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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 08:55
Chronique culturelle 20 Novembre 2015 - SHD

Le général de brigade Jean Gilles, commandant les TAP (Troupes Aéroportées) en Indochine, s'avance vers le point de regroupement après son saut sur Diên Biên Phu lors de l'opération "Castor". Photo Camus Daniel SCA - ECPAD


20.11.2015 source SHD
 

20 novembre 1942 : l’armée rouge contre-attaque (Stalingrad). Le général Joukov encercle en trois jours la VIème armée du général Paulus.

 

20 novembre 1952 : élection du maréchal Juin à l'Académie Française.

Note RP Defense : Discours de réception du maréchal Juin

 

20 novembre 1953 : début de l’opération Castor (Dien Bien Phu – Indochine). « Opération aéroportée ordonnée par le général Navarre et conduite par le général Gilles, elle consiste à s’emparer de la plaine de Dien Bien Phu pour couper l’offensive du Viet Minh en direction du Laos. Un groupement composé du 6e bataillon de parachutistes coloniaux, du 1er bataillon de parachutistes coloniaux et du 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes est largué, appuyés par deux batteries du groupement de marche du 35e régiment d’artillerie légère parachutistes et les sapeurs de la 17e compagnie du génie parachutiste. Au total 2 650  hommes. A l’issue des combats contre le 910e bataillon (appartenant au 148e régiment autonome) viêt-minh, l’objectif est conquis ». CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).

Note RP Defense :

lire LA BATAILLE DE DIEN BIEN PHU 13 mars-7 mai 1954

voir Opération «Castor» à Diên Biên Phu, 20 – 24 novembre 1953 (photos ECPAD).

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 12:57
photo RP Defense

photo RP Defense

 

source SHD

 

8 mai 1429 : Jeanne d’Arc libère Orléans. Galvanisés par la détermination de Jeanne d'Arc, les Français libèrent Orléans du siège anglais.

 

8 mai 1809 : combat de La Piave (Italie). Après avoir été surpris par l'archiduc d'Autriche Jean à Sacile le 16 avril, Eugène de Beauharnais précipite la retraite de l'armée autrichienne grâce à une habile manœuvre des généraux MacDonald et Dessaix. Beauharnais fait croire à l’archiduc qu’il franchira en force à Nervesa en massant la division Serras sur la rive. Il ordonne à Dessaix  de franchir discrètement  et d’établir une tête de pont pendant que les sapeurs construisent un pont. La surprise joue et permet à Beauharnais de repousser les Autrichiens.

 

8 mai 1859 : libération de Tourane (Da Nang - Vietnam). L'amiral de Genouilly et le lieutenant-colonel Reybaud délivrent la forteresse de Tourane assiégée par 9000 hommes.

 

8 mai 1941 : faille cryptographique allemande majeure (Atlantique Nord – Sud de l’Islande). Alors qu’il vient de torpiller deux navires d’un convoi, le sous-marin allemand U110, est contre-attaqué par l’escorte. Grenadé, il fait surface en urgence et son équipage abandonne le bord sans parvenir à couler le U.Boot. Le commandant du destroyer Buldog décide de ne pas l’éperonner et envoie une équipe de prise qui trouve cartes, tables de bigrammes pour le surchiffrage, procédures diverses dont le code météo qui est le chainon manquant aux cryptologues de Bletchley Park pour attaquer l’Enigma de la Kriegsmarine (Etant plus faible, il permet par comparaison de déduire la clé). Les Britanniques décryptent les réseaux de la Luftwaffe depuis juin 1940 et ceux de la Wehrmacht depuis le printemps 1941. Cette erreur cryptographique majeure permet de lire le trafic des U-Boote de juin 1941 au 1er février 1942, date de la mise en service de l’Enigma M4. Le renseignement naval britannique déroutera à temps de nombreux convois menacés et sauvera ainsi des centaines de cargos et pétroliers, dont la perte aurait compromis le débarquement Anglo-américain en Afrique du Nord (novembre 1942). Lire Guerre des codes et guerre navale, 1939-1945 de Guy Malbosc et Jean Moulin – 2012.

 

8 mai 1942 : fin de la bataille de la mer de Corail. Grace à ses avions embarqués, la flotte américaine de l’amiral Fletcher défait une flotte japonaise qui s'apprête à envahir la Nouvelle Guinée.

 

8 mai 1945 : armistice à Berlin. Ayant refusé d'admettre la validité de la signature de l'armistice, la veille à Reims, Staline impose aux Alliés une redite mais cette fois à Berlin. Arrivé dans des conditions rocambolesques, le général de Lattre représente la France à la table des vainqueurs (après avoir fait coudre sur place le drapeau français, non prévu dans le protocole).

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8 mai 1954 : Dien Bien Phu, suite et fin : « Après la chute du secteur principal, l’effort viêt-minh se concentre sur Isabelle dont la situation est sans issue. À la nuit tombée, le colonel Lalande tente bien une sortie, mais, immédiatement, ses éléments de tête sont pris à partie par l’ennemi et le gros des troupes se trouve mêlé aux bo doïs qui s’infiltrent de partout. À 1H50, Albatros ayant échoué, Isabelle envoie un dernier message : « sortie manquée, ne puis plus communiquer avec vous - Stop - Fin citation ». La bataille de Diên Biên Phu est définitivement terminée.  A la date du 5 mai 1954, 1 142 combattants sont déclarés morts et 1 606 portés disparus du côté français. 4 436 ont été blessés plus ou moins grièvement. Environ 1 161 déserteurs. À ce total, il convient d’ajouter les pertes des deux derniers jours de combat, évaluées entre 700 et 1 000 hommes. Au total, le Viêt-Minh capture donc un peu plus de 10 000 hommes, 60 % de ceux-ci mourront dans les camps viêt-minh, de malnutrition, de maladies, de misère physiologique. Quant aux pertes subies par l’armée populaire, les incertitudes portant sur les chiffres sont encore plus grandes. Si les chiffres de 25 000 tués et 12 000 blessés avancés par certains services semblent ne pas devoir être retenus, celui de 22 000 victimes, tués et blessés confondus, paraît proche des estimations faites par le 2e bureau du corps expéditionnaire et confirmées, officieusement, par certains officiels viêt-minh. Cependant, l’Institut d’histoire militaire du Vietnam, qui dépend du gouvernement vietnamien, ne reconnaît toujours, aujourd’hui, que 4 020 tués, 792 disparus et 9 118 blessés ». CDT Yvan Cadeau (SHD).

 

8 mai 1988 : décès de l'écrivain Robert Anson Heinlein (Californie). Officier de marine américain (né en 1907) diplômé de l'académie d'Annapolis, Heinlein est réformé à cause d'une tuberculose et après avoir passé cinq ans sous les armes. Il se consacre dès lors à l'écriture et notamment à la science-fiction. Il reçoit de nombreux prix littéraires internationaux et devient curieusement une référence à la fois pour la génération Beatnik (En terre étrangère - 1961) et le camp militariste américain (Etoiles, garde-à-vous! - 1959). Ce dernier ouvrage, exaltant la vie du soldat en campagne et l'héroïsme guerrier et citoyen, a été rendu célèbre assez récemment par le réalisateur Paul Verhoeven à travers la série parodique des films Starship Troopers. Auteur de l'Age d'or de la science-fiction, ses thèmes favoris sont l'accélération du progrès technologique, la décadence morale et culturelle, le contrôle mental des masses, ..

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 12:55
Dansk Leopard i Bosnien (foto FOV)

Dansk Leopard i Bosnien (foto FOV)


source Service Historique de la Défense (SHD)

 

29 avril 1429 : Jeanne d'Arc brise le siège d'Orléans.

29 avril 1522 : bataille de la Bicoque (Italie). Défaite française près de Milan face aux troupes de Charles Quint.

29 avril 1758 : bataille navale de Gondelour (Inde). Victoire navale française face aux Anglais.

 

29 avril 1916 : défaite britannique à Kut al Amara (Irak). L'empire ottoman étant entré en guerre aux côtés des Allemands (oct 1914), les Britanniques saisissent l'occasion pour tenter de prendre le contrôle des riches champs pétrolifères de la vallée de l'Euphrate et du Tigre. La 6ème armée indienne du général Townshend remonte depuis Bassora jusqu'à Ctésiphon, repoussant victorieusement les Turcs. L'élongation de la chaîne logistique est cependant telle que les troupes indiennes, fatiguées et en infériorité numérique, se replient sur Kut al Amara où elles sont finalement assiégées dans les règles de l'art par les Turcs et les Allemands. Après 5 mois de siège (dirigé par le vieux Maréchal allemand Colmar von der Goltz qui copie César à Alésia) et une tentative de sauvetage d'une colonne de secours britannique (contrée par Nourédine Pacha), la 6ème armée capitule avec ses 13 000 hommes ce qui représente à l'époque la plus grande défaite du Royaume-Uni.

 

29 avril 1954 :  Dien Bien Phu se poursuit.  « Le régiment 57 (division 304) accentue sa pression sur Isabelle 5 et semble décidé à en finir avec le point d’appui pris à parti par des canons sans recul et des canons de 105 : le PA Wieme n’est plus qu’une ruine envahie par la boue où les survivants thaïs cherchent le moindre abri pour se protéger ». CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).

 

29 avril 1992 : Massoud entre dans Kaboul (Afghanistan).


29 avril 1994 : bataille de Kalesija (Bosnie-Herzégovine). Le poste d'observation de Kalesija, tenu par un groupe de soldats suédois de la FORPRONU est régulièrement bombardé par les forces serbes de Bosnie qui se retirent généralement dès que le détachement danois intervient. Dans la nuit du 28 au 29 avril, les 7 Léopards I danois, appelés comme d'habitude en renfort des Suédois, sont stoppés par des tirs antichars et des tirs de mortiers. Estimant que la situation a basculé dans une opération de guerre, le chef danois décide assez rapidement de riposter et durant deux heures progresse vers le poste suédois en brisant toutes les résistances. Les Danois ne perdent aucun homme et aucun char alors que les Serbes déplorent entre 9 et 150 pertes (selon les sources). Les Léopards I danois ont tiré 72 obus en 2 heures.

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 11:54
photo Guardia Svizzera Pontificia

photo Guardia Svizzera Pontificia


source SHD
 

6 mai 1527 : mercenaires contre mercenaires (Rome). La garde pontificale suisse protège et exfiltre le Pape Clément VII lors du sac de Rome commis par les Lansquenets du chef de guerre Georg von Frundsberg. Durant les guerres d’Italie qui voient l’affrontement de Charles Quint et François Ier, l’emploi des mercenaires est courant et ce sont les Suisses et les germaniques qui sont les plus prisés. Depuis le 22 janvier 1506, les Papes sont officiellement protégés par une garde suisse (aujourd’hui encore) dont les qualités guerrières et la fidélité sont réputées. Sur les 189 soldats suisses présents lors de l’assaut des Lansquenets, seuls 42 survivent en se retranchant dans le château Saint Ange avec le Pape.  Les rois de France en connaissent aussi la valeur et ont créé pour leur protection, dès 1496, une garde permanente nommée les Cent Suisses. Le Maréchal de France Schomberg qui commandera cent ans plus tard cette unité résume l’opinion commune sur ce peuple guerrier : « Les Suisses sont dans une armée ce que les os sont dans le corps humain ».

 

6 mai 1937 : accident du Hidenburg (New-York). Le dirigeable allemand prend feu à son arrivée sur l’aéroport de Lakehurst. 35 morts sur 97 personnes transportées. La fin du plus gros dirigeable construit à ce jour met aussi un terme à son utilisation commerciale transatlantique.

