23/08 par Alain RUELLO LesEchos.fr
Le champion français de l'armement terrestre avait claqué la porte du syndicat professionnel du secteur en 2008, pour des raisons à la fois personnelles et de fond. La pression de l'armée n'est, semble-t-il, pas étrangère à la décision de le réintégrer.
Nexter, le retour. Trois ans après avoir claqué la porte, le champion national de l'armement terrestre réintégrera à la rentrée le Gicat, le syndicat professionnel du secteur. C'est son PDG, Philippe Burtin, qui l'a décidé peu avant les vacances, selon nos informations, mais la société n'a pas voulu communiquer officiellement. « C'est une très bonne nouvelle », s'est réjoui Christian Mons, le Président du Gicat, par ailleurs patron du fabricant de blindés légers Panhard. (Photo Nexter)
En 2008, l'affaire avait fait du bruit dans le landerneau militaro-industriel quand Nexter avait décidé de rompre avec le syndicat dont il est pourtant un membre fondateur. A l'époque, c'est Luc Vigneron qui dirigeait le fabricant du char Leclerc, tandis que Bruno Rambaud, l'un des responsables de Thales, présidait aux destinées du Gicat.
Estimant que Bruno Rambaud, qui n'occupait plus chez Thales un poste directement lié à l'armement terrestre, n'était plus représentatif pour diriger le Gicat, Luc Vigneron avait présenté un de ses hommes pour lui succéder. Echec sur toute la ligne puisque, relate un témoin des « événements », le malheureux candidat n'a recueilli qu'une seule voix. On devine laquelle.
Ce camouflet personnel cachait un désaccord de fond. Pour Nexter, la politique de promotion du Gicat s'éloignait trop des « basiques » de l'armement terrestre, pour embrasser des concepts futuristes de systèmes numériques. Ironie de l'histoire, Luc Vigneron est aujourd'hui à la tête de Thales et n'a pas jugé utile de conserver Bruno Rambaud dans son équipe sitôt nommé à la tête du groupe d'électronique de défense...
Quand il lui a succédé chez Nexter, Philippe Burtin n'a pas dévié d'un pouce dans la politique de la chaise vide au sein du Gicat. Comment expliquer alors cette inattendue paix de braves ? De source proche de l'entreprise, on évoque un souci de « cohérence » vis à vis du ministère de la Défense en période budgétaire « difficile ». Notamment dans la perspective du grand programme Scorpion de modernisation de l'armée de terre. Certains sont dubitatifs : le retour de Nexter serait dû à la pression « insistante » de l'Etat major, excédé de ces querelles industrielles intestines.
Un bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, Renault Trucks Défense a également décidé de réintégrer le Gicat. La fâcherie, liée à des propos de Christian Mons sur le contrat des camions militaires perdu par la filiale de Volvo, n'aura, elle, duré que quelques mois.