2 juin, 2015 Pierre Brassart (FOB)
En 2010 était dissoute la 4ème Brigade aéromobile, la seule de ce type dans l’armée française. Cette brigade était l’héritière de la 4ème Division aéromobile qui était, durant la Guerre froide, le fer de lance de l’armée de Terre française. Dans le cas d’un affrontement avec le Pacte de Varsovie, la première unité française à être déployé en Centre-Europe aurait été la Force d’action rapide (FAR). De la taille d’un corps d’armée, elle comprenait cinq divisions légères (parachutiste, alpine,…) et, parmi elles, la 4ème Division aéromobile. Cette division comprenait trois régiments d’hélicoptères de combat (1er, 3ème et 5ème RHC) et un régiment d’infanterie aéromobile (plus deux régiments de soutien). Cette unité aurait été un véritable poing anti-char pour stopper les divisions mécanisées soviétiques.
Le 1er juillet 1999, la 4ème Division aéromobile devient, avec la restructuration de l’armée de Terre, la 4ème Brigade aéromobile. Elle perd son régiment d’infanterie (le 1er RI qui est remotorisé sur VAB) mais gagne un quatrième régiment d’hélicoptères de combat (le 6ème RHC) qui sera dissous en 2007. En 2010, la brigade est dissoute, les régiments revenant au commandement des forces terrestres.
Avec la parution de la LPM actualisée, la reformation d’une brigade, non plus aéromobile mais bien aérocombat, est avancée. Pour l’instant, l’ALAT est composée des 3 RHC, du 9ème Bataillon de soutien aéromobile (BSAM) et de son école. La reformation de la brigade aéromobile/aérocombat permettra de rassembler tous les moyens en hélicoptères de l’armée de Terre (hors FS) sous une seule autorité, celle du commandement de l’ALAT (COMALAT). Selon la nouvelle structure de l’armée de Terre, la Brigade aéromobile ne comprendra ni le BSAM, ni de régiment d’infanterie. Il s’agira bien d’une brigade à vocation interarmes mais qui n’est pas interarmes en soi. Ses unités et équipages sont appelés à être dispatchés en fonction des missions auprès des unités des autres brigades.
Le Gazelle sont plus qu’avantageusement remplacées par les Tigre, mais combien seront-ils au final?
Sur le plan matériel, 7 Tigre supplémentaires porteront le modèle de 60 à 67 hélicoptère, tous au les hélicoptères qui seront livrés seront au standard HAD. De plus, l’intégration sur les Tigre d’une « roquette de précision métrique » est prévue par l’actualisation de la LPM. Ce type de munitions, développées en France par TDA Armements, une filiale de Thales, et similaire dans l’idée à l’APKWS américain, permet de coupler la précision d’un missile avec la charge explosive d’une roquette, pour un prix bien moins important que celui d’un missile. Pour ce qui est des NH90, 35 sont attendus au terme du programme de la LPM, 9 étant en service actuellement, pour un total de 44. 26 Cougar modernisés doivent également, à terme, rejoindre le parc d’hélicoptères (la moitié ayant déjà été livrée). Au fil des livraisons, les Puma devraient progressivement quitter le service, alors que les Caracal sont affectés au COS. En ce qui concerne les Gazelle, tout ce que l’on sait c’est qu’elles ne seront que progressivement remplacées par les Tigre. Entre 2015 et 2019, un nouvel hélicoptère (Caïman, Cougar rénové ou Tigre) sera livré chaque mois à l’armée de Terre.
Les Puma vont progressivement faire leurs adieux à l’armée de Terre
Il aurait pu être intéressant de réfléchir à une organisation qui aurait fait de cette brigade aérocombat, une vraie force interarmes, prête à intervenir avec ses unités propres sur un théâtre donné. Intégrer ne serait-ce qu’un régiment d’infanterie aurait fait de celui-ci une vraie unité aéromobile, entrainée à travailler avec les hélicoptères de combat et transportée par les hélicoptères de manœuvre. Les Britanniques suivent ce chemin avec la 16th Air Assault Brigade qui comprend des régiments d’infanterie, d’artillerie et du génie parachutistes ainsi que des unités d’hélicoptères, notamment l’ensemble des Apaches britanniques. La 101ème Division aéroportée américaine reprend également ce principe (elle est d’ailleurs référencée comme une air assault division).
Les Apache apportent une puissance de feu appréciable à la 16th Air Assault Brigade
Une autre solution aurait pu être d’intégrer un RHC au sein des toutes nouvelles divisions qui viennent d’être ressuscitées avec le nouveau modèle de l’armée de Terre. Les Américains, par exemple, intègre une brigade d’aviation de combat au sein de chacune de leur division. Là encore, cela permet à chaque unité de disposer de ses moyens aériens propres, avec lesquels elle est habituée à fonctionner.
Les grandes unités américaines sont largement pourvues en hélicoptères
Evidemment, les Américains disposent de moyens incomparables avec ceux de l’armée française et, le rassemblement de l’ensemble des voilures tournantes sous un seul commandement à probablement un sens en termes d’économies d’échelle et de commodités logistique et financière. Espérons que la reformation de cette brigade ne soit pas qu’un exercice mathématique dans le but d’augmenter artificiellement le nombre de brigades alignées par l’armée de Terre. Selon le CEMAT, « à sa tête, un état-major sera capable de mener des opérations de troisième dimension : raids en profondeur, flanc-garde ou opérations à caractère interarmes, comme l’utilisation d’hélicoptères de manœuvre pour transporter une force, saisir un pont, récupérer des otages, exfiltrer des personnes ». Les états-majors des RHC n’en étaient pas capable auparavant ?