24 Octobre 2014 Dossier réalisé par Stéphane Dugast et L’EV1 Virginie Dumesnil.
À la suite du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en avril 2013, la loi de programmation militaire (LPM) a traduit les orientations de la politique de défense et l’évolution de la Marine pour les six prochaines années. Dans un contexte économique difficile et un environnement géopolitique incertain, la France a affiché la nécessité de moderniser ses équipements afin de maintenir un niveau d'ambition et de responsabilités élevées sur la scène internationale, tout en garantissant sécurité et protection à ses concitoyens. Rafale ASMPA, Caïman, frégates multimissions, missiles de croisières navals…
Le vrai défi pour la Marine consiste bien désormais à « conduire jusqu’à la fin de leur vie les bâtiments des années 80 tout en admettant au servie opérationnel des bateaux dont la technologie, la puissance et simplement la nouveauté sont autant de défis pour les équipages et les services de soutien ».
Assurer le continuum d’hier à demain.
Entretien avec le contre-amiral Jean-Philippe Chaineau, sous-chef Plans/Programmes (SC PL/PROG) à l’état-major de la Marine. Au titre de cette fonction, il est l’officier général qui propose au chef d’état-major de la Marine, puis conduit à son niveau, la trajectoire de la Marine dans les prochaines années.
Amiral, quel est le contrat opérationnel pour la Marine en cet automne 2014 ?
Globalement, le contrat opérationnel de la Marine est d’être capable de remplir des opérations permanentes : connaissance et anticipation, dissuasion, protection, prévention et intervention ; et des opérations non permanentes : opérations de gestion de crise, opérations majeures de coercition. Ce sont naturellement des opérations qui se conduisent en mer, du grand large jusqu’à la côte ou la frange côtière.
La dissuasion, qui à mon sens a un statut particulier tant sa signification politique est forte, repose sur la performance à la mer d’au moins un des quatre sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) et de la composante aéronavale nucléaire capable de conduire la mission à partir du porte-avions.
Les autres opérations, plus souvent plus médiatisées, sont synonymes de porte-avions avec son groupe aérien (uniquement armé par des Rafales avec le retrait du Super Etendard Modernisé (SEM) en 2016 et de Hawkeye), de frégates et en particulier les frégates multimissions (FREMM) remplaçant progressivement les frégate anti-sous-marines (FASM) type F70 qui vont donner à notre pays, grâce à leur future capacité de lancement missiles de croisière navals (MdCN) une nouvelle capacité politique. Ce sont également les bâtiments de projection et de commandement (BPC) pour tout ce qui est action vers la terre, avec en particulier les moyens de l’armée de Terre et la composante amphibie embarquée. Enfin, ce sont les pétroliers-ravitailleurs, les frégates de surveillance, les patrouilleurs de tous types, les bâtiments de servitude ou encore les chasseurs de mines qui sont indispensables aux missions définies par le contrat opérationnel.
Je n’oublie pas, dans la réalisation de ce contrat, le rôle clé joué par les aéronefs de l’aéronautique navale basés à terre ou embarqués. Ils sont parties intégrantes des forces navals et des systèmes d’armes de nos bâtiments.
Quels sont vos motifs de satisfaction en tant que sous-chef Plans/Programmes ?
Le motif principal est certainement le fait de voir une série de réflexions menées depuis l’état-major de la Marine (EMM) en passant par l’état-major des armées (EMA) et la Direction générale de l’armement (DGA) se transformer en capacités matérielles et enfin en unités opérationnelles. Un autre qui n’est pas secondaire est de voir les équipages nouveaux - souvent jeunes - s’approprier ces nouvelles unités et commencer à écrire leur histoire.
Que signifie l’expression « le renouvellement de la Marine » ?
