Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 12:55
FOB Interview: Philippe Folliot (UDI) sur la LPM (1ère partie)


 

FOB continue son tour d’horizon des formations politiques sur les questions de défense alors que la LPM (Loi de Programmation Militaire) est en débat à l’Assemblée Nationale. Après Patricia Adam pour le PS (relire ici), FOB ouvre aujourd’hui ses colonnes à Philippe Folliot, député du Tarn, responsable des questions défense au sein du contre gouvernement de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) et secrétaire de la commission défense et des forces armées de l’Assemblée.

 

La LPM (Loi de programmation militaire) a été votée en première lecture au Sénat et maintenant est en discussion à l’assemblée, quel est votre regard sur ce projet ?

La défense doit faire face à une grande contradiction : quand on interroge les citoyens, jamais l’image des militaires n’a été aussi bonne, mais parallèlement le budget de la défense est le premier cité quand on évoque les efforts budgétaires à réaliser.
Il faut sortir de cette contradiction. La défense ne fait pas partie des priorités budgétaires du gouvernement fixées par le Président de la République et qui concernent d’autres ministères comme l’intérieur, l’éducation ou la justice.
Parallèlement, quand on regarde le bilan des 18 mois de la majorité, la plus belle réussite est l ‘opération Serval au Mali.
Près de 60% des futures baisses d’effectifs de la fonction publique sont supportées par la seule défense nationale. Aujourd’hui prévaut un sentiment d’injustice dans la communauté militaire. Plus que quiconque la défense a contribué à l’effort de rationalisation de la dette publique. Depuis les années 60, l’effort de défense français est passé de 5 à 1 ,5% du PIB. Je constate que cet effort n’est pas partagé en proportion par les autres administrations publiques. Le précédent gouvernement a supprimé 44000 postes et l’actuel va en sacrifier 34 000 autres. C’est beaucoup trop. L’ensemble des forces combattantes du pays va être réduit à 78 000 militaires et tiendrait dans le stade de France.

Or, la puissance militaire est une des fonctions régaliennes de l’Etat, c’est un des outils majeurs du Président de la République dans le cadre de négociations internationales. Ce qui fait la différence entre le Président français et la Chancelière allemande, c’est la dissuasion et la capacité d’intervenir militairement et immédiatement pour défendre nos intérêts  stratégiques et ceux de l’Europe, comme cela a été le cas avec l’opération Serval au Mali.
La vraie question est : est-ce que la LPM va permettre à notre pays d’arriver à mener ces actions militaires dans un monde toujours plus instable et dangereux, qui se réarme ? Aujourd’hui, nombreux en doutent.

Qu’il s’agisse du Livre Blanc ou de la LPM,  les décisions prises conservent tous les éléments essentiels de nos capacités mais les diminuent, c’est à dire que le spectre de nos capacités est toujours aussi large, mais beaucoup plus fragile. Même s’il est normal que la défense contribue à l’effort de réduction des dépenses publiques, on est arrivé au bout du bout de notre système.

 

Le poids financier de la dissuasion pèse très fortement sur le budget. Est-ce pour l’UDI une capacité qui doit être sanctuarisée ?

Je ne suis pas favorable à la remise en cause de la dissuasion. Avec moins de 300 têtes nucléaires, nous avons atteint le seuil minimum. La dissuasion permet à la France d’assurer son rang au conseil de sécurité de l’ONU ; il faut la conserver. Notre dissuasion aujourd’hui est juste suffisante, mais crédible et indépendante.
Même si la deuxième composante va pouvoir durer jusqu’en 2030, il faut néanmoins d’ores et déjà se poser la question de sa suppression. Celle-ci doit se faire de manière progressive. Un abandon trop brutal de cette composante n’aurait pas de sens car il ne dégagerait pas d’économies suffisantes pour donner des moyens supplémentaires à nos forces conventionnelles.

 

La précédente majorité avait acté le retour de la France dans les structures intégrées du commandement de l’OTAN. Faut-il pour l’UDI revenir sur ce sujet ?

