9 septembre 2015 45eNord.ca (AFP)
Au moins trois avions de transport militaire russes ont atterri en Syrie ces derniers jours, ont indiqué mardi des responsables américains à l’AFP alors que Washington s’inquiète d’un éventuel engagement militaire russe dans le pays.
Deux des avions sont des avions cargo géant Antonov 124 Condor, et le troisième est un avion de transport de passagers, selon ces sources.
Selon l’une d’elles, les avions ont atterri sur un aéroport de la région de Lattaquié (nord-ouest), un fief du régime du président Bachar Al-Assad.
Les Russes ont également installé à cet endroit des bâtiments provisoires, pouvant abriter « des centaines de personnes », et de l’équipement d’aéroport.
« Tout ceci suggère l’installation d’une base aérienne avancée », a poursuivi cette source, en précisant qu’elle n’avait « pas d’informations » sur la présence éventuelle d’armes russes sur place.
Le secrétaire d’État américain John Kerry a appelé samedi son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui exprimer ses craintes d’un risque « d’escalade » du conflit, si Moscou s’engageait militairement aux côtés du régime de Bachar Al-Assad, selon le département d’État.
Le régime de Damas a démenti la présence de troupes ou d’activités militaires russes sur le sol syrien, après les inquiétudes américaines sur un éventuel engagement de Moscou dans le pays en guerre.
La Russie a indiqué lundi de son côté que « la partie russe n’avait jamais caché livrer des équipements militaires aux autorités syriennes pour lutter contre le terrorisme », mais n’a pas voulu donner de détails sur l’engagement de Moscou en faveur du régime de Damas.
La Bulgarie a annoncé avoir refusé à des avions militaires russes de traverser son espace aérien, soupçonnant qu’ils devaient transporter autre chose que l’aide humanitaire officiellement annoncée.
Les États-Unis ont par ailleurs demandé à la Grèce de refuser le transit d’avions militaires russes dans son espace aérien, selon Athènes.
Moscou réclame des explications
La diplomatie russe a réclamé dans la foulée des explications à Sofia et à Athènes.
« Si quelqu’un, et dans ce cas il s’agit de nos partenaires grecs et bulgares, a des doutes, alors bien entendu il doit nous expliquer quel est le problème », a déclaré mardi soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par l’agence de presse russe Interfax.
« S’il est avéré qu’ils prennent des mesures restrictives ou d’interdiction à la demande des Américains, alors cela soulève des questions sur leur droit souverain à prendre des décisions sur le passage par leur espace aérien d’avions d’autres pays, comme la Russie », a noté M. Bodganov.
Plus tôt, Vladimir Djabarov, vice-président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement), s’en était pris à la Bulgarie.
« Le fait que les Bulgares ont été les premiers à répondre (à la demande de Washington, ndlr), ils l’auront sur leur conscience », avait-il déclaré, cité par l’agence de presse officielle Tass.
Il a affirmé que la Russie n’envoyait en Syrie que des « chargements humanitaires », estimant qu’il n' »était pas rentable de transporter des armes par avion ».
Inquiétude de l’Otan
À Bruxelles, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est déclaré « inquiet des informations selon lesquelles la Russie pourrait avoir déployé du personnel militaire et des avions en Syrie », dans un échange de vues organisé mardi sur sa page Facebook, en réponse à une question de l’AFP.
Il a mis en garde contre tout soutien au régime de Bachar al-Assad, propre selon lui à provoquer une escalade du conflit.
La Bulgarie n’a pas précisé combien d’avions russes s’étaient vu interdire en fin de semaine dernière de passer par son espace aérien.
Côté grec, une source au ministère des Affaires étrangères avait déclaré lundi qu’Athènes avait reçu une demande des États-Unis en ce sens et étudiait actuellement cette requête.
Mardi soir, un porte-parole du gouvernement grec a précisé que la Russie avait envoyé une demande de survol il y a 25 jours.
« Le gouvernement a commencé à étudier cette demande, mais entretemps la Russie a décidé d’elle-même d’emprunter un autre itinéraire », a-t-il indiqué à l’AFP.
M. Djabarov a rappelé mardi que la majeure partie des avions russes en direction de la Syrie passaient par le Caucase et l’Iran.