Le renouvellement de la Marine, ce sont d’abord des unités beaucoup plus modernes, plus complexes, plus automatisées, plus puissantes, certainement plus en prise avec les réalités du quotidien – je pense notamment aux systèmes d’information (SIO), aux systèmes de navigation… - et conduites par des équipages au format plus ramassé. On dispose désormais de technologies pointues qui se traduisent en termes de puissance accrue de détection (radar ou sonar) ou encore de frappes. Jusqu’à présent, on ne les avait qu’effleurées. Le renouvellement de la Marine, ce sont aussi de nouveaux marins qui mettront en œuvre ces nouveaux moyens. Ils travailleront probablement de manière différente de ce que l’on connaît aujourd’hui principalement de fait de l’optimisation des équipages. Je suis persuadé qu’ils y trouveront une certaine autonomie et de vrais champs de responsabilités et ce, du commandant au matelot.
Amiral, quels sont les défis majeurs ?
Pour l’année qui vient, la première priorité est la mise en service opérationnel des premières FREMM. L’objectif est que le triptyque FREMM – Caïman – missile de croisière naval soit pleinement opérationnel avant l’été 2015.
Bien entendu, l’armement du SNA Barracuda, actuellement en chantier à Cherbourg, sera l’autre évènement marquant. En parallèle, il faut continuer à travailler sur le modèle, pour déjà préparer la LPM suivante. C’est ce que j’ai abordé précédemment avec la relève des FLOTLOG ou encore avec les études du futur système de guerre des mines. De même, la relève des patrouilleurs, bâtiments souvent synonymes de présence à la mer ou encore de souveraineté, doit être étudiée avec précision. Ce segment naval sera certainement un des fils conducteurs de la prochaine LPM.
Finalement, le plus gros défi est d’assurer le continuum entre une marine qui date des années 1980 (frégates F70, SNA) et une marine de demain, celle des FREMM et Barracuda.
À nouveaux bateaux, nouvelles méthodes, nouveaux équipements et nouveaux équipages. Le vrai sujet est bien de savoir comment faire la transition, c’est-à-dire conduire jusqu’à la fin de leur vie ces bâtiments des années 80 tout en admettant au service opérationnel des bateaux dont la technologie, la puissance et simplement la nouveauté sont autant de défis pour les équipages et les services de soutien. Il faut donc savoir comment on recrute, comment on forme ou comment on transfère des marins des bateaux anciens vers ces bateaux modernes. Dans les faits, on construit la Marine de demain pour des jeunes qui ont aujourd’hui entre 20 et 30 ans. Ainsi, passer d’un aviso à une FREMM nécessite pour certains une vraie remise en question personnelle et une volonté de changer de mode de travail.
SC PL/PROG, c’est qui ?
Comme son titre l’indique, le sous-chef Plans/Programmes (SC PL/PROG) a deux casquettes. Une première « Plans » garantit aux forces de la Marine une vision à moyen et long termes. Sa seconde « Programmes » consiste à assurer le suivi des futurs programmes de la Marine : bâtiments futurs ou en cours d’armement et de suivre en particulier l’admission au service actif ou la mise en service opérationnelle de ces équipements et matériels. Il travaille ainsi au sein de l’état-major de concert avec la Commission permanente des programmes et des essais (CPPE)[1].Il est en lien avec l’amiral chargé des opérations, puisque les unités en court d’armement conduiront demain les opérations de la Marine. Le sous-chef Plans/Programmes travaille également avec le sous-chef Soutien/Finances pour s’assurer de la cohérence des moyens physiques et financiers entre ce qui relève de l’instant présent et du futur. Bien entendu, cet officier général travaille aussi en lien avec la DGA, en particulier avec la direction de la stratégie et son service d'architecture des systèmes de force (SASF) qui prépare les futurs systèmes et architectures capacitaires, ainsi qu’avec la direction des opérations et ses directeurs d’unités de management qui conduisent les programmes.
[1] : La CPPE intervient au nom du chef d'état-major de la Marine (CEMM) lors de la préparation et du contrôle des essais les plus importants pour vérifier que les bâtiments en armement répondent bien aux exigences du besoin militaire exprimé par la Marine. Ultérieurement, après une période à la mer destinée à éprouver l'endurance des bâtiments, la CPPE propose au CEMM l'admission des bâtiments au service actif.