Je ne pense pas qu’il faille revenir sur la décision du président Sarkozy prise en 2009. Il ne convient pas de revenir sur cette décision, confirmée par le Président Hollande en 2012, qui nous engage vis-à-vis de nos 27 partenaires de l’alliance atlantique, même si à l’époque j’avais pu exprimer des réserves. Par ailleurs, après avoir rappelé que nous ne faisons pas partie du comité des plans nucléaires, il faut peser dans l’OTAN pour pouvoir la réformer de l’intérieur. En outre, la construction d’une PSDC crédible impliquerait ou devrait être l’occasion de transfert de compétences, de moyens humains et capacitaires jusqu’ici consacrés exclusivement aux missions de l’OTAN vers des opérations sous l’égide de l’UE.

 

L’Europe de la défense a du mal à se faire. Est-ce pour vous un axe prioritaire ?

D’ici quelques semaines, l’UDI fera des propositions fortes sur l’Europe de la défense en vue du conseil européen des 19 et 20 décembre prochains. Il ne peut y avoir d’Europe forte si les pays européens ne sont pas capables d’assurer leur propre défense et sécurité. Et nous assistons à une évolution importante du cadre géostratégique : la stratégie des Etats-Unis bascule de l’atlantique vers le pacifique et il est aujourd’hui fondamental que l’Europe se prenne en charge. Par ailleurs, il faut une tête à l’Europe, et établir un cadre de coopération opérationnel militaire et industriel, une sorte de système à la carte. Nous ne faisons pas la promotion d’une armée européenne mais il faudrait atteindre une complémentarité cohérente entre les différentes défenses européennes, y compris sur le volet industriel. La France doit jouer un rôle moteur dans la construction de l’Europe de la défense et du reste nous avons fait amender la LPM en ce sens.

Les pays européens  se distinguent par deux types d’ambitions : la défense des frontières et la défense de leurs intérêts. La vision de chaque pays diffère. Chaque pays a une histoire, une culture et des intérêts différents. La France est à la fois une puissance maritime et mondiale dotée d’une « profondeur stratégique », ce qui n’est pas le cas de la plupart des états européens, qui sont des puissances seulement continentales et européennes.
Le problème est que la défense est un outil diplomatique, or il n’y a pas de réelle diplomatie européenne. C’est un sujet compliqué, mais le préalable à une défense européenne passe par une diplomatie coordonnée faute d’être commune, et non la somme de 28 diplomaties, ce qui hélas est le cas du service d’action extérieur de l’UE (SAEUE).

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 00:33
Serval : quelques retours sur le renseignement tactique

 

 

12 novembre, 2013 by FOB

 

Le succès de l’opération française au Mali a aussi été rendu possible par la qualité du renseignement sur ce gigantesque théâtre d’opération. Et même si les premières colonnes françaises arrivées n’avaient que de très vieilles cartes du pays, datant des années 60, rapidement, la « machine renseignement » s’est mise en place. A Creil (Direction du Renseignement Militaire), notamment, qui a amalgamé plusieurs sources, dont des vues satellites ou la base de données mondiales MGCP (multinational geospatial coproduction program).

 

Mais c’est aussi sur le terrain que la fonction renseignement a montrée un réel succès : qualité des forces engagées ou dialogues entre les forces conventionnelles et spéciales…

 

L’opération Serval aura été l’occasion pour la première fois de l’utilisation d’un système d’exploitation appelé SAer (Système d’Aide à l’exploitation du renseignement), un outil qui a permis le partage du renseignement sans rupture du plus petit niveau tactique jusqu’au plus haut niveau, à savoir le CPCO (centre de planification et de conduite des opérations) à Paris. Un logiciel développé par le CERAT (Centre de Renseignement et d’Etude du Renseignement).

 

Crée en 2002, le CEERAT a achevé sa montée en puissance en 2005. Cette école localisée à Saumur forme les officiers et sous officiers qui seront appelés à traiter du renseignement de niveau tactique, et pas seulement dans l’armée de terre (DPSD, DRM, DGSE…). L’exploitation est le cœur de métier du CEERAT. Et son rôle a été sans aucun doute l’une des clefs du succès de la fonction renseignement durant l’opération Serval au Mali. Car l’une des réussites a été l’excellente fluidité des informations entre les pions déployés sur place et les structures de commandement, notamment grâce à ce logiciel. Pour la première fois le SAer a été déployé au niveau du GTIA, qui avait donc accès au système d’information. Facilement exploitable, les informations ont été transmises sans aucune perte, permettant l’analyse de la situation dans le temps et dans l’espace. Outil à l’origine dédié à la formation à l’exploitation du renseignement, l’utilisation du SAer a finalement été généralisée et a permis la bonne compréhension de la situation sur place.

