. "Il n'y aura pas de vacance de pouvoir dans la société, la continuité sera assurée. Chaque chose viendra en son temps et sans l'avis de tous ces "fameux experts"...", affirmait en décembre, dans Le Figaro, M. Edelstenne. Une manière de rappeler que toute décision appartient... à la famille.

 


La France au 4e rang des exportateurs d'armes

 

Rang Avec 6% du marché mondial (un peu plus de 5 milliards d'euros), la France se maintient en 2010 au 4e rang des exportateurs d'armes, après les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie.

 

Emplois L'industrie de la défense représente 165000 emplois directs, au moins autant d'emplois indirects et un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros, dont le tiers environ est donc réalisé à l'exportation.

 

Budget En 2012, le budget du ministère de la défense augmente de 1,6%, pour atteindre 30,6 milliards d'euros. La part prévue pour les équipements est de 16,5 milliards (+ 500 millions).

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 17:45
Rafale : contre-offre de Dassault en Suisse

Rafale atelier – photo Dassault

30 janvier 2012 par Rémy Maucourt – L’USINE NOUVELLE

La Suisse préfère le Gripen de Saab au Rafale Et si le Rafale remportait sa 1ère victoire en Suisse ? liens sponsorisés

Alors que le gouvernement suisse a choisi en novembre le Gripen suédois, Dassault Aviation adresse le 19 janvier une offre à prix cassé au parlement helvète.

L'appel d'offres suisse est officiellement perdu pour Dassault, mais le français tente une dernière manoeuvre. Le constructeur a envoyé un courrier aux parlementaires suisses pour leur proposer l'acquisition de 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs suisses (CHF) soit 2,24 milliards d'euros. C'est le jounal Le Matin Dimanche qui révèle cette information.

Dassault a perdu en novembre un appel d'offres pour remplacer la flotte vieillissante de l'armée de l'air suisse. Le gouvernement fédéral lui a préféré le Gripen, produit par le Suédois Saab, en achetant 22 exemplaires au prix de 3,1 milliards de francs (2,57 milliards d'euros au cours actuel). Mais le Parlement doit encore valider le contrat.

Dassault propose donc aux Suisses un contrat moins onéreux. En comparant avec l'offre de Saab, la nouvelle proposition française coûte 400 millions de francs suisses de moins, mais pour la fourniture de 18 avions contre 22. Argument de Dassault : 18 Rafale peuvent remplir les mêmes missions que 22 Gripen. Un haut gradé de l'armée suisse a confirmé ce point au Matin.

Prochaine étape le 13 février

Cette nouvelle offre de Dassault est soutenue au plus haut niveau de l'état français. En cas d'achat du Rafale, la France s'engage en effet à offrir à l'armée suisse un accès illimité à ses bases aériennes. Les pilotes suisses pourraient ainsi atterrir en France durant la journée mais également y séjourner plusieurs semaines. Cette proposition présente un intérêt bien spécifique : "cette possibilité se révèle surtout intéressante en été afin de limiter les nuisances sonores en Suisse" commente Le Matin.

La commission de la Défense du parlement suisse, qui doit valider la position du gouvernement, se réunit le 13 février prochain. Un des députés qui y siège a confirmé que l'ultime offre de Dassault Aviation serait examinée à ce moment là.

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 22:15
La contre-offre de Dassault: des avions à prix cassés

 


Battu au Conseil fédéral, le constructeur français a écrit une lettre aux parlementaires suisses pour leur proposer 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs. Plus modernes, ils feraient mieux que 22 Gripen. La proposition française est de 400 millions de francs moins chère que les Gripen

29.01.2012 Par Titus Plattner - lematin.ch

Si la France ne vend pas ses Rafale, la chaîne de production risque d’être arrêtée, a récemment dit le ministre de la Défense, Gérard Longuet.

La méthode est cavalière, mais l’enjeu est faramineux. Dans une lettre adressée le 19 janvier aux présidents des Commissions de la politique de sécurité, le constructeur français Dassault propose 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs. Selon lui, cette solution serait à la fois plus efficace et moins chère que les 22 Gripen. Le 30 novembre dernier, le Conseil fédéral avait décidé d’acheter ces derniers pour 3,1 milliards de francs. «Ce n’est pas le meilleur appareil du monde, mais c’est celui qui présente le meilleur rapport qualité-prix et qui correspond le mieux à nos besoins», s’était alors justifié le ministre de la Défense Ueli Maurer.

Dans le courrier d’une page, auquel «Le Matin Dimanche» a eu accès, Dassault affirme n’avoir jamais eu l’opportunité d’optimiser le rapport coût-efficacité. «J’ai bien reçu cette lettre», confie Hans Hess qui en discutera avec ses collègues de la commission du Conseil des Etats le 13 février. Le libéral-radical obwaldien ne se souvient toutefois plus très bien des chiffres qui y figuraient. «Nous avons bien écrit une lettre à la commission», se borne à confirmer de son côté le service de presse de Dassault. Le constructeur réserve ses commentaires à la commission si elle le désire.

Selon nos informations, l’offre française concerne les mêmes avions et les mêmes investissements en Suisse. Par rapport à l’offre évaluée en novembre par le Conseil fédéral, le nombre d’appareils a été réduit de 22 à 18. Ceux-ci ont été optimisés, afin de mieux correspondre aux besoins de la Suisse. La capacité air-sol a ainsi été légèrement réduite, en renonçant par exemple aux pylônes d’attache pour les grosses bombes. L’avionique (équipements électroniques, électriques et informatiques) reste en revanche la même. «Et la capacité opérationnelle des Rafale pour assurer une permanence aérienne est rigoureusement identique», assure notre informateur.

Selon les Français, ces 18 avions rempliraient largement la tâche de 22 Gripen. «C’est exact», confirme un haut gradé suisse sous couvert de l’anonymat. Le module qui avait évalué la capacité de chacun des constructeurs à maintenir sur la durée différents types de mission, explique-t-il, arrivait à un rapport de 3 Rafales ou 3 Eurofighter pour 5 Gripen.

Concessions maximales

Cette différence s’explique notamment par la plus faible autonomie de l’avion suédois. Plus un avion doit retourner souvent à la base pour faire le plein de carburant, plus il faut engager de pilotes et d’avions pour maintenir une zone d’exclusion aérienne, comme c’est par exemple le cas ces jours-ci au-dessus de Davos.

Pour convaincre les parlementaires suisses, les Français comptent aussi sur leur paquet «coopération militaire», qui était lui aussi sorti en tête lors de l’évaluation, comme nous le confirme une source chez Armasuisse.

