Juin 2012 - Joël-François Dumont- european-security.com
Eurosatory 2012, « salon de la défense et de la sécurité terrestres » ouvrira ses portes du 11 au 15 juin au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte.
Malgré la crise, on peut prévoir que les résultats de l’édition 2010 seront dépassés [1] et
que ce salon, réservé aux professionnels, sera confirmé une fois de plus comme le rendez-vous incontournable des grands acteurs du petit de la défense et de la sécurité. Philippe
Burtin, PDG du groupe Nexter, a présenté au Club de la presse les chiffres de son groupe devant l'Association des Journalistes de Défense. Paris, le 9 juin 2012. Propos recueillis par
Joël-François Dumont pour European-security & espritcorsaire.com (©)
Nexter demeure une, sinon « la » référence française en matière d’armement terrestre. Le groupe français qui a succédé au GIAT fin 2006
après un vaste plan de restructuration, malgré la crise, est resté bénéficiaire sur plusieurs années. Depuis sa première exposition en 1967, le groupe s'inscrit au cœur même de l'évolution du
marché mondial de la défense terrestre et aéroterrestre.
Fournisseur historique de l’armée de Terre, Nexter dispose d’une très forte implantation industrielle en France, [2] et a su nouer de nombreux partenariats et des joint-ventures à l’étranger pour mieux ménager l’avenir. Le
groupe [3] est aujourd’hui divisé en trois grands pôles : « Nexter Systems » chargé de la conception, de l’intégration et du
maintien en condition opérationnelle de systèmes d’armes et véhicules blindés, qui représente en quelque sorte la « maison mère » des sociétés constituant les deux autres Pôles : Nexter
Munitions, produisant à la fois des munitions du moyen au gros calibre, des composants et têtes militaires pour missiliers ou fabricants de torpilles. Nexter Mechanics et Nexter Electronics,
enfin, constituant enfin le pôle Équipements.
Devant l’AJD, l’association des journalistes de défense, Philippe Burtin a présenté le bilan de son groupe en 2011 après une année 2010 qui aura connu 20% de croissance. Nexter reste «
l’acteur global et incontournable de la Défense terrestre ». Comme Mike Duckworth, directeur des Affaires Internationales et Frédéric Bouty, directeur de la Stratégie, le PDG se veut
confiant pour 2012 et pour l’avenir.
Dans un environnement pourtant fortement compétitif, grâce à ses partenariats, un fort investissement dans l'innovation et un renouvellement constant de son offre, le groupe a encore accru son
avancée à l'international. « C’est un fait, au cours de ces dernières années, la part consacrée aux budgets de la défense a été sensiblement réduite pour répondre à des menaces précises, au
terrorisme en particulier, celle des budgets de sécurité intérieure est donc allée croissante. Il n’y a pas qu’aux États-Unis où la tendance a été de passer du kaki au bleu. « Cette évolution
retient naturellement toute l’attention de notre groupe. Notre métier est celui de la défense terrestre... Nos ressources sont ce qu’elles sont, nous avons à nous concentrer sur notre métier.
Nous n’irons pas vers la sécurité intérieure, par contre, c’est clair, la sécurité intérieure peut être intéressée par nos matériels, lesquels sont d’abord développés dans un objectif de défense
terrestre pour les forces terrestres. »
« Notre métier consiste à offrir des produits et des services qui peuvent répondre aux besoins de tous nos clients de par le monde » explique M. Burtin. « Ce que les clients viennent
chercher, c’est les solutions techniques, les services qui peuvent répondre à leurs besoins. Notre gamme est étendue : des matériels roulants, des tourelles qui équipent ces matériels mais aussi
les différents services associés. »
« Nos compétences » rappelle M. Burtin « s'articulent autour du métier de systémier-intégrateur et permettent la maîtrise de systèmes d'armes terrestres de plus en plus
"intelligents" et interconnectés entre eux. » Fort d'ingénieurs systèmes et d'opérateurs hautement qualifiés, Nexter met en œuvre des savoir-faire placés sous le signe de « l'innovation,
de la maîtrise d'œuvre et du service au client ». Nexter a fait le choix d’une « organisation tournée vers ses clients ». Chacune des filiales constituant les trois Pôles
d’activités du Groupe est centrée « sur des couples produits/marchés cohérents. »
Selon M. Burtin, la « taille du Groupe permet » non seulement d'être « présent sur tous les marchés du globe, mais aussi d'être agile et réactif, facteur primordial d'une capacité à
concevoir des solutions innovantes et modulaires », cette adaptabilité permettant, le moment venu, d'intégrer rapidement les évolutions qui satisferont les exigences du client.
La France, les BRIC et l’Europe
« En France la Loi de programmation militaire (LPM) qui va être préparée par le prochain Livre blanc sera sûrement le cadre qui définira plus précisément les besoins. Du côté des mortiers,
les besoins continuent d’exister. Les menaces continuent à exister. Nos marchés de défense terrestre sont importants. Les menaces elles existent : en Asie, au Moyen-Orient. Ces pays-là sont pour
nous des marchés importants. Les matériels de défense français sont appréciés pour leur qualité, pour la pérennité des solutions de soutien de ces matériels. Nous avons des produits qui sont
compétitifs et bien placés en termes de prix. »
A Eurosatory, la délégation chinoise s’intéresse au Caesar
« Les BRIC » (Brésil, Russie, Inde et Chine) se sont transformés en concurrents : « des concurrents de plus en plus efficaces. Nous les respectons, nous ne les craignons pas, parce que nous
avons des solutions techniques de bon niveau. Ils nous poussent à nous améliorer. Nous continuons à améliorer notre compétitivité. Nos facteurs de succès, nos facteurs de différenciation restent
fondés sur ce qui est l’essentiel de nos produits en France, c’est-à-dire, l’excellence technique, le juste niveau, la pérennité d’une solution, la qualité des solutions, et bien sûr des
solutions qui ont un bon niveau de compétitivité prix. »
Et l’Europe dans tout cela ? Si les Européens ont réussi à s’unir dans l’aéronautique, ce n’est pas le cas dans les secteurs naval et terrestre.