 

6 mai 1942 : capitulation américaine à Corregidor  (Philippines)

 

6 mai 1954 : Dien Bien Phu se poursuit. « Les préparatifs d’attaque s’accélèrent. Les tirs d’harcèlements qui commencent vers 16 heures cèdent la place, deux heures plus tard, à une véritable préparation d’artillerie. Vers 20 heures, l’attaque se déclenche et se concentre sur la face est, la division 316 est à l’honneur : le régiment 174 a pour objectif Eliane 2 tandis que le 98 doit s’emparer d’Eliane 4. Toutefois, le régiment 209 de la 312 est également engagé et doit neutraliser Eliane 10 et, sur la face ouest, un régiment de la 308 a pour mission d’occuper Claudine 5, le plus avancé des points d’appui défendant le secteur central. Commencés à la tombée de la nuit, les combats atteignent immédiatement « un caractère d’acharnement particulier », rarement égalé dans la bataille. A 4 heures du matin, Eliane 2 qui a coûté tant de morts aux deux belligérants tombe aux mains des bo doïs. Eliane 4, elle, après avoir résisté toute la nuit bien appuyée par l’artillerie du GONO encore en état de tirer, est finalement submergée en début de matinée, tout comme Eliane 10. Claudine 5 quant à elle, a été évacuée devant la pression ennemie vers 2 heures. Le télégramme envoyé à Hanoï le 7 mai 1954 à 24 heures se passe de commentaires : « situation critique. Munitions 120 pratiquement épuisées. Reste moins de 500 coups. 1 pièce de 105 en état à Isabelle. 7 à Diên Biên Phu ». Malgré tout, 133 hommes sont encore parachutés au cours de la nuit... » CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).

 

6 mai 1994 : inauguration du tunnel sous la Manche. Elizabeth II et François Mitterrand inaugure le tunnel. L’Angleterre n’est plus tout à fait une ile. 

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 13:55
A pre-1791 portrait of Lafayette by Jean-Baptiste Weyler over a detail of Hermione in the Naval battle of Louisbourg, 1781 by Auguste-Louis de Rossel de Cercy

A pre-1791 portrait of Lafayette by Jean-Baptiste Weyler over a detail of Hermione in the Naval battle of Louisbourg, 1781 by Auguste-Louis de Rossel de Cercy


28.04.2015 par Service Historique de la Défense (SHD)
 

28 avril 1503 : bataille de Cérignole (Italie). Français et Espagnols se disputent le Royaume de Naples durant la 3ème guerre d'Italie. Louis d'Armagnac, duc de Nemours commande l'armée française (9500 hommes et 26 canons) et affronte Gonzalve de Cordoue surnommé le Gran capitan qui dispose d'autant d'hommes mais de moitié moins de canons. L'Espagnol connaissant le gout français pour les charges de cavalerie, tend un piège. Simulant une timide attaque, les Espagnols se laissent poursuivre par les cavaliers français qui ne s'aperçoivent pas qu'ils sont entraînés vers les arquebusiers protégés par des fossés. Le duc de Nemours est tué. La bataille s'achève par l'affrontement des piquiers (Gascons et mercenaires suisses contre Espagnols et mercenaires allemands). Les Espagnols infligent 3700 pertes à leurs ennemis alors qu'ils ne perdent que 100 hommes.

28 avril 1760 : bataille de Sainte Foy (Québec). Les Français gagnent leur dernière bataille face aux Anglais.

 

28 avril 1780 : arrivée de la frégate Hermione (Boston).  le marquis de La Fayette débarque pour apporter le soutien du roi de France aux Américains. La frégate est commandée par le lieutenant de vaisseau de La Touche.

 

28 avril 1862 : bataille de las Cumbres (Mexique). L'armée du général Lorenzes (6000 h) force le col tenu par 4000 mexicains.

 

 

Progression d’éléments de la colonne Crèvecœur lors de l’opération Condor (25 avril-10 mai 1954) photo René Adrian (SPI - ECPAD)

Progression d’éléments de la colonne Crèvecœur lors de l’opération Condor (25 avril-10 mai 1954) photo René Adrian (SPI - ECPAD)

28 avril 1954 :  Dien Bien Phu se poursuit. « La colonne Crèvecœur, partie du Laos en direction de Diên Biên Phu reprend Muong Khoua ; le commandement ne se leurre pas sur les possibilités de cette force d’environ 2 000 hommes, il ne peut s’agir que d’éléments de recueil de la garnison française soit en cas de sortie en force de celle-ci soit pour récupérer les isolés après reddition du camp retranché ». CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 10:55
Croix de guerre 1914-1918 avec citations puis fourragère en modéle réduit

Croix de guerre 1914-1918 avec citations puis fourragère en modéle réduit

 

21.04.2015 Service Historique de la Défense (SHD)

 

21 avril 1779 : tentative de reprise de Jersey et Guernesey (actuelles iles anglo-normandes). Une flottille française, partie de Saint Malo et transportant 1500 hommes ne parvient pas à débarquer à cause du mauvais temps. Ces iles appartiennent à la couronne d’Angleterre depuis 1204.

 

21 avril 1916 : création de la fourragère. « La fourragère dérive du souvenir de la corde à fourrage que le soldat enroulait autour de son épaule. Elle réapparaît en 1916. Une circulaire du 21 avril stipule : « il est créé un insigne spécial destiné à rappeler d’une façon permanente les actions d’éclat de certains régiments et unités formant corps cités à l’ordre de l’armée. Cet insigne sera constitué par une fourragère aux couleurs de la croix de guerre ». C’est dans le but de stimuler les formations, de donner de l’allant et de développer l’esprit de corps que le commandement créé cette forme visible du courage et de l’abnégation qui sera de couleurs différentes en fonction du nombre de citations à l’ordre de l’armée obtenues. (2 à 3, couleur de la croix de guerre ; 4 à 5, couleur de la médaille militaire ; 6 à 8, couleur  de la Légion d’honneur ; 9 à 11, double fourragère LH et croix de guerre ; 12 à 14, double fourragère LH et médaille militaire ; 15 et plus double fourragère LH) ».  LCL Georges Housset (SHD/DSD).


21 avril 1918 : mort du Baron rouge, Manfred Von Richthofen. (Vaux-sur-Somme). As de la chasse allemande aux 80 victoires en combat aérien. Il décède en posant son Fokker Dr.I (triplan qu’il a rendu célèbre) après avoir reçu une balle provenant d’une tranchée australienne. Les alliés lui accordent des funérailles dignes d’un héros national.

 

21 avril 1954 : Dien Bien Phu se poursuit. "Dans la nuit du 20 au 21 avril, Huguette 1 se voit totalement isolée du sous-secteur centre. L’opération de « desserrement » et de ravitaillement réalisée en fin de matinée par les légionnaires du I/13e DBLE et les parachutistes du 5e BPVN appuyée par deux blindés s’avère très coûteuse et seul un étroit couloir est ouvert. Mais l’effort ne peut être maintenu et les légionnaires de la 1re compagnie du I/13e DBLE sont laissés à eux-mêmes. A noter également, dans la même nuit du 20 au 21 avril, le coup de main des parachutistes du II/1er RCP sur Dominique 6, pourtant perdue depuis plus d’un mois. Une vingtaine de soldats viêt-minh sont tués et plusieurs casemates abritant des mitrailleuses lourdes, détruites." CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).

 

 

Les généraux Zeller, Jouhaud, Salan et Challe sur le forum d’Alger.photo Vignal Claude - ECPAD

Les généraux Zeller, Jouhaud, Salan et Challe sur le forum d’Alger.photo Vignal Claude - ECPAD

21 avril 1961 : putsch des généraux (Alger). L'armée française a remporté la victoire sur le terrain mais beaucoup de ses chefs constatent amèrement que politiquement le FLN est en train de remporter la guerre d'Algérie. Depuis 1958, la position du général de Gaulle quant au statut de l'Algérie a beaucoup évolué. Réaliste et attentif au sens de l'Histoire, il déçoit ceux qui l'ont pourtant porté au pouvoir, et lors d'une conférence de presse, le 11 avril, évoque "l'Etat souverain d'Algérie". S'estimant trahis, les généraux Challe (armée de l'Air), Jouhaud (armée de l'Air) et Zeller (armée de Terre) décident de prendre le pouvoir à Alger avec les légionnaires du commandant Hélie Denoix de Saint Marc (1er REP). Le célèbre général Salan rejoint les putschistes le 23 avril, mais cela ne suffit pas. La troupe et ses chefs, dans leur très grande majorité refusent de suivre le "quarteron de généraux en retraite". Le discours télévisé, cinglant, de de Gaulle achève de rallier les indécis. Le 25, Challe, Zeller et Saint Marc se constituent prisonniers. Salan et Jouhaud rejoignent la clandestinité et l'OAS. Ils seront arrêtés un an plus tard.  Quatre régiments sont dissous dont le 1er REP, le 30 avril. Ces cinq officiers ont tous été amnistiés et réintégrés dans leurs droits civiques et dignités militaires en 1982.

 
21 avril 1967 : putsch des colonels (Athènes). Au nom du roi, mais sans son accord, des colonels prennent le pouvoir en Grèce à la faveur d'une période d'instabilité politique forte, craignant une prise de pouvoir des communistes.

 

21 avril 1982 : création de la médaille de la Défense nationale. Par décret présidentiel n°82-358, est créée une médaille récompensant les services particulièrement honorables rendus par les militaires d’active et de la réserve opérationnelle à l’occasion de leur participation aux activités opérationnelles ou de préparation opérationnelle des armées, notamment les manœuvres, exercices, services en campagne, ainsi que les interventions au profit des populations. La médaille comporte 3 échelons, bronze, argent et or avec agrafes diverses.

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 10:55
Adieux de Napoléon Ier à la garde impériale château de Fontainebleau, 20 avril 1814 Antoine Alphonse Montfort, (d'après Horace Vernet) photo RMN Châteaux de Versailles et de Trianon

Adieux de Napoléon Ier à la garde impériale château de Fontainebleau, 20 avril 1814 Antoine Alphonse Montfort, (d'après Horace Vernet) photo RMN Châteaux de Versailles et de Trianon

Adieux de Napoléon Ier à la garde impériale château de Fontainebleau, 20 avril 1814 Antoine Alphonse Montfort, (d'après Horace Vernet) photo RMN Châteaux de Versailles et de Trianon


20.04.2015 Service Historique de la Défense (SHD)

 

20 avril 1814 : Napoléon 1er fait ses adieux à la garde impériale (Fontainebleau)

20 avril 1828 : L'explorateur René Caillé entre dans Tombouctou. Sans être militaire, il est un des précurseurs français en Afrique.

20 avril 1899 : le lieutenant-colonel Klobb reçoit l'ordre d'arrêter la colonne Voulet-Chanoine (Niger). Les capitaines Voulet et Chanoine qui se sont illustrés dans de récentes conquêtes coloniales (Indochine et Afrique) reçoivent l'ordre de rallier le lac Tchad par l'Ouest de l'Afrique afin d'opérer une jonction avec deux autres colonnes parties du Sud algérien et du Congo. Le but du commandement français est de contrôler l'Afrique centrale. Le dénouement peu glorieux pour la France de la crise de Fachoda (1898) a exacerbé la compétition coloniale. Les deux officiers, pour des raisons encore indéterminées, commettent de très nombreuses exactions contre les populations rencontrées. Obnubilés par la lettre de leur mission, probablement mentalement malades (syphilis) et manquant des moyens matériels qui leur permettraient de ne pas "vivre sur le pays", ils perdent l'esprit de la mission et s'enfoncent dans la violence. Alerté, le ministre des colonies ordonne à Klobb de les arrêter. Un autre élément éclaire cette décision : Le capitaine Chanoine est le fils d'un général antidreyfusard et ministre de la guerre en 1898. Ne pas sanctionner les rebelles, donnerait aux Dreyfusards un motif supplémentaire contre l'armée. Lorsque Klobb rejoint la colonne infernale, il est tué. Peu de temps après, les propres hommes de Voulet et Chanoine se mutinent et les tuent.

 

Chronique culturelle du 20 Avril - SHD

20 avril 1954 : Dien Bien Phu se poursuit. "Le colonel Lalande (commandant le centre de résistance Isabelle) organise une opération – réussie - pour reboucher une partie des tranchées vietminh réalisées par les hommes du bataillon 265 (régiment 57, division 304). Sur Eliane 1, les parachutistes du II/1er RCP recueillent un déserteur viêt-minh disant appartenir à la division 312. Ce dernier dresse un tableau pessimiste des conditions de vie des bo doïs autour de Diên Biên Phu, des pertes terribles causées par l’artillerie et l’aviation françaises expliquant l’arrivée de jeunes recrues moins préparées aux rigueurs du combat." CDT Ivan Cadeau (SHD/DREE).  

 

HISTOIRE : Indochine, Diên-Biên-Phu, avril 1954

 

Chronique culturelle du 20 Avril - SHD

20 avril 1962 : arrestation du général Salan (Alger). Vivant depuis un an dans la clandestinité après la tentative de putsch (22 avril 1961) du « quarteron de généraux » voulant imposer à de Gaulle une Algérie française, le général Salan est arrêté à Alger d’où il dirigeait les opérations de l’OAS. Condamné à la prison à vie, il est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d’Honneur en 1982, à la suite de l’amnistie votée par le Parlement.