La France a ainsi offert un accès 24 heures sur 24, été comme hiver, à toutes ses bases aériennes. Du point de vue des Forces aériennes suisses, cette possibilité se révèle surtout intéressante en été afin de limiter les nuisances sonores en Suisse. D’autant que les pilotes suisses peuvent aller pour la journée sur ces bases et rentrer chez eux le soir. Mais l’accord que propose la France leur permet aussi d’y rester plusieurs semaines durant. L’utilisation des zones de tir et des zones d’entraînement supersonique au-dessus de la mer Méditerranée est également prévue. Tout comme un accès aux simulateurs de vol et la possibilité de profiter de la logistique française lors des exercices internationaux.

Ueli Maurer prêt à recommencer

Mais ce qui distingue la proposition de la France de celles de ses concurrents allemands et suédois, c’est l’accès aux satellites militaires pour la reconnaissance Hélios 1 et 2. Ainsi que la possibilité d’obtenir les données radars des Awacs. «Ces offres ont été approuvées au plus haut niveau», par la présidence de la République, explique notre haut gradé suisse.

En novembre, les Français étaient convaincus de remporter le marché, tant ils avaient marqué des points lors de l’évaluation. Ils pensaient aussi pouvoir vendre leurs avions au prix fort. Aujourd’hui, avec un coût par appareil de plus de 15% meilleur marché, ils redeviennent compétitifs. Cette concession gigantesque s’explique par leur difficulté à conclure des ventes au Brésil, en Inde et aux Emirats arabes unis. Mais la concession vient un peu tard.

A moins qu’au mois de juin le Parlement ne rejette l’achat des Gripen proposé par le Conseil fédéral. «Dans ce cas, explique aujourd’hui le ministre de la Défense, Ueli Maurer, dans une interview à la SonntagsZeitung, il faudrait recommencer l’évaluation au début, afin de mettre tout le monde sur un pied d’égalité.»
 


2,7 milliards

C’est le montant en francs formulé par Dassault dans sa lettre aux Commissions de politique de la sécurité. Il inclut 18 Rafale, l’armement et les équipements qui vont avec. Ce chiffre est à comparer aux 3,1 milliards pour les 22 Gripen suédois décidés par le Conseil fédéral en novembre. Dassault, qui proposait alors 22 Rafale pour 4 milliards, a drastiquement revu son prix à la baisse.

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 08:25
Temporary Plateau For Indian Defense Spending

photo Sirpa Air

Jan 19, 2012 By Neelam Mathews - defense technology international

New Delhi - The Indian defense budget for fiscal 2012 (April 2012-March 2013), adjusted for the 12.9% decline in the value of the rupee to the dollar last year, is less than 2011 in real terms. Plans are to allocate $36 billion, or 2.6% of GDP, to defense this year. In 2011, the budget was $35.2 billion, or 2.03% of GDP.

Based on the current value of the rupee, this yields a budget with buying power of $31.4 billion in 2011 dollars. And while the defense budget’s share of GDP is up 28% from 2011, India’s rate of GDP growth was 16.6% less than in 2010—7.5%, compared with 9%.

The rupee’s loss of value is attributable to worried investors selling emerging-market assets on the presumption that Europe’s debt crisis will lead to global recession. Nevertheless, major programs are under way by the air force, navy and army, as India undertakes a $50 billion modernization drive in the next five years that will improve the capabilities and power projection of its forces. One factor driving modernization is the rise of China as a regional power, expanding its presence in the Indian Ocean and building forces and infrastructure in Tibet and Pakistani-occupied Kashmir. India lags China in ICBMs, nuclear submarines, antisatellite weapons and fifth-generation fighter aircraft. The defense budget seeks to fill at least some of these gaps.

The biggest deal this year is the $11 billion Medium Multi-Role Combat Aircraft (MMRCA) program for the air force, which will see a bidder selected for the 126 aircraft by March—at least according to the current timeline. The downselected bidders are Dassault Aviation with the Rafale and Eurofighter with the Typhoon. If the deal goes as planned, it will boost the air force’s share of the defense budget to a projected 35% this year from 28%. This in turn will affect allocations for the army, which received 51% of the budget last year, and the navy, which got 15%. (Allocations for these services had not been announced at press time.)

On the other hand, homeland security, which is under the jurisdiction of the Home Affairs Ministry, has a budget that will increase, says Laxman Behera, research fellow at Indian Defense Strategic Affairs. Homeland security’s budget was $4.4 billion last year. “Internal security has urgent needs that cannot wait. Overall, we are compelled to modernize forces including the police,” adds Behera. The homeland security budget will be announced on Feb. 29.

International defense and aerospace companies are seizing opportunities in India’s competitive and rapidly expanding market. India’s modernization plans and recent upgrades mean the military is importing more than 70% of its arms. Factors behind this effort include protection of its robust economy based on trade and challenges ranging from border conflicts with Pakistan and China to terrorism and piracy.

Meanwhile, with contracts for the long-delayed upgrades of 51 Dassault Mirage jets signed and the down payment made in late 2011, the $2.4 billion project is finally underway. Dassault and Thales will modernize onboard equipment and systems to bring the aircraft to Mirage 2000-5 standards. Clearance for procurement has also been given for 450 MICA multitarget air-to-air intercept and combat missiles from MBDA for the Mirages. MICA has a maximum operating range of 60 km (37 mi.).

The upgrade involves new avionics including the Thales RDY2 multimode radar, as well as new navigation and electronic countermeasures. The MPDU mission computer, also on the Rafale, will be installed in the Mirages. Thales will now need to tap current and potential partners for offsets and finalize its joint venture with Samtel.

The first two Mirage aircraft will be upgraded in France within 44 months. The next two will be modified over 14 months by Dassault, Thales, and government contractor Hindustan Aeronautics Ltd. (HAL) in Bengaluru (formerly Bangalore). HAL will then upgrade the rest.

A contract to integrate Rafael Advanced Defense System’s Derby medium-range air-to-air missile with India’s Tejas light combat aircraft is in the works. Delivery of the missiles is expected in the second half of 2012. The active radar- and infrared-guided Derby, which provides all-weather, beyond-visual-range capability, has been acquired for the navy’s Sea Harrier FRS51 fighters, 14 of which have been modified for the missile.

The Defense Research and Development Organization will spend $4 billion over the next three years on locally manufactured strategic and tactical missiles, including the Astra air-to-air missile, BrahMos supersonic cruise missile, Akash surface-to-air missile and the Shourya ballistic missile. Also scheduled for production are 1,100 Pinaka rockets, 1,000 84-mm rocket launchers and 7,500 missiles.