 

Le succès de l’opération au Mali aura été également due à l’excellente coopération entre les divers services interarmées (DGSE, Forces Spéciales…). A noter aussi que Serval a été l’occasion du premier déploiement d’une BRB complète (Batterie de renseignement de Brigade). L’une des leçons de Serval confirme l’utilité d’un dialogue en boucle courte des acteurs (rendu possible notamment grâce aux VAB transmission doté d’une liaison satellite, transmettant en direct).

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 00:26
FOB, c’est reparti !

 

17 novembre, 2013 FOB

 

FOB doit des excuses à ses lecteurs, nombreux et réguliers. Notre site est en effet resté fermé quelques jours pour des raisons indépendantes de notre volonté. Mais aujourd’hui nous réouvrons !

 

Les temps sont durs pour tous. Pour la défense et la communauté terrestre, victimes de coupes budgétaires. Pour les petites entreprises, souffrant d’une conjoncture économique difficile qui frappe aussi les éditeurs et la presse. Unicomm, l’éditeur de FOB a été secoué par cette période compliquée et vient d’être frappé par une procédure en liquidation judiciaire. Dans l’incapacité d’assurer l’hébergement du site, l’éditeur a été contraint de le fermer.

 

L’aventure de FOB dure depuis plus de deux ans. Ce site est né avec deux objectifs, le premier est éditorial : traiter l’actualité défense par le prisme de la communauté terrestre et combler un vide dans la presse Défense, essentiellement focalisée sur les aspects aérien et maritime.

 

Le second objectif est économique : trouver un modèle viable, basé sur la publicité.

 

Avec quantité d’idées en tête, nous souhaitions faire de FOB une véritable plateforme multi-médias d’informations défense. La suite de l’aventure ne nous a permis malheureusement que de fonctionner a minima et dernièrement avec de nombreux bugs. Mais même si FOB n’a pu se développer comme nous le souhaitions, nous conservons intacts nos espoirs et ambitions.

 

Une pause sur le web est synonyme de petite mort : les habitudes des internautes mettent du temps à se construire, mais au contraire disparaissent très vite. C’est pourquoi nous nous sommes attachés à réouvrir rapidement, Mais c’est aussi pourquoi le site est incomplet, des archives sont manquantes et plusieurs fonctionnalités (alerte e-mail, tweets, commentaires…) font encore défaut. Que le lecteur nous pardonne pour cette période de transition.

 

FOB tient à remercier tous les lecteurs qui nous font régulièrement confiance. Merci aussi à tous ceux qui, en coulisse, ont permis cette réouverture rapide et aux nombreuses personnes qui nous ont exprimé leurs soutiens ou tout simplement leurs amitiés. Que l’aventure continue !

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 18:54
Forces Opérations Blog fait une pause
Partager cet article
Repost0
8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 00:43
AH-64D de la force aérienne hollandaise engagé dans l’exercice CJPRSC à Cazaux, le mois dernier. (photo F. Lert)

AH-64D de la force aérienne hollandaise engagé dans l’exercice CJPRSC à Cazaux, le mois dernier. (photo F. Lert)

 

8 novembre, 2013 FOB

 

La Hollande s’apprête à renforcer la Minusma  au Mali, avec un contingent de 380 hommes. Plus important encore, Amsterdam va déployer au Mali quatre hélicoptères AH-64D Apache du 301 Squ. de la force aérienne hollandaise. De quoi apporter un sérieux punch aux troupes déployées dans le pays, à condition toutefois que les règles d’engagement permettent d’utiliser de façon efficace ces appareils.

 

La Hollande dispose depuis le début des années 2000 de 29 appareils (30 achetés moins un détruit en 2004 en Afghanistan) au standard block II le plus récent. Huit de ces appareils sont basés en permanence aux Etats Unis à Fort Hood, où ils servent à la formation des équipages hollandais, en lien étroit avec l’US Army.  Ces hélicoptères sont équipés de missiles Hellfire, de roquettes Hydra de 70mm et de leur canon de 30mm. Les Hollandais étudient actuellement l’intégration de roquettes guidées sur leurs appareils. Dommage pourtant que ces Apache ne soient pas équipés du radar Longbow comme le sont leurs homologues de l’US Army. Un radar qui aurait pu se révéler très utile pour la surveillance des vastes espaces du nord Mali, mais dont l’achat fut repoussé lors de l’achat de l’hélicoptère pour des raisons économiques.