 

20 avril 1999 : incendie d'une pallotte corse (près d’Ajaccio - Corse). Dans la nuit du 19 au 20 avril, une paillotte illégalement construite sur la plage Cala d'Orzo est incendiée par des gendarmes du Groupe de pelotons de sécurité (GPS) agissant sur ordres du préfet relayés par le colonel commandant la légion de gendarmerie de Corse. Très rapidement découverts, à cause d'indices grossiers laissés sur la plage, les protagonistes sont condamnés.

 

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 08:35
Dien Bien Phu : faute stratégique ou bonne idée qui a mal tourné ?

source www.dienbienphu.org/

 

23 novembre 2014  Par Jean-François Daguzan - Diploweb.com

 

Quelles sont les leçons de la bataille de Dien Bien Phu, voici 60 ans ? Directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique, J-F Daguzan offre aux lecteurs du Diploweb.com une étude remarquable. A la fois fresque historique et analyse stratégique, voici un texte de référence pour guider la réflexion, la décision et l’action.

 

« Messieurs, c’est pour demain 17h » Colonel Henri de Castries.

 

LA BATAILLE de Dien Bien Phu 1 qui s’est achevée le 8 mai 1954 par la défaite des armes françaises a vu son soixantième anniversaire un peu occulté par celui de la Première guerre Mondiale et du débarquement en Normandie. Pourtant, cette bataille épique (13 mars-8 mai 1954) est un des grands happenings psychologiques dont raffolent les Français. Ce Cameron, ce Waterloo du vingtième siècle enflamme encore les imaginations et concentre les fantasmes de toutes origines – va-t-en guerres, anticolonialistes, pacifistes, nostalgiques, romantiques, etc. Cette bataille a, avec le retour dramatique des survivants des camps de prisonniers vietminh, marqué et façonné les esprits d’une génération de militaires qui s’attachèrent à transposer en Algérie les « acquis » de la guerre d’Indochine. Un vétéran de Dien Bien Phu – le général Maurice Schmitt - fut même chef d’état-major des armées. 2 En réalité cet événement tragique mérite mieux que des fantasmes.

 

Sa survenue soixante ans plus tôt, est le fruit d’un continuum politico-stratégico-tactique dont les leçons potentielles retentissent encore jusqu’à nous. Que peut-on retirer de cet événement vieux de soixante ans qui s’est déroulé au fin fond de l’Asie du Sud-Est dans un coin perdu (« un coin d’enfer ! » comme dira Bernard Fall 3) aux confins du Vietnam et du Laos ?

 

Le général Navarre, puisqu’il avait perdu, a assumé le poids de la défaite et, d’une certaine manière, tout le monde s’est déchargé sur le perdant. Cependant, la décision de combattre à Dien Bien Phu fut un choix tactique plausible ab initio qui s’appuyait sur un écheveau complexe de relations nationales et internationales imbriquées auquel tout le monde participa et de contradictions qui se révélèrent au final insurmontables. Au plan théorique cette affaire confirme la théorie de Clausewitz des « centres de gravité » (Schwerpunkte), tant au plan tactique que stratégique. Raymond Aron, qui étudie Clausewitz, met en évidence ce moment dans la bataille qui décide de sorts multiples. « Il y a dans la guerre comme dans la mécanique, des centres de gravité « dont le mouvement et la direction décident des autres points. 4 » Ces centres de gravité sur lesquels il s’agira de faire porter l’effort pour modifier le sort de la guerre peuvent se trouver dans la bataille même (cela peut-être un homme, groupement ou un lieu) ; être la bataille elle-même (choisir ou pas d’engager) ; et se jouer aussi au niveau politique. Comme le rappelle également Aron, « Clausewitz l’emploie aussi en un sens politique pour traduire en terme réel la notion de renversement. » « Dès lors que la manœuvre de destruction du centre de gravité a été amorcée », note le général Vincent Desportes, « elle doit être poursuivie sans relâche, car par effet de cascade, elle doit entraîner l’effondrement de la volonté adverse. » 5 Et le stratège prussien conclut lui-même « Dans l’élaboration du plan de guerre, il faut donc tout d’abord chercher à reconnaître quels sont les centres de gravité de la puissance de l’ennemi et les réduire autant que possible à un seul. Il faut ensuite s’efforcer de réunir, en vue d’une action décisive contre ce centre de gravité unique, toutes les forces qui y peuvent être employées. 6 » Dien Bien Phu sera l’application à la lettre de ce principe côté Vietminh – côté Français ce sera son double inversé.

 

Contingences internationales et nationales : instabilités et incertitudes

 

L’affaire de Dien Bien Phu (car il y a affaire avant et après d’avoir bataille) se situe à un moment critique des relations internationales de l’après-guerre et à une période où la France enchaîne crise politique sur crise politique. 7

 

La situation internationale

 

Le retour de la France en Indochine après la courte mais très violente occupation de la péninsule (1945) par le Japon agonisant, est décidé par le Général De Gaulle dès son arrivée au pouvoir avant même la libération de la France. Elle correspond à l’obsession de ce dernier de rétablir l’empire dans toute sa plénitude quitte évidemment à faire progressivement évoluer les possessions françaises vers l’autonomie. 8 Cette reprise de l’Indochine est marquée par plusieurs éléments internes et externes qui en conditionneront l’issue fatale : la « décapitation » politique de l’administration vichyste survivante (dont son chef l’amiral Decoux) qui maîtrisait parfaitement le pays et ses arcanes et l’ignorance volontaire des contingents de l’armée française réfugiés en Chine après l’agression japonaise, d’une part ; et d’autre part, l’action des services secrets américains qui faciliteront la montée du Vietminh et le pourrissement du Nord assuré par les seigneurs de la guerre chinois qui en exerceront le contrôle jusqu’à l’arrivée du général Leclerc (octobre 1945-mars 1946).

 

Plus globalement, c’est une France faible qui défend désespérément ses acquis dans un monde marqué par l’affrontement impitoyable entre les grandes puissances et les deux blocs idéologiques. 9

 

La situation politique française

 

La situation politique est rendue instable en France par le système électoral mis en place par la quatrième République. Le jeu des partis qui fait et défait les majorités rend impossible la mise en place de toute ligne politique de longue durée et cohérente. Les communistes français surpuissants à l’époque, s’alignent sur l’Union soviétique et s’opposent frontalement à la politique indochinoise française (jusqu’à faciliter des actes de sabotage visant l’armement ou les équipements à destination de l’Indochine).

 

Lorsque le Président du Conseil, René Mayer, nomme le général Navarre, commandant en chef pour l’Indochine, il le fait sur la base de son ignorance de la question : souhaitant « un œil neuf » après le départ des grands anciens de l’équipe de Lattre (Salan, de Linarès, etc…) qui avaient tenus le Vietminh en respect depuis quatre ans. 10 Dans sa feuille de route, Navarre part aussi avec les vagues instructions de faire de son mieux avec les moyens du bord ; c’est-à-dire n’espérer aucune amélioration en hommes et matériels en attendant une vague issue politique dont les contours ne sont pas tracés.

 

La situation stratégique en Indochine et en Asie

 

Depuis 1946, les choses ont bougé en Asie. La Chine est devenue communiste après la défaite de Tchang Kaï Tchek et des armées nationalistes. Ce nouvel acteur majeur fait bouger le balancier au profit des mouvements révolutionnaires et/ou de libération. Les Britanniques perdent l’Inde et se battent en Malaisie. Mais le grand « moment » stratégique de l’époque est la guerre de Corée (juin 1950-juillet 1953) qui vient de se terminer. Les Etats-Unis, qui viennent de perdre 50 000 hommes dans ce pays pour un gain politique et stratégique limité et au risque d’une guerre totale avec la Chine, viennent de comprendre que le colonialisme à la française (qu’ils avaient combattu au départ) avait du bon - tout du moins dans sa fonction de stabilisation et de contrôle de la péninsule indochinoise. De ce point de vue, Eisenhower, fraîchement élu, est mieux disposé envers Paris que Truman que les Français agaçaient beaucoup. 11 Les Chinois (et les Soviétiques) soutiennent donc le champion vietminh alors que les Etats-Unis appuient le champion français d’abord diplomatiquement puis progressivement en armes et matériels jusqu’à couvrir la totalité du coût de la guerre.

 

La situation tactique sur le terrain

 

Une fois la reconquête partielle du pays assurée par le général Leclerc, la défense de l’Indochine devient de plus en plus difficile. Les choses sont gérables tant que la Chine ne représente pas un abri et un soutien pour les communistes indochinois. Mais à partir du moment où Mao Zédong prend le contrôle de l’empire du Milieu (octobre 1949), Ho Chi Minh s’assure une base arrière et un soutien en armement à partir desquels il devient possible de lancer des opérations de grande ampleur sur le Nord et le Delta.

 

Le désastre de Cao Bang (sorte de Dien Bien Phu avant la lettre mais en rase campagne) en 1949, fruit des aberrations du commandement français, fragilise très gravement la situation stratégique. Le gouvernement fait alors appel à l’homme providentiel, le général de Lattre qui, par son seul charisme et son seul génie militaire rétablit une situation considérée comme perdue. 12

 

De Lattre : le magicien de génie

 

Envoyé en Indochine avec aucun moyen, le général de Lattre, redresse la situation en quelques combats de génie. Giap pense que le temps est venu d’affronter les Français en rase campagne. Il déchantera. De Lattre gagne à Vinh Yen, Dong Trieu, Mao Khé, Ninh Binh et à la rivière Day. Il remonte le moral des troupes, lance l’indochinisation des forces et allie sans relâche défensive (il couvre le pays « utile » d’un cordon de postes et bunkers) et offensive. Mais malade, et très affecté par la mort de son fils au combat, il rentre en France pour mourir.

 

Salan, l’homme du terrain

 

Son remplaçant, le général Raoul Salan, n’a pas peut-être pas le génie flamboyant de son ancien patron mais présent en quasi-continu depuis 1945, il connaît parfaitement le pays (dont il parle plusieurs langues) et sait ce qu’il peut obtenir de ses hommes et de ses moyens. 13 Fin tacticien, il sait tenir avec des bouts de ficelle. Avec le camp retranché de Nasan qui fixe les divisions de Giap en haute région vers Son La près de la frontière avec le Laos, la bataille de Hoa Binh (commencée par de Lattre 14) saigne les corps vietminh en une bataille féroce gagnée sur le fil. Salan est le roi de « l’économie des forces » - le rêve de tout soldat. Il prélève, déplace, manoeuvre, contourne, fixe des forces vietminh pourtant combattant « comme un poisson dans l’eau » ; mais il sait aussi, comme son ancien patron, que cela ne peut pas durer éternellement.

 

Le Plan Navarre

 

A peine arrivé Navarre constate une situation difficile. Le vietminh est partout et la pression se fait sentir sur le Nord ou l’axe Hanoï-Haïfong, l’axe stratégique qui relie la capitale du Tonkin à la côte, est menacé. Tous les chefs de la période Salan sont en partance. Faute de mieux, il nomme le général René Cogny déjà sur place, commandant en chef pour le Tonkin et doit faire face à une pénurie massive et à l’usure des hommes et du matériel.

 

Sans indications de la part du gouvernement (qui change en permanence) il élabore une stratégie globale à partir de ce qu’il a retiré d’une visite d’un mois sur le terrain. Il s’agira donc de :

. Protéger le Delta 15 et l’axe Hanoï-Haïphong, priorité 1 ;

. Défendre le centre et Sud Annam pour éviter de voir l’Indochine coupée en deux, priorité 2 ;

. Défendre le Laos car le vietminh a décidé de peser sur le maillon le plus faible de la confédération indochinoise, priorité 3. 16

 

Il s’agit au final pour le commandant en chef de gagner du temps ; 1 pour créer une armée indochinoise performante ; 2 pour créer les conditions les plus favorables pour une négociation qui préserverait au mieux la présence française.

