Je le suis d’autant plus que les sujets de cette année 2011-2012 sont vraiment structurants, notamment pour la Défense.
Pourquoi ?
- D’abord parce que 2012 est une année politique. En France certes, mais aussi aux Etats-Unis, en Russie ou en Chine.
L’issue de ces élections, ou de ces désignations, aura des conséquences sur les scènes nationales et internationales dans ce contexte de grave crise financière dont nous ne mesurons pas
encore tous les effets, notamment en Europe !
- Ensuite parce que 2012 est le rendez-vous de la révision de notre LBDSN :
Révision ne signifie pas réécriture ! Le LBDSN 2008 reste valide à bien des égards.
Mais depuis 2008, je constate une accélération du temps stratégique : des évolutions doivent être prises en compte.
- les pays émergents se structurent en puissance. Portés par leur économie, ils changent de ton et remettent en cause la légitimité des puissances établies à organiser le
Monde. Ils se distinguent de plus en plus les uns des autres.
- les crises financières et économiques ont d’abord touché les puissances occidentales et les affaiblissent.
- les Etats-Unis se tournent toujours davantage vers le Pacifique et invitent les Européens à mieux se prendre en main.
C’est l’exemple libyen ! Les récentes déclarations de M. Panetta vont dans ce sens, après celles de R.Gates !
- les révolutions arabes ouvrent une boîte de Pandore dont personne ne mesure très bien toutes les conséquences.
Dans ce contexte, il nous faut aussi prendre en compte le traité de Lisbonne, le nouveau concept stratégique de l’OTAN, la DAMB, le traité franco-britannique, l’approfondissement
des risques balistiques et nucléaires, la croissance exponentielle de la menace cybernétique…autant de sujets qui appellent une réflexion . Des travaux sont en cours sous
l’égide du SGDSN. Les armées y participent.
- 2012 est enfin l’année de préparation de la prochaine loi de programmation militaire (LPM 2013-2018) qui devra être la déclinaison législative d’un Livre Blanc amendé : avec
en arrière plan la crise de la dette, l’équation sera compliquée.
Au regard de ces rendez-vous programmés qui engagent l’avenir de notre pays, je pense que la défense doit être un vrai sujet , pas un enjeu , mais un
sujet :
- un sujet de réflexion et de débat,
- un sujet d’actualité et un sujet de priorité , parce que, pour reprendre l’expression du général de Gaulle : « la
défense est la première raison d’être d’un Etat, il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ».
- c’est donc un sujet qui doit être à la hauteur des enjeux qu’il recouvre pour la défense de notre pays et l’avenir de l’Europe.
Le contexte est connu : le monde réarme, l’Europe désarme : voici quelques chiffres du SIPRI : ils sont intéressants par les ordres de grandeur qu’ils expriment.
Entre 2001 et 2010, l’augmentation des dépenses militaires mondiales est de + 50 % : + 80 % pour l’Amérique du Nord, + 70 % pour l’Asie de l’Est principalement
tirée par la Chine, mais seulement + 4 % pour l’Europe de l’Ouest.
Sur la même période, la part des dépenses militaires de l’Europe de l’Ouest est passée de 29% des dépenses mondiales à 20% !
Cette tendance, si elle devait se confirmer serait lourde de conséquences pour l’avenir d’une Europe morcelée incapable de se positionner en puissance globale, incapable de peser dans les
affaires du Monde.
Malheureusement, et l’actualité nous le démontre tous les jours, la guerre et les conflits ne sont pas des notions anachroniques. Elles restent des matrices de l’Histoire.
Refuser de l’admettre est faire preuve d’une naïveté angélique ou d’un aveuglement coupable.
Le reconnaître , c’est admettre la possibilité de l’impensable, c’est donc prendre les mesures nécessaires pour y réagir.
Vous qui êtes ici, en êtes bien conscients : les sujets de défense aujourd’hui, pour le grand public, sont lointains, peu audibles et peu porteurs. Votre simple présence ici montre
que tout n’est pas perdu !
L’absence d’ennemi visible et intelligible, l’éloignement de nos interventions, l’illusion persistante des dividendes de la paix et du tout technologique comme la croyance
erronée en l’imperméabilité géographique des frontières, contribuent à reléguer les questions de défense au second plan.
L’absence d’universalité puis la suspension de la conscription ont aussi participé à l’ignorance grandissante de la chose militaire, notamment chez les
élites de notre pays, celles qui étaient exemptées depuis si longtemps et qui sont aujourd’hui aux affaires.
