03 octobre 2014 Romandie.com (AFP)
Ottawa - Le Premier ministre canadien Stephen Harper a présenté vendredi au Parlement une motion prévoyant l'envoi d'avions de chasse en Irak qui participeront, pendant six mois, à la campagne de frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI).
La Chambre des communes doit formellement entériner cette motion lundi lors d'un vote qui ne devrait être qu'une formalité pour M. Harper car son parti dispose d'une large majorité au Parlement (165 élus sur un total de 308).
Le Premier ministre canadien a exclu tout envoi de troupes de combat au sol, la mission canadienne se limitant à l'envoi d'avions de chasse F-18 et de ravitailleurs.
Le déploiement de conseillers militaires (69 forces spéciales maximum), déjà décidé il y a un mois, est également prolongé de six mois.
Il s'agit du premier engagement militaire du Canada à l'étranger depuis la campagne aérienne en Libye en 2011.
Cette campagne est soutenue par 64% des Canadiens, contre 36% qui la désapprouvent, selon un sondage publié vendredi par le Globe and Mail.
Ce large soutien n'a toutefois pas fait changer d'avis les deux principaux partis d'opposition aux Communes: Libéraux et Néo-Démocrates ont répété dans la foulée de l'allocution de M. Harper qu'ils s'opposeraient à cette motion lors du vote de lundi, reprochant au Premier ministre de ne pas les avoir informés au préalable sur les objectifs de cette mission.
Le Premier ministre n'a pas précisé combien d'avions de chasse seraient envoyés en Irak mais les médias locaux parlaient vendredi de quatre à huit F-18.
Les opérations aériennes ne seront menées que là où le Canada a le soutien clair du gouvernement du pays. A présent, c'est seulement le cas en Irak, a déclaré le dirigeant conservateur devant les députés.
Si cela devait être le cas en Syrie, alors nous participerions également aux frappes aériennes contre l'EI dans ce pays, a observé M. Harper.
Il a toutefois reconnu que la coalition internationale ne devait pas trop attendre de cette campagne aérienne: Pour être clair, disons que cette intervention ne permettra pas d'éliminer cette organisation terroriste.
Nous avons l'intention d'affaiblir de façon importante les capacités de l'État islamique, plus particulièrement sa capacité à avoir des mouvements militaires de grande envergure ou d'avoir des bases en terrains ouverts, a-t-il précisé.
La coalition internationale engagée en Irak, et pour certains pays en Syrie, s'était déjà renforcée vendredi avec l'envoi par l'Australie d'avions de combats et de 200 militaires. La Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni mènent également des frappes aériennes contre l'EI, aux côtés des Etats-Unis et de cinq alliés arabes -- Jordanie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar et Bahreïn.
Outre son engagement militaire, le Canada a déjà dépensé 28 millions de dollars canadiens pour l'aide humanitaire aux civils affectés par l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique, aussi bien en Irak qu'en Syrie.
Quelque 15 millions de dollars ont également déjà été investis dans du matériel militaire défensif remis à l'armée irakienne et aux combattants kurdes.
Les partis d'opposition jugent toutefois l'engagement humanitaire bien insuffisant. Le Parti libéral ne peut pas (soutenir) et ne soutiendra pas cette motion du Premier ministre pour aller en guerre en Irak, a asséné Justin Trudeau, le leader des libéraux, qui arrivent en tête des sondages sur les élections législatives prévues dans un an.