 

Ce plan fut présenté devant le Comité de défense nationale du 24 juillet 1953. La question de savoir s’il fallait défendre le Laos ou pas ne fut pas tranchée. 17

 

Au final, Navarre va décider de réunir les priorités 1 et 3 en une manoeuvre unique. Sur le papier cette décision est cohérente. Elle répond à deux besoins majeurs voire contradictoires avec un minimum de moyens. Le général décide de créer un abcès de fixation sous forme d’un camp retranché situé entre le Laos et le Delta et loin du sud - môle où viendront se briser les bataillons réguliers de l’armée vietminh. C’est là qu’intervient le choix de la petite ville de Dien Bien Phu (ou « la préfecture du Nord-Ouest ») à la frontière du Laos abandonnée aux mains des insurgés depuis février 1952. Il faudra donc la reprendre avec les bataillons parachutistes (opération Castor), créer un camp retranché lourd inspiré de Nasan, et attirer les bataillons vietminh dans une bataille décisive, s’ils s’y risquent. Mais, d’après les stratèges, Giap ne devrait pas résister à un tel appât ; et, de fait, il n’y résistera pas ...

 

Avant la bataille : impréparation tactique et contradictions stratégiques

 

La marche vers la bataille s’est accompagnée d’un ensemble d’erreurs tactiques et stratégiques qui ont fait d’une idée à priori cohérente un désastre majeur.

 

Confusions stratégiques (Nasan et Hoa Binh)

 

L’option Navarre s’appuie sur un précédent réussi : le camp retranché de Nasan (novembre-décembre 1952). Installé par le général Salan près de Son La à proximité de la route 41 près du Laos sur un ensemble de pitons, le camp de Nasan va concentrer l’action des bataillons viets qui vont se casser les dents sur une défense serrée. Nasan démontre improprement aux Français que les Viets ne peuvent déplacer une artillerie lourde sur une longue distance face à une organisation tactique appelée « le hérisson », concept de défense constitué d’un poste principal et d’un aérodrome entouré de plusieurs positions armées appelées points d’appui (PA). Une fois le service rendu, le camp est évacué par un pont aérien surprise ne laissant à l’ennemi épuisé que quelques matériels logistiques sabotés. 18 La leçon que tire le commandement français est que ce qui a été fait à une échelle moyenne peut-être tenté à une grande échelle. Le problème est que le commandement vietminh tire aussi ses propres conclusions. Si la situation se reproduit, ils viendront avec l’artillerie ! 19 Le commandement, dans son enthousiasme, oubliera aussi que l’action de l’aviation a été déterminante dans la bataille de Nasan. Or, à Dien Bien pas Phu, les conditions d’emploi sont beaucoup plus difficiles.

Une autre erreur fut l’oubli des avertissements tactiques. La bataille de Hoa Binh lancée par Salan pour saigner les forces vietminh en février 1952 fut un succès … parce qu’elle ne fut pas perdue. Les forces de Giap avaient au final perdu environ 10 000 hommes et l’évacuation de la zone fut réalisée certes de main de maître ; mais cette dernière fut effectuée in extremis et dans des conditions de dangerosité particulièrement élevées (900 morts et 1800 blessés pour les Français !) 20 Encore une fois, le but tactique d’affaiblir considérablement le dispositif de bataille adverse avait été atteint, mais l’effet stratégique mettait en évidence le retrait français et la « victoire » du vietminh qui demeurait maître du terrain. 21

 

Surestimation de ses capacités - sous-estimation de l’adversaire

 

En installant le camp retranché de Dien Bien Phu, le commandant en chef compte sur un certain nombre d’avantages considérés comme acquis :

. Les capacités offensives et de manœuvre de l’armée française sont son premier atout. Si les vietminh sont les maîtres de la guérilla, ils n’ont jamais pu s’aligner dans une bataille rangée (cf. de Lattre et Salan). Le camp a donc pour vocation initiale, non seulement de fixer le dispositif militaire ennemi, mais de le poursuivre. C’est à cette condition expresse que le colonel de Castries, qui est un cavalier a accepté le poste. Le Général Navarre lui « vend » une « base offensive ». 22 Cette mission s’avèrera dès le début impossible à remplir ; 23

. La supériorité aérienne est l’autre force française ; le vietminh n’en dispose pas. Les aviateurs de l’armée de l’air et de l’aéronavale prennent tous les risques. Or Dien Bien Phu est loin ; souvent sous la brume et les nuages et, surprise, l’ennemi a une DCA !

. La supériorité de l’artillerie est le dernier élément déterminant. Nasan a démontré que le système des points d’appuis multiples se protégeant mutuellement anihilait les charges vietminh les plus puissantes. Or la zone de Dien Bien Phu est beaucoup plus grande que celle de Nasan et la plupart de ces points d’appuis ne pourront pas se soutenir. 24 (Ainsi le PA Isabelle vivra-t-il séparé du reste du groupe jusqu’au bout.)

 

La deuxième erreur majeure sera la sous-estimation de l’adversaire :

. Les Français pensent que l’adversaire n’a pas d’artillerie ou ne pourra pas l’acheminer or, celui-ci dispose d’ores et déjà de ces capacités ;

. Ils pensent qu’il n’a pas de DCA or il en a et quand cette information sera connue, on n’en tiendra pas compte ;

. Le vietminh n’est plus seul dans son combat. Il a désormais une artillerie de campagne (notamment des canons sans recul), de la DCA et surtout des compétences d’emploi. Des conseillers soviétiques et chinois l’accompagnent et des déserteurs de l’armée française (légionnaires, Maghrébins ou Africains) servent les armes lourdes.

 

Enfin, il faut insister sur le fait que Navarre et Cogny (car ces frères ennemis sont au départ liés dans cette affaire) font des choix tactiques contradictoires pour la même mission. Ils voient dans Dien Bien Phu à la fois une base d’opération et un camp retranché : en réalité il ne sera ni l’un, ni l’autre.

 

Or cette aporie aura un impact sur le destin du camp lui-même. Alors qu’il sera rapidement démontré qu’il ne peut pas conduire d’opérations offensives, Dien Bien Phu n’est pas protégé comme un camp retranché devrait l’être. Les installations ne sont pas dissimulées ; les bunkers sont peu enterrés et en bois ; les abords ne sont pas nettoyés ; il n’y a pas de glacis ; les moyens médicaux et le nombre de lits sont insuffisants ; il manque du barbelé, des réserves et, un comble, même la dotation d’artillerie n’est pas complète ! 25

 

Un mal français ? Vantardises et rodomontades :

 

Les Français ont à l’occasion de cette bataille enfilé un nombre impressionnant de perles dont notre nation à le secret dans les grands moments de son histoire, sur le modèle de « la route du fer est coupée ! » de la seconde guerre mondiale ou du « ils ne passeront pas parce que nous sommes les plus forts ! ». On compte à ce florilège quelques pépites :

. Les Viets ne peuvent pas amener de l’artillerie si loin…

. … Mais si les Viets y parviennent cependant, elle sera détruite par les tirs de contre-batterie. « Des canons, j’en ai plus qu’il m’en faut ! » 26 Cette affirmation péremptoire conduira le colonel Piroth, chef de l’artillerie, au suicide.

. « Dien Bien Phu ce sera Nasan multiplié par dix. Nous n’écraserons pas une division mais quatre. » 27

. « Qu’attendez-vous pour déclencher cette bataille (…) Venez, je vous attends... » tracts signés du colonel de Castries, adressés au « généralissime » Giap et dispersés début février. 28

. « Ils ne faudrait pas qu’ils nous privent de la bataille ! » car l’inquiétude de certains est que l’ennemi n’attaque pas. « A quelques jours de l’offensive ennemie, la crainte principale du commandement en Indochine (dont Cogny 29) restait que le Vietminh renonçât à attaquer le camp retranché. » 30 Il ne sera pas déçu…

 

. Enfin, Navarre s’illustre devant la presse à Saïgon par un petit chef-d’oeuvre de jargon bureaucrato-militaire : « Le Vietminh est arrivé au plus haut point de ses prétentions et vient de donner la preuve qu’il a dépassé ses possibilités logistiques. » 31

 

L’extension des lignes de communication

 

En choisissant Dien Bien Phu, Navarre installe un dispositif majeur à 300 km par avion de son point de ravitaillement dans un pays où les conditions météorologiques sont régulièrement mauvaises. Le camp retranché ne peut survivre que par un approvisionnement régulier et par le soutien de l’appui feu de la chasse et des bombardiers, dont une partie est celle de l’aéronavale croisant sur les côtes du Tonkin. Le colossal pont aérien 32 réalisé après la conquête du site par les bataillons parachutistes, d’une part ne permettra pas l’équipement en matériel lourd (béton, notamment) des casemates mais surtout ne pourra être maintenu au fur et à mesure que le camp perdra sa piste d’atterrissage et que la DCA viet sera de plus en plus efficace malgré le courage insensé des aviateurs. Plus que par l’assaut, Dien Bien Phu périra par componction !

 

La dispersion des moyens

 

Opération Atlante : pendant que l’affaire Dien Bien Phu est en cours, le général Navarre lance l’opération Atlante qui vise à dégager le centre et le sud Annam d’une implantation de longue date des forces vietminh qui menacerai à terme le Cambodge. 33 Cette opération, à laquelle tient beaucoup le commandant en chef, certes mobilise des troupes disparates et/ou fatiguées mais elles consomment en réalité des réserves sur un objectif à l’importance relative. Installé dans cette zone dès 1945, le Vietminh n’a pas fait évoluer son dispositif depuis cette date mais a pu consolider ses défenses et recevra sévèrement les attaquants. De son côté Cogny est obsédé par le Delta et rechigne à prêter la main à Dien Bien Phu à la grande colère de Navarre qui oublie qu’il a aussi ses propres priorités. 34

 

Bureaucratie : gagner ou perdre pourvu que ce soit dans les règles de l’administration !

 

Le soutien logistique et humain organisé à Hanoï va atteindre des sommets de « courtelinisme ». Le chef des parachutistes d’Indochine (le colonel Sauvagnac) exige que les volontaires sautant sur Dien Bien Phu aient leur brevet para et leur fait suivre le stage complet ! 35 Cette obligation ne sera levée qu’à la toute fin du siège et les parachutés survivants n’auront confirmation de leur brevet para que bien des mois plus tard grâce à l’acharnement de Castries. Hanoï exige aussi que les parachutages d’hommes et de matériel soient faits dans les conditions réglementaires de largage. Ce qui s’avérera également impossible dès la moitié de la bataille. Les avions français approvisionneront donc les troupes de Giap en matériel frais dont des obus.

 

Dien Bien Phu : le mépris du renseignement ?

 

Comme dans de très nombreuses défaillances ou défaites françaises, dans cette affaire il ne sera guère tenu compte du renseignement, aussi exact soit-il. Comme en août 1914 et en juin 1940 où le deuxième bureau français donnait la date, le lieu et l’endroit des offensives allemandes avec la même absence de résultat, les services français ont suivi au jour le jour, les préparatifs vietminh jusqu’à donner au bout du compte le jour et l’heure de l’attaque. 36 Les Français, qui ont percé les codes de l’ennemi suivent donc la mise en place de l’encerclement, la remontée des divisions d’élite, le nombre des troupes, l’arrivée d’une capacité de DCA massive avec les canons de 37 mm, la disposition et le dessin précis des batteries d’artillerie jusqu’au nombre d’obus disponibles et les cadences de tir théoriques de l’ennemi. 37 De tout cela il n’en sera fait aucun usage alors que Navarre avait fait brillamment la première partie de sa carrière dans le renseignement (mais c’était contre l’Allemagne). 38 A quoi bon puisque l’on espère la bataille !

 

Le centre de gravité stratégique, refuser la bataille ?

 

Au plan stratégique, en janvier 1954, l’implantation à Dien Bien Phu, avant le déclenchement de la bataille elle-même, ne répondait déjà plus aux objectifs qui lui avaient été affectés. Le Delta subissait toujours la pression ; la pénétration vers le Laos avait été reprise par les hauts plateaux ; les opérations de nettoyage du Centre-Sud Annam (Atlante) ne rencontraient pas de résistance car les divisions ennemies s’étaient effacées. A partir de ce constat – mais qui avait le malheur de faire le bilan de sa propre stratégie - Navarre pouvait donc envisager l’évacuation du camp en réaffectant 10 000 hommes à d’autres tâches tout en les sauvant de la destruction. 39 Si le supposé « piège » de Dien Bien Phu n’avait pas fonctionné comme prévu et se révélait finalement une chausse-trape pour lui-même, il lui avait fait gagner un temps précieux et il avait rempli son troisième objectif : empêcher l’attaque du Laos.

