09.03.2014 Panapress
Le budget, l’excellente formation et le nombre de personnel des forces de défense camerounaises auraient pu être de grands atouts pour les opérations africaines de maintien de la paix et de rétablissement de l’ordre, si le pays disposait d’équipements modernes de qualité, selon Victorin Hameni Bieleu, expert en question de défense.
Pour répondre à un besoin de sécurisation de ses espaces aériens, maritimes et terrestres, Le gouvernement du Cameroun a assigné à ses forces de défenses plusieurs missions, d'une part, de service public, relatives à la recherche et le sauvetage des vies humaines en mer, à la protection des frontières et de l’environnement, à la lutte contre le braconnage et aux pollutions en mer, ainsi que la sécurité de la navigation.
D'autre part, des missions de police générale et de souveraineté incombent à ces forces de défense, à savoir, la surveillance maritime, les contrôles, la lutte contre les trafics illicites ainsi que le maintien et le rétablissement de l’ordre.
C’est dans ce sens que des dispositions ont été prises pour doter les forces armées d’un budget du personnel et des infrastructures conséquents, estimé, pour l’année 2014, à un montant de 200 milliards de FCFA (environ 400 millions de dollars américains) et alloué au ministère camerounais de la Défense.
Les principaux postes de dépenses composant ce budgets concernent l’environnement et prospective de la défense, la préparation et l’emploi des forces, notamment l’armée de terre, la marine et l'armée de l’air, le soutien de la politique de la défense, l’équipement des forces ainsi que l’excellence technologique des industries de défense, qui vise à développer la recherche et la technologie dans les domaines des applications de défense, de l’énergie nucléaire et de l’observation spatiale.
Pour M. Hameni, ce budget n’est pas suffisant, surtout que la majeure partie de ce montant, soit 93 pour cent, est consacré au fonctionnement de l’armée, c'est à dire, aux salaires et aux dépenses de consommation, tandis que les 17% restants sont réservés aux équipements et aux infrastructures.
Dans une étude publiée en 2010 par Léonard Messe sur« L'Etat-major des armées et l'entraînement des forces », il est indiqué que les forces de défense camerounaises comptent environ 30 hélicoptères de types Gazelle et Puma et 20 avions de combats de type Alpha Jets et Foucade et des radars pour la surveillance aérienne.
« Cela contribue à la dissuasion et à la sanctuarisation du territoire camerounais vis-à-vis des pays «frères » africains. Mais la logistique aérienne camerounaise se situe bien en deçà du niveau nigérian (90 avions de combat), algérien (120 avions de combat), ou angolais (100 avions de combat) », tandis que le pays de Paul Biya ne fait pas partie des « cinq pays africains (Afrique du sud, Nigéria, Algérie, Lybie et Tunisie), qui possèdent des satellites à moyen orbite circumterrestre (MEO) ».
« Avec 200 chars d'assaut et véhicules blindés, et 20 000 hommes, l'armée de terre camerounaise fait partie des 15 premières en Afrique. Quant à la marine camerounaise, son manque d’équipements peut limiter la contribution des forces de défense camerounaises aux opérations internationales : avec deux sous-marins, 50 vedettes rapides d'embarcation, deux bâtiments de guerre dont un appartenant au BIR-DELTA, une force spéciale maritime et 2000 hommes, la marine camerounaise a un niveau africain moyen » poursuit l’étude.
En termes de capacités opérationnelles, une étude menée en 2009 par Ernest Claude Messigna sur le sujet souligne que, comparé aux puissances militaires mondiales, le Cameroun est plus qu'un nain. Mais comparé aux puissances militaires africaines, le Cameroun a un niveau moyen, qui lui vaut de figurer à la 12ème position du classement des armées nationales africaines.
« Les pays comme Djibouti, Benin, Burkina Faso ont des armées de moins de 5000 hommes, avec un budget annuel de la défense inférieur à 50 milliards de francs CFA (environ 100 millions de dollars). En revanche, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Togo, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Gabon, le Tchad, la Guinée Équatoriale ont des armées de moins de 20 000 hommes et un budget de la défense qui ne dépasse pas les 200 millions de dollars »
Il ajoute que «quelques pays comme l'Algérie, l'Afrique du Sud, la Tunisie, l'Angola et l'Egypte ont des armées de plus de 80 000 hommes avec un budget annuel de la défense de 5,5 milliards de dollars pour l'Algérie et l'Afrique du Sud, 3 à 4 milliards de dollars pour la Tunisie, l'Egypte et l'Angola, et 1 à 2 milliards de dollars pour le Nigeria et le Maroc ».
Avec un personnel évalué à près de 37 000 hommes dont 10 000 pour la gendarmerie nationale, l’effectif des forces de défenses camerounaises reste insuffisant, comparé aux pays africains ci-dessus cités, estime M. Hameni, par ailleurs président de l'Union des forces démocratiques du Cameroun et ancien enseignant de l'Ecole militaire interarmées de Yaoundé (EMIA).
Il reconnait que le personnel de l’armée est assez bien formé et suit régulièrement des stages de perfectionnement à l’étranger, mais il reste qu’il n’a pas l’occasion d’expérimenter ce qu’il a appris, du fait, non seulement de l’inexistence des équipements, mais aussi de leur vétusté.
Pour M. Hameni, les forces de défense camerounaise ne pourraient être efficaces sur le plan international que si elles se font aider par les forces des autres pays avec lesquelles elles effectuent la mission, parce qu'elles ne disposent pas de véritables engins qui puissent transporter leurs équipements vers les pays où elles doivent mener les opérations.
Les accords de coopération signés avec la Chine, la Russie, les Etats-Unis et la France pour la fourniture de nouveaux équipements et l'augmentation de 50% du personnel dans les différentes branches qui composent les Forces armées camerounaises devraient être bénéfiques au Cameroun, mais seulement, leur traduction en acte concret se font lentement, conclut M. Bieleu.