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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 08:55
Constellation de satellite Elisa. crédits CNES PHOTON REGY Michel

Constellation de satellite Elisa. crédits CNES PHOTON REGY Michel

 

Les satellites Elisa ont contribué à la préparation du programme CERES pour fournir à la Défense la capacité de localiser et caractériser les radars au sol depuis l’espace

 

12/03/2015 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Avec la mise en service en 2020 de trois satellites CERES (Capacité de renseignement électromagnétique d'origine Spatiale), la France va entrer dans le club très, très fermé des pays possédant une telle technologie. A ce jour, seuls les États-Unis, la Russie et la Chine disposeraient de tels outils ultra-perfectionnés.

 

De grandes oreilles dans l'espace. Avec la mise en service en 2020 de trois satellites espions CERES (Capacité de renseignement électromagnétique d'origine Spatiale-ROEM), la France va entrer dans le club très, très fermé des pays possédant une telle technologie. A ce jour, seuls les États-Unis, la Russie et la Chine disposeraient de tels outils ultra-perfectionnés qui vont lui permettre de maîtriser les systèmes de télécoms et de radars ennemis. Car les satellites CERES ont la capacité de localiser et d'identifier les signaux émis par les systèmes adverses. Ce qui permettra de cartographier les centres de télécommunications et les radars dans les zones de conflit, et d'évaluer leur niveau d'activité, y compris "sur des zones inaccessibles par les capteurs de surface", a précisé la Délégation générale de l'armement (DGA), maître d'ouvrage du programme.

Ce programme permettra par exemple de préciser le danger que représentent les radars ennemis afin de garantir la suprématie des avions français, ou encore de déterminer l'architecture des réseaux de communication adverses. En d'autres termes, la France pourra envoyer en toute indépendance ses avions qui pourront entrer en premier sur un théâtre d'opérations extérieures, contrairement à la Libye où l'aide des États-Unis avait été précieuse. Le programme CERES, découpé en plusieurs tranches conditionnelles, est s'élève à 450 millions d'euros, selon la DGA. Le ministère de la Défense a notifié un contrat portant sur la production des satellites à Airbus Defence & Space, en tant que chef de file, et Thales.

 

Jean-Yves Le Drian conscient des atouts du spatial militaire

Conscient de ces enjeux et malgré les tensions qui pèsent sur le budget de la défense, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait "le choix d'inscrire dans la loi de programmation militaire (LPM) un niveau d'ambitions élevé, avait-il expliqué le 13 février à Cannes chez Thales Alenia Space (TAS). Ce niveau n'est pas superflu. Il est adapté aux besoins de sécurité de la France, comme à ses responsabilités internationales, dans un contexte où notre environnement stratégique se durcit et où les menaces abondent".

Du coup, le ministère de la Défense a dû consentir un effort financier qui correspond, sur la durée de la LPM, à un total de 2,4 milliards d'euros pour les programmes spatiaux, qui "visent à conforter quatre capacités essentielles" : l'imagerie sécurisée optique, infrarouge et radar, avec les satellites CSO, les communications de grande élongation, avec SICRAL 2 et bientôt COMSAT NG,  l'écoute des signaux électromagnétiques avec la réalisation de CERES et la surveillance de l'espace extra-atmosphérique, pour laquelle la France propose la mise en place d'un programme européen. Et de rajouter alors : "l'ampleur des investissements qui sont nécessaires pour conserver un outil industriel, avec le niveau d'excellence que j'ai pu constater aujourd'hui, n'est cependant plus accessible à une seule nation".

 

Airbus Defence & Space, chef de file de CERES

En attendant de trouver des partenaires européens dont les budgets de la défense sont  plombés par trop d'économies, c'est Airbus Defence & Space qui a été sélectionné en tant que chef de file par la direction générale de l'armement (DGA) pour réaliser les trois satellites CERES. Pourquoi Airbus DS? Parce que les équipes du groupe européen ont déjà réalisé les démonstrateurs Essaim et Elisa, ce qui "démontre la qualité de notre savoir-faire et de nos technologies", a estimé le directeur général de Space Systems, François Auque, qui a précisé que "Airbus Defence and Space confirme sa position de maître d'œuvre de tous les systèmes spatiaux français de renseignement".

Airbus Defence and Space assure la responsabilité du segment spatial formé des trois satellites. Thales et plus particulièrement Thales Systèmes Aéroportés (TSA) est responsable de la charge utile et du segment sol utilisateurs. Le système comprend un segment sol de contrôle et un segment sol utilisateurs. Les deux industriels assurent conjointement la maîtrise d'œuvre de l'ensemble du système. Par ailleurs, Thales Alenia Space (TAS) intervient comme sous-traitant du groupe européen pour la fourniture de la plate-forme.

