23 mars 2011 par Guillaume Lecompte-Boinet USINE NOUVELLE
L’opération militaire menée par une coalition internationale en Libye est l’occasion pour la France et ses alliés de tester grandeur nature plusieurs de ses armements.
Il y a naturellement les Rafale, dans leurs versions Air et Marine. Ces avions sont déjà utilisés en Afghanistan depuis quelques années. L’armée de l’Air utilise par ailleurs des bombes de fabrication américaines GBU 12, des missiles air-air Mica et Asraam de MBDA (pour garantir la supériorité aérienne) et des missiles de croisière Storm-Shadow, également fabriqués par MBDA.
Mais l’une des nouvelles armes est le missile air-sol de moyenne portée AASM, développé et fabriqué par Sagem (Safran). Sa précision diabolique en fait l’un des principaux vecteurs de combat de la France dans l’opération « Harmattan ». Le AASM en version infrarouge a une précision métrique, avec, selon Sagem, un pourcentage de coup au but proche de 100 %. Alors que celui d’un missile à guidage laser se situe plutôt autour de 70%. Tiré à partir d’un Rafale, le AASM a une portée de 50 km, bien supérieure aux bombes guidées par laser (10 à 15 km).
Surtout, il peut corriger sa trajectoire grâce à son système de guidage inertiel et le GPS, ainsi que des ailettes mobiles. L’arme, qui est opérationnelle sur Rafale depuis 2008, a été développée après l’intervention au Kosovo, où le mauvais temps empêchait souvent les avions de tirer leurs missiles à guidage laser. Le AASM a l’avantage d’être un missile tout temps.
Typiquement, une opération de bombardement se déroule de la façon suivante : les renseignements et les coordonnées GPS sur la ou les cibles sont collectés grâce au satellite Helios, ou à partir d’un Rafale équipé du nouveau pod Reco-NG, une nacelle bourrée de capteurs optronique fabriquée par Thales. Puis les coordonnées sont intégrées dans les calculateurs du AASM. Un Rafale peut tirer six AASM simultanément même si selon certaines sources, les avions français engagés dans le ciel libyen en emportent plutôt quatre.
Chez Sagem, on se garde bien de tout triomphalisme. Mais nul doute que les qualités opérationnelles du AASM seront scrutées par les clients potentiels du Rafale, l’Inde et la Brésil en tête. Le futur de l’arme concerne aussi MBDA puisque selon un accord datant de 2008, le missilier européen a repris la responsabilité de la commercialisation du AASM à l’export, et celle de tous les développements futurs de l’arme. Ce missile n’est en effet intégré actuellement que sur deux avions, le Rafale français, et le Mirage F1 marocain. En incluant les coûts de développement, le prix unitaire d’un AASM commandé par la France (764 exemplaires à ce jour) est d’environ 350 000 euros. Mais le prix export est sans doute plus bas, de l’ordre de 250 000 euros l’unité.