 

Depuis leur mise en service, les Apache hollandais ont été engagés dans plusieurs opex : en 1998-1999 en Bosnie Herzégovine avec la SFOR. Puis en 2001, à Djibouti pour appuyer les militaires hollandais engagés dans les opérations de paix en Ethiopie et en Erythrée. Ils ont ensuite été envoyés en Irak pour y soutenir la SFIR (Stabilization Force in Iraq). De 2004 à 2010, les hélicoptères ont ensuite été longuement engagés en Afghanistan. Six appareils ont été basés dans un premier temps sur l’aéroport de Kaboul. Après la destruction d’un appareil sur accident, les cinq appareils restant ont ensuite été déplacés vers Kandahar puis  « Kamp Holland » dans la région de Tarin Kowt, dans le sud du pays. Ils y ont été utilisés pour appuyer les troupes de la coalition au sol, escorter les convois routiers et les autres hélicoptères. Les appareils sont finalement rentrés en Hollande à la mi novembre 2010, après avoir accumulé 7000 heures de vol en Afghanistan.

 

Dans le cadre de l’exercice CJPRSC qui se tenait à Cazaux en septembre dernier, le 301 Squadron de la force aérienne hollandaise a déjà pu travailler avec les hélicoptères de l’armée de l’air française sur des scénarios complexes de récupération de personnel et de sauvetage au combat. Le déploiement au Mali sera sans doute l’occasion de peaufiner la coopération avec l’Alat, dont trois Tigre restent à ce jour actifs au Mali. Il est prévu à ce stade que les troupes hollandaises restent dans le pays au moins jusqu’en 2015, et peut-être même au-delà.

Partager cet article
Repost0
30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 14:55
Infographie animée d’une zone soutien du combattant

30/05/2013 15:16 - AB - Armée de Terre

Bienvenue dans la zone soutien du combattant au sein d’une Forward operating base (FOB). Secteur approvisionnement, maintenance, zone vie et commandement, cliquez et découvrez les lieux quotidiens des soldats en opération.

Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 16:45
Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

24.04.2013 Par Guillaume Belan (FOB)

 

S’il est encore bien tôt pour dégager les retours d’expériences de l’engagement français dans l’opération Serval au Mali, quelques leçons peuvent cependant être dégagées. L’exercice à chaud est évidemment incomplet et périlleux, mais reste intéressant, particulièrement dans cette période de choix budgétaire et capacitaire. FOB se plonge dans ce délicat travail, à travers plusieurs thèmes. Le premier : les forces étaient-elles prêtes ?

 

Une opex sans préparation spécifique : une première !

 

Le théâtre malien s’est ouvert dans une période de désengagement français. Liban, Côte d’Ivoire ou encore Afghanistan : l’ensemble des opérations extérieures françaises se fermaient. Outre un désengagement humain et logistique, l’une des conséquences de ces retraits est que les préparations dédiées aux déploiements fermaient également leurs portes. Dans le langage militaire, cela s’appelle une MCP ou mise en conditionavant projection. L’armée de terre avait développé des MCP différenciées selon les théâtres : on ne se prépare pas de la même manière si l’on va au Liban ou en Afghanistan, la mission et l’environnement n’ont rien à voir. Pour l’Afghanistan par exemple, un entraînement de 6 mois dans une FOB (base avancée) spécialement créée pour cette mission (Camp de Canjuers) était imposé.

 

Or, depuis le durcissement des opérations vécues à partir de 2007,l’armée française n’est jamais partie en opération sans cet entraînement spécifique. Le temps politique a toujours laissé le temps aux militaires d’anticiper et de se tenir fin prêt.

 

Pour le Mali, rien de tout cela ! Bamako était à quelques heures de tomber aux mains des djihadistes. Serval a été lancé dans l’urgence, pas le temps pour une MCP! 5 heures après la décision présidentielle, les premières Gazelles frappaient les pick-up d’AQMI. Une première dans l’histoire militaire moderne française !

 

Une armée mature et décomplexée

 

Or force est de constater que les troupes françaises se sont remarquablement comportées. Pourquoi ? Première explication, l’expérience afghane était encore « chaude ». Toutes les unités de l’armée de terre y sont passées, parfois même plusieurs fois.

