27 mai 2013 Info-Aviation
Si les États-Unis et Israël dominent encore largement le marché des drones militaires, d’autres pays comme la Chine et l’Inde investissent sur ces plateformes sans pilote qui comptent déjà 4000 modèles dans le monde (source: National Defense).
Les États-Unis restent les principaux clients de drones avec 45% de la demande mondiale. Néanmoins, la croissance dans le secteur manufacturier et l’acquisition de drones n’est pas limitée à l’Occident. Les investissements chinois dans les drones seront bientôt équivalents à ceux des États-Unis.
L’armée américaine reste de loin le plus grand opérateur de drones militaires, mais elle n’est pas seule. Les drones utilisés en Irak et en Afghanistan ont prouvé leur efficacité sur les théâtres d’opération. Cette médiatisation a incité tous les continents de la planète à investir dans la fabrication de drones comme la Russie ou la Turquie, ou certains pays à en acheter sur étagères quand la demande est urgente. La France a récemment renoncé à développer ses propres drones armés et a prévu d’acheter des MQ-9 Reaper d’occasion à l’US Air Force.
« Le marché américain des systèmes sans pilote va diminuer au cours des cinq prochaines années, mais il finira par se régénérer, peut-être même au-delà de sa situation actuelle », déclare Derrick Maple, analyste à l’Industry Research and Analysis (IHS). Pourtant, les États-Unis resteront le principal client de drones avec 45% de part de marché. Les besoins de l’USAF pour les plateformes de haute et moyenne altitude compteront pour la moitié de la demande américaine, selon Derrick Maple.
Les dépenses mondiales de défense consacrées à la robotique pourraient dépasser 13,4 milliards de dollars à la fin de l’année 2013. Le Pentagone dépense actuellement 6,5 milliards de dollars pour les systèmes aériens sans pilote. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie sont les principaux marchés pour les systèmes sans pilote, en particulier d’avions.
Un RQ-1 Predator en Irak.
La dépense globale en 2013 pour les drones atteindra 11 milliards de dollars, comprenant les systèmes au sol terre.
La demande de drones a été aussi remarquable au dernier salon du Bourget. Les entreprises américaines et israéliennes étaient présentes, et ont intensifié leur commercialisation d’UAV (Unmanned Aerial Vehicle) à des clients internationaux au cours des dernières années.
Mais la croissance dans le secteur manufacturier des UAV ne se limite pas à l’Occident. L’investissement de la Chine dans les systèmes sans pilote en termes de volume est plus grande encore que les États-Unis. La demande pour les robots industriels est estimée 32.000 unités en 2014, ce qui en fait le plus grand consommateur au monde de technologie robotique, selon Derrick Maple. Les autorités chinoises ont l’intention de lancer des avions sans pilote dans 11 provinces pour surveiller et patrouiller les frontières côtières du pays. L’armée chinoise est en train de développer 100 drones à décollage et atterrissage vertical.
« La Chine a intensifié le développement de systèmes sans pilote plus rapidement que n’importe quel autre pays et elle menace de surpasser l’Occident en matière de technologie et de capacité », commente Derrick Maple. « La Chine opère des drones pour des missions de sécurité et de renseignement depuis quelques années maintenant », ajoute t-il.
Les alliés des États-Unis comme le Japon et la Corée du Sud ont manifesté leurs besoins pour plusieurs modèles de drones, dans un contexte très tendu avec la Corée du Nord. Les deux pays sont intéressés par des plates-formes de moyenne et haute altitude.
Bien qu’il soit peu probable qu’une nation isolée puisse développer ou se procurer ces avions, même la Corée du Nord a exprimé le souhait d’acquérir des drones tactiques moyenne altitude capable de transporter des munitions.
Pour la première fois de son histoire, le Salon International de la Défense à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, a consacré un hall d’exposition entier aux systèmes sans pilote en février 2013.
Entre 2012 et 2021, le marché des véhicules aériens sans pilote pour le Moyen-Orient est évalué à 1 milliard de dollars, selon les informations fournies à l’International Defense Exhibition (IDEX).
Israël a longtemps dominé la production de drones au Moyen-Orient, alors que la demande est en pleine expansion dans la région. L’Arabie Saoudite, l’Égypte, l’Irak et les Émirats Arabes Unis sont les moteurs de la croissance, selon des responsables de l’IDEX.
Le prototype de drone furtif Lijian (« Epée tranchante ») construit par Shenyang Aircraft.
General Atomics a exhibé son Predator XP, une version non armée du MQ-1 Predator, destinée à l’exportation. L’avion a une capacité de décollage et d’atterrissage automatique et est équipé d’un radar multimode Lynx pour une utilisation maritime.
