02 avril 2014 Romandie.com (AFP)
BARBY (France) - Premier site militaire à faire sa mue écologique, le quartier du 13e bataillon de chasseurs alpins (BCA), en Savoie, a réduit de moitié sa consommation d'énergie et pourrait servir de modèle aux autres casernes hexagonales.
Ce qui est fait ici sert évidemment de laboratoire, estime le colonel Jacques Massot, chef de division au service d'infrastructure de la défense de Lyon.
Le quartier Roc Noir de Barby (Savoie), qui accueille quelque 1.100 chasseurs alpins au pied du massif des Bauges, a connu ces deux dernières années une mutation profonde mais presque invisible.
Les bâtiments à deux étages des années 1970 ont gardé leur façade grisâtre et sans charme. Mais des moquettes solaires installées sur les toits permettent désormais de produire de l'eau chaude. L'isolation a été revue de fond en comble et les chauffages électriques, installés à l'âge d'or du nucléaire, ont été remplacés par une chaufferie au bois, alimentée par les massifs forestiers de la région. Un réseau de chaleur court sous le gazon et des pompes à chaleur font l'appoint.
Au total, ce sont 30 bâtiments (pour une superficie chauffée de plus de 41.500 m^3) qui ont été rénovés. Et le contrat passé avec une filiale d'EDF (EDF Optimal Solutions) prévoit une baisse de 46% de la consommation d'énergie et une réduction de 50% des émissions de CO2. Plus de la moitié des besoins (58%) sont couverts par des énergies renouvelables. Et l'ensemble est piloté par informatique.
Lancés dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, ces travaux étaient rendus nécessaires par la vétusté des installations, à bout de souffle, qui tombaient régulièrement en panne, selon le colonel Massot.
Parfois, le chauffage ne marchait pas et il y avait très souvent des coupures d'eau chaude. Au retour de 15 jours de mission en montagne, on était obligé de mettre une veste et d'allumer un chauffage d'appoint, témoigne le caporal Clément Moreau, 28 ans. Aujourd'hui, ça s'est bien amélioré.
- Des sources d'économie considérables -
Cela participe au confort de nos hommes. Et en tant que montagnards, on est très attaché à la préservation de l'environnement, appuie le lieutenant-colonel Thomas Guérin, commandant en second du 13e BCA.
C'est EDF Optimal Solutions qui a financé les travaux dans le cadre d'un partenariat public-privé. Pendant 18 ans, l'Etat paye un loyer d'environ 1,5 million d'euros par an, comprenant notamment l'exploitation des installations et le remboursement de l'investissement.
En contrepartie, l'Etat réalise un gain financier de 300.000 euros par an sur sa facture d'énergie.
Une deuxième opération similaire a d'ores et déjà été lancée pour le camp militaire de La Valbonne (Ain), qui accueille le 68e régiment d'artillerie d'Afrique et le régiment médical (3.000 militaires).
Le marché a cette fois été conclu avec Cofély, une filiale de GDF Suez, avec des travaux financés directement par l'Etat.
Il y a d'autres projets qui vont se nourrir de cette expérience, avance le Colonel Massot. Car, en cette période de disette budgétaire, dépenser moins, c'est rendre plus acceptable la contrainte qui pèse sur nos budgets, souligne-t-il.
Et les sources d'économie d'énergie au sein du patrimoine immobilier de l'armée sont potentiellement considérables.
Selon un rapport du Sénat, le ministère de la Défense utilisait, au 31 décembre 2008, 90 bases aéronavales et 8 bases navales, 41 camps d'entraînement, 99 camps militaires, 5.552 casernes, 25 centres de recherches et d'essais, 179 dépôts et 151 entrepôts, 875 locaux de bureaux, 98 immeubles administratifs ou à usage de bureau, 7.635 appartements, 737 immeubles collectifs d'habitation, etc.
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