À trois semaines du coup d'envoi des élections législatives en Inde (du 7 avril au 12 mai), Dassault Aviation* a franchi une étape décisive dans la perspective de la signature du contrat d'acquisition de 126 Rafale par l'armée de l'air indienne. «Oui, nous avons un accord avec HAL. Oui, nous avons un “work share” (répartition du travail, NDLR) avec la partie indienne», a déclaré Éric Trappier, PDG de l'avionneur, jeudi 13 mars, lors de la présentation des résultats annuels. Il confirme ainsi une information de la chaîne de télévision locale NDTV. «C'est une belle étape de franchie», a-t-il apprécié.
Cet accord est crucial car il est au cœur de la vente du Rafale en Inde. En janvier 2012, New Delhi avait choisi le chasseur français pour moderniser sa flotte d'avions de combat. L'Inde était entrée en négociations exclusives avec Paris afin de transposer en termes contractuels les différents volets de l'offre française. Il est prévu que les 18 premiers Rafale soient fabriqués en France et les 108 suivants assemblés en Inde, dans le cadre d'un transfert de technologie inédit.
Partage des responsabilités
Le géant indien de l'aéronautique HAL sera «leader de la fabrication du Rafale en Inde», a rappelé Éric Trappier. «HAL a défini sa supply chain puis les partenaires français et indiens ont trouvé un accord pour travailler ensemble dans le cadre d'une organisation industrielle clairement définie», a-t-il poursuivi. Le partage des responsabilités a également été acté. «Nous avons un partage du travail et un partage des responsabilités. HAL est responsable du travail qu'il fait», souligne le PDG de l'avionneur. Dès lors s'engage la dernière phase des négociations. Éric Trappier espère signer le contrat cette année. Le résultat des élections législatives pourrait-il avoir un impact? «L'Inde a des besoins opérationnels et industriels. Ces besoins restent, quel que soit le résultat des élections», souligne le PDG de Dassault Aviation.
Outre l'Inde, le groupe travaille sur quatre autres marchés où le Rafale a ses chances: le Canada, qui pourrait remettre en cause l'achat de l'avion de combat américain F-35, la Malaisie, le Qatar ainsi que les Émirats arabes unis.
Sur le front de l'aviation d'affaires qui a représenté 69% des ventes consolidées (4,59 milliards d'euros) en 2013, le marché est encore convalescent. Cela, en l'absence d'une reprise franche aux États-Unis, le plus important marché pour l'aviation d'affaires. Le groupe a livré 77 Falcon en 2013 (contre 66 en 2012) et prévoit 70 livraisons cette année. Sur le terrain commercial, l'avionneur a engrangé 64 commandes en 2013 (58 contrats en 2012). Pour cette année, le groupe espère «un “book-to-bill” (ratio entre les prises de commandes et les livraisons, NDLR) supérieur à 1 grâce au Falcon 5X», son nouveau jet présenté cet automne au salon de Las Vegas. «Nous avons pris beaucoup de commandes pour un début de programme. Nous sommes satisfaits de l'accueil réservé au 5X par le marché», a souligné Éric Trappier. L'avionneur qui vient d'enrichir sa gamme, va encore la renforcer en présentant un nouvel appareil - nom de code M1000 - au salon européen de l'aviation d'affaires qui se tient à Genève en mai.
*Le Groupe Dassault est propriétaire du «Figaro»
Les profits partagés entre salariés, actionnaires et investissements
À 334 millions d'euros, le résultat net ajusté (hors Thales) de Dassault Aviation a baissé par rapport aux 366 millions de 2012. Cela tient au recul du résultat opérationnel, qui a été obéré par une augmentation de la R & D autofinancée à 482 millions (387 millions en 2012). Elle est surtout «destinée à financer la montée en puissance du Falcon 5X. Cela continuera dans les deux ans à venir», a précisé Éric Trappier, PDG du groupe. Compte tenu de la nécessité de poursuivre cet effort et des incertitudes du marché, le dividende proposé aux actionnaires au titre de 2013 est de 90 millions d'euros (94 millions en 2012). De leur côté, les 8000 salariés de Dassault Aviation (hors filiales) se partageront 109 millions sous forme d'intéressement et de participation. Le solde sera réinvesti. Le groupe continue à appliquer la règle des «trois tiers» en matière de partage des bénéfices. «Les bénéfices ne reviennent pas de façon massive chez les actionnaires. Serge Dassault et sa famille continuent à soutenir la société et à préparer son avenir», a insisté Éric Trappier.