2 novembre 2011 par Gaëtan - blog.avionslegendaires.net
Le constructeur Dassault Aviation ainsi que le gouvernement français attendent, dans les prochaines semaines, avec impatience les décisions respectives de trois pays où le Rafale est dans la course finale : les Emirats arabes unis, l’Inde et la Suisse.
Les prochains mois s’annonce cruciaux pour l’avenir du Rafale à l’exportation… Bien évidemment si aucun nouveau coup de théâtre ou report des votes des éventuels acheteurs ne se reproduisent. Actuellement trois pays ont formulé un vif intérêt pour l’avion de combat Rafale de Dassault Aviation. Un appareil qui capitalise aujourd’hui sur ses performances opérationnelles de haut niveau en Libye et en Afghanistan. Même si ces concurrents directs, que sont l’Eurofighter Typhoon et le Saab Gripen ont aussi été engagés, le Rafale a démontré de façon exemplaire qu’il pouvait remplir les besoins opérationnels de nombreux pays. Cela pourrait faire pencher la balance en faveur d’un appareil qui a pataugé jusqu’ici à l’export. La France, après la déconvenue brésilienne, dispose de réelles chances de succès aux Emirats arabes unis, en Inde et en Suisse. Reste à transformer ces signaux favorables en contrats fermes et définitifs. Il y a plus de 200 appareils en jeu dans ces différents appels d’offre
E.A.U.
Les Emirats arabes unis (EAU) ont toujours été de fidèles consommateurs des produits Dassault. L’enjeu de cette vente porte sur 63 Rafales. Malheureusement, ils sont aussi très susceptibles et un article dans un journal détenu par le groupe Dassault a failli anéantir les efforts commerciaux. Cela les à au moins retardés. Ainsi une visite expresse du prince héritier d’Abu Dabi, Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, à l’Élysée, s’est plutôt mal passée.
L’autre point d’achoppement c’est la rétrocession des excellents Mirage 2000-9, dernière version de l’appareil spécialement conçue pour Abu Dhabi, et qui a également participé aux côtés des Français à l’opération Harmattan. Ce modèle a même été capable de descendre un F-22 en combat simulé. Mais ces clients capricieux exigeraient la reprise de leurs Mirage 2000-9, certes anciens mais toujours opérationnels. Dassault devrait les racheter donc pour … les revendre ensuite. Reste à qui ?
Enfin, il faut aussi insister sur le fait que ces derniers mois, les discussions ont aussi porté sur la volonté d’obtenir une version améliorée de l’appareil. Un Rafale doté d’un moteur plus puissant d’une poussée de 9 tonnes et équipé d’un radar de dernière génération. Mais les performances de l’avion de chasse lors des combats en Libye auraient rassuré les acheteurs. Ils sembleraient aujourd’hui se ranger aux équipements standards.
Seul point positif, les Emirats arabes unis se sentent quelque peu redevables à l’égard de la France après sa décision d’implanter une base interarmées française dans ce pays du Golfe. D’après les dernières annonces officielles, cette vente serait sur le point d’être conclue.
Inde
Pour l’Inde, la date importante pour le Rafale, c’est demain le 4 novembre. Le jour où New Delhi va ouvrir les enveloppes commerciales de Dassault Aviation et d’EADS concernant l’appel d’offre pour l’acquisition de 126 avions de combat. Le programme MMRCA (remplacement des Mig-21) qui a été lancé en août 2007 après six années de longues réflexions devrait toucher à sa fin prochainement. Pour ce dernier moment, il reste seulement deux finalistes : le Rafale et l’Eurofighter, défendu par le consortium BAE Systems, EADS et l’italien Finmeccanica. L’Inde avait déjà écarté les américains de Lockheed Martin et de Boeing, avec leurs F-16 IN Super Viper et F/A-18E/F Super Hornet ainsi que l’avion russe MiG-35 et le Saab Gripen suédois.
On en saura plus sur les chances de victoire de l’avion de combat français pour ce contrat évalué entre 10 et 12 milliards de dollars. Les experts indiens devront examiner les offres pour savoir si les deux industriels évoquent bien le même périmètre industriel, technique, opérationnel au regard des prix avancés. L’Inde n’achète pas seulement un avion de combat mais aussi toute la gestion opérationnelle et le support au regard du coût de possession des deux appareils. Selon des règles indiennes, le soumissionnaire le moins-disant (c’est à dire le moins cher) est considéré comme le gagnant. Si l’on se réfère au cas de la Suisse, l’Eurofighter a été jugé trop cher par rapport au Rafale, nous verrons si cela se vérifie en Inde.
Par contre l’Eurofighter est régulièrement présenté comme le favori de la compétition indienne car EADS possède une grosse capacité de lobbying développée à travers les instances diplomatiques des 4 pays partenaires et en particulier par les liens entre Britanniques et Indiens. Ensuite selon les termes de l’appel d’offres, 18 appareils seront directement fournis au pays tandis que 108 autres avions seront fabriqués directement en Inde par Hindustan Aeronautics à la suite d’un transfert de technologies. Le premier lot de ces avions devrait être livré dès 2014.
Suisse
La Suisse, dont la flotte est composée en partie de (très) vieux Northrop F-5 Tiger II, pourrait acquérir entre 22 appareils en une ou plusieurs tranches. Le Conseil Fédéral qui avait pourtant repoussé sine die l’acquisition d’avions de combat, est aujourd’hui très pressé. À tel point que le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) veut décider avant le 14 décembre, date des élections au Conseil fédéral.
Les concurrents se trouvent face à une demande claire de la Suisse : 22 avions pour un budget maximum de 5 milliards de francs suisses. Une somme assez juste pour combler le départ à la retraite des vénérables F-5 et assurer à la Suisse sa protection. A l’issu de l’évaluation technique, c’est le Rafale qui a été classé en tête de liste, car répondant quasiment parfaitement au cahier des charges. Le Rafale dispose donc de sérieuses chances, en dépit de son prix plus élevé que celui du Gripen NG (version qui n’existe que sur le papier, rappelons-le). De nombreuses compensations seront accordées à l’industrie suisse, qui concerne plus de 300 entreprises de tous les cantons. De plus l’Armée de l’Air propose à la force aérienne helvète de s’entraîner dans l’espace aérien français (tout proche) et de disposer d’une base de soutien commune avec les Rafale français (certaines bases aériennes sont à quelques minutes de la Suisse). C’est là l’un des points forts de l’offre de Dassault.
Patience donc…
Et le Brésil dans tout ça… Comme on l’avait souligné dans un article précédent, les brésiliens sont « à sec » et ne pourront acheter de Rafale qui sembleêtre leur préféré (pour le gouvernement), ni d’autres avions de chasse récents d’ailleurs. A la rigueur à nos « amis » brésiliens pourraient récupérer en attendant les Mirage 2000-9 émiratis d’occasion, afin de compenser le départ à la retraite de leurs très vieux Mirage, qui eux n’attendront pas la relève.
Donc, si Dassault fait le « Hat Trick » (comme on dit en football), c’est tout de même la production de 211 Rafales en perspective et sa présence sur de nombreux fronts à l’avenir.
Suite au prochain épisode…