A ces facteurs, j’ajoute la diminution des implantations et les réductions de formats qui réduisent l’empreinte militaire sur le territoire et donc dans notre
société.
Objectivement, une certaine distance s’est installée entre le monde militaire et le monde civil ; distance, qui sans être nouvelle, érode l’esprit de
défense.
Le sens de l’action militaire n’est donc plus toujours très bien compris par le citoyen français. Et en démocratie, c’est bien lui qui a le pouvoir !
En résumé, l’esprit de défense se désincarne au rythme d’une société qui oublie qu’une paix durable est une paix que l’on sait , que l’on peut
et que l’on doit défendre.
La mission de l’IHEDN trouve ici toute sa place :
L’amiral CASTEX était un visionnaire : il avait parfaitement compris l’enjeu national de la défense…
Il avait compris - et je le cite - qu’il était nécessaire de créer entre les auditeurs « une unité de sentiment, de pensée et de doctrine, meilleur gage de l’unité d’action
pour préparer en temps de paix et assurer en temps de guerre la défense du pays » !
Si je devais résumer la pensée de Castex aujourd’hui, je dirai que l’esprit de défense est une garantie de la résilience de notre Nation.
C’est ce message qui éclaire les principes fondateurs de l’IHEDN !
Pour vous auditeurs à l’IHEDN, l’esprit de défense passe par trois exigences :
- une connaissance de l’outil militaire de la Défense.
- une compréhension du sens de l’action militaire et de son articulation avec la P olitique.
- une volonté de construire notre résilience.
1ère exigence :
Connaître l’outil militaire de défense, c’est connaître à la fois, l’institution de l’Etat et l’instrument militaire :
Le Président de la République le rappelait dans l’un de ses discours : « la défense est le fer de lance de notre diplomatie, de notre sécurité, de notre rang ».
Connaître l’institution de l’Etat :
- C’est d’abord situer la place des armées au sein du ministère de la défense et dans la politique de défense et de sécurité autour des cinq fonctions stratégiques décrites
dans le LBDSN de 2008.
La connaissance et l’anticipation : elles sont désormais une priorité : elles garantissent à la France son autonomie de décision. Ce sont par exemple nos
capacités d’observations spatiales, d’écoute et de renseignement. L’année que nous venons de vivre, notamment avec la Libye, démontre que nous avons eu raison de porter notre effort sur
ces capacités. Elles sont bien les yeux qui permettent aux bras de frapper.
La dissuasion nucléaire : elle demeure le fondement essentiel de notre politique de défense. Elle est la garante ultime de la sécurité et de l’indépendance de
la France.
Ce sont nos deux composantes autour des principes de complémentarité et de juste suffisance : la composante navale océanique avec nos 4 SNLE et le M51 et
notre composante aéroportée avec le couple Rafale ASMPA ou Mirage 2000 ASMPA.
La protection de la population et du territoire est au cœur d’une stratégie d’adaptation aux nouvelles menaces terroristes, informatiques, technologiques. C’est aussi bien sûr
la sauvegarde maritime et la sûreté aérienne.
Juste un chiffre : 100 000 militaires japonais ont été mobilisés lors de la catastrophe de Fukushima. Cela mérite une réflexion !
La prévention des conflits et l’intervention : nos capacités se sont concentrées sur les zones où nos intérêts stratégiques pourraient être les plus
vulnérables. La notion d’arc de crise -développée en 2008 est pertinente.
En raison des évolutions stratégiques observées depuis 2008, la zone s’étendant du Maghreb à l’Iran incluant la zone sahélienne est plus que jamais prioritaire dans la défense de nos intérêts.
Connaître l’institution de l’Etat :
- C’est aussi comprendre la place et le rôle particulier du CEMA dans nos institutions qui structurent le processus décisionnel pour l’emploi de nos armées.
Le CEMA tient en effet une place très particulière : il est à la "charnière" du niveau politique et du niveau militaire. Il permet d’intégrer les données
opérationnelles aux données du politique qui fixe les objectifs.
A la fois chef opérationnel des armées sous l’autorité directe du président de la République et conseiller militaire du gouvernement, il
exerce ses responsabilités dans les trois domaines majeurs que sont la conduite des opérations, la diplomatie de défense et la préparation de l’avenir.
Ce système, initié dès 1982, complété en 2000 et formalisé par les décrets de 2005 et 2009 est très cohérent : le CEMA commande des opérations pour lesquelles
il conseille le décideur politique, avant et pendant la crise, avec des forces qu’il a très directement contribué à constituer.
