26/08/2013 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca
Si le président Obama semblait hésiter encore il y a quelques jours sur la réponse à appropriée à l’attaque chimique qui a tué des centaines de personnes s’il était avéré que le régime d’Assad en était responsable, les Britanniques quant à eux sont d’ores et déjà prêts à se joindre à une intervention militaire, si on en croit le quotidien The Telegraph.
Le ministre britannique des Affaires étrangères a déclaré dimanche que le Premier ministre David Cameron avait parlé avec le président Barack Obama et que les deux étaient d’accord qu’il doit y avoir une «réponse sérieuse».
La Syrie a certes accepté de laisser les Nations Unies inspecter à compter de lundi le site de l’attaque aux armes chimiques, mais un responsable américain a affirmé que ce serait alors «trop tard pour être crédible» et qu’il n’y avait guère de doute que c’était bien le gouvernement syrien qui était à blâmer.
La Grande-Bretagne a déclaré elle aussi dimanche que les preuves d’une attaque aux armes chimiques dans la banlieue de Damas auront déjà été détruites avant la visite du site par les inspecteurs de l’ONU.
«Nous devons être réalistes sur ce [les résultats, ndlr] que l’équipe de l’ONU peut atteindre», a déclaré le secrétaire des Affaires étrangères William Hague à la presse.
Si les puissances occidentales semblaient encore chercher la réponse appropriée à dans ce qui est vraisemblablement la pire attaque aux armes chimiques dans le monde en 25 ans, un porte-parole de l’Armée syrienne libre a déclaré quant à lui dans une interview que les rebelles disposeraient d’informations selon lesquelles plusieurs pays occidentaux ont bel et bien pris la décision de lancer une attaque militaire contre le régime syrien en réponse à l’usage qu’il a fait d’armes chimiques.
Selon le porte-parole de l’ASL, «Le monde ne peut pas supporter la mort de 1 500 personnes sans agir».
En outre, quelques jours après l’attaque au gaz toxique, des problèmes d’alimentation en eau et en nourriture commencent aussi à poindre, les habitants de la capitale syrienne craignant que leurs approvisionnements soient contaminés.
Le gaz toxique a frappé la zone de la Ghouta, où des hectares de terres agricoles fournissent la capitale de 3 millions de personnes, Damas, en légumes frais, viande et produits laitiers.
De son côté, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a déclaré dans une interview que la communauté internationale ne pouvait pas permettre que de pareils crimes contre l’humanité aient lieu en Syrie et, chez les Britannique, si on en croit le Telegraph, des navires de guerre sont prêts à unir leurs forces aux forces navales américaines dans une attaque possible contre la Syrie.
Selon le journal, des sources gouvernementales britanniques ont déclaré que les pourparlers entre les dirigeants occidentaux étaient en cours, mais que, s’il y avait consensus, l’intervention militaire pourrait commencer dans les prochains jours.
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Comment pourrait se dérouler l’intervention
Le HMS Triumph, un sous-marin britannique de classe Trafalgar, capable de lancer des missiles Tomawhak (Photo: WikimédiaCommons)
Comme l’armée de l’air syrienne est jugée suffisamment forte pour abattre des avions ennemis, toute attaque serait probablement lancée d’abord à partir de la mer.
Un sous-marin à propulsion nucléaire de la Marine royale britannique est d’ailleurs déjà dans la région tandis qu’un certain nombre de navires de guerre ont récemment quitté la Grande-Bretagne pour des exercices en Méditerranée.
Les commandants d’une pareille opération pourraient aussi, au besoin, utiliser la base de la Royal Air Force britannique d’Akrotiri, à Chypre, pour l’appui aérien.
Si une intervention militaire était décidée, la première vague de missiles pourrait alors être lancée dans une semaine.
Des sources militaires font remarquer que le début d’une campagne contre la Syrie pourrait ressembler aux premières heures de la campagne de 2011 contre le colonel Mouammar Kadhafi en Lybie.
La campagne de Libye avait commencé avec un blitz de missiles Tomahawk à partir de navires de guerre américains et d’un sous-marin britannique de classe Trafalgar.
La Royal Navy, bien sûr, ne révèlent pas les positions actuelles de ses sous-marins, mais on sait bien qu’ils traversent régulièrement la région sur leur chemin vers le canal de Suez.
En outre, la Sixième Flotte des États-Unis dispose actuellement de quatre contre-torpilleurs lance-missiles dans la région et chacun d’eux pourrait participer à l’attaque.
La Royal Navy a également sa task force de réaction rapide en Méditerranée. Le groupe comprend deux frégates et le porte-hélicoptères HMS Illustrious.
Et les Russes?
Le président américain Barack Obama s’était prononcé vendredi contre une intervention militaire en Syrie sans mandat des Nations-Unies: «Si les États-Unis décident d’attaquer un autre pays sans avoir reçu le mandat de l’ONU et sans présenter de preuves suffisantes, on peut se demander si de telles démarches peuvent être conformes au droit internationale», avait déclaré le chef de la Maison Blanche dans une interview accordée à la chaîne américaine d’information continue CNN.
Toutefois, il semble bien improbable qu’une intervention militaire obtienne l’aval de l’ONU, les Russes , alliés indéfectibles du régime de Damas et qui ont droit de veto au Conseil de Sécurité s’y opposant.
Cependant, s’il est avéré que le régime Assad est responsable de la pire attaque chimique depuis un quart de siècle, la donne pourrait changer.
Entre temps, les Russes continuent de donner de la voix, le président de la commission des affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), Alexeï Pouchkov, déclarant dimanche 25 août que le président Obama aspirant à la guerre en Syrie répète les démarches de son prédécesseur George W.Bush qui préparait la guerre en Irak, devenant ainsi un clone de ce dernier.
La différence entre l’Irak de Saddam et la Syrie d’Assad étant, ce qui semble échapper aux Russes, que les armes de destruction massives, cette fois, existent bel et bien et qu’on en a manifestement fait usage.