20.01.2014 par 45eNord.ca (AFP)
Les Européens ont appelé lundi à plus de coopération avec les pays arabes dans la lutte contre le terrorisme, alors que l’Europe était en état d’alerte après les attentats de Paris et le monde musulman en ébullition contre les caricatures de Mahomet.
« Nous préparons des projets spécifiques à lancer dans les prochaines semaines avec des pays précis pour accroître le niveau de coopération en matière de contreterrorisme », a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini en citant « la Turquie, l’Égypte, le Yémen, l’Algérie, les pays du Golfe ».
L’UE a aussi décidé une meilleure coordination en matière d’échange d’informations et de renseignement, à la fois à l’intérieur de l’UE mais aussi avec d’autres pays. Mme Mogherini a à cet égard mentionné la Turquie, l’Égypte, des pays du Golfe, l’Afrique du Nord, mais aussi l’Afrique et l’Asie.
Elle a indiqué qu’elle ferait deux actions concrètes immédiates : la mise en place d’attachés de sécurité dans toutes les délégations de l’UE dans les pays pertinents afin d’entretenir des contacts réguliers entre professionnels de la sécurité et du contreterrorisme, et l’amélioration de la communication avec les populations arabophones, au sein de l’UE et avec la communauté arabe dans le monde.
Mme Mogherini a évoqué une prochaine conférence internationale à Bruxelles sur les moyens d’assécher le financement des réseaux terroristes.
Sur le plan intérieur européen, les 28 ont appelé le Parlement européen à relancer le travail sur le PNR, le projet de registre européen des passagers dans le transport aérien, que les élus européens bloquent depuis 2011, réclamant des garanties sur la protection des données personnelles.
« Il faut qu’on renforce notre façon de coopérer (…) avec les pays arabes », avait affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant la réunion des 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE à laquelle était convié le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.
« Les attaques terroristes ciblent surtout les musulmans dans le monde, il nous faut donc une alliance, un dialogue pour faire face ensemble », avait-t-elle expliqué. « On va discuter aujourd’hui des relations d’échange plus denses aussi avec les États musulmans dans le monde », avait rnchéri pour sa part le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier.
Le monde musulman en ébullition
Mais la pression est forte dans de nombreux pays musulmans. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté lundi à Grozny, capitale de la Tchétchénie, contre la publication d’une nouvelle caricature du prophète Mahomet dans Charlie Hebdo, cible de l’attentat meurtrier du 7 janvier. Des islamistes radicaux ont défilé à Gaza, brûlant le drapeau français et menaçant de s’en prendre aux Français.
De nombreuses manifestations avaient déjà eu lieu ce week-end dans des pays musulmans. Au Niger, de violentes émeutes ont fait dix morts.
La lutte contre le terrorisme n’est pas seulement « une question militaire ou sécuritaire », a estimé à Bruxelles M. al-Arabi, affirmant qu’il fallait la livrer « au niveau intellectuel, culturel, médiatique, religieux ». « C’est cela que nous tentons ».
Certains ministres, comme le luxembourgeois Jean Asselborn, ont reconnu que cette coopération euro-arabe ne devait toutefois « pas » se faire « aux dépens de la démocratie ».
La coopération en matière de renseignement, le renforcement des contrôles aux frontières de l’espace Schengen, la lutte contre le trafic d’armes ou la création d’un registre commun des passagers aériens (PNR) sont devenus une priorité des dirigeants européens après les attentats meurtriers de Paris et la vaste opération anti-jihadistes en fin de semaine dernière en Belgique.
Ces questions seront discutées par les ministres compétents, ceux de l’Intérieur, le 29 janvier à Riga, et surtout par les chefs d’État et de gouvernement le 12 février, lors d’un sommet consacré à la lutte contre le terrorisme et les « combattants étrangers » européens de retour de Syrie ou d’Irak.
L’Europe en alerte
Plusieurs chefs de la diplomatie de l’UE participeront aussi jeudi à Londres à une rencontre organisée conjointement par le Royaume-Uni et les Etats-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
L’Europe est en alerte. En Allemagne, le manifestation hebdomadaire du mouvement anti-islam Pegida a été annulée à Dresde (est) en raison de menaces de mort proférées par l’EI contre l’un des organisateurs. Lundi dernier, 25.000 personnes, un record, avaient défilé dans la capitale de la Saxe.
En France, neuf personnes soupçonnées d’avoir pu apporter un soutien logistique à Amédy Coulibaly, en armes et véhicules notamment, sont en garde à vue jusqu’à mardi soir. Coulibaly avait tué une policière près de Paris puis quatre personnes juives dans une supérette casher dans l’est de Paris le 9 janvier.
Un Algérien de 33 ans arrêté samedi à Athènes et soupçonné d’avoir un lien avec la cellule jihadiste démantelée en Belgique devait être présenté lundi au parquet en vue de son éventuelle extradition, demandée par Bruxelles.
Mais le chef et pourvoyeur de fonds de la cellule belge qui projetait des attentats contre des policiers est toujours en fuite. Il s’agirait d’Abdelhamid Abaaoud, un Belge d’origine marocaine de 27 ans qui a combattu dans les rangs de l’EI en Syrie, selon les médias belges.
Dès samedi, l’armée a commencé à surveiller certains sites sensibles à Bruxelles et à Anvers, notamment des ambassades et lieux juifs. La police britannique a conseillé à ses agents d’être prudents et a « pris des mesures autour des bâtiments ».