Dans la gestion de crise, notre système est un véritable atout: il repose sur une forme d’équilibre que peu de démocraties, me semble-t-il, ont trouvé.
Celui qui donne au chef des armées une large capacité d’action face à la crise avec un contrôle parlementaire de nos engagements extérieurs qui a été renforcé.
Sans cet équilibre , sans la décision du chef des armées le 19 mars d’engager nos moyens aériens, les chars de Kadhafi seraient rentrés dans Benghazi. L’histoire se serait
écrite de façon différente, peut-être à la mode syrienne….
En tant que commandant opérationnel des forces, le CEMA commande aujourd’hui :
- les 10 000 militaires engagés dans 27 opérations nationales ou multinationales (ONU, OTAN, UE).
- les 9 000 militaires de nos forces de souveraineté (Antilles, Guyane, Nouvelle Calédonie, Polynésie…) et les 5 500 militaires de nos forces de présence (aux
EAU, au Gabon, à Djibouti, au Sénégal…).
Au total ce sont plus de 24 000 militaires qui sont déployés hors de la métropole.
Ils assurent des missions les plus variées : de la guerre en Libye et en Afghanistan à la lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane en passant par
le maintien de la paix au Liban ou au Kosovo.
Ce sont des opérations où de jeunes français payent le prix du sang leur engagement au service de la France : 23 sont morts en opérations depuis le début de l’année, une
centaine ont été blessés.
Je voudrais dire à cette occasion que nous pouvons tous être collectivement fiers de nos jeunes français qui s’engagent et qui vont au bout de la mission que la Nation leur
confie. Ils donnent une leçon à tous les prophètes de la désespérance.
A cela, il faut ajouter tous ces militaires que vous avez pu croiser dans nos villes, gares et aéroports, engagés dans le plan VIGIPIRATE ou ponctuellement en soutien des services de
l’Etat quand la situation l’impose. Ce fut le cas pour les inondations du Var, le 15 juin de l’an dernier.
En tant qu’acteur privilégié de la diplomatie de défense, le CEMA entretient un réseau de premier plan avec les 92 missions militaires étrangères représentées à Paris, et grâce
aussi à nos propres missions militaires en ambassade ou auprès des grandes organisations internationales. C’est un vrai réseau d’influence.
Enfin, le CEMA est également responsable de la préparation de l'avenir, c'est-à-dire de la planification et de la programmation des moyens de nos forces
armées, de notre outil de défense de demain.
Connaître l’institution militaire, c’est enfin appréhender ce que l’on appelle, d’un américanisme bon teint : la transformation des armées , à
l’aune des conclusions du LBDSN et de la RGPP.
En 2008, le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale a fixé les grandes orientations de la politique de défense et de sécurité de la France à l’horizon 2020.
En parallèle, le président de la République a lancé la révision générale des politiques publiques (RGPP).
Ce double exercice RGPP / LBDSN a été fondateur pour les armées et pour notre ministère.
Pour fixer les esprits, quelques chiffres:
- L’effort financier à consentir par la nation pour son outil de défense avait été fixé à 377Md€ sur la période 2009-2020.
- Les grands équilibres reposent sur la réduction programmée de 54 000 hommes avant 2015. C’est considérable : 17% de nos effectifs en 6 ans.
- 37 groupes de travail RGPP et plus de 80 dossiers de réforme sont initialisés et en cours.
La loi de programmation militaire 2009-2014 est la première traduction de ce double exercice qui doit permettre la restructuration de l’outil de défense à travers la redéfinition du format des
implantations et du soutien.
Cette transformation intervient dans un contexte particulièrement défavorable, celui d’une crise économique et financière qui pèse sur nos budgets.
Depuis 2009, les réformes se sont traduites par la dissolution de 53 organismes majeurs, par le transfert de 25 grands organismes, par la suppression de 30 000 postes sur les 54 000 réclamés à
la Défense.
Aucune institution en France ne s’est autant réformée en si peu de temps avec autant de remise en question et ceci, tout en engageant en permanence et en moyenne 12 000 hommes sur au moins 9
théâtres différents !
Il faut le rappeler : les armées sont vertueuses et les armées sont efficientes.
Quelques comparaisons : la Grande-Bretagne consacre une part plus importante de sa richesse nationale produite à sa défense.
En parité de pouvoir d’achat, les dépenses britanniques sont supérieures de près de 40 % aux nôtres alors que nos forces sont déployées sur 9 théâtres,
avec les coûts de soutien correspondants à l’éloignement et à la variété des opérations que nous conduisons.
