06-11-2014 source 3e REI - Réf : 205 - 332
Du 23 septembre au 13 octobre, la 2CIE, dans le cadre de la mission HARPIE, a mené une mission de destruction d'un important site d'orpaillage illégal situé sur le long de la crique ROCHE COURONNEE.
Préparation intellectuelle et matérielle de la mission
22 septembre 2014, 10h00, la SAED* vient d'être mise en place en rappel depuis les PUMA* au cœur de la forêt équatoriale. Elle dispose de 2 jours pour effectuer en discrétion les quelques kilomètres qui la sépare de ses objectifs : le chantier principal du site de ROCHE COURONNEE, ainsi que son curotel*. Décelée aux abords immédiats du curotel, elle s'empare de ses objectifs avec douze heures d'avance. Mais les garimpeiros n'ont pas attendus les légionnaires pour cacher leurs matériels et quitter la zone ! Ils étaient donc au courant de la tenue de cette opération...le début s'avère donc compliqué...
Puis, le 23 au matin, la 3e section de la 2e compagnie commence la reconnaissance fluviale de l'Approuague en vue d'effectuer une jonction avec la SAED à l'embouchure de la crique ROCHE COURONNEE (celle-ci sera effective le 25). Le 24, la 2e section de la 2e compagnie est héliportée jusqu'à proximité du chantier principal afin d'y relever la SAED. Dans le même temps, la 1ère section de la 2e cie s'établit en contrôle de zone dans la région de la haute-sikini, à 45km de là. Les axes logistiques sont dorénavant bouclés, le site occupé : c'est un véritable travail de fourmis qui va pouvoir commencer pour les unités qui vont tenir pendant plusieurs semaines le site le plus important de la zone de responsabilité du 3e REI. 300 ESI* travaillent et vivent en permanence sur ce site rassemblant plusieurs chantiers et zones vies. Bien qu'invisibles, nous savons qu'ils ne sont pas loin, cachés dans la forêt, nous observant afin de nous comptabiliser et décrypter nos modes d'actions.
Partant pour plusieurs semaines, les légionnaires ont soigneusement préparé leur mission. Ils ont pu, pour cela, s'appuyer sur les renseignements collectés lors des précédentes missions ayant eu lieu sur ce site, mais aussi sur une cartographie précise et à jour, résultat des reconnaissances aériennes. Plusieurs briefings ont permis de travailler le déroulement de l'opération et les mesures de coordinations. Enfin, d'un point de vue matériel, il faut souligner l'effort logistique qui a été réalisé puisque, en plus des légionnaires héliportés, ce sont plusieurs tonnes de matériels et de nourriture qui ont été acheminés par hélicoptère. Notamment, les canoës-kayaks, pour la SAED, et les DHPM* ont montré leur fiabilité et leur efficacité.
Déroulé chronologique de l'opération
Retournons à ROCHE COURONNEE. Les premiers jours de l'opération sont destinés à la reconnaissance des zones de responsabilité : 2 zones pour la 2e section, constituant les poumons du site, et 3 zones pour la SAED, essentiellement fluviales et périphériques. Ces reconnaissances, en identifiant précisément les zones habitées et travaillées, ont permis aux unités non seulement de hiérarchiser les objectifs à traiter, mais aussi d'étendre les zones contrôlées en repoussant les garimpeiros* au plus loin dans la forêt.
La fin de la première semaine est marquée par le désengagement des 1ere et 3e sections de la 2e compagnie, la SAED et la 2e section restant seules sur le terrain, aux ordres d'un PC tactique co-localisé avec la 2e section.
Les deux dernières semaines n'ont été que fouilles minutieuses des objectifs, destruction de carbets et de denrées saisies, neutralisations de puits, interrogatoire d'ESI interpelés... Avec à la clé un bilan d'autant plus honorable que l'adversaire s'était préparé à notre venue : 142 carbets détruits, 78 puits neutralisés, 2,5kg de mercure, 8 moteurs, 6 concasseurs, 2 groupes électrogènes, 4 motopompes, 4 congélateurs, 6000m2 de bâche, plus d'une tonne de carburant, mais aussi de nourriture et de vêtements, etc. Par ailleurs, de nombreux garimpeiros ont pu être interrogés par les gendarmes, fournissant de précieux renseignements sur la rentabilité du site, l'approvisionnement logistique, les chefs...
Collaboration interarmées et interministérielle
Pour conclure, cette opération, bien que mal engagée à cause de l'absence de l'effet de surprise, fut une réussite à plus d'un titre. Tout d'abord grâce au bilan effectué, équivalant à au moins 8800 grammes d'or, soit 202 400 euros. Ensuite parce qu'elle témoigne des qualités d'endurance, de rusticité et de " flair " des légionnaires. Enfin, elle illustre la capacité à pouvoir mener des opérations du niveau de l'unité élémentaire en utilisant l'interarmées. Mais cette mission dépasse le cadre interarmées puisque, en réalité, elle est caractéristique de la collaboration interministérielle au travers de l'appui fourni par les légionnaires et l'armée de l'air à la gendarmerie nationale. C'est l'intérêt et la richesse de ces opérations ou chacun met à contribution ses compétences professionnelles : les FAG* se chargeant de la sécurisation de la zone et des phases tactiques pour que la Gendarmerie puisse interpeler des clandestins, saisir et détruire des matériels et mener des enquêtes judiciaires à proprement parler.
Lexique :
Mission HARPIE : mission de lutte contre l'orpaillage clandestin où les forces armées appuient la gendarmerie nationale.
SAED : section d'aide à l'engagement débarqué.
PUMA : hélicoptère de manœuvre pouvant transporter des soldats et du fret.
Curotel : village servant de zone de vie aux garimpeiros.
ESI : étranger en situation irrégulière
DHPM : détecteur électromagnétique portable
Garimpeiro : chercheur d'or clandestin en provenance du brésil.
FAG : forces armées guyanaises
Reportage photos