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Trajectoire de la Marine 2015/2025
Inventaire - UNE MARINE AU BON FORMAT
Rapide panorama des moyens et des matériels d’une Marine en pleine évolution.
Central opérations (CO) : centre névralgique d’un bâtiment c’est depuis ce local qu’un écho radar est perçu, identifié et classifié. Les systèmes d’armes sont mis en œuvre afin de tromper ou d’anéantir l’ennemi. Photo de gauche, un CO d’ancienne génération, à droite de nouvelle génération.
4 SNLE de type Le Triomphant équipés du missile M51 formeront l’ossature de la composante de dissuasion océanique. Ils seront tous à terme équipés de cette nouvelle génération de missiles, au fur et à mesure de leurs indisponibilités périodiques d’entretien et de réparations (IPER) respectives.
1 porte-avions, le Charles de Gaulle. Son deuxième grand carénage est prévu avant la fin de la période de la loi de programmation militaire (2019). Au-delà de l’entretien majeur de ce bâtiment, il s’agit de traiter les obsolescences et de l’adapter à un groupe aérien « tout Rafale et Hawkeye ».
6 sous-marins d’attaque (SNA). La période va voir la transition entre les sous-marins de type Rubis et les nouveaux sous-marins Barracuda. L’arrivée du SNA Suffren, premier sous-marin type Barracuda, donnera à la France des capacités très importantes, comme de tirer le missile de croisière naval (MdCN). Il sera également capable de mettre en œuvre des nageurs de combat avec leur propulseur sous-marin à partir d’un Dry Deck Shelter[1]. D’ici 2020, deux bâtiments de type Suffren vont entrer en service pendant que les deux premiers SNA de type Rubis seront désarmés.
[1]Conteneur fixé sur le pont du sous-marin et communiquant avec ce dernier.
15 frégates de types Horizon, FREMM et La Fayette (FLF). Les Horizon resteront les deux bâtiments majeurs de défense antiaérienne, dotés de très grandes capacités militaires. D’ici 2019, 6 FREMM - bâtiments à hautes capacités anti-sous-marine et aptes au lancement du MdCN - seront mises en service. Les trois premières sont l’Aquitaine, la Normandie et la Provence sur laquelle le premier équipage vient d’embarquer. Le premier semestre de l’année 2015 constituera une charnière importante puisque c’est à cette période que les essais du MdCN à partir de l’une des FREMM seront effectués. Ces bâtiments remplacent les frégates F70 type Georges Leygues dont les dernières seront retirées du service actif dans les années 2022/2025. Par ailleurs, les FREMM remplaceront, dans une version aux capacités antiaériennes développées, les frégates antiaériennes Jean Bart et Cassard. Les FLF viennent compléter à 15 ce format de frégates prévu par le Livre blanc.
3 BPC de type Mistral. Ils recevront à partir de l’année prochaine des capacités accrues d’autodéfense et de veille optronique.
L’évolution de la flotte logistique fait l’objet d’une attention particulière. Aujourd’hui, 4 pétroliers-ravitailleurs sont en service, dont un qui sera prochainement retiré du service actif. Demain, le défi consistera à définir puis adopter le format définitif de la FLOTLOG.
Les livraisons des Rafales Marine en version F3 se poursuivent tout comme celles des hélicoptères Caïman et des Panther standard 2. L’Atlantique 2 (ATL2) entre quant à lui en chantier pour également le doter de nouvelles capacités militaires.
3 bâtiments multimissions (B2M). Actuellement en construction, ils remplaceront notamment les bâtiments de transport léger (BATRAL). Ils seront basés à Fort de France, Papeete et Nouméa.
2 patrouilleurs légers guyanais (PLG). Ils remplaceront deux patrouilleurs de 400 tonnes (P400).
8 bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH), dont 2 devraient être livrés en 2017. Ils remplaceront les bâtiments de soutien, d’assistance et de dépollution (BSDAD), les remorqueurs de haute mer (RHM), les bâtiments de soutien de region (BSR) et les remorqueurs ravitailleurs (RR). La cible finale est de 4 bâtiments militaires et de 4 autres armés par un équipage civil.