Honeywell became the sole vendor in a bid to re-engine the air force’s Jaguar fleet when Rolls Royce pulled out. Honeywell will supply its F125IN engine, which has 9,850 lb. of thrust. It is projected to save the service $1.5 billion in lifecycle costs. The engine includes a dual full-authority digital engine control system, modular construction, integrated engine-monitoring system and high thrust-to-weight ratio, according to Honeywell.

The air force has started taking delivery of six Lockheed Martin C-130J transports. A letter of request has been sent to the U.S. for procurement of six more, according to Defense Minister A. K. Antony.

HAL is planning to modernize its facilities to better handle impending orders for such aircraft and programs as the fifth-generation fighter, a joint project with Russia; the medium transport aircraft, a joint venture with Irkut Corp. and Ilyushin Design Bureau of Russia; indigenous light combat aircraft; the light combat helicopter; MiG-29 upgrades; and the intermediate jet trainer.

Navy leaders are working to give India a new fleet with greater range. Navy Chief Admiral Nirmal Verma says force levels will increase to 150 warships and 500 aircraft. The navy’s current fleet strength is 118 surface ships, 14 submarines and 216 aircraft. When he speaks of range, he means “deployment at long distances with the ability to stay for some time.” In other words, “reach and sustainability.”

India’s plans to construct its first indigenous aircraft carrier at Cochin Shipyard suffered delays following problems in design and integration of the propulsion system and procurement of critical equipment. Verma says the carrier should be launched “by the middle of 2012, or so.”

The navy plans to soon commission the refitted aircraft carrier INS Vikramaditya (formerly the Soviet carrier Admiral Gorshkov). It also wants to add nine surface warships. These include a Shivalik-class frigate; Kolkata-class destroyer; antisubmarine warfare corvette; offshore patrol vessel; two Talwar-class frigates from Russia; three catamaran survey vessels; and 25 fast interceptor craft.

The largest army initiative, a $13 billion modernization program, will add 90,000 soldiers and raise four new divisions along India’s border with China. “The army will purchase 2,600 vehicles as part of its future combat vehicles program, and is likely to see strong public and private sector participation from ordnance board and industry players such as Tata Group,” says Rahul Gangal, defense advisory and investments director at aerospace specialist Aviotech of Hyderabad.

The purchase by the army of 197 light helicopters has been re-tendered, following an objection by Bell-Boeing. This delays the award to one of two short-listed contenders: Eurocopter with its Fennec AS550 C3, and Kamov with the 226T. There has been no indication as to when the contract will be announced.

Defense Minister Antony told parliament recently that priority was being “given to ensure that artillery units are equipped with modern weapons.” The army reportedly needs 1,580 155-mm/53-caliber towed guns; 180 155/52 wheeled and self-propelled guns; 145 155/39 ultra-light howitzers; and 100 more 155/52 tracked guns.

Analysts advise that India should sustain its defense expenditures at a consistent pace for an extended period. This is likely, given that defense is in modernization mode. If the current momentum of budgeting is sustained, defense spending is likely to be around $100 billion by the end of 2021, resulting in significant market opportunities for industry in India and outside.

Until recently, the defense ministry has been unable to spend all of its annual allocations due to complicated procurement procedures. As a result, large programs have suffered delays, which in turn led to cost escalation and technology obsolescence. This situation is changing, though it remains to be seen to what extent.

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 08:55
France Offers Heron for NATO Role - Will Sign Deal To Buy UAV By Year's End

 

Dassault is negotiating with Israel Aerospace Industries on the contract for the Heron TP, which the French company would then deliver to French authorities. (Israel Aerospace Industries)



16 Jan 2012 By PIERRE TRAN DefenseNews



PARIS - France is offering the Heron TP as its contribution in kind to the NATO Alliance Ground Surveillance program, but technical and financial problems related to adapting the medium-altitude, long-endurance (MALE) UAV to French standards are holding up a deal with Dassault and Israel Aerospace Industries (IAI), industrial and political sources said.

French Defense Minister Gerard Longuet told the French aerospace journalists' press club that the deal would be sealed by "the end of 2012."

That's later than expected by industry and parliamentary sources, who had thought the controversial contract would be signed before the presidential elections starting in April.

Dassault is negotiating with IAI on the contract for the Heron TP, which the French company would then deliver to French authorities.

"There are many difficulties" on adapting the Heron TP, driving the cost above the 320 million euro ($408 million) budget, a parliamentary source said. An extra 150 million euros each for Dassault and Thales has been estimated for the modifications, the source said.

That would push the cost to 620 million euros, approaching the 700 million euro price tag of a previous Dassault offer of the Système de Drone MALE.

The Defense Ministry has asked Dassault to submit a technical-financial proposal on the Heron TP at the end of the month.

Among the key modifications are a satellite communications link and de-icing equipment, vital to plugging the UAV into the French - and NATO - network and fly in the northern European climate, the industry executive said.

Procurement officials are working hard to make progress on the UAV case, and one option might be to acquire the Heron TP with little or no modification, the executive said.

That might create problems of interoperability within NATO as Paris has offered the Heron TP as its asset contribution, instead of paying cash, toward maintaining the AGS system, the executive said.

Although 13 nations are acquiring AGS, based on the Northrop Grumman Global Hawk UAV, all 28 alliance members help maintain the system in return for access to AGS information.

"The AGS package is still being discussed at NATO," an alliance press officer said. "It is a topic to be discussed in the February meeting of defense ministers."

NATO has long sought to launch the AGS program, intended to provide commanders with a common operational picture.

France has had a troubled relationship with AGS, as Paris looked to gain a big technological role. The planned AGS system relies on five Global Hawks to provide radar and optical pictures of conditions the ground, and a network of transportable ground stations. The UAVs will be based at Sigonella airbase, Italy.

The choice of the Heron TP sparked resistance in the French Senate, which argued for acquisition of General Atomics' Reaper on grounds of cost, performance and interoperability with allied forces.

Longuet defended the choice of the Israeli UAV as "a compromise between capability and a long-term interest for industrial policy," he told the press club.

"We could have found a cheaper, more efficient, quicker solution, but at the [unacceptable] price of long-term dependence," he said.

Longuet denied that most of the contract value would go to IAI, saying that air vehicle is the smallest part of the system, with communication and observation more important.

The government argues that adapting the Heron TP to French needs will help develop competences among about 10 domestic companies in high-value areas, particularly in communications. Critics of the choice say there would be more work for French companies on the Reaper, pitched by EADS and General Atomics.