« L’Europe fait face en effet à un problème budgétaire important, je ne veux pas dire pour autant que l’Europe baisse la garde, mais l’Europe doit maintenant consacrer ses budgets ou limiter
ceux-ci à des phases de rééquipement ou plutôt d’équipement à moyen terme Nous allons voir ce que les différents budgets européens en effet vont prévoir pour l’avenir » …
« Notre marché reste compartimenté », précise Philippe Burtin : « les forces européennes n’ont pas encore une vision homogène et unifiée de leurs besoins : besoins en matériels ou
besoins en services. Ce qui suppose peut-être une doctrine commune ou une vision encore plus, disons, unifiée de leurs engagements respectifs. Pour l’instant nous n’avons pas cet état du monde
européen. Par voie de conséquence, en effet, les industries européennes de défense terrestre restent fragmentées ». Nos industriels ayant d’abord été « orientés vers nos marchés propres,
nous avons des produits qui sont quelques fois concurrents, qui ont eu des cycles de développement parallèle et nous n’avons » donc « pas encore cette chance que l’aéronautique a pu
connaître. Peut-être que l’Europe va vers un changement de modèle ? J’entends parler de Smartphones, j’entends parler de mise en commun pour l’union sharing. Je pense que les esprits
sont prêts pour, en effet, envisager dans le monde de la défense terrestre un besoin commun, des solutions communes. Pour l’instant, donc, nous sommes peut-être dans cet état de transition.
»
« L’industrie de défense est le reflet des différents marchés de défense européens. Nous avons une industrie qui est importante, qui est au meilleur niveau technologique, qui est peut-être en
effet trop fragmentée pour l’instant. Je le redis, notre devoir à moyen terme, il n’y a pas d’urgence à trouver une solution, chacun se développe selon ses moyens, mais par contre notre vision
stratégique et je dis notre puisqu’elle est partagée par mes confrères européens, c’est bien de trouver les voies et moyens de construire cette industrie européenne de la défense terrestre. Je
l’ai dit et je le répète, les esprits me paraissent prêts pour cela. Les pays émergents qui sont actuellement sur nos marchés vont être encore plus présents sur le marché européen. Nous ouvrons
ces marchés et c’est bien, la concurrence va se développer encore plus que présentement. Ces pays ont de bons produits. Ils vont progressivement monter en gamme, en qualité. Nous devons nous
préparer en tant qu’Européens pour défendre cette industrie européenne et la défendre tout simplement parce qu’elle est utile à la défense du continent, nous devons structurer l’industrie
européenne et je m’y attache. »
Démonstration dynamique du Meerkat®
de NBC-Sys à Eurosatory
Nexter attend bien sûr beaucoup de ce salon qui va montrer les forces et les faiblesses d’un secteur qui a su rester dynamique. Au salon, et pour la première fois, les cinq filiales qui
constituent le pôle équipements de Nexter (Nexter Electronics, Nexter Mechanics, Euro-Shelter, NBC-Sys et Optsys) seront présentes à Villepinte sur le stand du groupe. L'édition 2012 d'Eurosatory
sera aussi l'occasion d'assister à « la démonstration du système SYEGON intégré à l'Aravis, de mieux appréhender les innovations en matière d'optique sur le VBCI, de voir l'offre SIT
dans un Shelter de dernière génération, les systèmes de décontamination NRBC sur différentes plateformes, ou encore de découvrir « les cœurs électroniques de nos systèmes ».
L'Aravis, nouveau véhicule blindé à roues, dévoilé à Eurosatory (2008)
L’image du groupe est volontiers associée à des matériels lourds : chars de bataille, véhicules blindés : VBCI, Canons : Caesar. Pour M. Burtin, qui confesse volontiers qu’il reste encore à
communiquer sur ces sujets, de même qu’il n’est pas question de renier les matériels lourds, qu’il s’agisse des chars de bataille, des véhicules blindés et autres VBCI, ou de canons comme le
César promis à un bel avenir.
Le char Leclerc à Abu Dhabi (IDEX 2011)
« Le dernier char Leclerc a été livré en 2006. Le Leclerc a une menace de 56 tonnes. Notre portefeuille-produits maintenant inclut des matériels qui vont de l’Aravis (13 tonnes) jusqu’au VBCI
(32 tonnes), vous voyez que nous sommes en effet plus orientés pour répondre à des besoins légers ou moyens, moyen-tonnage. Le char Leclerc, nous l’entretenons, il n’est plus maintenant en
production. Je ne veux pas dire qu’il fait partie de notre passé, il est tout à fait présent dans les forces. Nous le soutenons. Ce qui est bien notre actualité, c’est bien la gamme légère et
moyenne. »
[1] Eurosatory 2010 : Bilan
[2] Nexter (2011) : 2700 collaborateurs, 9 sites de production en France, une présence dans plus de 100 pays, 851 millions d'euros de Chiffre
d'Affaires, 633 millions d'euros de prises de commandes, 16 % du Chiffre d'Affaires consacré à la R&D.
[3] Rapport annuel
2011