 

Mais en décembre 1953, l’étau viet se resserrait déjà dangereusement autour de Dien Bien Phu et le concept de base d’attaque – fonction tactique initialement dévolue à Castries - se révélait définitivement inopérante. Navarre pouvait donc déjouer le « centre de gravité » recherché par Giap en lui refusant la bataille par l’évacuation de la garnison. Cette évacuation, il l’évoque lui-même dans une lettre du 13 décembre 1953 à « son » ministre Marc Jacquet (Secrétaire d’Etat aux relations avec les Etats associés) dans laquelle il révise considérablement à la baisse ses chances de succès et envisage une évacuation (si la présence de moyens d’artillerie lourd et de DCA venaient à être confirmés.) cette lettre restera sans réponse. 40 L’hypothèse de l’évacuation est également formulée par Navarre auprès du général Cogny qui balaye l’argument lui demandant ne pas porter atteinte au moral de la garnison : « exaltée à la perspective par une grande victoire défensive. » 41 Après la défaite, pour se dédouaner, Cogny saura faire entendre un autre son de cloche...

 

Un peu plus tard, les missions d’inspection sur le site avait corroboré les inquiétudes de certains inspecteurs et non des moindres. Evacuer Dien Bien Phu et redessiner le schéma stratégique autour d’une option resserrée fut débattue et présentée, en l’absence du général Navarre, au ministre Pleven et au Secrétaire d’état de Chevigné par les généraux Ely (président de l’état-major général des armées), Blanc (chef d’état-major de l’armée de terre) et Fay (chef d’état-major de l’armée de l’air) dans une réunion le 10 février 1954, à Saïgon longtemps restée secrète. Ses conclusions demeurèrent sans suite. 42 Le général Ely, rentré à Paris et parlant du camp, suggérera de « s’en débarrasser » ! 43 Blanc reformulera ses préconisations devant le Comité de défense du 9 février. 44 Mais aucune recommandation officielle ne viendra appuyer ce sentiment partagé des militaires de haut rang (à commencer par le Maréchal Juin). Fay, le plus critique sur le site écrira des propos lénifiants une fois rentré à Paris. 45 Sur le terrain Cogny, qui se répandra par la suite dans des « je l’avais bien dit » propres à protéger sa carrière, ne défendra en aucun moment l’option du retrait ; bien au contraire.

 

Pour le général Blanc, il s’agissait d’abandonner rapidement le Tonkin, indéfendable, et de se replier sur l’Annam et la Cochinchine dans lesquels une véritable défense était possible (ce qui correspondait peu ou prou après les accords de Genève à un peu plus que le Vietnam du Sud).

 

L’autre option eut été, dans une approche à la Giap, de tout jouer sur la bataille, et de mettre pour quelques jours tous les moyens français disponibles sur la défense de Dien Bien Phu. Selon le général Gras, le Delta et l’Annam aurait pu survivre quelques temps à ce prélèvement provisoire qui aurait pu permettre de couper les lignes de communication vietminh en encerclant les encercleurs . C’était jouer son va-tout mais c’était bien ce qui se jouait déjà dans la cuvette. « Il (Navarre) lui restait cependant la possibilité de reporter tout son effort sur la région la plus importante et la plus menacée du théâtre d’opérations. C’est alors qu’il aurait pu, lui aussi jouer le tout pour le tout avant la conférence de Genève, et tenter, à partir du Delta, de couper les communications de l’adversaire. Il n’est pas douteux qu’il a laissé passer, à ce moment là, la dernière occasion de gagner la bataille de Dien Bien Phu. » 46

 

Pendant et après : défaillances, héroïsme et illusions

 

Centre de gravité tactique : Les trois premiers jours et la faillite du commandement

 

La bataille est perdue entre le 13 et le 15 mars 1954.

 

Il ne s’agit pas ici de d’accabler une fois de plus les responsables dans la conduite tactique de la bataille. Certains s’acharnent sur Castries quand d’autres désignent Langlais, son adjoint opérationnel trop sûr de lui, ou fustigent toute la chaîne. Toujours est-il que le continuum de commandement Castries-Langlais-Hanoï-Saïgon commet deux erreurs majeures qui conditionneront la défaite inéluctable en ne reprenant pas, une fois la surprise et le choc passés, coûte que côute les positions perdues, surtout Béatrice 47, et ensuite Gabrielle et Anne-Marie dont le contrôle conditionne le maintien de la piste d’atterrissage. 48 En trois jours Giap a détruit le centre de gravité français qui en l’occurrence sont les défenses de l’aérodrome et donc l’aérodrome lui-même. Le reste n’est qu’une affaire d’héroïsme. Bigeard, avec son génie tactique évident ne pourra, plus tard, qu’aider à reculer l’inévitable. La bataille est donc perdue entre le 1er et le 3ème jour. On ne reviendra pas sur le déroulement tactique si souvent décrit. Les 77 jours suivants ne seront qu’une lente agonie.

 

Comme le dit de façon éclairante Henri de Brancion, « ... si la protection de la piste était prioritaire pour les Français, elle constituait, par symétrie, l’objectif n°1 de Giap. De fait elle fut mise hors d’usage la première nuit et ne put jamais reprendre son rôle essentiel dans la bataille ce qui modifia du tout au tout les conditions de l’affrontement. » 49 Effondrement psychologique, mauvaise appréciation de la conduite de la bataille ? Cet objectif prioritaire disparaît du souci tactique français dès le deuxième jour du combat et sonne le glas du camp retranché. Les parachutages et le sacrifice des « paras d’un jour » et des aviateurs ne servira qu’à retarder l’inévitable. Le 7 mai à 17h30 les combats s’achèvent en « laissant mourir le feu » selon les mots de Cogny et sans drapeau blanc. Le camp ne s’était pas rendu, il avait juste cessé de combattre. Giap venait de gagner la première bataille du Tiers-Monde contre une force occidentale depuis le XIXème siècle.

 

Rêves et illusions

 

. Les bombardements américains (du raid massif à la bombe atomique !)

 

La demande française ou la proposition américaine d’utiliser la bombe atomique pour sauver le camp retranché fut un des grands mystères historiques de l’affaire de Dien Bien Phu. 50 On ne peut que rester circonspect voire sceptique sur l’idée qu’ont pu se faire certains Français – y compris de haut rang – sur les intentions américaines. Rappelons que Truman ayant refusé d’utiliser l’arme nucléaire en Corée et mis à pied le général Mac Arthur pour l’avoir exigé. On voyait mal son successeur, le – Président et général Eisenhower, souscrire à cette demande « à l’emporte-pièce » pour une affaire sans commune mesure avec la dimension de la Corée. Le ministre des Affaires étrangères Georges Bidault qui était parti négocier à Washington, a juré qu’elle avait émané d’Allen Dulles lui -même. A-t-il surinterprété des paroles bienveillantes du ministre américain ; s’est-il auto-intoxiqué ; y a-t-il eu erreur de traduction ? On ne le saura pas. La « proposition » qui aurait eu l’aval de certains militaires des deux bords et qui avait pu également être étayée à partir de déclarations « va-t-en guerre » de Richard Nixon alors Vice-Président, sera repoussée par le Président du Conseil Joseph Lainiel et, au final, par Bidault lui-même... 51 Cette histoire acadabrantesque n’en demeure pas moins illustrative d’un état d’esprit général, notamment du côté français en attente d’un « miracle » qui ne viendra pas.

 

En revanche un bombardement massif des positions vietnamiennes par l’aviation américaine (opération Vautour) aurait pu débloquer la situation en évitant la reddition. Mais personne n’a finalement voulu assumer les conséquences politico-diplomatiques que ce geste aurait entraînées. Pourtant cette option a été à deux doigts de se concrétiser. C’est finalement l’opposition des Britanniques (Churchill !) qu’Eisenhower avait imprudemment consulté qui fit pencher la balance. Qui plus est, pour certains diplomates, l’intervention directe des Américains aurait internationalisé de facto le conflit (en oubliant que Russes et Chinois « conseillaient » déjà le Vietminh sur le terrain.) 52

. L’évasion impossible : opérations Xénophon, Ariane, Condor, Albatros, Desperado…

 

Faute d’une évacuation qui aurait pu être menée au bon moment avec les grands moyens, l’idée d’une « évasion » des combattants valides vers les maquis de l’arrière fit son chemin. Cinq options furent étudiées. La première de grande ampleur, Xénophon, dès janvier 1954 envisageait une évacuation avec hommes et matériels. En parallèle était étudiée une simple évacuation des troupes (Ariane). 53 Les autres plans ne furent que des variantes fortement dégradées de la deuxième qui prévoyait d’évacuer par la route l’ensemble des troupes ; mais, dans tous les cas de figure, l’ampleur des moyens nécessaires fit reculer le commandement. Les deux autres, Condor et Albatros furent élaborées au fur et à mesure que la situation empirait pour exfilter les survivants. 54 La dernière fut abandonnée. Fortement suggérées par Cogny mais réfutées par Navarre qui ne s’y résoudra que trop tard, le principe était que les groupements mobiles qui animaient la guérilla sur les arrières de l’ennemi en pays laotien, avec les supplétifs Meos notamment, se rapprochent le plus possible de Dien Bien Phu et accueillent les « évadés » selon un schéma prédéfini. Le capitaine Sassi, le lieutenant-colonel Godard (qui s’illustra plus tard différemment à Alger) et le capitaine Loustau commandaient ces groupements aux origines variées. 55 Mais là aussi cette hypothèse tenait du rêve. Giap tenait sa proie et n’allait pas la laisser s’échapper. 56 Les tentatives « d’offensives » avant la bataille proprement dite avaient toutes tourné court et l’évacuation de Laïchau (autre point d’appui au nord) dont la garnison devait en principe renforcer celle de Dien Bien Phu avait fini en massacre des supplétifs thaïs qui étaient censés rejoindre à pied… Les détachements avancés de ces groupes mobiles et commandos se contentèrent de voir brûler le camp et rentrèrent chez eux en ne ramenant qu’une poignée de survivants chanceux récupérés au hasard.

 

Le centre de gravité politico-stratégique : la conférence de Genève

 

La conférence de Genève qui s’ouvre le 26 avril 1954 change la nature de la bataille. De tactique, elle devient stratégique pour les Vietnamiens qui voient dans la conjonction des dates la fusion miraculeuse de leurs objectifs. Ce « détail » majeur n’est pas vu ou ne veut pas être vu par les Français qui s’enferrent eux-mêmes dans la nasse.

 

De fait, cette conférence que personne n’avait mise à l’agenda international est suggérée par la France même le 25 janvier 1954 lors de la conférence de Berlin, inaugurant ainsi une singulière forme de suicide diplomatique.

 

La sous-estimation du résultat ou Le syndrome du « Chevalier noir »

 

Dans le film « Sacré Graal » des humoristes britanniques, les Monty Python, un chevalier en armure noire barre la route des deux héros et les défie en combat singulier. Le Chevalier noir se fait couper un bras, se relève et veut continuer le combat. Il se fait couper un deuxième bras, et il repart à l’assaut. Ayant perdu successivement tous ses membres, le Chevalier noir saute sur son tronc démembré (humour anglais !) en traitant de lâches les chevaliers qui passent leur chemin. Cette parabole peut parfois s’appliquer à quelques généraux qui refusent d’admettre la défaite, mais pas seulement à des militaires : « La guerre n’est pas une catégorie autonome », constate Hervet Guineret, « c’est d’ailleurs ce que les militaires ont parfois du mal à comprendre. Le but de la guerre est d’amener une situation politique » 57…. « La force de caractère nous conduit à l’obstination qui en est une dégénérescence » rappelle Clausewitz. 58 C’est ce qui différencie pourtant Churchill en 1940 et Hitler en 1945.

 

De la défaite tactique à la défaite stratégique

 

Perdre est presque inclus dans l’ADN de la guerre. L’incertitude, « le brouillard » dont parle Clausewitz en est un des principes majeurs – « …le résultat n’est jamais assuré, mais seulement vraisemblable,… » 59. Les adversaires de Napoléon, sur 15 ans vont perdre presque toutes les batailles ou presque, sauf la bonne ! Cependant, le refus, de la part de certains chefs militaires de ne pas voir qu’une défaite tactique a priori relative signe en réalité le glas d’un désastre stratégique, diplomatique et politique demeure une constante historique.

