Un membre du Régiment d'opérations spéciales du Canada enseigne à un sergent comment utiliser correctement un inclinomètre pour déterminer la vitesse du vent, à Agadez, au Niger, le 21 février 2014. (Archives/Spc. Timothy Clegg/US Army)
11 février 2015 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca
Après avoir essuyé le feu des djihadistes de l’EI sur la ligne de front en Irak, voilà que les Forces spéciales canadiennes se retrouvent maintenant dangereusement près des combattants du redoutable groupe islamiste Boko Haram en Afrique.
«Oui, je peux confirmer que le CSOR (le Régiment d’opérations spéciales du Canada) est ‘teamé‘ [fait équipe, ndlr] cette année avec des forces du Niger, mais ne ne lutte pas contre Boko Haram dans la ville de Diffa», a bien confirmé à 45eNord.ca le Commandement des Forces d’opérations spéciales du Canada (COMFOSCAN).
Le Niger a été récemment le théâtre de violents combats entre les troupes gouvernementales et les extrémistes islamistes du groupe sanguinaire Boko Haram dans la ville de Diffa, qui se trouve sur la frontière avec le Nigeria.
Les forces spéciales canadiennes, pendant ce temps, s’entraînent avec les troupes du Niger à la périphérie de la ville en préparation «à l’exercice FLINTLOCK 15, […], un exercice financé par les États-Unis et dirigé par une nation africaine», précise le COMFOSCAN.
Les membres du groupe Boko Haram, eux, ont pris d’assaut une prison à Diffa le week-end dernier et ont pu se frayer un chemin dans une partie de la ville de 50.000 personnes lundi. Une voiture piégée a également explosé dans la ville, tuant cinq personnes et en blessant grièvement cinq autres.
L’armée du Niger a certes repoussé les insurgés de la ville, mais c’était tout de même la troisième attaque de Diffa en quatre jours.
Diffa est à environ cinq kilomètres de la frontière nigériane. Boko Haram, qui contrôle des régions frontalières au du Nigeria et dispose de 4.000 à 6.000 des hommes armés aguerris.
Le groupe a tué des milliers de personnes au cours des ans et cherche maintenant, à l’instar du groupe État islamique en Irak et en Syrie, à établir un émirat islamique dans le nord du Nigeria. Boko Haram a également mené des raids sur les pays voisins et a aussi choqué l’opinion internationale en 2014 avec l’enlèvement, non encore résolu, de 276 écolières à Chibok, au Nigeria.
La menace est réelle. Des milliers de personnes ont déjà fui la ville de Diffa et le gouvernement du Niger a conseillé à ceux qui restent de rester dans leurs maisons pendant les combats.
Les Forces spéciales canadiennes se trouvent donc, par le plus malheureux des hasards, encore une fois au mauvais endroit au plus mauvais moment… Vont-ils, après avoir essuyé les tirs des djihadistes en Irak alors qu’ils accompagnaient les forces irakiennes sur la ligne de front, se retrouver dans une situation semblable en Afrique, et, qui plus est, à l’occasion d’un exercice?
FLINTLOCK 15
FLINTLOCK est un exercice organisé et sponsorisé par le United States Africa Command (AFRICOM) depuis 2005 dans le nord et l’Afrique de l’Ouest pour «améliorer la capacité de sécurité des forces militaires régionales». Environ 1.000 militaires de plusieurs nations y prennent part chaque année. En 2015, l’exercice est organisé et hébergé par le Tchad.
FLINTLOCK 15 se déroulera du 16 février au 9 mars 2015.
La seule unité de forces spéciales canadiennes qui va y participer est le Régiment d’opérations spéciales du Canada (ROSC).
Selon le Commandement des opérations spéciales du Canada, les raisons de prendre part aux exercices FLINTLOCK sont simples: c’est une «excellente occasion pour le ROSC de se former dans un environnement austère, tout en continuant à construire l’interopérabilité et les relations avec les alliés, et en soutenant le gouvernement des initiatives du Canada dans la région du Sahel».
Plus de 1.200 personnels seront impliquées dans l’exercice Flintlock 15 au Tchad, avec des antennes au Niger, au Nigeria, au Cameroun et en Tunisie.
Les participants sont du Burkina Faso, du Danemark, du Canada, de France, d’Allemagne, d’Italie, de Mauritanie, des Pays-Bas, de Belgique, de Suède, de Norvège, du Sénégal, d’Espagne, du Royaume-Uni, du Mali, de République tchèque, d’Estonie, de Lituanie et des États-Unis.
La situation dans la région
Pendant ce temps, la guerre contre Boko Haram devrait s’accélérer dans les prochaines semaines. Le Nigeria a reporté son élection présidentielle jusqu’au 28 mars et se prépare maintenant à attaquer Boko Haram et à détruire ses bases.
En outre, le Tchad, le Bénin, le Cameroun, le Niger et le Nigeria ont convenu d’établir une force multinationale de 8.700 hommes pour venir à bout de Boko Haram.
Les soldats du Tchad, eux, ont déjà engagé la lutte contre Boko Haram dans le nord du Nigeria.
Dans le passé, la mission d’entraînement FLINTLOCK a déjà dû être annulé en raison d’un conflit dans la région où elle devait se dérouler. En 2012, FLINTLOCK, qui devait avoir lieu au Mali, a été annulée en raison de la poursuite des combats dans ce pays. Mais il semble, cette fois, qu’il n’est pas question d’annulation.