Pour concevoir et réaliser CERES, Airbus DS et Thales vont s'appuyer sur l'expérience acquise en commun avec les démonstrateurs Essaim et Elisa. Le premier, mis en orbite en 2004 par Ariane 5, était un système de plusieurs microsatellites, destinés à analyser l'environnement électromagnétique de la Terre à sa surface. Et plus précisément à expérimenter le recueil de renseignements électromagnétiques dans le domaine des télécommunications. Mis en orbite en décembre 2011 à 700 km d'altitude, Elisa était un démonstrateur technologique qui visait à démontrer la capacité à localiser et caractériser des radars au sol depuis l'espace.

 

Trois satellites qui chassent en meute

CERES est un système composé de trois satellites positionnés à proximité les uns des autres et destinés à la détection et la localisation des émissions électromagnétiques au sol. C'est l'utilisation simultanée des trois satellites positionnés en triangle qui permet de localiser l'émission. "Quand un radar émet un signal, chacun des satellites reçoit ce signal à un instant légèrement différent, explique un spécialiste. C'est en croisant les informations recueillies par chacun et comparant l'heure de réception d'un même signal que l'on peut situer l'emplacement de l'émetteur. En faisant l'exercice pour chaque paire de satellites (satellite 1/satellite 2 - satellite 1/satellite 3 - satellite 2/satellite 3), on aboutit à une localisation très précise. D'où la nécessité de disposer de trois satellites travaillant conjointement", avait expliqué en avril 2014 le CNES dans un communiqué.

Les satellites CERES ont naturellement une capacité de surveillance étendue à toutes les zones du monde observables par satellite sans contraintes d'accès. Au-delà des applications purement militaires, le programme, conçu pour pouvoir analyser les différents types d'émissions, permettra, en plus de déterminer l'architecture de systèmes en réseaux, tel des réseaux de communication, de suivre, en fonction des caractéristiques des signaux, l'évolution du niveau des performances des matériels des forces adverses. "Il pourra donc détecter la prolifération de matériels sophistiqués dans une zone d'intérêt, si besoin est", souligne un spécialiste.

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 07:55
Airbus DS to build CERES signals intelligence satellites for French defence

 

12 March 2015 Airbus DS

 

Airbus Defence and Space, the world’s second largest space company, has been selected by the DGA (Direction générale de l’armement) to build the three CERES satellites, which will provide France with its first operational SIGINT capability.

 

“The fact that the DGA has entrusted Airbus Defence and Space with the construction of the CERES satellites demonstrates the quality of our expertise and technology, acquired through our successful development of the ESSAIM and ELISA demonstrators,” said François Auque, Head of Space Systems. “Signals intelligence is flagged as a top priority in the French Defence and National Security white paper. Airbus Defence and Space, which started working with Thales through CERES, is proud to provide France with its industrial and technological expertise, thus confirming its position as the prime contractor for all French space-based intelligence systems.”

 

The CERES (Capacité de Renseignement Electromagnétique Spatiale or Space Signal Intelligence Capacity) system comprises three closely positioned satellites that are designed to detect and locate ground signals, along with ground control and user ground segments. CERES is due to enter service in 2020.

 

Airbus Defence and Space has been entrusted with the space segment comprising the three satellites, while Thales is responsible for the payload and the user ground segment. The two manufacturers are the joint prime contractors for the entire system. In addition, Thales Alenia Space acts as a subcontractor to Airbus Defence and Space in supplying the platform.

 

Intelligence is one of four priorities identified by the white paper. The 2014-2019 Military Planning Law has translated this priority into programmes and funding, which include signals intelligence and one of its operational uses, the CERES programme.

 

This satellite system will give France a capability that few countries possess. In designing and building CERES, Airbus Defence and Space and Thales will draw on the experience they acquired jointly from the ESSAIM and ELISA demonstrators.

 

Airbus Defence and Space

Airbus Defence and Space is a division of Airbus Group formed by combining the business activities of Cassidian, Astrium and Airbus Military. The new division is Europe’s number one defence and space enterprise, the second largest space business worldwide and among the top ten global defence enterprises. It employs more than 38,000 employees generating revenues of approximately €13 billion per year.

