Carte des infrastructures d’approvisionnement en gaz autour de la mer Noire Source : Questions internationales, n°72, mars-avril 2015, p. 75. Réalisation Atelier de cartographie de Sciences Po.
9 juin 2015 Par Céline BAYOU * - Diploweb
Voici une remarquable lecture géopolitique des jeux et enjeux autour des gazoducs à destination de l’Union européenne. C. Bayou – qui suit le dossier depuis longtemps – précise et actualise notre compréhension de ce sujet déterminant. Un texte de référence, à la fois documenté, lucide et clairement rédigé. Illustré d’une carte.
DEPUIS QUELQUES ANNEES, le projet de Corridor Sud et ses concurrents russes focalisent l’attention d’acteurs qui envisagent de faire transiter du gaz par la région de la mer Noire et l’Europe du Sud-Est, puis de l’acheminer vers les marchés d’Europe de l’Ouest [1]. Quelle que soit la voie envisagée, via la Turquie ou via la mer Noire, celle-ci atteste la montée en puissance de cette zone en passe de devenir un nouveau pont gazier entre producteurs (russe, azerbaïdjanais, turkmène, iranien, irakien…) et consommateurs européens. Pour les pays d’Europe du Sud-Est, l’enjeu est d’importance, chacun ayant intérêt à voir passer le futur tube sur son territoire. La situation de la plupart de ces États en matière d’approvisionnement énergétique est en effet loin d’être confortable, ce qu’illustrent par exemple les protestations répétées des populations (Albanie, Bulgarie, etc.), mécontentes du montant de leur facture énergétique ; mais également la crise du gaz russo-ukrainienne de janvier 2009, lorsque la Russie a coupé pendant quelques jours les livraisons transitant par le territoire ukrainien, privant momentanément de gaz quelques pays, parmi lesquels la Serbie, la Croatie, la Macédoine, la Bulgarie et la Grèce. Mais le passage d’un tube sur un territoire, outre qu’il assure au pays concerné un approvisionnement a priori stable et régulier, comporte aussi une dimension géopolitique : il fournit au pays concerné des recettes de transit et lui confère un pouvoir de négociation certain à l’égard de ses voisins, surtout si des branches partant de ce gazoduc sont envisagées.
Suite de l'article
* Analyste-rédactrice à la Documentation française (revue Questions internationales et site P@ges Europe), Co-rédactrice en chef du site Regard sur l’Est, chargée de cours à l’INALCO et membre du CREE (Centre de recherches Europes-Eurasie, INALCO).
commenter cet article …