"No proposition was made by Reaper, which did not want to share, nor to adapt to French standards," Longuet said.

General Atomics did not make a formal offer because France did not send a letter of request, an industry executive said.

In 2010, the U.S. company signed a technical-assistance agreement with EADS detailing its offer, the executive said. The agreement listed modifications, including a communications link developed by French equipment firm Zodiac for the Harfang UAV flying in Afghanistan.

General Atomics also wrote in June 2011 to French Sens. Jacques Gautier and Daniel Reiner, setting out a $209 million offer for seven air vehicles, ground gear and service support.

The government, however, sees Dassault as holding a key position on a strategic roadmap intended to ensure interoperability in observation, surveillance, targeting and air power. That position stems from its work on the Rafale and Anglo-French cooperation, in the government's view.

Longuet said risk-reduction work on the Heron TP would start in 2013.

Dassault and DGA were unavailable for comment.

On a proposed new MALE UAV to be developed with Britain, Longuet urged a pan-European rather than a strictly bilateral approach.

The project "should accept the construction of Europe," he said. "We can't ignore countries with industrial capabilities. We'll probably have an Anglo-French project, which cannot avoid opening to other European partners."

On the Anglo-French cooperation treaty, Longuet said, a new date for a summit meeting would be set for before his birthday on Feb. 24.

"There are no doubts on defense," he said on relations between London and Paris.

EADS and Finmeccanica signed a deal in December to team on UAV development, reflecting wider discontent in Italy and Germany over the Anglo-French defense accord.

France would not develop the EADS Talarion Advanced UAV, Longuet said.

One way of bringing a European dimension into the planned Anglo-French MALE UAV would be to integrate it into the European combat aircraft environment, dominated by the Eurofighter Typhoon and Rafale aircraft, Longuet said.

"If we're intelligent, we should say, 'You British work on Eurofighter with Germany, Italy and Spain, and we'll work on Rafale,'" he said. "It would be good if the MALE UAV were to be compatible with one and the other."

Other Programs

France will buy the A330 Multi-Role Tanker Transport (MRTT) from Airbus "in 2013 for delivery four years later," Longuet said, leaving Boeing out in the cold.

Longuet dismissed previous official denials that Airbus had been chosen as "semantic elegance."

The U.S. Air Force's $35 billion pick of Boeing over Airbus for its KC-X tender effectively shut the door on a French tender.

France is expected to order five to seven A330 MRTT units in a first-batch order that could total 14.

Paris had been considering leasing part of Britain's A330 tanker fleet, but the Libyan air campaign led French authorities to decide they wanted their own aircraft.

On domestic consolidation, Thales would likely take a 10 percent to 20 percent stake in Nexter in exchange for handing over its TDA Armements mortar and munitions business to the land systems specialist, Longuet said.

Thales' holding would be significant but would not leave Nexter "dependent," he said.

Answering a question on anxiety at DCNS, where Thales is raising its stake in the naval company to 35 percent from 25 percent, Longuet said, "Thales is not the obligatory supplier of systems. DCNS can choose its systems."

DCNS makes naval combat management systems, and executives fear Thales will impose its own products, relegating the company to being a platform maker.

Nexter and DCNS had to forge European alliances to compete with companies from emerging economies such as Brazil, but first they had to consolidate their domestic base, Longuet said. Nexter had to look to German partners, as that was where the land sector was strong, he said.

Asked about the health of French defense companies, Longuet said, "Thales is a company necessarily in more peril because it is innovative on creative subjects on a world scale. It is more difficult. It has to take risks and goes through periods of uncertainty."

Regarding arms exports, the 2011 total for France would be around 6.5 billion euros, helped by an Indian contract for modernization of its Mirage 2000 fighters, Longuet said. That compared with 5.12 billion in 2010.

In October, procurement chief Laurent Collet-Billon had told lawmakers in October he expected 2011 export sales to reach 7.5 billion euros.

On export prospects for the Rafale, Longuet said a UAE decision to pick the Rafale would help sell the fighter to Kuwait and Qatar, which want to be interoperable with their neighbor's Air Force.

"They are interested" but would not be the first to commit, he said. "If they think no decision is being made [by UAE], they will look elsewhere."

Kuwait is looking at acquiring 18 to 22 jet fighters, with Qatar potentially 24, industry executives said, according to La Tribune.

The Defense Ministry appeared to harbor worries about Qatar raising its stake in Lagardère, the family-controlled company which owns 7.5 percent of EADS.

"There are fewer problems in football than in military aeronautics," Longuet said. "It's a subject."

But the decision on Qatar's shareholding in Lagardère was up to the Finance Ministry, not the Defense Ministry, he said.

A Qatari sovereign fund holds 10.07 percent of Lagardère stock, making it the largest single stockholder in the French company, and has asked for a seat on the board. Qatar bought 70 percent of the Paris Saint Germain football club for 30 million euros in May.

Julian Hale in Brussels and Tom Kington in Rome contributed to this report.

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 08:55
Gérard Longuet veut ouvrir le projet des drones MALE à d'autres industriels



09 janvier 2012 par Barbara Leblanc – L’USINE NOUVELLE

Au cours d’une rencontre avec des journalistes aéronautiques, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a précisé [que le projet des drones MALE] n’est pas réservé à Dassault et BAE Systems.

"Je pense que ce projet franco-britannique doit accepter l'idée que (...) nous sommes engagés dans la construction européenne et nous ne pouvons pas ignorer délibérément des pays qui font encore des efforts de défense et qui ont des capacités industrielles", estime le ministre Gérard Longuet.

Il semble donc revenir sur sa position initiale sur ce projet qui devrait être un des thèmes du prochain sommet franco-britannique prévu pour février. Il annonce notamment que Paris et Londres pourraient être en mesure dans les prochaines semaines de définir ce que doit être le programme MALE. Les deux pays devront encore s’accorder sur la manière d’y répondre, via un appel d’offres mondial ou en passant commande à des industriels européens.

"Nous disons aux Britanniques que nous souhaitons avoir une securité de long terme sur l'approvisionnement, ce qui nous conduit à privilégier les solutions industrielles s'appuyant sur les entreprises détenues par les Européens, explique le ministre. Les Britanniques ne sont pas hostiles mais ce n'est pas leur culture naturelle, (qui est) un appel d'offres mondial".

Le développement d’un drone MALE a été confié cet été à Dassault aviation en coopération avec le britannique BAE Systems au détriment d’EADS et de son drone Talarion. Une décision intervenue après la signature en novembre 2010 d’un traité franco-britannique de coopération militaire.

