08 avr 2014 marine-oceans.com (AFP)
WASHINGTON - Les actions militaires de la Russie en Crimée pourraient conduire à un réexamen de la présence militaire américaine en Europe, qui n'a cessé de décroître depuis la fin de la Guerre froide, a affirmé mardi un haut responsable du Pentagone.
Les "actions (russes) en Europe et en Eurasie pourraient conduire les Etats-Unis à réexaminer leur dispositif militaire et leurs besoins en matière de futurs déploiements, d'exercices et d'entraînements dans la région", a affirmé Derek Chollet, chargé des affaires de sécurité internationale au Pentagone.
Washington ne "cherche pas la confrontation" avec Moscou pour autant, a-t-il précisé devant les élus de la commission des forces armées de la Chambre des représentants.
Quelque 67.000 militaires américains sont actuellement stationnés sur le continent européen, principalement en Allemagne (40.000 hommes), en Italie (11.000) et en Grande-Bretagne (9.500). Ils étaient 285.000 à la fin 1991 quand l'Union soviétique a cessé d'exister.
Derek Chollet n'a pas précisé ce que le réexamen du dispositif pourrait comprendre alors que le Pentagone est confronté à des restrictions budgétaires et cherche à redéployer une partie de ses moyens vers l'Asie-Pacifique dans le cadre de sa stratégie dite de "pivot".
Evoquant "l'intervention militaire illégale de la Russie en Ukraine", M. Chollet a considéré que cette action changeait "le paysage sécuritaire en Europe" et provoquait une instabilité sur les frontières de l'Otan.
Pour rassurer les pays d'Europe de l'Est membres de l'Otan, Washington a déjà déployé six chasseurs-bombardiers F-15 en renfort dans les pays Baltes, 12 F-16 et trois avions de transport en Pologne. Un destroyer lance-missiles, l'USS Donald-Cook doit par ailleurs arriver en mer Noire dans les jours à venir.
La prise de contrôle de bâtiments de l'administration locale à Donetsk et Kharkiv, dans l'est russophone de l'Ukraine est "très inquiétant", a par ailleurs observé le responsable du Pentagone, d'autant qu'il ne s'agissait "pas de manifestations spontanées".
Une action en russe en Ukraine orientale "constituerait clairement une escalade très sérieuse de la crise", a-t-il mis en garde.
Les pressions de Moscou ne se cantonnent pas à l'Ukraine, a-t-il par ailleurs observé dans son témoignage écrit, un passage qu'il n'a pas prononcé devant les élus.
"La Moldavie par exemple a des forces russes sur son territoire, en théorie des forces de maintien de la paix, mais qui en fait soutiennent la région séparatiste de Transnistrie", selon lui.
Le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, s'était déjà inquiété fin mars de la présence massive de troupes russes à la frontière de l'Ukraine, craignant qu'elle ne débouche sur une intervention de Moscou en Transnistrie.