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 17:55
ELISA à la manœuvre

 

13/03/2014 Armée de l'Air

 

Vendredi 28 février 2014, un satellite d’écoute français de la constellation ELISA1 a manœuvré afin d'éviter un satellite inactif représentant un danger potentiel de collision. En étroite coordination avec le centre national d’études spatiales (CNES), la division surveillance de l’espace (DSE) suit la trajectoire des rentrées à risques (RAR), mais joue également un rôle de premier ordre lorsqu’une collision d’objets spatiaux est annoncée.

 

Une constellation comporte plusieurs satellites. Les quatre satellites de la constellation ELISA sont en orbite depuis décembre 2011 et évoluent autour de notre planète à plus de 600km d’altitude (orbite basse). Ces satellites démonstrateurs pèsent environ 40 kilos et ont pour mission l’écoute des émissions électromagnétiques. Lors de leur rotation orbitale, il arrive parfois qu’ils soient exposés à des risques de collision.

Mardi 25 février, la DSE est alertée par le centre d'orbitographie opérationnelle (COO) du CNES à propos d’une collision possible entre l’un des satellites ELISA, le E12, et un satellite inopérant, donc non-manœuvrable. Les spécialistes de la DSE se alors sont appuyés sur les radars SATAM2  de Sommepy et Solenzara pour fournir au CNES les données du satellite inactif, complémentaires à celles déjà recueillies par le système d’acquisition GRAVES3.

En 24h, une décision est prise par le CNES : faire évoluer l’orbite d’ELISA E12. Jeudi 27 février, après analyse du COO, E12 est manœuvré par l’agence spatiale française et évite ainsi la collision. Le cas d’ELISA aurait pu conduire à la destruction totale du satellite et de ses données. Le processus de traitement mis en place conjointement par l’armée de l’air et le CNES a une fois de plus fait preuve de sa fiabilité.

Près de 60% des objets spatiaux répertoriés sont des débris issus de collisions, dont certaines, très rares, concernent les satellites.

1 ELISA : ELectronic Intelligence by SAtellite.
2 SATAM : Système d’Acquisition et de Trajectographie des Avions et des Munitions.
3 GRAVES : Grand Réseau Adapté à la Veille Spatiale.

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 12:55
Le réseau de stations d'écoute de la DGSE, surnommé Frenchelon - V. Lamigeon

Le réseau de stations d'écoute de la DGSE, surnommé Frenchelon - V. Lamigeon

 

22-09-2013 Par Vincent Lamigeon - challenges.fr

 

Moins bien doté en personnel et en moyens que la NSA américaine, la DGSE n'en est pas moins très performante pour assurer une surveillance très fine des communications.

 

"Les habitués l'appellent "le salon de lecture". Une pièce sans âme au cœur de la Piscine, le siège de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), boulevard Mortier, à Paris. C'est dans ce lieu secret que les représentants de grands groupes français peuvent accéder aux documents rassemblés par les services de renseignements sur leur secteur. "Ce sont des centaines de milliers de pages de documents internes de concurrents internationaux, offres commerciales, technologies, explique un familier de la DGSE. Les types envoyés par les boîtes, dont on ne sait pas trop quel est leur poste exact, passent des heures à potasser des piles de dossiers. La règle, c'est qu'aucun document ne sort de la pièce."

Bigre. La France se serait-elle convertie à l'espionnage à l'américaine, Big Brother dévoilé par l'ancien sous-traitant de la National Security Agency (NSA) Edward Snowden depuis juin ? Quelques semaines après ses révélations, Le Monde assurait, le 5 juillet, que la France disposait d'un outil de surveillance d'Internet similaire. Un "supercalculateur", situé dans le sous-sol du siège de la DGSE, assurait le quotidien, "stocke les interceptions d'une grande part des communications, mails, SMS, fax, ainsi que toute activité Internet des Français, et les flux entre la France et l'étranger".

 

La ROEM moins bien doté que la NSA

Où en est vraiment la France dans le renseignement technique, affublé du nom barbare de ROEM (renseignement d'origine électromagnétique)? "On a longtemps été à la traîne, car le renseignement humain était considéré comme plus noble dans la culture française", explique un ancien cadre de la DGSE. La France a désormais rattrapé une partie de son retard. "Elle est en première division sur ces technologies, dans le sens où nous maîtrisons tous les modes d'interception (mobiles, Internet, communications satellites…), assure Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Mais nous restons à des années-lumière des moyens de la NSA, ou même du Government Communications Headquarters britannique, le GCHQ."