Pour les opérations en Libye , l’engagement opérationnel des forces françaises est supérieur à celui des forces armées britanniques d’environ 20 %.
J’en déduis que nos armées offrent un rapport « qualité / prix » à la hauteur des investissements que la Nation consent pour sa défense.
Croire que nous pourrions faire d’autres économies en trouvant d’autres marges de manœuvre sans revoir nos ambitions est aujourd’hui une illusion. Ce seront les enjeux de notre
prochaine LPM !
Après l’institution de l’Etat, l’outil militaire. Connaître l’outil militaire :
- c’est connaître son emploi, ses capacités, ses limites, ses règles d’engagement. C’est ne pas confondre l’emploi d’une force
militaire avec une force de sécurité. Le premier se distingue par la singularité de l’action militaire dans un cadre toujours exceptionnel, le second
s’exerce dans un cadre de normalité relevant uniquement du droit commun.
Le soldat qui meurt au combat n’est pas une victime !
- c’est comprendre ses structures, son organisation, ses processus de décisions.
- c’est surtout bien appréhender la difficulté de la gestion des crises, celles que nous menons dans un cadre national mais celles
aussi, plus nombreuses, que nous menons en coalition dans un cadre multinational.
- c’est enfin mesurer l’extrême complexité d’une opération militaire moderne avec les hommes et les femmes qu’elle
engage et l’ensemble des moyens qu’elle combine sur tous les champs d’affrontement connus : l’aéro terrestre, l’aéro maritime, l’espace et le cyber espace.
Je prends par exemple un raid sur BREGA en Lybie: des rebelles à terre avec lesquels nous sommes en liaison, un SNA qui fait de l’interception, un avion de commandement qui fait aussi de
l’interception, des chasseurs en patrouille prêts à intervenir, des ravitailleurs en vol, des navires en appui feu naval, un BPC avec des hélicoptères de l’armée de l’air pour la mission
SAR, des hélicoptères de combat de l’ALAT avec un PC volant, le tout commandé par un état-major interarmées… dans un espace limité pour une durée maîtrisée ! 90 minutes dans une « boîte » de
20/20 !
Toutes les composantes sont utiles et utilisées : elles forment un tout cohérent.
Nous sommes les seuls en Europe à savoir encore le faire !
Nous pouvons le faire aujourd’hui, parce que nous disposons encore de cet outil de défense complet et cohérent, flexible et adaptable avec des hommes et des
femmes recrutés, formés, entraînés et animés par des forces morales exceptionnelles.
Cet outil militaire, il faut des décennies pour le construire. Bien sûr il coûte cher à entretenir et à renouveler, mais il est à la hauteur de nos ambitions politiques sur la
scène internationale.
Si la France souhaite conserver son niveau d’ambition et peser dans les affaires du Monde, si la France souhaite conserver un outil de défense complet et
cohérent qui lui assure une autonomie stratégique, une visibilité sur la scène internationale et une crédibilité de ses ambitions
affichées, il faudra que la Nation française prenne conscience que le maintien de son effort de défense doit rester une
priorité, même en période de crise économique et financière, surtout en période de crise économique et financière.
2ème exigence : comprendre le sens de l’action militaire.
Vous le savez, la Défense n’est pas un sujet exclusif aux Armées ! C’est un sujet interministériel, inter-domaines, « inter agencies » dirait les anglo saxons ; un sujet
qui concerne chaque citoyen français.
Il ne vous aura pas échappé que les barrières qui existaient précédemment entre les notions de sécurité et de défense, se sont partiellement effacées.
Les défis de défense et de sécurité , ceux qui nous sont posés aujourd’hui ne sont pas l’apanage des seuls militaires.
Ce n’est pas un phénomène nouveau : le général Beaufre, l’un des pères de la dissuasion nucléaire française, disait déjà en 1963 : « la stratégie militaire amputée de ses facteurs civils
devient souvent inintelligible. Seule une vue d’ensemble restitue son sens aux décisions qui ont été prises ».
Si ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est un phénomène qui s’est amplifié avec la mondialisation et les défis globaux de notre monde.
C’est la raison pour laquelle, le LBDSN de 2008 adopte « une stratégie de sécurité nationale qui associe sans les confondre, la politique de défense, la politique de
sécurité intérieure, la politique économique et la politique étrangère », ce sont les mots du président de la République, chef des Armées.