 

Et l’Afghanistan, surtout après 2008, a été un théâtre exigeant. Beaucoup de soldats y ont connu leur baptême du feu.

 

Plus largement, l’armée de terre française, de par les engagements de ces dernières années, est devenue une armée professionnelle mature et décomplexée ! Car souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, une dizaine d’années, soit avant l’Afghanistan, aucun soldat français, ou presque, n’avait connu le feu ! Les Balkans, premier théâtre d’opération important depuis la guerre froide, avec des conditions d’engagements tellement contraignantes, a suscité bien plus de frustrations que de réels combats… L’Afghanistan puis la Côte d’Ivoire et enfin la Libye sont venu changer cela. Les invariants d’une guerre, les fondamentaux oubliés d’engagements ont été retrouvés ! Le soldat a recouvré son métier : mener des opérations avec usage du feu.

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Deuxième explication : les formations des écoles de l’armée sont bonnes ! La force déployée au Mali a été un amalgame d’unités qui ne se connaissaient pas, une construction imposée par l’urgence, qui a parfaitement marché ! Un escadron Licorne, une compagnie Epervier et une compagnie d’infanterie d’alerte Guépard, qui n’avaient jamais travaillé ensemble ont parfaitement mené une action coordonnée. Un montage complexe, mais rapide, avec de bons résultats ! D’autant plus que les matériels (postes radio…) n’étaient souvent pas les mêmes entre les unités…

Reconnaissons là, la qualité de la formation française. Un « cadre » de l’armée française, sur une durée de vie professionnelle de 35 ans, ne passe pas loin d’un tiers de sa carrière, soit entre 5 à 10 ans à l’école ! Serval est un bon révélateur : cette formation n’est pas vaine !

À l’heure de la réflexion sur une rationalisation des diverses formations et écoles, c’est une des leçons à méditer…

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Par ailleurs, les États-majors français commençaient à envisager l’éventualité d’une opération au Mali. Celle-ci ne devait pas se réaliser dans ces conditions d’urgence, mais la mission EUTM était en marche et les responsables militaires sentaient venir ce théâtre. Pour preuve, la doctrine française était quasiment prête ! Tous les soldats à l’heure de partir pour Tombouctou avaient dans leurs bagages un Cahier du Retex sur « Les rebellions touarègues au Sahel » (publié en janvier) pour bien appréhender le théâtre et les acteurs ainsi qu’un ouvrage de doctrine d’engagement en zones désertiques (publiés par le CDEF). Bref, de quoi lire pour savoir faire et comprendre à quoi s’attendre…

Enfin, rappelons que l’opération Sabre au Sahel était active depuis des années. Très discrètement mais aussi très massivement (plusieurs centaines de forces spéciales lors de l’opération Serval, soit le plus fort engagement de l’histoire des FS), les unités du COS étaient à l’œuvre dans la région…

Partager cet article
Repost0
20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 12:29
source LdDéf

source LdDéf

 

19.04.2013 Par Guillaume Belan (FOB)

 

Le Livre Blanc est entré dans sa dernière ligne droite, il sera remis au Président de la République ce 29 avril (selon nos confrères de Secret défense et Défense ouverte), alors que les arbitrages de la LPM sont source de négociations très tendues entre les armées. Car si le budget de la défense a été sauvé, il demeure largement insuffisant pour sauvegarder le format actuel des armées. D’importantes coupes dans les effectifs sont donc à prévoir…

 

Et par son caractère dimensionnant, le contrat opérationnel sera revu à la baisse. Selon nos informations, ce contrat devrait être de pouvoir projeter une force terrestre pour 6 mois de 15 000 soldats, soit deux fois moins que l’objectif du Livre Blanc précédent, fixé à 30 000 ! Le volume de soldats mobilisables pour la défense du territoire national lui reste stable à 10 000. Bref, c’est donc un contrat opérationnel qui s’affaiblit sensiblement alors que les sollicitations sont de plus en plus grandes…

 