DISSUASION
La dissuasion constitue l’assurance de la Nation contre toute menace d’origine étatique, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme, visant les intérêts vitaux de la France. La dissuasion est assurée depuis maintenant plus de 40 ans sans discontinuer par la permanence à la mer d’au moins un SNLE prêt à lancer ses armes. Un tel sous-marin entrainé, protégé lors de ses sorties et ses entrées au port, et assisté en cas de problème médical de l’un de ses membres d’équipage. C’est donc l’ensemble d’un dispositif d’accompagnement et de soutien, composé de frégates, d’avions de patrouille maritime, de chasseurs de mines d’hélicoptères, d’hommes à terre et de gendarmes maritimes qui est mobilisé. Cette dissuasion océanique se complète de la partie plus visible et plus graduée de la composante aéroportée, c’est-à-dire les missiles emportés sous les ailes des avions de l’armée de l’air et de l’aéronautique navale.
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2 patrouilleurs légers guyanais (PLG). Ils remplaceront deux patrouilleurs de 400 tonnes (P400).
› Des études sont en cours sur les bâtiments de guerre de mines en vue du remplacement des chasseurs de mines de type Eridan en service depuis les années 80.
› Le vrai défi de cette loi de programmation militaire (LPM) est de continuer à maintenir des unités anciennes, très importantes en termes de présence à la mer, en préservant au mieux leur potentiel. C’est la composante « patrouilleurs » tant en métropole qu’outre-mer qui symbolise le mieux ce défi.
Nouveautés emblématiques - Demandez le programme
Qu’il s’agisse des FREMM et du Caïman pour la Force d’action navale (FAN), du Barracuda et du couple SNLE et missile M51 pour les forces sous-marines, des programmes propulseur sous-marin de 3e génération (PSM3G) et Dry Deck Shelter (DDS) concernant la force des fusiliers-marins et commandos ou de la rénovation des ATL2 et du couple Rafale Marine/missile ASMP-A pour l’aéronautique navale, la Marine s’est progressivement lancée dans le renouvellement de ses moyens et de ses équipements afin de tenir la posture opérationnelle.
FREMM / Caïman /MdCN: un trio gagnant
Le Caïman, qualifié lutte anti-sous-marine (ASM), va peu à peu remplacer les hélicoptères Lynx à bord des frégates. Radar panoramique à compression d’impulsions et agilité de fréquences, système acoustique à grande immersion et traitement autonome sonar/bouées, torpille MU90, système ESM, liaison tactique interalliées L11 et autoprotection… Ces standards industriels récents confèrent au Caïman des performances de détection, de poursuite, de classification et d’attaque des menaces modernes du milieu maritime qui décuplent les capacités de la FREMM. Son association avec les FREMM et le MdCN en fait un outil très prometteur au sein de la Force d’Action Navale (FAN). En plus d’être un chasseur de sous-marin, le Caïman est également un hélicoptère de combat embarqué de lutte antinavires et de contre-terrorisme maritime. Véritable hélicoptère embarqué multilutte, le Caïman est aussi capable de mener des missions de sauvetage en mer.
LES PLUS DU BARRACUDA
Le Barracuda constituera une composante essentielle des forces sous-marines pour les cinquante années à venir. Il prévoit la réalisation de six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA). Les SNA actuels, de type Rubis, auront navigué pendant près de 35 ans lorsque leurs successeurs seront progressivement admis au service actif. Par rapport aux SNA actuellement en service, le SNA de type Suffren disposera d’une meilleure invulnérabilité, notamment grâce à une discrétion acoustique accrue. Pour l’action sous la mer, la capitalisation des savoir-faire acquis lors de la réalisation des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de type Triomphant permet de bénéficier des performances en détection sous-marine et en discrétion acoustique du niveau des meilleurs des sous-marins étrangers. Le SNA de type Suffren emportera la future torpille lourde. Pour l’action au-dessus de la surface, les systèmes de transmission et d’acquisition du renseignement en feront un bâtiment apte à travailler seul ou de façon parfaitement intégrée dans une force navale. Enfin, pour l’action vers la terre, le sous-marin mettra en œuvre le missile de croisière naval (MdCN) et améliorera les capacités d’opérations spéciales en surface et en plongée.
