06/06/2014 Sources : EMA
Point sur les opérations de la force Sangaris, engagée en République centrafricaine, du 28 au 4 juin 2014.
La force Sangaris est déployée à Bangui et Boda avec le GTIA Savoie, de Béloko à Bossembélé avec le GTIA Dragon le long de la MSR (main supply road), et dans l’Est, de Sibut à Bria avec le GTIA Scorpion.
Les effectifs de la force Sangaris sont toujours de 2000 hommes et le maintien de la force à ce niveau a été décidé par le Conseil de Défense du 2 juin 2014, jusqu’à la montée en puissance de la MINUSCA. La relève de la force a débuté ; elle durera plusieurs semaines. En quittant la RCA, les soldats passeront, avant leur retour en famille, par un sas de décompression à Chypre. Cette structure a été réactivée après une période de mise en sommeil. Ce sas permettra une rupture entre la vie opérationnelle sur le théâtre centrafricain et celle à laquelle tout à chacun est habitué en France. Il s’agit de permettre aux soldats de décompresser et ainsi de faciliter leur retour.
A Bangui, dans la soirée du mercredi 28 mai, une attaque dans la zone chrétienne de Notre-Dame de Fatima a abouti à une période de tensions avec des manifestations, des attroupements et des barrages. Durant ces manifestations, la force a opéré un maillage sur l’ensemble de la capitale en soutien de la MISCA. La force Sangaris a participé au démontage des barrages et permis le rétablissement de la circulation dans la capitale dès le samedi 31 mai. Aujourd’hui, la situation est calme à Bangui. Ces évènements ont confirmé l’instrumentalisation des mouvements de foule à des fins politiques, comme le confirme l’orientation sans ambiguïté des revendications de certains des manifestants. Malgré ces dernières tensions, l’activité économique de la ville se poursuit : tous les établissements de santé sont toujours opérationnels, ainsi que 75 établissements scolaires et une vingtaine de marchés.
Dans l’ouest, le GTIA Dragon continue la sécurisation de la main supply road(MSR). Les soldats effectuent des patrouilles quotidiennes en appui de la MISCA, contribuant à rassurer les populations sur la MSR comme sur les axes secondaires. Une opération de fouille d’opportunité avec les forces de sécurité intérieures (FSI) de Bouar a été conduite le 1erjuin. Cette opération constitue un indicateur encourageant en termes de coopération entre les FSI et les forces internationales, et confirme l’implication des forces locales de sécurité dans la stabilisation des relations intercommunautaires. Cette semaine, environ 380 véhicules, dont 300 poids lourds, sont entrés dans le pays. Près de la moitié d’entre eux n’ont pas demandé d’escorte par la MISCA ou Sangaris.
Dans l’Est, plus particulièrement à Bambari, des lignes de fractures sont apparues entre certains acteurs de l’ex-Séléka. La force Sangaris doit faire face à des réalités très mouvantes. Au lendemain d’une visite officielle d’autorités centrafricaines et de la communauté internationales, des mouvements de foule ont été organisés par certains groupes partisans d’une ligne dure, avec pour objectif évident de provoquer les militaires français. Cette manœuvre ayant échoué, la force a été attaquée le samedi 24 mai par un groupe d’une vingtaine d’extrémistes ce qui a nécessité une réponse ferme et sans ambiguïté de la part des éléments du GTIA (groupement tactique interarmes) Scorpion. La situation est depuis redevenue calme.
Ces événements, comme ceux de Bangui, montrent que nous avons atteint un « palier sécuritaire » qui nécessite désormais de développer les piliers politique, économique et judiciaire. Le développement de ces piliers permettra seul d’envisager le lancement du processus de « désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR). En attendant de pouvoir conduire un tel processus, la force Sangaris s’est engagée, depuis le 15 mai, dans une expérimentation à plus petite échelle. A Sibut, Bria et bientôt à Bambari, elle a lancé des chantiers de réhabilitation et d’intégration locale (CRIL). Ils permettent à de jeunes ex-combattants de déposer les armes et d’envisager une réinsertion dans le tissu socio-économique local, en acquérant des compétences professionnelles (premiers soins, maçonnerie, menuiserie, mécanique, électricité, etc.). La MISCA a rejoint cette initiative en assurant des formations aux côtés de formateurs locaux appuyés par Sangaris. Les autorités locales, comme les ONG semblent également prêtes à relever ce nouveau défi.