13.10.2015 45eNord.ca (AFP)
L’enquête internationale menée par les Pays-Bas a conclu que le vol MH17 avait été abattu par un missile sol-air de type BUK tiré depuis une zone de l’est de l’Ukraine contrôlée par des rebelles prorusses, une version contestée depuis Moscou.
Ces conclusions pourraient exacerber les tensions entre l’Occident et Moscou, déjà délétères en raison du conflit dans l’est de l’Ukraine et sur fond de désaccord sur l’implication de la Russie en Syrie.
«C’était un missile BUK qui a touché la partie supérieure gauche du cockpit avec des milliers de fragments», a déclaré Robby Oehlers, un des proches des 298 victimes, après une réunion à La Haye (ouest) lors de laquelle les familles ont été informées, à huis clos, des résultats de l’enquête.
«Ils nous ont montré les fragments qui étaient à l’intérieur de l’avion», a-t-il ajouté, en amont de la présentation officielle à la presse, qui a débuté à partir de 13 h 15 (7 h 15, heure de Montréal) à la base aérienne de Gilze-Rijen.
Quelques heures avant la publication officielle du rapport sur les causes de l’écrasement par le Bureau d’enquête néerlandais pour la sécurité (OVV), le quotidien néerlandais Volkskrant avait lui aussi rapporté la conclusion sur l’utilisation du missile de fabrication russe.
Citant trois sources «ayant contribué à la finalisation du rapport», le Volkskrant assure que ce dernier contient des cartes montrant plusieurs endroits d’où le missile a pu être tiré, tous situés dans une zone contrôlée par les rebelles.
Le Boeing 777 de la Malaysia Airlines avait été abattu le 17 juillet 2014 dans l’est de l’Ukraine alors qu’il reliait Amsterdam à Kuala Lumpur.
«Ils nous ont dit qu’il y avait 0 % de chances que les gens se trouvant à l’intérieur aient eu conscience de ce qui se passait», a précisé M. Oehlers.
«On voyait de la tristesse dans la salle», a-t-il ajouté au sujet de la réaction des proches : «il n’y avait pas un bruit».
«Par erreur»
Le rapport doit déterminer les causes de l’écrasement, mais pas qui a «appuyé sur la gâchette», un élément qui relève de l’enquête pénale.
Pourtant, deux des sources citées par le Volkskrant estiment que les éléments contenus dans le rapport vont dans le sens d’une implication russe. «Je soupçonne une aide de la part de militaires russes», a déclaré l’une d’elles.
«Le BUK a de toute façon été développé et produit en Russie, et on peut partir du principe que les rebelles ne savent pas utiliser eux-mêmes un tel appareil», a ajouté la même source.
L’Ukraine et les États-Unis affirment que l’appareil a été abattu par les séparatistes prorusses grâce à un missile sol-air de type BUK fourni par la Russie.
Selon les analystes, les séparatistes auraient abattu le Boeing 777 «par erreur», pensant avoir pris pour cible un avion militaire ukrainien.
Moscou rejette ces accusations et pointe du doigt les forces ukrainiennes.
«Choses étranges»
À Moscou, le fabricant des missiles BUK a rejeté, lors d’une conférence de presse mardi, les conclusions de l’OVV, et ce après avoir réalisé «une expérience» consistant à abattre un vieil avion.
Une «expérience en conditions réelles démentait complètement la version des Néerlandais à propos du type de missile utilisé et de l’endroit depuis lequel il a été tiré», a annoncé lors d’une conférence de presse Ian Novikov, le PDG de Almaz-Anteï.
«C’est assez remarquable qu’ils disent ne pas être d’accord avec un rapport qui n’a pas encore été présenté publiquement», a de son côté commenté le directeur de l’OVV Tjibbe Joustra après avoir présenté le rapport, à huis clos donc, aux familles des victimes.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déjà affirmé lundi qu’il existait de «nombreuses choses étranges» au sujet de l’enquête, dont le fait qu’elle n’ait pas été menée par l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Outre les causes de l’écrasement, le rapport abordera également la longue attente des familles avant de recevoir une confirmation du décès de leurs proches et le survol de zones de conflit par les lignes commerciales.
Les familles des victimes espèrent que le rapport permettra de maintenir la pression pour arrêter et juger les responsables. Lors de la présentation du rapport devant la presse, elles ont pu également examiner la reconstruction partielle de l’avant de l’appareil.