De fait, le GCHQ emploie 6.000 spécialistes des écoutes, quand la direction technique de la DGSE ne s'appuie que sur 1.100 employés, auxquels il faut ajouter les spécialistes de la Direction du renseignement militaire (DRM), soit environ 700 personnes. Quant à la NSA, c'est un monstre : elle disposerait de 55.000 employés, avec un budget annuel de 10,8 milliards de dollars, selon Edward Snowden, soit quatorze fois plus que le budget de la DGSE (600 millions d'euros), aux attributions pourtant beaucoup plus larges.

 

Des antennes satellites en Dordogne et dans les Pyrénées-Orientales

"Le renseignement français fait du bon boulot avec ses moyens", veut se rassurer Louis Caprioli, ancien patron de l'antiterrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST), désormais conseiller au cabinet de gestion des risques GEOS. "Le renseignement français a le meilleur rapport coût-efficacité du monde occidental", appuie Eric Denécé.

La France dispose notamment d'un large réseau de stations d'écoute dotées d'antennes satellites, parfois surnommé Frenchelon, en référence au réseau Echelon américain (voir carte ci-dessus). Les sites les plus connus sont ceux de Domme (Dordogne) et Saint-Laurent-de-la-Salanque (Pyrénées-Orientales). Mais la DGSE profite aussi de stations à Kourou (idéalement placée pour écouter les Etats-Unis), en Nouvelle-Calédonie, à Mayotte et dans plusieurs bases à l'étranger (Abou Dhabi, Djibouti).

 

"Nous stockons bien évidemment tous les mots de passe"

BEM Dupuy de Lôme - crédits Thales

BEM Dupuy de Lôme - crédits Thales

Le renseignement français peut aussi compter sur les capacités d'écoute électronique des équipements militaires français, notamment les six sous-marins nucléaires d'attaque, le navire espion Dupuy-de-Lôme, ou les deux avions Transall Gabriel bardés d'électronique. La Direction générale de l'armement (DGA) dispose également de quatre microsatellites d'écoute lancés en 2011, la constellation Elisa, qui préfigurent le système d'écoute électromagnétique Ceres prévu vers 2020.

La France n'est pas dépourvue non plus dans la surveillance du Web. "A la suite des préconisations du Livre blanc de 2008, nous avons pu développer un important dispositif d'interception des flux Internet", reconnaissait l'ancien patron de la DGSE Erard Corbin de Mangoux devant les députés de la commission de la Défense, le 20 février. Le directeur technique de la DGSE, Bernard Barbier, est allé plus loin en septembre 2010, lors d'un colloque évoqué par le journaliste Jean-Marc Manach dans son blog : il affirmait que la DGSE avait "la meilleure équipe de cryptomathématiciens" de France, qu'elle pouvait pénétrer sans problème les ordinateurs pas assez sécurisés. "Nous stockons bien évidemment tous les mots de passe, nous avons des dictionnaires de millions de mots de passe", assurait même Bernard Barbier.

 

Un "data-center" implanté dans les Yvelines

De quoi accréditer la surveillance généralisée d'Internet évoquée par Le Monde ? La DGSE, selon la lettre Intelligence Online, dispose d'un nouveau data center "de 100 mètres de long sur 10 de large" dans les Yvelines, près des Alluets-le-Roi, sur le site d'un ancien bunker allemand. Mais les spécialistes sont sceptiques sur la possibilité d'interceptions systématiques.

"Le réseau téléphonique français est bien plus décentralisé qu'aux Etats-Unis, ce qui suppose des moyens énormes pour en surveiller l'intégralité, indique Kavé Salamatian, professeur d'informatique à l'université de Savoie. Contrairement aux Etats-Unis, la France n'a pas les moyens d'une telle surveillance généralisée, en aveugle. En gros, on peut faire de la pêche à la ligne sur des sujets précis, mais pas au chalut."

 

Le rôle stratégique d'Alcatel Submarine Networks

Pas si grave puisque la France dispose d'un moyen efficace de scanner le trafic Internet international à moindre coût : la surveillance des câbles sous-marins en fibre optique, par lesquels transite une bonne partie des données. Edward Snowden a ainsi dévoilé que les Américains et les Britanniques ne se privaient pas de se brancher sur ces câbles. Selon deux familiers de la DGSE, la France les "scanne" aussi allègrement. "On aurait tort de se priver, Alcatel est le leader mondial de la pose de câbles", s'amuse l'un d'eux.