La division défense du groupe européen Cassidian a alors répondu en s’alliant avec le constructeur italien Alenia pour développer des drones de surveillance et de combat pour l’Allemagne et l’Italie. Le marché des drones MALE est actuellement dominé par les américains General Atomics et Lockheed Martin et les israéliens comme Israel Aerospace Industries.

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:30
Fillon désavoue Longuet et défend le Rafale

 

 

12-12-11 par la rédaction de Challenges.fr (Avec AFP)

 

Le Premier ministre a indiqué que la France ne comptait en aucun cas renoncer à son avion de chasse et arrêter sa chaîne de production si l'avion n'est pas vendu à l'étranger.

François Fillon vient à la rescousse du Rafale. Le Premier ministre a assuré lundi 12 décembre sur la base militaire de Saint-Dizier que la France ne comptait "en aucun cas renoncer" à l'avion de Dassault et arrêter à terme sa chaîne de production si l'avion n'était pas vendu à l'étranger.

"Notre volonté, c'est développer ces savoir-faire et ces compétences avec des partenaires stratégiques qui partagent avec la France une ambition pour leur outil de défense", a ajouté le Premier ministre. "C'est le sens des efforts que nous faisons avec le Brésil, avec les Emirats arabes unis et avec l'Inde", des pays auxquels la France tente de vendre des Rafale, a-t-il ajouté.

Dans un entretien au Figaro, Charles Edelstenne, P-DG de Dassault Aviation fait quant à lui face à la salve de critiques.

 

Trop cher mais militairement au point

Le ciel du Rafale s'est pourtant assombri la semaine passée, lorsque le ministre de la Défense a déclaré mercredi que "si Dassault ne vend pas son appareil (le Rafale) à l'étranger, la chaîne sera arrêtée et les appareils seront naturellement entretenus". Après Abu Dhabi et ses propos peu amènes sur sa compétitivité, et Berne qui a finalement opté pour le concurrent suédois, Gerard Longuet  n'a pas véritablement aidé l'avenir de l'avion.

Il a toutefois précisé que cela se ferait une fois que l'armée française aurait eu livraison de tous les appareils commandés, ajoutant que "l'étalement était jusqu'en 2018 au moins". Ensuite, "ce sera fini pour le constructeur, pas pour l'utilisateur", a-t-il dit lors de Questions d'Info, l'émission de LCP/France Info/Le Monde/AFP. Il a toutefois précisé que "parallèlement l'avion fera l'objet d'évolutions entre 2020 et 2030"...

Pour "un appareil quel qu'il soit, l'achat représente un tiers et la vie représente les deux tiers. Donc pour l'industrie aéronautique et pour les responsabilités de l'armée de l'air, il faut savoir que pour un Rafale, sur sa durée de vie d'une quarantaine d'années, on paiera deux fois le prix. Donc, l'industrie sera servie", a-t-il fait valoir.

Questionné sur les raisons pour lesquelles Dassault ne parvenait pas à vendre le Rafale à l'étranger, le ministre a souligné que cet appareil "était plus cher que l'avion américain (qui est) amorti sur des séries beaucoup plus longues".

"Lorsque nous, nous commandons 200 Rafale en dix ou quinze ans pour un programme, les Américains font 3.000 appareils", a-t-il dit. "En revanche, pour les missions de haute gamme à forte valeur militaire, le Rafale est incontestablement bien placé", a-t-il poursuivi.

 

L'inde va-t-elle sauver le Rafale?

Le sort du Rafale va se jouer très prochainement car il reste en compétition en Inde. New Delhi doit décider d'ici mi-décembre si son choix portera sur le Français ou bien sur l'avion du consortium européen Eurofighter. Le gigantesque contrat de 126 avions de chasse donnerait en tout cas une sacrée bouffée d'oxygène à Dassault.

Le Rafale se retrouve également en compétition au Brésil où il doit faire face avec le F/A18 Super Hornet de l'américain Boeing et le Gripen NG de Saab. Il faisait office de favori jusqu'à ce que la présidente Dilma Rousseff n'ajourne sa décision –au mieux à 2012- en raison de coupes budgétaires.

L'avion de Dassault se retrouve enfin dans la position d'outsider sur le marché malaisien, où le ministre de la Défense a toutefois montré sa préférence pour le concurrent développé par EADS, BAE et Finmeccanica.

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 08:55
Rafale : «Pas de cadeau fait par l'État à Dassault Aviation»

 

11/12/2011 Par Etienne Mougeotte – LeFigaro.fr

 

INTERVIEW - Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, affirme que l'avion de combat français répond à un besoin exprimé par les états-majors de l'armée et que le coût du programme a été maîtrisé.

Dassault Aviation (1) vient de vivre une quinzaine de jours agités, durant lesquels ses produits et sa stratégie ont été remis en cause. Négociation complexe avec les Émirats arabes unis ; choix par la Suisse du Gripen suédois contre le Rafale ; rejet par le Sénat du projet de drone franco-israélien Dassault IAI ; déclaration du ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur le Rafale.Autant de sujets sur lesquels répond le PDG de Dassault Aviation, Charles Edelstenne.

 

LE FIGARO. - Charles Edelstenne, commençons par le Rafale, où en êtes-vous?

 

Charles EDELSTENNE. - Que le programme Rafale concentre des critiques parce qu'il n'est pas exporté, je peux le comprendre et j'y reviendrai. Mais les deux premières questions à se poser sur ce programme ne sont-elles pas d'abord: cet avion répond-il aux besoins des militaires et les autorités françaises ont-elles fait avec ce programme le choix le plus raisonnable économiquement? Sur la première question, Dassault Aviation et ses partenaires industriels n'ont pas réalisé le Rafale juste pour se faire plaisir, mais pour répondre à un besoin exprimé par les états-majors et la Direction générale de l'armement. Je constate la satisfaction des opérationnels sur les nombreux théâtres d'opérations où ils ont été engagés avec cet avion. Lors de la crise libyenne, le Rafale a fait la démonstration de sa parfaite polyvalence, c'est-à-dire de sa capacité à remplir toutes les missions afférentes à l'arme aérienne, ce qui le distingue de tous ses compétiteurs.

 

Quant à la seconde question et quelles que soient les critiques de certains, le Rafale a, sans aucun doute possible, été le choix le plus raisonnable que la France pouvait faire dans le domaine des avions de combat. En effet, la polyvalence du Rafale va permettre une rationalisation de l'arme aérienne qui, de 1995 à 2030, va passer de plus de 650 avions de combat à 286, comme vient de le rappeler le ministre de la Défense mercredi dernier. À titre d'illustration, un Rafale remplit les missions de deux Mirage 2000. Les armées françaises opéreront  donc un seul appareil pour l'armée de l'air et l'aéronavale, entraînant d'importantes économies en termes de soutien, là où les Anglais auront deux avions et les Américains trois!

