13/11/2015 LeMarin.fr
La Marine a révélé comment les rades de Brest et Toulon allaient passer un nouveau cran en matière de sûreté en en confiant la direction au ministère de la Défense : les directeurs des ports militaires deviendront directeurs de l’ensemble terrestre et portuaire, militaire et civil. Mais cet aspect juridique n’est qu’une partie des efforts de la Marine pour renforcer la sûreté de ses bases. Près de 500 spécialistes de la sécurité – des fusiliers marins, mais aussi des personnels armant les brigades de protection à bord des navires – seront recrutés en 2015 et sans doute autant en 2016, soit le double du niveau habituel.
À Lorient, l’école des fusiliers marins s’organise pour prendre en compte ce surcroît de formation alors que son volume de cadres (120 hommes) n’évoluera sans doute pas. Elle a aussi internalisé la formation des équipes cynophiles (250 chiens, pour l’essentiel dans l’intervention et la détection d’explosifs) afin de disposer d’un produit plus conforme à ses attentes.
En 2016, le budget matériel des fusiliers marins va être augmenté singulièrement, dépassant pour la première fois celui des commandos marine (qui sont pourtant trois fois moins nombreux). Les fusiliers vont aussi récupérer du matériel en dotation, actuellement chez les commandos, ce qui évite d’attendre de passer des marchés. Ce sera le cas notamment pour des mitrailleuses légères, des pistolets automatiques et, sans doute dans un second temps, des véhicules de patrouilles plus adaptés et notamment, blindés.
Patrouilles géolocalisées
Une nouvelle génération d’embarcation de patrouille achève actuellement sa définition. Pour l’heure, la disponibilité des actuelles Edop (Zodiac) n’est pas satisfaisante et souffre de problèmes de fiabilité. La Marine a pris en compte ce problème et tient ses contrats opérationnels avec celles qui fonctionnent, et d’autres embarcations.
À Toulon, les patrouilles maritimes sont désormais géolocalisées, et leur position reportée en temps réel au centre de supervision installé au cœur de la rade, à proximité du bassin où est amarré le Charles de Gaulle. Des efforts ont aussi été réalisés en matière de transmission. Des tests de vulnérabilité et de délais d’intervention sont régulièrement réalisés afin de tester la fiabilité de la chaîne.
Une précaution compréhensible : Toulon héberge 70 % de la flotte et huit chaudières nucléaires. La sortie et l’entrée des navires portant ces mêmes chaudières font l’objet de précautions très au-dessus de la moyenne, avec des niveaux d’escorte importante des fusiliers marins et de la gendarmerie maritime.
L’actuel chef des fusiliers et commandos marine, le capitaine de vaisseau Rebour, fait de la sûreté une de ses priorités : c’était le domaine dans lequel il était employé à l’état-major de la marine, avant de rejoindre, durant l’été, la base de Lorient.
Exercice majeur de lutte contre le terrorisme
En mer, la problématique est à peine différente. Deux cas de navires de migrants avec une possibilité de terrorisme ont été traités en moins d’un an en Méditerranée par la Marine. Le fait qu’une partie des embarcations proviennent de zones contrôlées par l’État islamique (EI), ou pouvant connaître des infiltrations, renforce le risque depuis plusieurs mois. C’est une des explications de la présence de commandos marine à bord de la frégate Courbet, qui lutte contre les réseaux de passeurs, en face de la Libye. Un exercice majeur de lutte contre le terrorisme est d’ailleurs planifié d’ici la fin de l’année en Méditerranée.
Au Forum de Dakar, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian n’a pas non plus exclu que la secte terroriste Boko Haram puisse être beaucoup plus active sur l’eau qu’elle ne l’est actuellement dans le golfe de Guinée. Là aussi, la vigilance est particulièrement de mise entre les marines européennes déployées sur place et les marines locales. Comme pour le rappeler, le BPC Mistral actuellement déployé dans cette zone bénéficie d’un élément de protection de fusiliers marins, avec une équipe cynophile intégrée.