 

Autrement dit, le soldat vaincu reproche au pouvoir politique d’avoir manqué du courage minimum qui eût permis de l’emporter au final sur l’adversaire dans un « ultime petit effort » – (« J’ai été trahi par l’arrière » clama le généralissime Gamelin en juin 1940 et le général Westmorland au Vietnam quelques années plus tard pensait qu’on l’avait privé de la victoire en n’envahissant pas le Nord). Parfois, le chef militaire a-t-il raison, mais pas toujours…

 

Clémenceau disait certes que « celui qui est vainqueur, c’est celui qui peut, un quart d’heure de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu. 60 » mais il se plaçait dans le cadre d’une confrontation bilatérale qui se jouait à « armes égales » et à modes de pensée compatibles. Dans le cas particulier des guerres du Vietnam comme d’autres conflits asymétriques qui suivront (dont l’Algérie), il s’agit pour l’adversaire quantitativement le plus faible, de faire plier la volonté de l’autre en comptant sur ses faiblesses psychologiques (justesse de la cause au moment où elle se déploie, opinion publique, nombre de morts, etc.). A Dien Bien Phu nous sommes bien donc au cœur de la guerre clausewitzienne dont le résultat est « soumettre à notre volonté » 61. Mais elle est aussi la démonstration de ce que le général Gambiez 62 appelle « le style indirect » qui « vise à mettre l’adversaire en état d’infériorité par les actions préliminaires qui le disloquent moralement et matériellement, avant que de l’achever par la reddition ou par la bataille. 63 » Qui plus est, l’adversaire irrégulier dispose d’un avantage concurrentiel majeur : La défaite au sens militaire ne joue que pour l’un des partenaires et pas pour les deux car le temps est l’allié des guérillas. Giap pouvait perdre la bataille, mais pas Navarre ! Ce sont donc deux conceptions mentales de la guerre qui s’affrontent. Ce processus reste encore aujourd’hui incompréhensible pour certains. Ce sont pourtant les limites de la contre-insurrection et de ses théories.

 

La mise : poker ou roulette russe ? Le général Navarre dira un jour : "je considère donc que les effectifs réunis à Dien Bien Phu constituent la "mise" qu’il était possible et nécessaire de faire pour la défense du Haut Laos et pour maintenir notre présence en Haute région. Cette "mise" peut donner des résultats considérables si nous gagnons la bataille. Elle pourrait être en grande partie perdue si nous perdions cette bataille. En tout état de cause, Dien Bien Phu aura joué le rôle d’abcès de fixation et aura permis d’éviter la bataille générale du Delta." 64 Cette notion de « mise » est importante en stratégie. Tout général va faire un choix engageant ses forces et est censé calculé à la fois le gain et le risque. « Napoléon a joué son armée dans la campagne de Russie » note Raymond Aron, « et il a perdu sa mise ; prix payé pour de grandes espérances. 65 » « Enorme enjeu qu’il mit volontairement à cette partie colossale, au gain de laquelle il attachait tant de prix ! » renchérit Clausewitz. 66 Engager la guerre et la bataille est donc miser comme au poker. Mais dans cette affaire Navarre se contente de miser un peu alors que Giap, comme on dit, fait tapis. Et c’est là toute la différence. En refusant de se détourner de ses autres objectifs pourtant secondaires, le général en chef perd tout ; la bataille et l’Indochine. Navarre - argument qui fut également repris par le général Catroux - tenta de justifier son choix et d’en limiter l’importance en excipant que, dans cette bataille, il n’avait perdu que 5% du corps expéditionnaire et qu’il ne s’agissait que d’un revers tactique qui ne remettait pas en cause la défense globale de l’Indochine. 67 Sur l’analyse froide des chiffres, le général avait raison. 68 Mais c’était oublier le choc psychologique et la dimension stratégique et politique de Dien Bien Phu.

 

Comme le fit justement remarquer le général Beaufre, « Dien Bien Phu était un épisode de « mécanique rationnelle » dans une campagne menée sous le signe de la stratégie indirecte. 69 » Deux univers mentaux foncièrement différents s’opposaient. En pleine conférence de Genève, la défaite démontrait l’incapacité française à tenir l’Indochine et légitimait de facto Ho Chi Minh et le gouvernement du vietminh. Elle donnait également en France un argument décisif à ceux qui voulaient, quelle qu’en soit la raison, se débarrasser du fardeau indochinois. 70 Ce n’était pas une défaite tactique marginale ; Genève en avait fait un maelström stratégique.

 

Le lien politique entre la conduite de la bataille côté vietminh et les événements internationaux semble être confirmé par le timing du général Giap. D’après les renseignements français (confirmés ensuite par les sources vietnamiennes) Giap avait décidé l’ouverture des combats au 25 janvier. Or il va surseoir à cet engagement en invoquant des raisons prétendument techniques. En réalité, le pouvoir vietminh, très bien renseigné, sait que va s’ouvrir la conférence de Berlin, dans laquelle la question indochinoise sera évoquée. Pour Ho Chi Minh il est donc essentiel que la bataille suive le tempo diplomatique. 71

 

Cette coïncidence des combats avec le calendrier international pourrait expliquer un mystère tactique. Pourquoi Giap n’a t-il pas anéanti l’artillerie lourde française dès le début de la bataille alors que malgré ses faiblesses initiales, elle jouera un rôle considérable de retardement ? 72

 

Une hypothèse est que Giap fut dépassé par son succès comme l’avait été les Allemands qui, utilisant pour la première fois les gaz de combat dans la Somme, ne surent pas l’exploiter. Une autre pourrait être que le commandement vietminh ait décidé, en l’épargnant, de faire durer le camp retranché pour qu’il tombe juste au moment de la conférence. En conquérant le camp point d’appui par point d’appui et malgré les pertes colossales et les contestations internes qui s’en suivirent 73, Giap créait les conditions d’une bataille épique qui trouvait son apothéose au meilleur moment politique. Une défaite brutale et hors timing en aurait peut-être altérée la dimension et l’impact.

 

D’une certaine manière les deux hommes jouaient bien au poker. Mais la dimension politique (« l’enjeu colossal » de Clausewitz) sublimait la partie du vietnamien. L’un n’avait pas voulu tout miser ; l’autre si !

 

Le Crime

 

Français et vietnamiens se sont battus à la loyale dans cet affrontement homérique. L’un a gagné, l’autre perdu. De cela il n’y a rien à dire. Mais c’est dans l’après que la guerre se transforma en crime de guerre. Pour un effectif de 15 090 hommes au 5 mai (qui inclut les parachutés) et nonobstant les pertes des deux jours suivants, le vietminh captura donc 5 500 valides et 4 500 blessés. 858, les intransportables furent rendus juste après la chute du camp 74. A la signature des accords, quelques mois plus tard, il en restitua 3 900 sur 10 000 ! 75 Les autres étaient morts d’épuisement dans cette marche de la mort vers les camps, puis de privations et de mauvais traitements – le tout accompagné d’un matraquage idéologique qui marquera définitivement les esprits des survivants. 76

 

Conclusion : « celui qui n’a pas clairement conscience de ses objectifs ne sait pas répondre à l’ennemi »

77

 

« Le vaincu médite son sort parce que sa défaite résulte toujours des fautes de pensée qu’il a dû commettre, soit avant, soit pendant le conflit. » dit le général Beaufre. 78

 

En ce moment, la mode est à l’uchronie. 79 Le général Ely, qui remplaça Navarre comme commandant en chef, avait un jour posé la question de la victoire et de ses conséquences : et si Navarre avait gagné ? 80 Un peu de chance ; une meilleure défense sur le terrain ; des réactions pertinentes les trois premiers jours ; l’arrivée des Américains, comme la cavalerie dans les Westerns. A l’instar de Waterloo, on refait toujours les batailles perdues. Fuller nous dit que « si Napoléon avait gagné (…) il est presque certain que la septième coalition se serait effondrée. Mais elle aurait été sans doute suivi d’une huitième et peut-être d’une neuvième, et finalement la France aurait été vaincue. » 81 Comme pour Waterloo, il n’est pas sûr qu’à Dien Bien Phu la victoire eût pu changer grand chose à la grande histoire. Peut-être aurait-elle retardée la perte de l’Indochine ? Guère plus. L’abandon du Tonkin et le repli sur le Sud (envisagée par le général Blanc) se profilait comme une option stratégique et, déjà, les Américains pointaient leur nez puisqu’ils assuraient tout le financement de la guerre.

 

Mais pouvait-on gagner ? L’accumulation d’erreurs tactiques et stratégiques ont conduit inéluctablement à l’échec face à des vietnamiens qui eux disposaient de l’unité tactique et stratégique (un but politique, un but stratégique, un schéma tactique et les moyens pour y parvenir). La conjonction des buts de guerre (Zweck) et des buts dans la guerre (Ziel)- tels qu’identifiés par Clausewitz, produit un avantage déterminant face à celui qui ne l’a pas. De là découle l’impossibilité française – tant pour Navarre que le gouvernement d’utiliser les rares moments stratégiques disponibles pour sortir de la nasse. A aucun moment les Français ne savent ce qu’ils veulent vraiment ! Au delà de ses erreurs personnelles, Navarre ne fut que la victime expiatoire d’un système gangréné – ce que lui reconnut bien volontiers mais en termes voilés et en secret la commission d’enquête. La solitude du commandement et l’orgueil de l’homme seul firent le reste.

 

Obsédés par questions intérieures et européennes, les gouvernements successifs ne virent l’affaire indochinoise que comme secondaire. Pour le commandant en chef, Dien Bien Phu était un problème – certes important – parmi les autres… 82

 

Navarre reconnaîtra plus tard que la conférence de Genève avait changé la nature de la bataille. Mais sur le moment, il n’en tira aucune conclusion concrète. 83 De leur côté, Giap et Ho Chi Minh agiront sur les quatre centres de gravité de l’adversaire : au niveau international, la faiblesse de la position française ; au niveau national, l’indifférence puis l’hostilité de l’opinion publique ; au niveau stratégique, accepter la bataille proposée par les Français ; au niveau tactique, paralyser l’aérodrome. Tout est dit.

 

Le maître de sabre japonais du XVIIIème siècle, Matsumura Seisan, résume la question de Dien Bien Phu, en une formule éclairante : « Lorsqu’on gagne, il y a des victoires surprenantes mais lorsqu’on perd, il n’y a pas de défaite surprenante. » 84 Sans avoir forcément lu Clausewitz ni peut-être même les stratèges chinois, Giap sût utiliser la notion de « che » ou « le potentiel né de la disposition ». 85 Le commandement français le lui apporta sur un plateau. Restait à agir ensuite sur les centres de gravité ; ce qui fut fait avec un talent consommé. L’affaire de Dien Bien Phu montre bien qu’on ne peut opposer Sunzi et Clausewitz. Les lecteurs hâtifs prennent la lecture philosophique de la guerre qui est faite dans le livre 1 (duel, montée au extrêmes, trinité, non limite de la violence) pour des recettes à appliquer sur le terrain stratégique et tactique. Or la même souplesse se retrouve chez les deux auteurs dans l’emploi. Giap en fera l’éclatante démonstration et la synthèse implicite.

 

Finalement les Français s’engagèrent dans cette affaire sans tout faire pour la gagner (y compris sur le terrain même) et avec un mélange de légèreté et de morgue envers l’adversaire alors que les Vietnamiens y allaient en faisant tout pour la gagner.

 

1] Il y a plusieurs façons d’écrire Dien Bien Phu. Nous avons choisi la plus simple.

2 Jeune officier d’artillerie affecté à l’état-major, le général Schmitt fut un parachuté volontaire de la dernière heure. Il a raconté son histoire dans son livre, « De Dien Bien Phu à Koweït City », Grasset, Paris, 1992.

3 Dien Bien Phu un coin d’enfer, Robert Laffont, Paris, 1968. En Anglais : « The siege of Dien Bien Phu, hell in a very small place ».

4 Penser la guerre, Clausewitz, tome I L’âge européen, Gallimard, Paris, 1976, p. 258.

5 Vincent Desportes, « L’impertinente pertinence » de Clausewitz, CESAT – Pensées Mili-Terre ; penseemiliterre.fr/-l-impertinente-pertinence-de-clausewitz, p. 4.