 

Par ailleurs, à l'heure où l'emploi reste une préoccupation pour tous, il n'est pas inutile de rappeler que 100 % du Rafale sont fabriqués en France et qu'il procure de la charge de travail à près de 500 entreprises, dont de très nombreuses PME-PMI innovantes.

 

 

Le coût du programme est présenté comme pharaonique.  Que pouvez-vous répondre?

 

Malgré les critiques répétées sur son poids financier, le Rafale est le seul programme de cette ampleur dont les coûts ont été maîtrisés par un effort constant de la DGA et des industriels, et ce malgré un retard de dix ans en raison des contraintes pesant sur nos finances publiques. À ce sujet, je lisais récemment un article faisant mention d'une augmentation sensible du coût du programme, alors qu'il ne s'agissait que d'une actualisation de coût pour donner un montant en valeur économique de l'année. Tous ces éléments doivent être maniés avec précaution afin de ne pas induire les lecteurs en erreur. D'après le ministère de la Défense, le Rafale est resté dans son épure initiale ; le prix de série n'augmentant que de 4,7 %, alors que ses concurrents ont connu des dérives non maîtrisées de leurs coûts. La Cour des comptes britanniques, le NAO, a dénoncé cette année une dérive de 75 % du programme européen EF-2000. Pour ceux qui ont encore des regrets sur la sortie de la France de ce programme, il faut bien comprendre qu'un tel choix aurait augmenté de près de 50 % le coût pour le contribuable par rapport au Rafale.

Le JSF F-35 américain est, quant à lui, soumis au contrôle du Congrès pour une dérive de plus de 77 % de ses coûts depuis son lancement, en 2002. Et le développement n'est pas terminé: ce programme est d'ailleurs qualifié outre-Atlantique de «trillion programme«.

 

Il n'en reste pas moins que vous pesez lourdement sur l'exécution de la loi de programmation militaire, dont l'équilibre reposait sur une baisse des cadences de livraison des Rafale français…

 

Là encore, il y a des vérités qu'il est nécessaire de rétablir et des amalgames à corriger. Les livraisons annuelles de Rafale n'ont pas comme finalité de faire tourner les chaînes de production de Dassault Aviation. Elles sont là pour répondre aux besoins des forces. Dans le cadre de la préparation de la loi de programmation militaire, j'ai accepté, considérant les contraintes budgétaires, que dans l'hypothèse où l'appareil serait exporté d'ici à 2011, les cadences minimales de livraison à la France de onze avions par an, déjà en net recul par rapport aux cadences qui avaient été garanties précédemment, puissent être décalées d'un avion sur deux et compensées par les livraisons à l'export. L'export, pour des raisons liées aux aléas inhérents aux contrats internationaux, se décalant, il était indispensable de maintenir la cadence minimale initiale de onze avions par an, en deçà de laquelle toute l'équation industrielle aurait été déstabilisée. Il n'y a donc pas de cadeau fait par l'État à Dassault Aviation avec la livraison aux forces armées de onze Rafale par an. Ce qui se traduit, je vous le signale, par une cadence «infernale« d'un avion par mois sur onze mois ouvrables.

 

Pourtant, certains dénoncent un Dassault Aviation qui, fort de son monopole, vivrait au crochet de l'État.

 

Pour ceux qui continuent à penser que nous sommes un arsenal vivant grassement aux crochets de l'État, je veux juste leur indiquer que 75 % du chiffre d'affaires de notre société repose sur la vente d'avions civils et que les commandes de l'État ne représentent en moyenne que 20 % de notre activité! Par ailleurs, j'ai lu qu'il serait anormal que Dassault Aviation, entreprise privée, bénéficie d'un monopole en France sur les avions de combat. Je répondrai à cela que je ne suis pas sûr que la France ait les moyens d'entretenir deux bureaux d'études concurrents, ce que, d'ailleurs, même les Américains ne font plus. Ce serait contraire à la volonté maintes et maintes fois exprimée de rationalisation industrielle. D'autre part, Dassault n'a jamais failli dans la gestion de ses programmes et a toujours respecté ses engagements en termes de coûts, de délais et de performances, contrairement à tant d'autres…

 

Venons-en à l'export. On entend beaucoup dire que le Rafale est trop cher, inexportable, et que vous ne vous intéressez pas assez à l'export militaire. Qu'en pensez-vous?

 

Au regard de la qualité opérationnelle de cet avion, de l'engagement des personnels de l'entreprise, vous comprendrez que mon impatience à exporter le Rafale puisse être encore plus grande que celle de la presse!

D'abord un constat: l'exportation est une nécessité vitale pour l'industrie d'armement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les industriels du programme Rafale ont accepté, fait unique dans l'industrie aéronautique mondiale, de financer 25 % de son développement. Rien que pour les Émirats arabes unis, plus de 100 personnes de Dassault Aviation, et je ne compte pas ceux de nos coopérants Thales et Snecma, sont mobilisées dans les négociations Rafale depuis plus de deux ans. Croyez-vous que je dépenserais autant d'énergie juste pour faire de la figuration si je n'en étais pas convaincu?

 

Les effets de style sur l'exportabilité du Rafale sont dérisoires. De quoi parle-t-on? D'abord, de compétitions internationales où nos principaux concurrents sont américains et bénéficient d'une prime de compétitivité mécanique de 40 % grâce à la parité euro-dollar. Ensuite, les ventes d'avions de combat, parce qu'elles touchent au cœur de la souveraineté des États, sont avant tout des ventes où la dimension politique est essentielle. Les États-Unis mettent tout leur poids politique dans la balance pour empêcher l'exportation du Rafale. Ils savent qu'ils hypothéqueraient, ainsi, l'avenir de cette filière en France et en Europe. Ils y gagneraient un double monopole, militaire évidemment, mais aussi technologique, car l'aéronautique irrigue, par les technologies qu'elle développe, des pans entiers de l'économie.

 

Il reste tout de même le prix du Rafale!