COMMANDOS : DES CAPACITÉS NOUVELLES
Parmi les capacités des forces spéciales expertes du milieu maritime, la projection à partir de sous-marins en plongée est l’une des plus complexes à maîtriser. La France, avec la Force Océanique Stratégique (FOST) et les commandos marine, fait partie des rares nations à posséder cette capacité qui assure une discrétion maximale à ce type d’action. Parmi les commandos marine, c’est le commando Hubert qui détient l’expertise de l’action subaquatique. Pour renforcer cette capacité, la Marine conduit deux programmes d’équipement qui sont complémentaires et compatibles avec le programme de sous-marins Barracuda : les programmes propulseur sous-marin de 3ème génération (PSM3G) et Dry Deck shelter (DDS). Le PSM3G est un vecteur de transport pour des nageurs de combat, qui permettra d’accroître la capacité d’emport (en équipement et personnel), d’autonomie et donc de rayon d’action. Le DDS est un compartiment de stockage (l’équivalent d’un hangar de pont) qui se fixe sur un sous-marin et peut accueillir un PSM permettant ainsi d’acheminer ce dernier d’une base de départ en métropole jusqu’au large de la zone d’intervention pour mettre en œuvre des nageurs de combat en toute discrétion. Le DDS comporte un sas connecté à l’intérieur du sous-marin pour l’accès des commandos et un hangar pour le PSM. Le développement et l’acquisition parallèle du PSM3G et du DDS permettra ainsi d’accroître sensiblement la capacité d’intervention de la Marine depuis la mer.
ATL2 : la « Patmar » en action
Constituée d’aéronefs de type Atlantique 2 (ATL2) mis en service au début des années 90, la composante patrouille maritime (PATMAR) de l’aéronautique navale contribue à l’ensemble des missions de la Marine. Conçu pour garantir l’autonomie et la sûreté de la FOST - notamment pour la protection des SNLE dans les phases de début et de fin de patrouille - ou pour protéger une force navale à la mer (groupe aéronaval ou groupe amphibie) contre des menaces sous-marines et de surface, l’ATL2 contribue à la maîtrise du milieu sous-marin et à la connaissance des espaces maritimes. En plus de cela, l’ATL2 assure aussi des opérations de sauvegarde maritime et de sûreté des approches maritimes nationales, de la zone littorale jusqu’au grand large. Sa capacité de projection et son long rayon d’action lui permettent d’opérer seul ou en soutien en tous points de l’arc de crise comme défini par le Livre blanc.
LES NOUVEAUX ATOUTS DE l’ATL2
Le contrat de rénovation de l’Atlantique 2 signé en octobre 2013 pour 15 avions visait un objectif : permettre leur emploi opérationnel jusqu'en 2032. Grâce à cette rénovation, l’ATL2 améliore ses capacités de détection. Le radar Iguane voit ses obsolescences traitées et ses capacités de détection radar sur petit mobile (périscopes par exemple) par mer agitée ou forte augmentées. De même, le poste acoustique bénéficie des innovations de la dernière génération de bouées numériques. L’ensemble de ces informations est présenté sur de nouvelles stations de travail, développées par le service industriel de l’aéronautique (SIAé). Le logiciel opérationnel de traitement de l’information de nouvelle génération (Loti NG), réalisé par l’industriel DCNS, fusionne les données reçues par les capteurs de l’avion afin de faciliter le travail des opérateurs. L’industriel Dassault Aviation est chargé de l’intégration de l’ensemble de ces nouveaux systèmes et des différents essais permettant la qualification par la DGA de ce nouveau système de combat. La complexité de cette opération tient principalement dans la nécessité de mêler le neuf à l’ancien. En effet, la cellule, les moteurs, les sous-systèmes navigation ou armement restent inchangés. À la fin du mois de septembre, la nouvelle architecture système a été figée par les industriels afin d’entamer les travaux sur le premier avion. D’ici à 2019, trois avions seront rénovés, les autres le seront pour 2023.