6 De la guerre, traduction du Lieutenant-colonel de Vatry, Editions Gérard Lebovici, Paris, 1989, p. 872.

7 Voir la somme de Georgette Elgey, Histoire de la quatrième République, six tomes, Fayard, Paris, 1965-2012.

8 « Cette oeuvre sera poursuivie par la France qui est et demeurera sa propre mandataire. », discours du 15 février 1945, cité par Philippe Franchini, Les mensonges de la guerre d’Indochine, Editions France Loisir, Paris, 2003, p. 72. « Le général De Gaulle et ses conseillers ont bâti leurs projets sur une analyse idéale de la situation. » in Jacques Valette, La guerre d’Indochine 1945-1954, Armand Colin, Paris, 1994, p. 35

9 Voir Philippe Maxence, « Géopolitique d’une défaite », in Le Figaro Histoire, décembre 2013-Janvier 2014 n°11.dossier Dien Bien Phu – le piège, le sacrifice, la tragédie, p. 52-55.

10 Général Henri Navarre, Agonie de l’Indochine (1953-1954), Plon, Paris, 1956, p. 2.

11 Voir avec intérêt ses démêlés avec le général De Gaulle (« les dictateurs au petit pied » ! sic), Harry S. Truman, Mémoires L’année des décisions, tome 1 L’Amérique continue 1945, Plon, Paris, 1955, p. 193-203.

12 Pour la « geste » Latrienne voir la somme de Lucien Bodard, La guerre d’Indochine, (cinq tomes 1963-1967), réédition poche Folio, Paris, 1973.

13 Jeune lieutenant il commande une province au Tonkin et a un fils métis. Il reste 9 ans en Indochine de 1924 à 1933 pour revenir avec Leclerc en 1945 ; Voir ses mémoires, Fin d’un empire, tome 1, et tome 2 notamment pour la bataille d’Hoa Binh, Presses de la cité, Paris, 1970-1972.

14 Philippe Fouquet-Lapar, Hoa Binh (1951-1952) De Lattre attaque en Indochine, Éditions Economica, Paris, 2006

15 Zone formée par les eaux du Fleuve rouge et la Rivière noire et leurs affluents formant la zone stratégique entre la capitale du Nord à l’époque et la mer (le port d’Haïfong). Ne pas confondre avec le Delta du Mekong côté Saïgon.

16 Le texte du plan Navarre est publié dans le livre de Jean Pouget qui fut son chef d’état-major avant de sauter lui-même sur le camp retranché, Nous étions à Dien Bien Phu, Presses de la cité, Paris, 1964, p. 438.

17 « D’autre part et bien qu’il eût ce même 24 juillet, demandé à être fixé sur la conduite à adopter en cas de menace d’attaque sur le royaume du Laos, le commandant en chef n’a reçu ni instructions, ni directives l’éclairant sur ce point important. Si bien que lorsque le général commandant en chef eut l’impression que l’éventualité se réalisait, il a dû prendre de lui-même la responsabilité de la décision que l’on connaît. » Texte intégral du « Rapport concernant la conduite des opérations en Indochine sous la direction du général Navarre », rédigé par la Commission d’enquête militaire, in Georgette Elgey, Histoire de la IVe République, tome 2, op. cit. p. 616.

18 Voir Jacques Favreau & Nicolas Dufour, Nasan La victoire oubliée (1952-1953) Base aéroterrestre au Tonkin, Economica, Paris, 1999, 210 pages.

19 Voir Général Vo Nguyen Giap, Mémoires, tome II le chemin menant à Dien Bien Phu, Anako éditions, Fontenay-sous-Bois, 2004, p. 286-287.

20 Georges Fleury, Histoire de la guerre d’Indochine 1945-1954, Plon Paris, 1994, p. 504.

21 Yves Gras, Histoire de la guerre d’Indochine, Plon, Paris, 1979, p451-455.

22 Jules Roy, La bataille de Dien Bien Phu, Paris, René Julliard, 1963, op. cit., p. 133.

23 Voir Pierre Rocolle, ¨Pourquoi Dien Bien Phu ? Flammarion, coll. L’histoire, Paris, 1968, p. 224-234.

24 Ces points d’appui sont passés à la postérité sous des noms féminins : Anne-Marie, Béatrice, Claudine, Dominique, Eliane, Françoise, Gabrielle, Huguette, Isabelle, Junon, Lily ; soit ABCDEFG … et non le nom des filles du général de Castries comme cela a été dit parfois !

25 Fall, op. cit., p. 125-131.

26 In Jules Roy, op. cit., p. 152.

27 Castries et Cogny, in Roy op. cit., p. 165.

28 Pierre Pélissier, Dien Bien Phu. 20 novembre 1953-7 mai 1954, Perrin, Paris, 2004, op. cit., p. 214.

29 Pélissier, op. Cit., p. 209.

30 Le Haut Commissaire pour l’Indochine Maurice Dejean qui a en charge les affaires politiques – seul de Lattre cumulera les fonctions civiles et militaires, in Roy, op. cit., p. 154.

31 Roy, op. cit., p. 178.

32 Qui sera également assuré par les pilotes mercenaires des Tigres volants du fameux général Chesnault qui s’était auparavant illustrés en Chine pendant la deuxième guerre mondiale.

33 Voir Pierre Rocolle, Pourquoi Dien Bien Phu ? op. cit., p. 124 & 125 et Pierre Bruge, Les hommes de Dien Bien Phu, Perrin, Tempus, 2003, p. 120.

34 Roy, op. cit. p. 456 et Navarre, Le temps des vérités, Plon, Paris, 1979, p.334.

35 Pélissier, op. Cit., p. 361 ; Rocolle, op. Cit. p. 455.

36 Celle du 26 janvier comme celle du 13 mars ; Voir Henri Jacquin, Guerre secrète en Indochine, Olivier Orban, Paris, 1979, p. 231-327.

37 Bernard Fall, op. cit. p. 141-142. Pierre Rocolle, op. cit., p. 240-256.

38 « Selon une importante étude émanant de l’Ecole de guerre, l’état-major de Saïgon aurait « substitué aux faits, c’est-à-dire aux renseignements sérieux qui lui parvenaient, l’idée préconçue qu’il se faisait du Vietminh. » in Fall, op . Cit., p. 76.

39 Gras, op. cit., p. 527

40 Delpey, op. cit. p. 287-289.

41 Henri Navarre, Le temps des vérités, Plon, Paris, 1979, p. 377.

42 Roger Delpey, Dien Bien Phu l’affaire, Paris, Editions de la pensée moderne, Paris, 1974, p. 320-326, et Bernard Fall, op. cit., p. 145 ; propos réitérés par le général Fay sur le site lors de l’inspection du 19 février avec les mêmes, voir Pierre Pélissier, op. cit. p. 229-232, idem pour Jules Roy, p. 177 et Georges Fleury, La guerre en Indochine 1945-1954, Plon, Paris, 1994, p. 617.

43 Jacques Valette, op. cit., p. 326.

44 Pélissier, op. cit., p. 224.

45 Voir Cdt. Gilbert Bonnier, « Rapport Catroux sur Dien Bien Phu », Revue historique des armées n°1 1994, p. 73. cet article est une analyse du « rapport sur la conduite des opérations ... » dont le texte intégral figure dans l’ouvrage de Georgette Elgey, op. cit. Le Rapport n’est pas tendre avec le général Fay à qui « il appartenait de tirer les conséquences des lacunes révélées par lui et de s’employer à procurer aux combattants les matériels, les personnels et les crédits qui leur manquaient. » p. 74

46 Général Yves Gras, op. cit., 537. La commission d’enquête partage le même point de vue. Cdt. Bodinier, « Rapport Catroux », op. cit., p. 74.

47 Il y a débat : Castries a affirmé que la décision avait été prise par Hanoï et qu’il l’aurait refusé s’il avait dû décider seul. Rocolle (p. 360) affirme qu’elle l’a été par le général Gambiez en l’absence de Navarre à Saïgon. Gras (p. 547) et Roy (p. 207) considèrent qu’elle a été prise par Cogny ce que semble confirmer les mémoires de Navarre qui aurait refusé la trêve s’il avait été saisi. Le temps des vérités, op. cit. p. 428.

48 Castries accepte la proposition du Vietminh d’une trêve pour ramasser les blessés après la chute de Béatrice, interdisant de facto la reprise de ce point clé de la défense.

49 Dien Bien Phu, Artilleurs dans la fournaise, Presses de la cité, Paris, 1993, p. 258.

50 Voir Laurent Césari et Jacques de Folin, « Le projet « Vautour » en France : nécessité militaire, impossibilité politique », in Denise Artaud & Laurence Kaplan (dirs), Dien Bien Phu, l’Alliance atlantique et la défense du Sud-Est asiatique, La manufacture, Lyon, 1989, p. 137-156.

51 Voir George Herring & Richard Himmerman, « Le jour où nous ne sommes pas entrés en guerre », La politique américaine au moment de Dien Bien Phu : un réexamen », idem, p. 103-136.

52 Général Catroux, op. cit., p. 213.

53 Nom symbolique qui fait référence au général Grec qui conduisit en 401 av. JC la retraite des « Dix mille » (mercenaires grecs du roi Cyrus). Il raconte lui-même cette épopée dans son ouvrage l’Anabase. Voir Pierre Journoud & Hugues Tertrais, Paroles de Dien Bien Phu, les survivants témoignent, Tallandier, Paris, p. 88-91.

54 Cadeau op. cit., p 149-150

55 Voir colonel Roger Trinquier, La guerre, Albin Michel, Paris, 1980, p. 271. Les actions vers le camp retranché des groupes Godart et Loustau sont improprement connues sous le nom de « colonne Crèvecoeur » du nom du colonel du même nom qui commandait au Laos.

56 Cerise sur le gâteau, l’engagement de ces groupements sera fait sans véritable coordination ni connaissance mutuelle car ils ne relèvent pas des mêmes directions opérationnelles (Vientane, Saïgon, les services secrets,…). Voir Jean Sassi avec Jean-Louis Temblay, Opérations spéciales 20 ans de guerre secrète, Nimrod, Paris, 2009, p. 240-247 et Henry-Jean Loustau, Les derniers combats d’Indochine 1952-1954, Albin Michel, Paris, 1984, p. 224-246.

57 Clausewitz et la guerre, PUF, Philosophies, Paris, 1999, p. 34.

58 De la guerre, op. cit., 245.

59 Idem, p. 169.

60 Discours du 8 mars 1918 devant les Chambres.

61 De la guerre, op. cit., p. 33.

62 Gambiez sait de quoi il parle. Il est chef d’état-major du général Navarre et perd un fils à Dien Bien Phu.

63 Général Gambiez & Colonel Suire, L’épée de Damoclès, la guerre en style indirect, Plon, Paris, p. 34.

64 Lettre au Secrétaire d’Etat Marc Jacquet du 1er janvier 1954, Roy, op. cit. p 441.

65 Penser la guerre, Clausewitz, 1 l’âge européen, op. cit. p. 334.

66 De la guerre, op. cit. , p. 886.

67 Navarre, L’agonie de l’Indochine, op. cit. , p. 260-263. Catroux, op. cit., p. 112.

68 Voir notamment Ivan Cadeau, Dien Bien Phu 13 mars-7 mai 1954, L’Histoire en bataille, Tallandier, Paris, 2013, p. 171.

69 Général André Beaufre, Introduction à la stratégie, Pluriel, Hachette Littératures, 1963 - 1998, p. 184.

70 Voir notamment Alain Ruscio, Dien Bien Phu, la fin d’une illusion, L’Harmattan, Paris, 1987.

71 Jean Pouget, op. cit., 1954, p. 179-180 ; et Pélissier, p. 207-208.

72 « …, tout en lançant sa marée humaine à l’assaut de Béatrice, (…) Giap est passé ce jour là à côté de l’idée de génie (…) le chef de l’A.P.V. avait les moyens d’anéantir l’artillerie française en déclenchant contre elle la totalité de ses tubes. » Henri de Brancion, op. cit. p. 285.

73 Pélissier, op. cit., p. 343-345 et Giap ; op. cit., p. 261.

74 Rocolle, op. cit. pp 548-549.

75 Valette, op. cit., p. 331.

76 Voir Jean Pouget, Le manifeste du camp n°1, Taillandier, Paris, 2012 & Erwan Bergot, Convoi 42, Presses de la Cité, Paris, 1986.