 

Je rappelle d'abord que 70 % du coût d'un Rafale proviennent de nos partenaires et de l'ensemble de nos sous-traitants. Que nos prix sont validés par l'État, qui se porte garant qu'il n'y a pas de surmarge dans nos offres. Enfin, à l'export, il faut comparer le Rafale à ce qui lui est comparable. Si vous m'autorisez une métaphore que je tire de mon expérience de la fabrication, les industriels se sont dotés, en production, de machines-outils cinq broches en remplacement des machines à une ou deux broches pour optimiser leurs chaînes et réduire leurs coûts. Le Rafale, grâce à sa polyvalence, permet de remplacer plusieurs types d'avions différents, ce qui contribue à réduire la quantité d'avions nécessaires pour remplir les missions qui relèvent de l'aviation de combat. Il n'est donc pas possible de comparer un pour un.

 

Pour conclure sur ce registre du prix, je note que l'EF2000 a été vendu à l'Autriche par EADS Allemagne à un prix très largement supérieur à ceux du F-16 et du Gripen, et, étonnamment, cela n'a choqué personne. De même, en Arabie saoudite, quand soixante-douze appareils sont vendus pour 20 milliards de livres, il n'y a pas davantage de difficultés…

Je note également que la presse fait état, en relation avec des ventes de certains de nos concurrents, d'instructions judiciaires qui, quelques fois ont mêmes été arrêtées par les pouvoirs publics locaux. Je tiens à rappeler que notre société, qui opère dans le monde entier, respecte les lois votées par les élus de la nation.

 

Concrètement, quel est votre marché export et comment expliquer ces échecs?

 

Le marché traditionnel des avions de combat français est constitué des pays qui ne veulent pas acheter d'avions américains ou des pays qui veulent une double source. Des compétitions ont été organisées en Corée du Sud, à Singapour et aux Pays-Bas. Dans ces pays, les armées de l'air étaient alors uniquement équipées d'avions américains. Ces pays ont toujours eu des liens très étroits avec les États-Unis, pour des raisons géostratégiques en ce qui concerne la Corée ou Singapour. Pour des raisons de confort aux Pays-Bas, membre fondateur de l'Union européenne, mais farouche partisan de la préférence américaine pour ce qui relève de leur aviation de combat, souvenez-vous du marché du siècle! Nous avons peut-être commis une erreur en participant à ces premières compétitions, où nos chances étaient, dès le départ, assez limitées. Mais si nous ne l'avions pas fait, personne ne l'aurait compris. À chaque fois, nous avons éliminé l'EF2000 et nous nous sommes retrouvés en finale contre des avions américains.

 

Comment expliquez-vous l'échec marocain?

 

En 2007, c'est un véritable cafouillage étatique français en période électorale qui a fait perdre à la France un contrat, alors que les Marocains avaient la volonté de choisir français. Suite à cet échec, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a décidé une reprise en main des contrats stratégiques, avec la création de la «war room« à l'Élysée, afin de coordonner la politique d'exportation française. Ce volontarisme présidentiel s'est traduit par une relance rapide des projets Rafale export, avec notamment les EAU (Émirats arabes unis) et le Brésil.

 

Précisément, où en êtes-vous de vos prospects export?

 

Les trois dossiers les plus avancés sont les Émirats arabes unis, l'Inde et le Brésil. Commençons par les EAU. Nous sommes depuis 2008 en négociation avec ce pays. Les EAU sont un client partenaire qui nous a toujours amenés à faire mieux. Les négociations se poursuivent, et la société s'emploie à développer des partenariats locaux qui, si le dossier Rafale aboutissait, devraient permettre de renforcer la relation stratégique entre nos deux pays sur la base d'une coopération industrielle et technologique élargie autour du Rafale.

 

En Inde, nous sommes en phase finale contre l'EF2000 d'EADS. Je ne ferai aucun commentaire sur ces négociations, mais je veux souligner tout l'intérêt que Dassault Aviation porte à ce client historique de l'aéronautique de combat française. Nous sommes très attachés à répondre aux préoccupations d'indépendance et de souveraineté des Indiens, qui veulent consolider une base industrielle déjà très performante.

 

Enfin, au Brésil, le volontarisme du président français a permis que le Rafale soit considéré au plus niveau par les autorités brésiliennes. La présidente Dilma Rousseff a décidé de geler le processus d'acquisition compte tenu de la situation économique mondiale. Nous attendons la reprise de la compétition pour 2012. Nous ne restons évidemment pas inactifs et nous avons là encore, parce que telle est l'ambition des autorités brésiliennes, multiplié les accords et partenariats technologiques, universitaires et industriels afin d'assurer les responsables brésiliens de notre volonté sans réserve de transférer le savoir-faire et les technologies qui assurent au Brésil le renforcement de sa souveraineté sur son arme aérienne.

 

Qu'en est-il de la décision suisse?

 

Les autorités militaires helvètes, dans le cadre d'un processus rigoureux d'évaluation, ont plébiscité le Rafale pour l'adéquation de ses performances au regard de leur besoin opérationnel. D'ailleurs, le rapport publié dans la presse suisse souligne la prééminence du Rafale sur ses deux concurrents. Le Conseil fédéral a annoncé qu'il orientait son choix vers le Gripen NG, le moins bien classé des trois avions en lice. Mais le choix d'un avion de combat est toujours un choix politique qui prend également en compte la qualité des relations bilatérales. Or celles-ci, vous le savez, ne sont pas en ce moment au beau fixe…

 

En juillet dernier, le ministre de la Défense a annoncé dans le domaine des drones Male avoir opté pour une solution proposée par Dassault Aviation sur la base du Heron TP de l'israélien IAI. Cette décision vient d'être durement mise en cause par le Sénat. Qu'en pensez-vous?

 

Avant de répondre directement à votre question, permettez-moi juste de la replacer dans son contexte pour que l'on en comprenne bien les enjeux.

 

Partant du constat que le futur avion de combat européen ne sera pas lancé avant 2030-2035, Dassault Aviation est confronté à la question centrale du maintien des compétences et du savoir-faire de son bureau d'étude en matière militaire. Il nous faut conserver la capacité de faire évoluer le Rafale en fonction des progrès technologiques et de l'évolution des menaces pendant les quarante ans de son activité dans les forces armées françaises, tout en se préparant au développement de l'avion qui un jour le remplacera.

 

Notre stratégie du maintien des compétences repose sur trois piliers, qui sont tous indispensables parce que complémentaires: les avions civils, qui nous permettent de développer les compétences duales, les évolutions Rafale France et export, et les drones. Dans ce dernier domaine, nous ne sortons pas du néant, mais avons depuis 2000 mis en œuvre une politique empirique.

 

En 2000 et en 2003, nous avons fait voler sur autofinancement des démonstrateurs l'AVE-D et l'AVE-C, qui nous ont permis notamment de valider les technologies des vols télécommandés et du vol d'une plate-forme sans dérive.

