04/08/2015 Par Michel Cabirol – LaTribune.fr
Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, le ministère de la Défense indien a annoncé que l'appel d'offre portant sur la vente de 126 avions de combat "a été annulé".
L'appel d'offre MMRCA (Medium Multi Role Combat Aircraft) a été officiellement cassé par New Delhi. Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, le ministère de la Défense indien a annoncé que l'appel d'offre (Request for proposal-RFP) portant sur la vente de 126 avions de combat "a été annulé". Ce qui n'est pas réellement une surprise. Cet appel d'offre était en discussions depuis trois ans avec Dassault Aviation pour la vente de 126 Rafale, dont 106 devaient être fabriqués localement par Hindustan Aeronautics Limitel (HAL), était en sursis depuis l'annonce surprise faite à Paris par le Premier ministre indien, Narendra Modi, de l'achat de 36 Rafale "prêts à voler". Une décision qui a été justifiée par l'urgence des besoins opérationnels de l'armée de l'air indienne (IAF).
Le ministère de la Défense indien a également précisé que dans le cadre de cet appel d'offre le Rafale avait "respecté toutes les caractéristiques de performance stipulées par le RFP pendant l'évaluation conduite par l'armée de l'air indienne".
Sur l'achat des 36 Rafale, le ministère a confirmé que les réunions entre les équipes de négociations indienne et française avaient commencé. Sans préciser quand. Les Indiens veulent que le Rafale, équipé de ses systèmes et de son armement, soit "livré dans la même configuration qui avait été testée et approuvée par l'armée de l'air indienne et avec une responsabilité de la maintenance de l'appareil plus longue assurée par la France", selon le communiqué du ministère de la Défense indien. Et de rappeler que New Delhi veut acquérir ces appareils "aussi vite que possible" dans le cadre d'un accord de gré à gré avec le gouvernement français (Inter-Governmental Agreement-IGA).
L'accord surprise annoncé en avril par Modi
En visite à Paris en avril, le Premier ministre indien annonçait que La France et l'Inde avaient conclu un accord visant à acheter au plus vite 36 Rafale, soit deux escadrons."J'ai demandé au président (François Hollande) la fourniture de 36 Rafale prêts à voler à l'Inde", avait indiqué Narendra Modi lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'Etat français. Le Premier ministre, qui s'exprimait en hindi, avait souligné que les termes et conditions du contrat n'étaient pas finalisés. "Nos fonctionnaires vont discuter de ces aspects plus en détail et poursuivre les négociations", avait-t-il précisé, selon la traduction de son intervention.
Déjà il subsistait un doute sur la poursuite de l'appel d'offre MMRCA à l'issue de la visite de Narendra Modi. Mais fin mai, le ministre de la Défense, Manohar Parrikar, avait levé une partie des doutes en expliquant que l'Inde n'achèterait "pas d'autres" (Rafale, ndlr), et se contenterait de "seulement 36" avions de combat tricolore car il est "beaucoup trop cher". Les précédents projets gouvernementaux indiens d'acquérir 126 Rafale de Dassault Aviation se sont révélés "économiquement non viables, et pas nécessaires" pour ce pays, avait-il ajouté.
L'acquisition de 36 appareils ne suffira cependant pas à satisfaire les besoins de l'Inde, qui doit faire face à des tensions frontalières avec la Chine et le Pakistan, avait estimé les analystes. Et ce d'autant que l'Inde a perdu 20 appareils en trois ans, selon les chiffres fournis par le ministère de la Défense indien : 12 MiG, 3 Sukhoi et 5 Jaguar.