77 Sunzi, L’art de la guerre, Champs Flammarion, Paris, paris, 1972, p. 118.

78 Introduction à la stratégie, op. it., p. 181.

79 Selon Wikipedia, Dans la fiction, l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé.

80 Fall, op. cit. p 489.

81 J. C. F. Fuller, Les batailles décisives du monde occidental, Berger-Levrault, Stratégies, Paris 1981, p. 304.

82 Ce sera un des gros reproches de la commission d’enquête. »En définitive, ainsi qu’il a été déjà mentionné, le général Navarre ayant accepté la bataille du Nord-Ouest, a commis l’erreur de ne pas la situer à son véritable plan, c’est-à-dire de ne pas la considérer – du moins dès la fin de décembre – comme la bataille principale de la campagne, celle qu’il fallait gagner ... » in Elgey, p. 587.

83 Henri Navarre, L’agonie de l’Indochine, op. cit., p. 299.

84 Cité par Kenji Tokitsu, La voie du karaté, pour une théorie des arts martiaux japonais, Seuil, Paris, 1979, p. 167.

85 François Jullien, La propension des choses. Pour une histoire de l’efficacité en Chine, Seuil, Points Essais, Paris, 1992, p. 23.

 

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 07:54
Paramédicaux des armées : fin de la formation initiale de la 136e promotion

 

29/04/2014 BCISSA  - DCSSA

 

« À l’exemple de Geneviève de Galard que l’on appelait l’ange de Dien Bien Phu et sur les traces de ces grandes figures qui ont marqué l’histoire du personnel paramédical des armées, nous avons la volonté d’accomplir avec fierté et courage les missions que le service de santé nous donnera et auxquelles nous avons été préparées… »

 

C’est par ses paroles que, le 18 avril, l’infirmière de classe normale Brunet, présidente de promotion, a conclu au nom de ses camarades la cérémonie de fin de stage de la 136e promotion « Formation militaire initiale – Militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées (FMI - MITHA).

 

Les personnels paramédicaux nouvellement engagés au sein des hôpitaux militaires reçoivent une formation militaire initiale de quatre semaines à Rochefort, au sein de l’école de gendarmerie. Cette FMI a pour objectif l’intégration dans la communauté militaire et l’acquisition des connaissances militaires et techniques nécessaires pour occuper un emploi au sein du SSA. La compréhension par le personnel soignant du fonctionnement des armées et de l’organisation de la vie militaire lui permet de mieux prendre en charge les militaires hospitalisés.

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 07:35
 Diên Biên Phu dans les fonds de l’ECPAD

 

Soixante ans après la bataille de Diên Biên Phu, découvrez les archives audiovisuelles de l’ECPAD, travail des reporters du SCA (service cinématographique des armées), ancêtre de l’ECPAD, présent en Indochine de 1945 à 1956.

 

- Dossier Diên Biên Phu


- Présentation du fonds Indochine


- L’Indochine dans les fonds cinématographiques de l’ECPAD


- Dossier documentaire : La bataille de Diên Biên Phu


- Galerie photos : La bataille de Diên Biên Phu

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 20:35
Bataille de Diên Biên Phu : 56 jours et nuits


07/05/2014 Bernard Edinger

 

Le 16 mars 1954, le sous-lieutenant Allaire, du 6e bataillon de parachutistes coloniaux, a été parachuté avec son unité sur le camp retranché pris sous un déluge de feu.

 

Tout n’est que bouleversement, renversement, saccage, cratères et désolation. C’est l’Enfer», décrit Jacques Allaire dans ses mémoires. Le sous-lieutenant, chef des mortiers lourds du 6e bataillon de parachutistes coloniaux (6e BPC), a déjà effectué deux séjours en Indochine ; l’un comme caporal et l’autre comme sergent. La veille de son parachutage, il s’adresse à sa section : « Vous savez tous que, demain, nous sautons sur Diên Biên Phu.

 

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 20:35
Qui se souvient de Diên Biên Phu?

 

07 mai 2014 Tout un monde

 

Il y a soixante ans, le 7 mai 1954, s’achevait au détriment de la France la terrible bataille de Diên Biên Phu. Elle concluait la première guerre d’Indochine en donnant la victoire à un mouvement national-communiste vietnamien en pleine ascension. Hanoï a décidé d’organiser de grandes cérémonies d’anniversaire, mais qui s’en souvient aujourd’hui ? Certainement pas l’Amérique, qui a oublié la longue guerre qu’elle perdit ensuite contre le Vietnam pour se consacrer désormais à une diplomatie beaucoup plus souple. Pas non plus la Chine, qui avait pourtant fourni à l’allié vietminh une aide militaire décisive, puis les plans de la bataille finale. Car ses relations avec le Vietnam sont désormais si mauvaises que celui-ci en est arrivé à inviter dans ses ports la flotte américaine…

 

Tribune de Jean-Luc Domenach*, Ceri

 

   La France, elle aussi, ignore ce soixantième anniversaire de Diên Biên Phu, et c’est dommage. Une raison de l’oubli réside dans l’empilement de médiocrités et de stupidités qui a provoqué la défaite de 1954, notamment (mais pas seulement) dans l’armée. Et pourtant, la trajectoire française au Vietnam comprend également le meilleur, même sur le plan militaire, et même à Diên Biên Phu.

 

   Ensuite, la France est parvenue à maintenir avec Hanoï des relations correctes, voire désormais amicales. Outre la persévérance du Quai d’Orsay, la raison en est simple : pour nombre de Vietnamiens, la France a été et reste un modèle de civilisation.

 

   C’est en effet que, pour le pire et le meilleur, le Vietnam a décidé de rester lui-même, c’est-à-dire indépendant : avant-hier contre le colonialisme français, hier contre l’impérialisme américain et aujourd’hui contre une Chine devenue la deuxième puissance du monde. En célébrant la bataille de Diên Biên Phu qu’il avait remportée en partie grâce à son puissant voisin, c’est à Pékin qu’il s’adresse pour l’avertir solennellement qu’il est prêt à défendre bec et ongles son indépendance.

 

   Cette constance dans l’affirmation des valeurs nationalistes a de quoi impressionner, d’autant qu’elle jette une lumière très vive sur l’Asie contemporaine. On a certes raison de mettre en évidence les performances économiques successivement réalisées par le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée, l’Indonésie et les autres pays de la région. Et l’on signale avec juste raison que ces performances font école dans d’autres pays, dont le Vietnam.

 

   Mais l’on oublie trop souvent des vérités essentielles. Leurs progrès économiques, aussi favorisés qu’ils soient par la mondialisation, sont inspirés par des projets fondamentalement nationalistes. Ces pays se sont affirmés autrefois contre les grandes puissances occidentales, mais ils sont désormais tout aussi méfiants contre les trois grandes puissances de l’Asie : le Japon, bien sûr, mais aussi l’Inde et surtout la Chine.En célébrant le souvenir de Diên Biên Phu, le Vietnam rappelle qu’il veut avant tout demeurer indépendant.

 

*Jean-Luc Domenach est directeur de recherches au Ceri-Sciences Po.

 

Note RP Defense : j'ai modifié les illustrations originales de l'article. Pour que la mémoire ne s'efface pas.

Prisonnier français libéré par le Viêt-minh. Source ECPAD

Prisonnier français libéré par le Viêt-minh. Source ECPAD

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 12:55
L' Indochine au musée de l'Armée

13 octobre 2013 Par Olivier Fourt

 

C'est la nouvelle grande exposition du musée de l'Armée aux Invalides. Elle est consacrée à la période coloniale en Indochine. De 1856 à la défaite de Dien Bien Phu. Elle regroupe près de 380 objets témoins de cette époque... « Indochine : des territoires et des hommes » sera inaugurée le mardi 15 octobre par le ministre de la Défense.

 

En avant-première, Olivier FOURT a pu glisser son micro dans les salles du musée...

CHR DEFENSE -13/10- Indochine Musée
(02:29)
 
 
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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 07:55
photo Armée de Terre

photo Armée de Terre

 

28/06/2010 Armée de Terre

 

Le général Marcel Bigeard est décédé vendredi 18 juin 2010 à son domicile de Toul, à l'âge de 94 ans, le jour anniversaire de l'Appel du général de Gaulle.

 

Une des personnalités les plus décorées de France, le général Marcel Bigeard était un héros des guerres d'Indochine et d'Algérie. Parachuté sur Diên Biên Phu, trois fois évadé, il fut cinq fois blessé, il était titulaire de 24 citations individuelles (voir extraits en bas de page).

 

Retiré dans sa maison de Toul en Lorraine, le général avait récemment publié son dernier et seizième ouvrage : « Mon dernier Round », aux éditions du Rocher.

 

« Bien plus qu'un chef, le général Bigeard, est un meneur d'hommes. (…) Mon général, sachez que l'amour passionné et jaloux de votre chère France, que vous laissez en héritage, sera précieusement transmis. » a déclaré Monsieur Hervé Morin, ministre de la Défense dès l'annonce de son décès.

 

Monsieur Hubert Falco, secrétaire d'État à la Défense et aux anciens combattants a rappelé : « Le général Bigeard nous laisse une légende, il nous laisse sa devise "croire et durer". Ces valeurs s'ajoutent à notre mémoire, elles viennent enrichir la mémoire collective. »

 

L'armée de Terre présente ses sincères condoléances à l'épouse et aux proches du général, ainsi qu'à ses compagnons d'armes.

 

Extraits de citations

 

> Citation à l'ordre du 123e RI en date du 1er mai 1940

« Jeune sous-officier plein d'entrain et de valeur volontaire pour toutes les missions périlleuses, a fait preuve au cours d'une reconnaissance profonde en territoire ennemi de courage et de sang-froid dans un terrain hérissé de difficultés et sous les feux de l'ennemi. »

 

> Citation à l'ordre du 79e RIF en date du 1er juin 1940

« Sous-officier volontaire pour toutes les missions dangereuses au cours d'une reconnaissance en territoire ennemi, a pris spontanément le commandement d'une patrouille pour aller chercher le corps d'un camarade tué dans les lignes ennemies. »

 

>Citation à l'ordre du 79e RIF en date du 5 juin 1940

« Jeune sous-officier volontaire pour une mission dangereuse a traversé les lignes ennemies et a réussi à rejoindre son régiment 48 heures après ».

 

> Citation à l'ordre de la division en date du 27 septembre 1944

« Commandant Marcel BIGEARD, parachuté le 8 août 1944, dans l'Ariège comme chef d'une mission alliée, n'a cessé de prendre une part active dans les combats qui ont amené la libération de ce département. […] Le commandant BIGEARD, sous le pseudo de MARCEL, est devenu pendant les journées de libération de l'Ariège, un héros légendaire dont le renom a dépassé les frontières du département. »

 

> Recommandation for the military cross (23 septembre 1944)

Commandant Marcel BIGEARD (nom de guerre AUBE)

« Aidé du chef de maquis espagnol et du major CRYPTE, le commandant BIGEARD a commandé toutes les opérations militaires du département de l'Ariège.[…] Ce qui menaçait de devenir un complet désastre est ainsi devenu un succès ; 1220 prisonniers allemands, 3 canon tractés, 80 camions, 220 Allemands tués et 120 blessés. Par son courage, son énergie et son esprit d'initiative, le commandant Bigeard a donné un merveilleux exemple à ses hommes et a permis la victoire d'un maquis très réduit sur des forces allemandes très supérieures en nombre au cours d'une bataille acharnée. »

 

> Citation à l'ordre de l'armée obtenue à Tu Lê

« Officier supérieur au passé prestigieux. Chef de guerre de grande classe, vient une fois de plus par l'étendue de ses connaissances militaires et par son courage personnel de s'imposer à tous, communiquant à ses hommes la foi qui l'anime et obtenant de son unité un rendement exceptionnel. Parachuté à Tu Lê (pays thaï) le 16 octobre 1952 en vue de tenir Tu Lê et de prendre liaison avec Gia Hoï a parfaitement rempli sa mission. Durement contre-attaqué dès le 20 octobre par un adversaire très supérieur en nombre, a tenu tête avec opiniâtreté puis, entamant une audacieuse manoeuvre à travers un terrain particulièrement chaotique a réussi à dégager ses troues encerclées, luttant pied à pied avec les rebelles et leur infligeant des pertes très sérieuses. Par son énergie et son emprise sur le bataillon qu'il a formé en France, instruit et mené au combat, a su maintenir très haut le moral de ses hommes et leur a permis d'accomplir un exploit qui s'inscrit dans les plus belles traditions françaises. »

Pour son action lors des combats de Tu Lê, le bataillon est cité à l'ordre de l'armée et le commandant Bigeard reçoit la cravate de commandeur de la Légion d'Honneur.

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