En 2003, Dassault Aviation s'est vu confier le plus important projet de recherche et technologie européen dans le domaine de l'aéronautique de combat, avec le démonstrateur d'avion de combat non piloté baptisé «nEUROn«. Ce projet est un double laboratoire: d'abord, de développement des technologies liées à la furtivité, à l'emport en soute, au vol automatique… pour une plate-forme de la taille d'un Mirage 2000 ; mais aussi de coopération européenne innovante, avec la sélection de cinq partenaires européens (Saab, Alenia, EADS-Casa, Ruag et HAI) choisis pour leurs compétences et soutenus financièrement ab initio par leur État.

 

Qu'en est-il de la coopération franco-britannique et du projet Heron TP?

 

En 2010, à la suite du traité franco-britannique de Lancanster House, une coopération dans le domaine des drones de surveillance Male (Medium Altitude Long Endurance) a été amorcée pour répondre aux besoins des forces armées des deux pays. Dans ce cadre, Dassault Aviation et BAE Systems ont proposé un projet de drone Male baptisé «Télémos«. Ce projet doit permettre, à l'horizon 2020, de fournir aux forces armées française et britannique un drone de surveillance reposant sur des technologies 100 % européennes! Cela vous montre que si, avec BAE, nous sommes concurrents aujourd'hui dans les avions de combat, nous sommes conscients que notre avenir passe de façon pragmatique par des coopérations. Le drone Male doit ouvrir cette voie.

 

Il s'agit là d'une perspective à l'horizon 2020. En parallèle des enjeux industriels, il existe des besoins militaires. Le conflit libyen a démontré la dépendance des armées françaises aux renseignements fournis par les Américains, faute de disposer de drones adaptés et modernes. Cette carence a été soulevée par des rapports parlementaires. Pour combler ce déficit capacitaire, le comité d'investissement du ministère de la Défense a décidé, en juillet dernier, d'entrer en négociation avec Dassault Aviation pour la fourniture d'une version francisée et évolutive du Heron TP israélien.

 

C'est cette décision qui est aujourd'hui reprochée au ministre de la Défense, le drone américain Predator semblant avoir de nombreux partisans, notamment au Sénat…

 

Face à cette carence capacitaire, les alternatives étaient pour le ministère de la Défense en vérité assez simples. D'un côté, un achat sur étagère auprès des Américains permettant de combler ce déficit, mais qui ne se traduisait par aucun transfert d'expérience et de savoir faire vers le territoire national et les industriels français. L'Amérique, vous le savez, ne partage pas! Pensez-vous que la France serait mieux traitée avec le Predator que ne le sont les britanniques avec le JSF F-35?

 

De l'autre côté, le choix d'une plate-forme israélienne, qui sera un peu plus onéreuse que le Predator en raison des travaux de francisation, gage de notre indépendance nationale. Ce projet est très important au plan industriel. Il va permettre à Dassault Aviation, en application de l'accord intergouvernemental franco-israélien, de bénéficier de transferts d'expériences de la part de la société israélienne IAI et de la connaissance approfondie des systèmes Male. Nous aurons, en outre, la responsabilité de l'ensemble des travaux de francisation et d'intégration de système.

Ce choix va conforter toute une filière industrielle française cohérente autour de Dassault Aviation, dans l'optique de mettre l'équipe France en position de force pour aborder la coopération franco-britannique. Je m'engage à ce que ce projet franco-israélien tienne toutes ses promesses, tant en termes de prix que de délais ou de performances. Je sais que les attentes sont fortes.

 

Dassault Aviation et Thales ont été l'objet d'une violente campagne médiatique. Où en êtes-vous avec Thales à ce jour?

 

Je ne suis pas devenu actionnaire de Thales en investissant deux milliards d'euros pour être juste un «sleeping partner«, mais avec la mission, confiée par l'État, d'opérateur industriel. Cette mission m'oblige à ne pas rester passif devant les difficultés. Or Thales, qui est un des fleurons technologiques français, a traversé une période difficile en raison d'une gestion que je qualifierais au minimum de hasardeuse! Je ne rentrerai pas dans le détail de mes découvertes, mais je rappelle que nous avons trouvé un certain nombre de contrats accusant des pertes pharaoniques de près de 2,5 milliards d'euros. Ceci a conduit Thales à faire trois «profit warning«. Alors que les Cassandre annonçaient l'effondrement de l'entreprise et l'incapacité de son nouveau président, la société est aujourd'hui gérée et contrôlée. Les commandes et le chiffre d'affaires sont au rendez-vous, les résultats annoncés au marché sont tenus et ceci sans avoir sacrifié les investissements de recherche, contrairement à certaines allégations, là encore mensongères.

 

Mon ambition d'opérateur industriel est claire. D'abord, assainir la situation dans laquelle se trouve Thales pour en faire un acteur industriel compétitif et flexible. Une fois ces fondamentaux restaurés, il sera possible de s'atteler à relever de nouveaux défis. J'aspire à ce que Thales devienne le champion européen dans les domaines des hautes technologies stratégiques, de l'aéronautique et de l'espace, de la défense et de la sécurité, à l'instar de ce qui s'est fait en Grande-Bretagne autour de BAE, tout en poursuivant la diversification vers des activités civiles pour équilibrer les cycles et compenser la baisse des budgets militaires.

 

On dit volontiers que Dassault Aviation est vieillissant, tant dans son actionnariat que dans son management?

 

Nous sommes, Serge Dassault et moi-même, extrêmement sensibles à ces marques d'intérêt pour notre santé. Je voudrais d'abord les rassurer tous, à moins que cela ne les inquiète davantage: il n'y aura pas de vacance de pouvoir dans la société, la continuité sera assurée. Chaque chose viendra en son temps et sans l'avis de tous ces «fameux experts«…

 

Dassault Aviation présente l'avantage d'être une société contrôlée par un actionnaire majoritaire. C'est une véritable chance pour elle, car cela permet une gestion sur le long terme, cohérente avec le cycle de nos produits, et sans que le management ait les yeux rivés sur les cours de l'action.

 

C'est également une chance pour la France que cet actionnaire s'intéresse à la défense, car ce n'est pas l'activité la plus lucrative pour les investisseurs, si j'en juge par les difficultés rencontrées en Allemagne pour trouver un actionnaire de substitution à Daimler chez EADS, où les candidats ne se sont pas bousculés! Il est certainement plus rentable d'investir dans le luxe que dans l'aéronautique et la défense!

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