LE RAFALE ASMP-A : REDOUTABLE INNOVATION
Conçu pour être mis en œuvre par les Rafale de l'aéronautique navale (au standard F3) et de l'armée de l'Air, le nouveau missile ASMP-A (air-sol moyenne portée amélioré) peut suivre des trajectoires variées, adaptées à la menace, de manière autonome et discrète, avec des portées et une précision améliorées par rapport à son prédécesseur, le missile ASMP. Le nouveau missile ASMP-A peut être tiré à très basse altitude comme à moyenne altitude. Il est équipé de la nouvelle tête nucléaire aéroportée (TNA).
SNLE / M51 : S’ADAPTER A LA MENACE
Dans le cadre de la modernisation de ses missiles embarqués, la France a doté en 2010 la Force océanique stratégique (FOST) d’un nouveau missile : le M51. En parallèle, le premier SNLE équipé de ce nouveau missile intercontinental à têtes nucléaires, le SNLE Le Terrible a été admis au service actif après son adaptation au M51. Conduit par la Direction Générale de l’Armement (DGA) au profit de la FOST, le programme M51 est indispensable pour s'adapter à la menace. Le M51 permet une amélioration significative de la portée et de la précision, tout en offrant une souplesse de mise en œuvre plus importante. Un même missile M51 a la capacité d'atteindre plusieurs objectifs éloignés Le M51 peut également s'adapter à une évolution de la menace d’interception. Doté pour le moment de têtes nucléaires TN-75, il doit recevoir, à partir de 2015, les nouvelles têtes nucléaires océaniques (TNO), plus furtives et disposant de capacités de pénétration accrues.
DES MARINES EN PLEIN RENOUVELLEMENT
Auteur depuis plus de 20 ans de Flottes de combat, une véritable « bible» recensant, pays par pays, tous les moyens dont disposent les marines mondiales, le capitaine de vaisseau ® Bernard Prézelin est un observateur attentif des marines militaires et de leur renouvellement.
« Toutes les marines mondiales ont pris conscience de l’importance grandissante des enjeux maritimes et renouvellent, voire accroissent sensiblement leurs forces navales, notamment la quasi-totalité des marines asiatiques. L’exemple donné par les trois plus importantes, en matière de tonnage, est révélateur à cet égard.
Aux Etats-Unis les programmes concernent les porte-avions nucléaires (classe Gerald R. Ford), les SNA (classe Virginia), les destroyers lance-missiles (relance du programme Arleigh Burke Flight II A en attendant les Arleigh Burke Flight III et achèvement du très onéreux projet DDG 1000 limité à 3 unités en raison de son coût exorbitant), les frégates légères avec la poursuite du programme – parfois contesté - des deux modèles de LCS (Freedom et Independence), les grands bâtiments amphibies (porte-hélicoptères classe America et TCD classe San Antonio).
La Russie toutefois peine à mener à bien ses nouveaux programmes : SNLE du type Borey, SNA du type Yasen, sous-marins du type Lada, frégates des types Gorshkov et Steregushchiy, bâtiments de débarquement du type Ivan Gren, ceci expliquant en grande partie la commande des deux BPC Vladivostok et Sebastopol à la France.
Mais c’est assurément la Marine chinoise qui continue à progresser de façon très importante, si ce n’est inquiétante pour les autres marines asiatiques : SNLE du type Jin, SNA du type Shang, sous-marins du type Yuan, destroyers lance-missiles des types Lujang II (052C) et Lujang III (052D), frégates lance-missiles du type Jiangkai II (054A), corvettes lance-missiles du type JIangdao (056), pétroliers-ravitailleurs du type Fuchi et probablement nouveaux porte-avions et porte-hélicoptères en instance de construction. »