Le premier jour de l’IDEX 2013, General Atomics a annoncé un accord de 197 millions de dollars pour fournir le Predator XP aux Émirats Arabes Unis.
Boeing-Insitu a annoncé un accord de partenariat similaire avec Abu Dhabi pour fournir la formation, le soutien et le marketing pour le ScanEagle et le drone Integrator. L’affaire pourrait se développer dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Alors qu’Israël est un leader mondial dans la production, l’utilisation et l’exportation de drones, l’Iran a un engagement tout aussi fort pour développer une capacité d’avions sans pilotes. L’Iran possède au moins deux modèles de drones tactiques en service: une capacité moyenne altitude et le drone multi-rôles Hassem.
Pendant ce temps les États-Unis continuent de vendre des avions de surveillance sans pilote non armés à la marine irakienne pour la protection des exportations de pétrole.
En Asie du Sud, l’Inde et le Pakistan se font face dans une course aux drones de toutes sortes. L’Inde s’appuie traditionnellement sur Israël pour son approvisionnement en drones, mais New-Delhi a récemment intensifié le développement de sa fabrication indigène. L’Inde développe maintenant une plateforme de moyenne altitude, une plateforme longue endurance, avec plusieurs autres programmes dans le pipeline.
Au nord-ouest, le Pakistan – dont le territoire est souvent le théâtre d’opérations des drones américains contre les extrémistes islamistes – est à la recherche de drones à moyenne altitude et travaille peut-être en partenariat avec la Chine pour développer ses capacités.
Aux États-Unis, General Atomics – fabricant des célèbres drones Gray Eagle, Predator et Reaper – et Northrop Grumman, qui fabrique le Global Hawk et Fire Scout, dominent la moitié du marché des drones.
La sécurité des frontières et la prolifération de la criminalité organisée et le trafic de drogue constituent la principale demande de drones en Amérique du Nord et en Amérique du Sud.
Le Brésil et plusieurs autres pays sud-américains ont exprimé des besoins similaires. Le Brésil a acheté plusieurs drones Hermes 450 (Elbit Systems) pour son armée et sa marine.
Le Canada opère également des drones qui patrouillent dans l’Arctique dont la frontière naturelle de la banquise recule chaque année. Le Canada développe le Polar Hawk, une version du Global Hawk capable de voler dans les environnements glaciales.
Le drone Anka de Turkish Aerospace Industries (Turquie).
L’Argentine et la Bolivie souhaitent utiliser des drones pour lutter contre les trafiquants de drogue, de même que l’US Air Force et des responsables de la Navy luttent pour interdire ces drogues sur leur route vers le nord. L’armée mexicaine veut des mini-drones tactiques pour sa marine et pour des missions de sécurité intérieure. Le Venezuela a l’intention d’acheter des avions sans pilote pour patrouiller sur ses frontières et surveiller l’environnement de sa forêt.
Outre-Atlantique, la demande est également forte en Europe et en Afrique. Les analystes prédisent que dans l’Union européenne, les efforts de développement et de production de drones pourraient éventuellement composer avec les États-Unis et Israël.
L’OTAN a déjà des plans pour acheter quatre drones Global Hawk Block 40. La Russie est également en pourparlers avec Israël en matière de coopération technique et de développement des UAV dans tous les environnements d’exploitation. Le géant russe Sukhoi développe actuellement des drones de bombardement et de reconnaissance.
À proximité, la Pologne et la Turquie ont aussi des désirs d’expansion de la technologie des drones, en particulier les modèles de moyenne altitude et de haute endurance.
Le seul pays en Afrique avec des capacités de fabrication de drones est l’Afrique du Sud, qui construit et exploite à la fois les drones tactiques et de poche. Le Kenya a reçu son premier drone Raven en 2012.
Mais l’ensemble du continent est un foyer d’opportunité pour les drones utilisés dans les missions de patrouille et de surveillance aux frontières ainsi que des activités anti-terroriste dans les pays comme le Mali.
Dans dix ans, au moins un quart de la demande mondiale en UAV viendra de l’extérieur des États-Unis ce qui devrait ouvrir de nouveaux débouchés aux fabricants américains et à leurs sous-traitants.
« Le marché [international] des drones est susceptible de croître », prédit Derrick Maple. « Malgré les réductions de la défense, il y a une croissance en vue pour les fournisseurs. Tous les marchés de systèmes sans pilote sont encore aux premiers stades… Il y a donc beaucoup d’investissement à faire ».