Voilà qui explique peut-être pourquoi les rumeurs de cession de cette activité, Alcatel Submarine Networks, ont immédiatement mobilisé le gouvernement qui, par la voix de la ministre Fleur Pellerin, a insisté en janvier sur un nécessaire "ancrage national", avec une possible entrée au capital du Fonds stratégique d'investissement. Techniquement, la manœuvre est facile : "Il suffit de mettre un petit équipement, un splitter optique : c'est très peu cher, ça dure trente ans, et c'est totalement indiscernable", souligne Kavé Salamatian. Une telle opération est possible aux points d'"atterrissage" des câbles, en Bretagne (Lannion, Penmarc'h) ou en Provence (Marseille). Face au monstre américain, la France a encore quelques arguments.

 

A DECOUVRIR La carte de toutes les stations d'écoute qu'utilisent les services français

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 17:55
Constellation de satellite Elisa. crédits CNES PHOTON REGY Michel, 2012

Constellation de satellite Elisa. crédits CNES PHOTON REGY Michel, 2012

 

23/03/2012 Domitille Bertrand - DGA

 

À la pointe du renseignement d’origine électromagnétique (ROEM), le projet Ceres (capacité de renseignement électromagnétique spatiale) a pour objectif de détecter, localiser et caractériser depuis l’espace les signaux envoyés par les systèmes adverses, notamment les émetteurs de télécommunications et les radars. Alors que les satellites du projet Elisa, l’un des démonstrateurs qui visent à préparer Ceres, viennent d’être lancés, une équipe de la direction générale de l’armement (DGA) travaille sur le programme opérationnel qui doit être mis sur orbite à la fin de la décennie.

 

« Imaginons que vous soyez dans un lieu même isolé ou désertique, et que vous mettiez en fonctionnement un radar, celui-ci va émettre un signal. Les trois satellites du programme Ceres, volant en formation dans l’espace, vont passer au-dessus de votre zone et détecter les signaux émis. Ceci est valable pour tout type d’émetteur électromagnétique, qu’il s’agisse d’émetteurs de télécommunications ou de radars », explique Laurent Boniort, directeur du programme Segment Sol d’Observation et manager de l’opération d’armement Ceres à la DGA.

 

Détecter, localiser puis caractériser…

 

C’est l’utilisation simultanée des trois satellites positionnés « en triangle » qui permet de localiser l’émission. « Quand un radar émet un signal, chacun des satellites reçoit ce signal à un instant légèrement différent. C’est en croisant les informations recueillies par chacun et comparant l’heure de réception d’un même signal que l’on peut ainsi situer l’emplacement de l’émetteur : en comparant l’heure de réception du signal par deux satellites, la localisation de l’émetteur est imprécise car elle est matérialisée par une ellipse sur la Terre. En faisant l’exercice pour chaque « paire » de satellites (satellite 1/satellite 2 - satellite 1/satellite 3 - satellite 2/satellite 3), on aboutit à une localisation très précise. D’où la nécessité de disposer de trois satellites travaillant conjointement. »

 

Une fois l’émission détectée, puis localisée, il faut ensuite en définir les caractéristiques : quelle est la fréquence utilisée, est-elle fixe ou saute-t-elle périodiquement pour être plus discrète, le type de modulation choisie, etc. « Attention, nous n’écoutons pas le contenu des communications, nous détectons seulement les signaux ! » indique Laurent Boniort, qui précise : « si l’on veut intercepter le contenu de l’émission, il faut disposer d’un capteur qui reste longtemps sur la zone d’intérêt, et ce n’est pas le cas avec  Ceres : ce n’est pas comme dans les films hollywoodiens ! »

 

… Pour mieux surveiller et protéger

 

L’intérêt de ce programme est multiple. Avant tout, la capacité de surveillance est étendue : toutes les zones du monde sont observables par satellite sans contraintes d’accès, ce qui n’est pas le cas avec un bateau ou un aéronef. « En termes de protection, le fait de connaître les caractéristiques et les performances d’un radar adverse permet à un aéronef de le brouiller, par exemple. À l’inverse, on pourra également empêcher les radars ennemis de repérer l’un de nos aéronefs ou missiles, en les faisant évoluer hors des couvertures radar adverses. » Au delà des applications purement militaires, le programme Ceres étant conçu pour pouvoir analyser les différents types d’émissions, il permettra, en plus de déterminer l’architecture de systèmes en réseaux, tel des réseaux de communication, de suivre, en fonction des caractéristiques des signaux, l’évolution du niveau des performances des matériels des forces adverses. « En d’autres termes, il pourra détecter la prolifération de matériels sophistiqués dans une zone d’intérêt, si besoin est. »

 

La France est le seul pays européen présent sur ce domaine, rejoignant ainsi le club, très fermé, des pays les plus avancés dans le renseignement d’origine électromagnétique, avec principalement les États-Unis et la Russie.

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