Pour l’armée de terre, cela devrait se traduire par une baisse conséquente de ses effectifs : 10 000 soldats en moins soit pas loin de 10 régiments supprimés. Le nombre de brigades de l’AdT va passer de 8 aujourd’hui à 7 demain. Pour mémoire, un important dégraissage avait déjà été imposé par le précédent Livre Blanc et la RGPP qui avaient fixé la baisse des effectifs à 71500 combattants. L’objectif sera atteint en 2015. Las, avec cette nouvelle coupe à prévoir de 10 000 soldats, la force terrestre combattante pourra bientôt rentrer tout entière dans le Parc des Princes ! Elle ne comptera bientôt plus que 66 000 soldats. A titre de comparaison, ce sont les effectifs américains qui avaient été nécessaires en Irak pour venir à bout de la bataille de Fallujah…

 

« On touche à l’os »

 

Le « BOP Terre », c’est à dire l’armée de terre stricto sensu, comprenant force terrestre, états-majors terre, écoles de l’armée de terre… soit les postes directement payés par l’armée de terre, va donc passer de 101 000 à 90 000 hommes et femmes (y compris les civils). Ce qui va impliquer de très fortes contraintes, notamment sur les fonctions de soutien. Même si ces fonctions ne sont pas la partie la plus visible, elles sont pourtant fondamentales : tâches administratives, restauration des forces ou maintenance des véhicules… Rien que pour cette dernière fonction, les maintenanciers ont déjà vu leurs effectifs réduire de 25% entre 2008 et 2013 avec la suppression de 1500 postes. Cette baisse sensible a déjà contraint l’armée de terre à s’adapter, avec des contrats innovants avec les industriels (contrat de disponibilité, maintenance globale, pluriannuels…).

 

Il faudra donc faire un nouvel effort. Ce qui aura un effet pervers, puisqu’il faudra d’avantage externaliser. Mais avec quels moyens ? « On touche maintenant à l’os » résume un haut gradé, « c’est la cohérence de l’armée de terre qui est en danger ».

Partager cet article
Repost0
18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 18:45
crédits photo: EMA/ECPAD

crédits photo: EMA/ECPAD

18.04.2013 par Guillaume Belan (FOB)

Au Mali, le désengagement français se poursuit. Le GTIA TAP a été presque totalement été désengagé a indiqué le porte-parole de l’Etat Major des Armées ce matin durant le point presse de la DiCoD. Côté air, il reste trois Mirage 2000D à Bamako et six Rafales à N’Djamena. Le Groupement AéroMobile (GAM) quant à lui a débuté sa relève, le 4ème RHC (Régiment d’Hélicoptères de Combat) est relevé par le 1er RHC.

En parallèle, les opérations continuent même si leur rythme baisse sensiblement, les manœuvres dorénavant visent à la sécurisation du territoire. Alors qu’aucun tir d’aéronef n’avait été reporté la semaine dernière, avec en moyenne en ce moment 40 sorties d’avions de chasses par semaine, un pick-up a récemment été détruit à 60 km au nord de Tessalit.

Plusieurs opérations ont été menées ces dernières semaines : Araouane au Nord-Est de Tombouctou, du 2 au 7 avril, mené par le GTIA2 ; opération In Ais du 6 au 11 avril, conduite par un millier d’hommes (GTIA 2 renforcé par des éléments du GTIA 3) au nord de Gao, qui avait abouti à la découverte d’importantes caches d’armes (pas moins de 13 tonnes de roquette, d’obus, de bombes…).

La dernière opération en date a eu lieu du 3 au 14 avril. Baptisée Taoudenni, l’opération avait pour but de reconnaître et fouiller l’extrême nord-ouest du Mali, proche de la frontière algérienne. Bilan : pas de contact ni de cache d’arme trouvée dans cette zone de transit.

Les contacts avec les djihadistes deviennent donc rares. Si un coup très sévère a été porté à AQMI dans leur base arrière des Ifoghas, le Mujao demeure présent dans une zone peuplée, où une partie de la population soutient le mouvement. Une situation à risque dans laquelle les français ne souhaitent pas s’engager et laissent les maliens en première ligne. En hâtant leur départ, l’objectif des Français est bien de susciter une prise de responsabilité des maliens et d’accélérer la montée en puissance de la force ONU, la MINUSMA. Il ne devrait rester à terme, à partir de l’automne, que 1000 soldats français, constituant une force de réaction rapide, prête à venir soutenir les forces africaines en cas de besoin.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : RP Defense
  • : Web review defence industry - Revue du web industrie de défense - company information - news in France, Europe and elsewhere ...
  • Contact

Recherche

Articles Récents

Categories