La stratégie militaire n’est donc qu’une partie d’un ensemble, une partie qui peut être prépondérante ou une partie qui peut être secondaire en
fonction de la nature des crises, mais une partie qui interagit avec d’autres stratégies, qu’elles soient économiques, diplomatiques, sociales…c’est ce que le général
Beaufre appelait « la stratégie totale » et que nous qualifions aujourd’hui « d’approche globale ».
Comprenons nous bien, dans cette approche, l’action militaire est complémentaire des autres, elle n’est pas interchangeable.
La force armée est singulière, spécifique voire extraordinaire au sens propre du terme :
L’outil militaire réside in fine dans sa capacité à apporter, face à une menace mettant en cause la survie de la Nation, une réponse de puissance qui peut et
qui doit faire plier la volonté de combattre de l’adversaire.
Cette réponse reste un paramètre important des relations internationales. Ne la négligeons pas.
*
3ème et dernière exigence : la volonté de promouvoir l’esprit de défense, c’est l’une des ambitions de l’IHEDN.
Vous le savez, l’adhésion de la Nation est une des conditions de l’efficacité de notre Défense et de notre sécurité.
Quand je parle d’adhésion, je ne parle pas de consensus mou ; je parle d’adhésion active !
Préparer la Nation à l’éventualité d’une crise grave, faire prendre conscience que notre pays peut être la cible d’actes qui pourraient bouleverser notre quotidien confortable
sont une condition préalable à notre capacité de résilience.
C’est dans le LBDSN qu’est formalisé en France, pour la première fois le « concept de capacité de résilience de la société, des pouvoirs publics et des grands acteurs de la vie économique
et sociale. »
Il s’agit clairement de préparer la Nation Française à supporter les effets de la concrétisation d’un risque majeur (terrorisme de masse, attaque informatique de réseaux
critiques, menace balistique, crise sanitaire, environnementale ou sociétale de grande ampleur).
C’est une prise de conscience qui s’est progressivement imposée à la lumière des retours d’expérience d’évènements tels les attentats du 11 septembre, le passage de l’ouragan
Katrina à la Nouvelle Orléans, le Tsunami de 2004 en Asie du Sud-est, le séisme de février 2010 à Haïti et bien sûr, le double désastre de Fukushima cette année.
Cette capacité de résilience, c'est-à-dire les capacités à s’adapter, improviser et répondre à une crise majeure avec flexibilité et réactivité sont liées à deux facteurs
essentiels, l’un moral et psychologique , l’autre structurel.
Le premier, c’est bien ce que l’on appelle communément l’esprit de défense , le second est associé aux structures de l’Etat, aux services publiques, à la
capacité de gestion interministérielle des crises, à la continuité des services de l’Etat.
L’esprit de défense.
L’esprit de défense n’est pas l’apanage des seuls militaires comme la défense n’est pas de la seule responsabilité des militaires.
Il serait dangereux de croire que l’esprit de défense gagnerait les Français à l’heure précise où l’Histoire ferait irruption dans leur vie quotidienne !
J’ai l’intime conviction que chacun des responsables que nous sommes avons notre rôle à jouer dans cette approche morale et civique de la défense.
Cela passe par cette sensibilisation individuelle et collective aux enjeux de la défense et de la sécurité.
Cela passe par la promotion et la défense de nos valeurs, celles de la République que nous servons pour lesquelles des soldats aujourd’hui souffrent et meurent
! Ne l’oublions pas !
Cela passe par une éducation.
Nous sommes des relais , quel que soit notre poste de responsabilité.
La capacité de résilience est aussi liée à la fiabilité des structures et des organisations de l’Etat capables de planifier, d’organiser, de coordonner l’ensemble des acteurs
dans un cadre interministériel et interservices de gestion des crises.
Ce sont des capacités de veille et d’analyse, ce sont des plans, des procédures, des exercices d’entraînement ; ce sont des informations et des instructions à communiquer autant d’outils à
connaître et à contrôler dans « une posture permanente de sûreté ».
Il ne s’agit en aucun cas de paranoïa, il s’agit de saine prévention à laquelle nous participons, dans notre domaine, celui des Armées, pour nos concitoyens.
Les responsables que nous sommes, que vous êtes, civils et militaires, du public et du privé doivent donc bien se connaître, pour mieux se comprendre et travailler ensemble à
la diffusion de cet esprit de défense.
Notre esprit de défense et la validité de nos organisations sont complémentaires et garants d’une stratégie de défense et de sécurité efficace et crédible.
Nous avons chacun notre rôle à jouer dans la promotion de l’un et l’efficience de l’autre. L’IHEDN y contribue.
Je vous remercie.